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(Gabrielle) - Et maintenant ils s'écroulent dans leur ombre animale.

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✧ Aux pieds d'un phare face à l'océan. 4 août 2016. ✧Gabrielle et Noah


Dévasté. Ravagé. Et bon sang ce que j’ai envie de crever. Je n’arrive à rien ressentir, rien de rien. Et c’est de loin la pire sensation que je n’ai jamais eu à affronter. Quand il y a des émotions, au moins, on se sent vivant. Là, j’ai l’impression de n’être qu’un putain de fantôme vaporeux sans aucune consistance, aucune ligne de conduite. Je me traine pour me porter, j’ai ce corps leste, lourd, comme accroché à une ancre plantée six pieds sous terre.   Je ne mange plus, je ne dors plus, mes yeux vitreux trahisse une vacuité émotionnelle immense. Comme s’il était impossible de me reconnaitre. Même moi, je ne me reconnais pas. Je porte un Duffle-coat en plein été, encore le même, et ce short crasseux de plage plein de boue, de tâches d’alcool, d’autres tâches plus suspicieuses. Du sang séché plein les cheveux, le visage tuméfié, des coquards, des écorchures aux bras, des phalanges bleuté. Je pu le whisky et la bagarre intempestive à plein nez. C’est tout ce que j’ai fais. Boire jusqu’à m’enquiloser. Provoquer des bagarres sur la plage pour me faire casser la gueule. Au moins, quand j’entends les bruits de ma mâchoire qui claque, de la chaire contre la chaire, de ma tête qui se dévisse, j’ai l’impression de flotter. Dans une espèce de havre chaotique, mais au moins je flotte. Moins lourd, moins attiré par le gouffre qui se dessine sous chacun de mes pas boiteux. Je ne sais pas comment j’ai atterris ici. Ni ce que je fous. J’ai retrouvé ma chaussure perdue, je suis sûre de ne pas les avoir mises au bon pied. Et pour une fois, je m’assois. Là, sur cette baie, au pied de ce phare. Je regarde l’océan immense. Et ça vient. Ça vient. L’envie de chialer. Pas pour ma mère. Pas pour Sage. Mais parce que pendant un bref instant de lucidité, je vois mon reflet dans l’eau à mes pieds. Un reflet flou, terne, cadavérique. Un visage bossu, je ne le reconnais pas. Je suis laid à crever. Et le vent me chatouille le corps, et je sens cette odeur fétide qu’embaument tous mes vêtements. Un mélange d’alcool, de fer, de sueur et de foutre. Je regarde l’eau à mes pieds, mes chaussures plantées sur la grève qui se font inonder par les vas et viens des vagues. Jambes écartées, les avants bras posés sur mes genoux. Putain ouai, je suis pathétique. Noah la merde pathétique. J’ai tant de chose à sortir, tant de chose à exprimer. Mais rien ne vient. La  boule dans ma gorge est atrocement douloureuse à cet instant précis. Je voudrais me forcer à pleurer, j’en suis incapable. Qu’est ce qu’il m’est arrivé ? Et dans un élan de désespoir, comme pour me rassurer sur mon sort merdique, j’écris à Gabrielle. Ne m’abandonne pas. Pas toi, jamais. J’ai besoin de l’entendre pour … je ne sais pas. Je me sens tellement seul, tellement rejeté. Ma mère est morte, Sage est partie. J’ai besoin de Gabrielle. Et à la fois j’ai affreusement honte de me présenter comme ça à elle. Dans ce bref interstice de lucidité, j’aurais préféré ne pas me souvenir de l’être affreux que j’étais devenu. Du clochard monstrueux que j’étais. De l’image pénible que je renvoyais.



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✧ Aux pieds d'un phare face à l'océan. 4 août 2016. ✧Gabrielle et Noah


L'abnégation, de nombreuses personnes en parlent, d'autres se vantent de pouvoir en faire preuve mais peu comprennent exactement ce que c'est et ce que ça implique. L'abnégation, c'est s'oublier, s'effacer au profit de quelqu'un d'autre et quand on fait preuve d'abnégation on ne se considère même plus comme une personne avec des intérêts propres, on devient l'outil de l'autre, sa béquille, l'épaule sur laquelle il s'appuie et pleure. Peu de personnes peuvent faire preuve d'abnégation, parce que peu de personnes arrivent à oublier leurs intérêts au profit de ceux des autres. Moi, j'aimais Noah à ce point, au point que l’égoïste que j'étais puisse faire preuve d'abnégation, je pouvais m'effacer et oublier, pendant une durée indéfinie, la personne que j'étais pour devenir ce dont il avait besoin. Mon cœur avait fait un bond en lisant son message, il voulait s'assurer que jamais je ne l'abandonnerais et en lisant entre les lignes, il n'était pas difficile de deviner qu'en fait, il avait besoin que quoi qu'il arrive je reste à ses cotés et surtout en ce moment. Ma réaction avait été normale et naturelle, j'avais décidé de rappliquer : parce que j'avais eu un mauvais pressentiment, parce que je ne saurais comment l'expliquer mais je savais qu'il en avait besoin et aussi parce que j'avais besoin d’être rassurée.
J'avais envie de gerber, j'ai toujours envie de gerber quand je fume trop, je ne suis pas une grosse fumeuse, mais là j'avais du descendre la moitié du paquet entre ma suite et le phare. J'étais anxieuse et triste, parce que je savais que l'amour de ma vie n'allait pas bien ce qui impliquait que j'allais devoir aller bien, pour lui. J'arrivais près du phare, presque à bout de souffle, j'avance ... lentement, jusqu'à ce que je distingue la silhouette de Noah, mon cœur rata un battement et je restai pendant quelques secondes, immobile à l'observer.  Mon bébé, mon petit amour ... qu'est ce qui a bien pu te mettre dans cet état. Cette vision, la vision de mon Noah transformé en épave suffisait à me foutre une boule dans la gorge et à faire les larmes monter. En le voyant, intérieurement j'ai demandé à prendre sa place, je voulais souffrir à sa place, cette vision m'était presque  insupportable. Sachant ma demande impossible, j'inspirai un coup avant d'avancer à nouveau, jusqu'à arriver à coté de lui et j'eus l'impression qu'on me martelait la poitrine alors que je détaillais son visage. Sale, ivre, tuméfié mais surtout ... absent ... terriblement absent. Je me m'agenouillais doucement à coté de lui, sans un mot, l'eau venant trempé le bas de ma robe et je pris sa main la serrant dans la mienne comme pour lui signifié qu'aucun mot ne pourrait définir ce que j'éprouve pour lui. Il savait, que même au fond du gouffre, même s'il se faisait bouffer par ses démons et il y aurait au moins une personne sur terre qui resterait là, à coté de lui.



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Brève interstice de lucidité. Où je me vois tel que les autres me voient depuis des jours. Tel que je ne me suis jamais vu. Où est passé mon charisme, mon assurance, mon élégance, mon goût affirmé pour les choses raffinées ? Où est passé le jeune homme qui passait des heures à se toiletter ? Qui sentait Le Mâle de Jean Paul Gautier, qui portait des vestes Givenchy, des chemises à col Clergyman et des chaussures Saint Laurent ? Y a pas de doute, la superficialité s’étiole quand on se retrouve nu face à la terre. Quand on ne peut plus rien caché de ses viscères, quand même des costumes hors de prix sont incapable d’habiller le spectre que vous êtes devenu. Je commence à ressentir la douleur. Mes muscles, mes membres, ma tête, mon visage. Ça me brûle, ça me cogne. J’essuie machinalement mes phalanges et redécouvre que je porte la bague que Sage m’avait offert. La bague de son grand-père. Quel con. J’ai tout gâché. J’ai tout lâché. Je la fais tourner autour de mon annulaire et remarque à force d’attention que le V du « Love » tatoué sur mes doigts a bavé. J’ai du cogner vraiment fort pour que même l’encre sous ma peau finisse par s’échapper. Lo-e. ça ne veut plus rien dire. Je pourrais taguer un S et ça aurait plus de sens. Pathétique, lamentable. Voilà, je ressens. Je ressens que je me déteste, je ressens que je me méprise. Je voudrais disparaitre sous le sable, me jeter à la mer, oublier pour toujours le reflet que je viens d’apercevoir dans la nuit noir. Mon ventre est vide et pourtant je me sens lourd. L’envie de m’évanouir, de pleurer, d’hurler, de … ça vient. Ça vient. Je crois qu’on atteins forcément le bout à un moment donné. Quand votre corps n’en peu plus, qu’il se met à supplier de le décharger de tous ces miasmes qui le compose. Ma culpabilité me revient à la gueule comme un boomerang. Ma mère est morte, et je n’étais pas là. A son enterrement, je n’étais pas là. Je plisse les yeux, aussi fort que je le peux, pour chasser cette pensée ignoble de mon esprit. Mes pieds baignent dans la houle des vagues et … une présence me sort de mes tribulations internes. Je cligne, plus fort encore. Je le redoutais. Je la veux, je veux qu’elle soit là. Gabrielle, mon alter ego. J’ai besoin d’elle plus que de n’importe quoi, parce que c’est elle, parce que c’est moi. Mais je me hais, viscéralement, de lui faire souffrir un tel spectacle. Je me hais de la laisser me voir comme ça. Je me hais de gémir comme une putain, de quémander une attention, des promesses, que je ne mérite probablement pas. Je suis le pire du con, tout l’or que je touche, je le transforme en boue. Je détruis tout comme un connard, incapable d’assumer l’humanité qui m’habite. Jusqu’à ce qu’elle me revienne en pleine figure, comme ce soir, dans son habit le plus pathétique. Elle est là. Les yeux fermés je reconnaitrais sa présence. Elle s’agenouille à côté de moi et je tourne la tête de l’autre côté. Insupportable à moi-même. Je me hais de ne pas être à la hauteur de ce qu’elle est. De me laisser bouffer. D’être la merde que je suis, la merde que je sens. Et je finissais par tourner le visage. Je lui devais au moins ça. Mise à nue totale. Je la regarde dans les yeux, je vois qu’elle me détaille. J’ai la haine, la peine, la honte et la pitié dans le visage. Je voudrais lui hurler que je suis désolé, désolé d’être celui qu’elle voit là, désolé de ne pas être digne d’elle. Désolé de … tout. De tout ça. Un silence. Eloquent. Elle ne parle pas, je ne parle pas. Je crois qu’on n’a pas besoin de parler. Ce n’est pas nécessaire. Et mes yeux dans ses yeux, je sens mon cœur rater un battement. Parce que je la blesse. Parce que je suis, parce que je lui présente là sous les yeux. Cadavre fantomatique. Et mon regard vide reprend peu à peu une couleur étrange, comme s’il s’allumait, au moment où elle attrape ma main. Tout est silencieux, même l’océan disparait. Je ne dis rien, même si j’ai mal quand elle me sert. Et sans que je ne voie rien venir, sans que je ne puisse rien contrôler, comme si le ciel me tombait sur la tête, je m’écroule à ses pieds. Ma tête sur ses genoux pliés, en position fœtale. Ma main droite qui sert de toutes ses forces un bout de sa robe relevé. Ce qu’il ne s’était pas passé depuis des jours. Je revenais à la vie. Comme un accouchement. Et en un bruit terrifiant de douleur, là, sous ses yeux, je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps.





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Qu’on me torture, qu’on arrache mes entrailles, qu’on m’enterre vivante, qu’on m’enlève le peu de choses qui me rende vivante, je pourrais accepter l’enfer, vendre mon âme au diable, si seulement cela pouvait épargner ceux que j’aime. Et putain j’aime Noah,  c’est inexplicable mais il fait partie de moi, c’est une partie de moi et quand il souffre, je souffre aussi. Il suffisait d’un mot, d’un souffle, d’un murmure ou d’une larme pour que je détruise le monde pour lui. Mon cœur voulait s’arrêter alors que je le voyais dans cet état et sans mentir, je voulais qu’il s’arrête, je voulais arrêter de respirer, de vivre, parce que j’avais peur, peur de le perdre … peur de ne pas pouvoir le ramener et de le regarder impuissante se perdre dans ses limbes. Si je perdais Noah, ma vie perdrait tout son sens, alors j’irais me perdre dans les limbes avec lui. Mais pour l’instant … pour l’instant je devais mettre de côté ma peur, pour absorber la sienne, je devais oublier ma douleur pour supporter la sienne et aller chercher ma force peu importe où elle se cache pour la lui offrir. C’est avec cette pensée que je m’approchai de lui, voyant le spectre qu’il était devenu et mon cœur se serra, me suppliant de lui épargner cette vision, d’arrêter de le faire saigner. Je m’agenouillai à côté de lui et lui, tourna le visage, je ne dis mot me contentant simplement d’effleurer ses cheveux du bout de mes doigts, geste tendre et pudique par peur que même mon souffle ne le brise. Il finit par me regarder, ses yeux dans les miens et on parle sans les mots, je n’ai pas besoin qu’il me dise qu’il a mal, qu’il a honte, qu’il a peur et qu’il se hait … je le sais. Je prends sa main, je la serre, parce qu’aucun ne veut sortir d’entre mes lèvres et paradoxalement, par ce simple geste j’arrivais à transmettre sans doute, le sentiment le plus complexe et le plus fort du monde. Tout devint secondaire, plus rien ne comptait à par lui, le paysage c’était effacé, le vent avait semblé se calmer … ou c’était juste ma peau qui ne répondait plus, le monde autour de nous disparaissait et mes yeux dans les siens … lui semblait renaitre. Douloureuse naissance, je le sens perdre pied et mon Noah, mon Noah s’écroule, sa tête venant atterrir sur mes genoux, sa main serrant ma robe. La suite manqua de m’achever, personne ne devrait voir un être aimé souffrir à ce point et l’entendre … seigneur, le bruit de ses sanglots me fendirent le cœur et le marquèrent sans doute à jamais. Au fond je savais, qu’une douleur pareille ne pourrait venir que d’une perte et je ne savais qui il avait perdu, ni ce qu’il avait perdu mais je savais que cette perte avait été dévastatrice pour lui. Alors, parce que je l’aimais, je n’allais pas lui mentir, le consolant faussement, lui disant que ça irait … non je l’aimais trop. La vérité c’était que pendant longtemps il allait souffrir, il voudrait mourir et peut être qu’il essaierait mais moi, jusqu’à mon dernier souffle je le trainerais jusqu’à le ramener. Je me penchai sur lui, l’entourant de mon corps et je murmurais doucement « Pleure mon ange, pleure jusqu’à ne plus pouvoir respirer et sombre aussi profond que tu le veux …. Je resterais là et je serais là, quand tu seras prêt à remonter ».  



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✧ Aux pieds d'un phare face à l'océan. 4 août 2016. ✧Gabrielle et Noah

Et tout à coup, tout. Les souvenirs de ses derniers jours dans la tête. La phrase de mon père, les cris de Sage, le trou noir dans mon ventre, les bruits des bars, des gémissements de prostitués, le goût du whisky, du vomis et du sang, les nuits passées dehors, le manque de sommeil, la fatigue, l’épuisement, le mal dans mes muscles, le mal dans mes poings, et leurs coups de poings aux autres que je provoquais, ma mâchoire qui claque, ma peau qui gonfle, ma molaire qui casse, que je recrache, l’acide dans ma gorge, ma mère, ma mère, ma mère. Son visage lumineux, son regard triste, sa voix douce quand elle me racontait des histoires, ses bras qui me serrent fort après que mon père m’ait cogné, son pouce plein de salive qu’elle passe sur la tâche de chocolat sur ma joue, la manière délicate qu’elle avait d’appliquer le désinfectant sur mes plaies au genoux, le rire ce soir là de Noël quand j’avais eu la lunette astronomique que j’avais demandé et que j’hurlais à tout va que j’étais le plus heureux des garçons, sa main sur mon épaule quand elle veut me rassurer, ses baisers sur mon front quand je suis malade, la manière qu’elle avait de me regarder, tendre, délicate, avec ce sourire tordu qui semblait me dire à quel point elle était désolé de m’avoir fait naître ici. Je crois que si je me concentre assez fort je pourrais sentir ses mains posées sur son ventre quand j’y grandissais, les cris de douleur et de joie quand elle m’a expulsé, la première fois que j’ai été en contact avec sa peau, que j’ai entendu son cœur battre, et sa voix éreinté qui dit à l’infirmière « il s’appelle Noah ». Ma mère. Lumière. Eteinte. Elle est morte. Je réalise avec une amertume immonde le spasme retenu depuis cette annonce. Là sur mon cœur, lourd comme un troupeau. Je mets le doigt dessus, je pose le doigt dessus. Sur la douleur qui me narguait de son absence, qu’avait fait mine de ne pas exister. Là, elle se montre, elle danse, et je suis défait. Décomposé. L’envie de crever. Ma mère est morte. Ça y est. J’ai compris. J’ai réalisé. Ma mère est partie, pour l’éternité. Aussi dur que cette pensée s’inscrit dans ma tête, comme si on scarifiait les mots « Ma mère est morte » sur la peau de mon crâne, je réalise la présence de Gabrielle. Je la réalise vraiment. Elle est là, face à moi. Face à cet être honteux que je suis devenu, face à mes plait, à mon visage tuméfié, terne, morne. Face à ces yeux rouges et bouffies, face à ce fou en tenu d’hiver en plein été. Elle est là. Il n’a pas fallut un mot. Il a suffit d’un regard. D’un geste de sa part. Pour que tout à coup, sortie de nulle part, je m’écroule enfin. A ses genoux. Je pourrais mourir là sur ses genoux. Il a suffit de Gabrielle pour que mes yeux s’ouvrent pour de bon, pour que mon âme revienne les habiter, pour que tout à coup, l’hologramme macabre dans lequel je me trainer, prenne vie, se matérialise en nature ignoble et destructrice. A ses genoux je m’écroule comme on vient à la vie. Les mêmes gémissements, le même cri effroyable, la même crispation, la même position fœtale. L’eau des vagues qui nous caresse est comme un liquide amniotique qui vient nous envelopper. Comme une naissance à l’envers, je me déconstruis dans le cocon de ses bras, en bas de son ventre et supplie la terre de me lâcher. Je pleure, comme je n’ai jamais pleuré. Sans rien contrôler. Ni ma voix, ni ma tonalité. Je pleure d’une sincérité fracassante qui rend mes hurlements horrible à l’oreille, on dirait le bruit du presque mort, le bruit du en vie. Et entre mes sanglots, quand je me sers contre elle, j’entends la probablement la plus belle chose que je n’ai jamais entendu. Il n’y a que Gabrielle qui aurait su. Il n’y a que Gabrielle qui aurait pu dire ça. Le soulagement que me procurent ses mots n’est pas un réconfort. Pire encore, je pleure plus fort, je lui fais confiance, alors oui, je sombre. Je n’ai plus la force de me retenir, plus l’envie de me retenir. Je sombre et me loge dans les plis de sa robe, dans son parfum, dans son corps, dans sa voix, dans sa présence. Tout ce qui me confirme que oui, elle est là. Que non, elle ne partira pas. J’ai tellement besoin de ça. Quelques secondes passent, peut-être des minutes. Je ne sais pas quand mes cris ont laissé place à mon silence fatigué. Jalonnais de soupir muet. Ma main décrispé sur sa robe, posé sur sa cuisse, ma tête lourde sur ses genoux. J’ouvre les yeux au milieu des larmes, l’océan revient. Je le vois derrière son bras. Je le regarde, je le fixe. Je ne dis rien. Je viens de naitre, alors je ne dit rien. Recroquevillé contre elle.





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Les êtres fragiles comme moi, ceux qui se cachent derrière une carapace immonde et repoussante, ceux-là … quand la douleur les submerge, ils adoptent des stratégies parce qu’ils sont incapables de lui faire face. Dans leurs esprits malades et tordus, ils cachent la douleur dans un coin, l’enfermant à double tour et prennent ce qu’ils ont de plus vilains pour barricader la porte. Je ne dis pas qui je suis, je me contente de laisser paraitre le leurre à l’égo surdimensionné que j’ai construit. La première fois que j’ai vu Noah, cette toute première fois ou son insolence m’avait à la fois charmée et amusée alors que nous étions en cours, je savais que j’étais face à un leurre. C’était comme si les personnes comme nous avaient cette capacité à détecter les gens comme eux, comme un radar. Noah et moi, on ne se dit pas qui on est … je ne me suis jamais postée devant lui pour lui révéler à quel point je tremble à l’intérieur et pourtant je sais qu’il sait, et il sait que je sais qui il est. C’est une vérité gardée sous silence mais tellement évidente pour nous. Quand il s’effondra sur mes genoux, le bruit de son sanglot venant se frayer un chemin vers mon âme la faisant se tordre de douleur, je le vis comme jamais je ne l’avais vu. Nu … complètement nu. Et touchée, presqu’effrayée parce cette vision je laissais mon leurre s’en aller aussi, lui glissant qu’il pouvait sombrer, que rien ne me fera bouger de là et que quand il le souhaiterait, que ce soit aujourd’hui ou dans 20 ans, je serais là quand il serait temps pour lui de remonter. Et comme si mes mots avaient enlevé ses derniers remparts il sombra et alors que je l’entourais, ma peau contre la sienne, je m’autorisais à sombrer avec lui. Je le sentais chercher ma présence et de toutes mes forces je la lui offrais, que ce soit par ma main dans ses cheveux, mon souffle contre sa peau, mes lèvres sur son crâne. Je ne pleure pas, alors que mon cœur est lourd mais je n’ai pas le droit de lui voler ces larmes, ce sont les siennes et il en a besoin. Alors j’attendrais d’être seule pour décharger l’angoisse qui me pesait. Les minutes passèrent et l’intensité de son sanglot s’estompa, je sentis sa main relâcher peu à peu ma robe et un soupir épuisé m’indiqua que son corps demandait un répit. Mes lèvres se déposèrent sur ses cheveux de façon furtive alors que mes doigts continuaient de les effleurer, le silence avait eu l’air d’avoir duré si longtemps que j’en venais à avoir peur que ma voix ne vienne le déchirer. Ma main vint sur sa joue et je la caressais du bout des doigts et d’une voix presque cassée je lui soufflais « Je t’aime Noah ». Pas de surnom affectueux, aucune ambiguïté dans mes mots, ce je t’aime sortait de cette partie de moi qui tremblait et s’adressait à cette partie de lui qu’il s’efforçait à cacher habituellement, un je t’aime pur, dénué de toute décoration … l’intensité dans la simplicité. Je l’aimais lui, pas son leurre, je l’aimais lui … Noah. J’aimais le Noah nu devant moi, celui qui est venu au monde en braillant, j’aimais son âme aussi torturée soit elle. Son leurre était beau mais lui … lui était parfait.  Ma main caressa sa joue et je tournais son visage vers moi et je lui souris doucement « Je suis certaine que quand je suis venu au monde, en braillant et m’agitant, je savais déjà que je t’aimais et je suis certaine aussi que quand ce putain de monde m’a tout prit, il m’a laissé là parce qu’il savait que je te croiserais. Tu ne peux pas te détester Noah … tu ne peux pas, parce que moi je t’aime et que tu es la plus belle personne au monde ». Comme si cette seule raison suffisait, même dans mon amour j’étais naïve mais intérieurement, je ne pouvais concevoir d’aimer si fort une personne qui se méprisait. Je ne lui demandais pas ce qui lui faisait aussi mal mais il pouvait m'en parler s'il le souhaitait et si jamais ça ne sortait pas, on parlerait autrement, en prenant le temps qu'il faudra.



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Qui est Noah ? Je ne sais pas. Je me suis flagellé de mille et un maux ces dernières semaines dans l’espoir de m’en souvenir. Et là, cette nuit, fatigué sur les genoux de mon alter ego, je réalise que je ne l’ai jamais su. Que je ne l’ai jamais compris. Le fait que je n’avais rien été d’autres que ce que les autres faisaient de moi, que ce que les autres disaient de moi. Qui est ce Noah ? Je ne sais pas. Et pour la première fois ce « je ne sais pas » sonne comme une libération, comme une délivrance. Parce que je me rends compte avec une brutalité vertigineuse qu’il peut être tout et n’importe quoi, et que ça n’a pas d’importance. L’essentiel étant que ce corps éreinté, que cette âme abimée, que cet esprit malade qui le constitue se reconnaît toujours dans les bras de sa moitié. Dans les bras de Gabrielle je n’ai pas à me questionner sur la nature de mon existence, sur l’essence de ma personne. Dans les bras de Gabrielle il me suffit de respirer, d’actionner mon système vital liminaire pour me rappeler que même si tout fous le camp dehors, ce n’est jamais que dehors. Dedans, là, à côté de mon cœur, y a un battement qui résonne pour elle. Je ne peux pas être seul tant qu’elle est là. Je ne pourrais jamais plus être seul tant qu’il y a elle et moi. C’est d’une naïveté profonde, stupide en raisonnement, incompréhensible pour un cerveau avisé. Mais c’est la vérité. Je ne risquerais pas l’analogie facile, mais Gabrielle porte bien son nom. Plus qu’un ange, elle est le démon de mon manoir austère. Et vous savez quoi ? Là, sur la grève, étalé comme une larve, l’espace d’une seconde, je n’ai pas peur. Parce que je la crois. Je veux dire, vraiment. Comme une évidence, je la crois quand elle me dit qu’elle ne me lâchera pas. Et c’est la seule que je crois quand elle me dit ça. Je suis tombé sous son charme d’une manière complètement tordue, trop pur pour être expliqué avec des mots. Il y a quelque chose d’éminemment beau dans notre relation parce qu’elle est unique, parce qu’on est unique. Gabrielle et Noah. On s’aime sans érotisme, comme deux morceaux d’un même puzzle éclaté qui, quand ils se retrouvent, forment le plus dévasté des paysages. Et sans doute le plus sublime. Je me suis souvenu de tout, et là j’oublie tout. Un calme sinistre dans mon souffle saccadé, quand je fixe l’océan et sent sa cuisse sous ma main. Le genre de calme qui veut dire que même la tristesse s’est épuisée, qu’il faut prendre le temps de naître et que tout n’est qu’à commencer. J’ai perdu ma mère. Je l’ai enfin réalisé. Aussi douloureuse qu’amère, cette révélation se transforme petit à petit, en nostalgie. Comme quand on rit à force d’avoir trop pleuré. La présence toute entière de Gabrielle m’embaume et le vide qui s’était logé dans mon ventre se dissipe de plus en plus. Et quand sa main caresse ma joue, que j’entends son je t’aime plus vrai que nature, je ferme les yeux. Très fort. Une fraction de seconde seulement. Et ça ne me fait pas mal. Quelqu’un me dit qu’il m’aime, et ça ne me fait pas mal. C’est tout le contraire, ce je t’aime est naïf, enfantin, pur, sans attente, il est … il est ce qu’il doit être. Un amour inconditionnel prononcé comme une promesse. Et je tourne légèrement la tête pour pouvoir la regarder. Sa bouche, ses yeux, son visage, je les trouve parfait. Je la regarde, et je le sais. Sans avoir à me questionner, je le sais : « Tu n’imagine pas à quel point … ». Et je restais là à la regardais, tandis que sa main se posait sur ma joue et faisait tourner ma tête un peu plus vers elle. Je la regarde avec ces yeux d’illuminés, un peu fou, trop vrai, qui n’ont plus rien à cacher. Les yeux de l’enfant sur le sourire de la mélancolie. Je l’écoute et … et elle me fait rire. De ce rire bête, trop spontané pour être réfréné, je ris. Je ris en nous imaginant bébé, en nous imaginant âgés et … putain, qu’elle inutilité que le reste ! Je ris de cette euphorie malade avant de me redresser. Parce que … putain, là dans mon ventre, y a cette espèce de boule de magma qui me donne envie de la dévorer. Je me redresse sur mes mains enfoncées dans le sable. Je la regarde encore, comme on regarde un tableau. Parce qu’elle est belle. Et sans réfléchir, je pose mes lèvres sur les siennes. Ce n’est pas un baisé. C’est un geste appuyé qui dans toute son intensité voudrait que les deux bouches finissent par se confondre. Comme si ce contact était le centre névralgique de notre symétrie parfaite. J’appuie. J’appuie fort. Avant de laisser mes lèvres la quitter. Je reste là, devant son visage, mon front appuyé sur le sien, je reprenais : « Tu n’imagine pas à quel point je t’aime, Gabrielle. A quel point je voudrais que tout le reste explose et qu’il n’y ait plus que toi et moi. ». Et je glissais ma main sur sa joue, me mettant à fredonner, parce que je n’arrivais pas à retenir ce rire abruti : « Like a circle in a spiral, like a wheel within a wheel, never ending or beginning on an ever spinning wheel ...». J’ai envie de rire et de pleurer. Encore.  Je lui vole un baiser et je la regarde. Quelques secondes. Elle est belle Gabrielle, et je ne parle pas que d’esthétique. Je finis alors par retirer mon manteau que j’allonge derrière moi comme un plaid. J’enlève mon tee-shirt et le met en boule, comme un coussin à côté de moi : « Viens ». Dis-je en passant mon bras autour de son cou l’invitant à s’allonger là, avec moi, face au ciel : « Faisons comme si tout avait explosé. Il n’y a que nous. Il n’y aura toujours que nous. »





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✧ Aux pieds d'un phare face à l'océan. 4 août 2016. ✧Gabrielle et Noah


Noah et moi étions deux parties distinctes mais semblables d’une même personne, c’était une certitude pour moi, cela ne tenait pas simplement du fantasme.  Notre relation ne ressemblait à aucune autre, il n’était pas mon meilleur ami, il était plus que ça, il n’y avait aucun érotisme entre nous et pourtant j’étais profondément amoureuse de lui. Je ne parle pas de cet amour, ponctué de jalousie et de possessivité qui vient et que vous broie sans vous laisser aucune chance, non. Je l’aimais de façon inconditionnelle si bien que le sacrifice n’avait de sens pour moi que lorsqu’il s’appliquait à Noah. Je pouvais détruire le monde avant de le réduire en cendre si jamais sa seule vision l’irritait, écraser n’importe qu’elle personne qui oserait le regarder de travers et étouffer un insignifiant s’il me confiait que le bruit de son souffle l’agaçait. Je ne savais pas comment le monde autour de nous nous voyait.  J’imaginais que nous étions laids aux yeux des autres, ces deux êtres que la morale semblait avoir délaissé, de ceux qui se nourrissaient de l’envie des autres et qui prenaient le monde pour leur terrain de jeu … et ils n’avaient pas tort. La réalité était que leur regard m’importait peu, je me fichais totalement de l’étiquette qu’ils nous collaient dessus parce que je savais qu’aux yeux de Noah, j’étais aussi exceptionnelle qu’il l’était pour moi. Et je le voyais, là, tout de suite quand, après lui avoir dit que je l’aimais, j’avais tourné son visage vers moi. Son regard ne me cachait rien, il avait ces yeux qui parvenaient à me dire à quel point il me trouvait belle sans qu’il n’ouvre la bouche. Personne ne me regardait comme il me regardait et je ne voulais que personne ne me regarde comme il le faisait, ça nous rendait unique. Moi, qui avais besoin d’écraser pour me sentir exister, j’arrivais à me trouver belle à travers son regard. C’était en confiance, en sachant qu’en aucun cas il ne pourrait utiliser tout l’amour que je lui portais pour me blesser que je lui confiais tout ce que j’avais sur le cœur et dans la tête. C’était fou à dire et certainement encore plus à entendre pour une personne étrangère à nous, à notre monde et notre cocon. Mais quand il s’agissait de Noah et moi, la folie était relative. Sa réaction me figea de surprise au premier abord, il se mit à rire et après une seconde ou deux, mes lèvres se fendirent d’un sourire avant que je ne me mette à rire à mon tour. D’abord timide, il se fit plus franc accompagnant celui de Noah, la tension s’échappant de mon corps à chaque éclat de rire. Il se redressa et je le regardais avec cette tendresse qui lui était toute réservée et sans prévenir il colla ses lèvres aux miennes, réprimant le léger sourire qu’il y avait encore sur mon visage. Et on se comprenait, dans ce geste que peu de personne arriverait à déchiffrer, nous on savait. On savait qu’à deux, nous étions les deux parties parfaitement imparfaites d’une même âme. Une âme qui serait semblable à immense trou noir, un tourbillon de noirceur mais qu’on se plaisait pourtant à contempler quand nous étions ensemble. Il appuya ses lèvres, jusqu’à me faire mal, si bien que j’eus dans cette légère douleur, l’agréable sensation qu’il pouvait se confondre à ma personne.  Ses lèvres quittèrent les miennes alors que son front vint se coller au mien et ses mots m’arrachèrent un sourire, pas parce que j’étais soulagée mais parce que je savais que c’était les mots les plus forts qu’il avait pu trouver. Cette impression que la langue n’a pas inventé de mots assez forts, assez significatifs pour décrire ce que l’on représente l’un pour l’autre. « J’aimerais que notre trou noir avale le monde, qu’on puisse le tenir dans notre main, qu’il puisse sembler insignifiant quand on le regarde» et surtout que l’on puisse paraitre immenses en le regardant, sans que rien ne puisse nous atteindre lui et moi, pas même la douleur. Que rien ne nous atteigne à part nous deux. Il fredonna dans son rire irrépressible et je me mis à fredonner à mon tour «Like a snowball down a mountain, or a carnival balloon like a carousel that's turning running rings around the moon …  ». Je caressai doucement sa joue et il vint me prendre un baiser furtif, je savais que je n’avais pas à chercher un sens à mon existence, parce qu’elle en aurait toujours tant que Noah serait là. Il se détacha de moi, enlevant son manteau pour l’ouvrir derrière nous et roulant ton t shirt en boule il m’invita à venir m’allonger à côté de lui. Je m’installai donc, collée à lui, face au ciel, je pris sa main et commençai à jouer avec ses doigts. « J’ai parfois l’impression d’avoir vécu une dizaine de vies en une seule … tu sais comme si l’univers s’amusait à me faire passer par toutes sortes d’émotions. Des montagnes russes qui n’arrête pas de varier ». Je tournai ensuite mon visage vers lui « Et toi tu es la seule constante que j’ai et que je veux avoir  ». Je souris en coin, reportant mon regard vers le ciel et je serai sa main dans la mienne « Alors j’emmerde le monde pour ce qu’il t’a pris et je pense qu’on devrait le lui dire … au monde … qu’on l’emmerde ».  Je le regardai du coin de l’œil avant de sourire légèrement et de pousser un cri. Le genre de cri spontané, celui qui sort des tripes, un cri de rage, de tristesse et d’espoir … parce que je n’avais trouvé aucun autre moyen de dire au monde à quel point je l’emmerdais … parce que pour moi, il n’existait pas un moyen plus sincère que celui-ci. Je tournai ensuite mon visage vers Noah, les yeux brillants, le souffle court et mon regard l’incitant à faire de même …



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Vous savez pourquoi je suis dingue de cette fille ? Parce qu’elle ne ment pas. Quand elle me parle, ses yeux ne disent jamais le contraire de sa bouche. Si elle dit qu’elle ne partira pas, alors elle ne partira jamais. Je ne saurais pas comment expliquer ni notre complicité ni la confiance inconditionnelle que je lui accorde, mais c’est comme ça. Gabrielle, elle, ne me lâchera jamais. Parce qu’elle me l’a promis et qu’elle est la seule personne que j’ai rencontré qui sache encore à quel point une promesse est sacrée. Les autres, toutes les autres, ont voulu me faire avaler leurs belles salades pleines de merdes. Elles ont foutu un entonnoir jusqu’au fond de ma gorge et on chier leur amour laid et vide de sens. Jusqu’à ce que ça m’asphyxie le cerveau, jusqu’à ce que comme un con, je finisse par les croire. Et quand je les croyais enfin, quand je me laissais enfin aller à mes sentiments sincères, boum. Tout à coup, elles disparaissent, emportent avec elles leurs promesses, et dans leurs yeux, c’est comme si je n’avais jamais existé. Je crois que les gens ne savent pas aimer. Je crois que les gens font semblant. Ils vivent comme on joue dans un film, ils se regardent le nombril, et quand ils disent leurs « je t’aime » puant, c’est à leur reflet dans les pupilles des autres qu’ils s’adressent. Les gens ne savent pas aimer. Je le sais, parce que Gabrielle et moi on s’aime, et ça n’a rien à voir avec tout ce qu’il y a là dehors. Rien à voir avec les histoires qu’ils se racontent, avec les chansons qu’ils écrivent ou les films qu’ils tournent. On s’aime, c’est pur, net, clair et précis. Il n’y a pas de fioritures, pas de faux semblants, pas de foutre pour faire jolie. Quand elle me dit qu’elle m’aime, je ne me pose pas milles questions, je le sais, un point c’est tout, un point c’est elle. Quand elle me dit qu’elle ne partira pas, je la crois, je ne me demande même pas « et si », parce qu’il n’y a pas de conditionnel. Il n’y a pas de si, ni de « c’est impossible ». C’est comme ça, point barre, et le monde doit faire avec. Voilà pourquoi je suis dingue de Gabrielle. Parce qu’avec elle, c’est vrai. Tout est vrai. Elle ne cherche pas à m’amadouer, et ce n’est pas elle qu’elle regarde quand elle se met à aimer. Avec elle, je me sens plus un que jamais, comme deux jumeaux miroirs nés du même utérus. J’ai perdu la femme de ma vie, ma mère. J’ai perdu l’amour de ma vie, Sage. Qu’à cela ne tienne, j’avais oublié jusqu’à ce soir à quel point il m’était impossible d’être seul tant que j’étais avec elle. Je me fiche de ne plus avoir de cadeau à faire à la fête des mères, je me fiche de ne plus jamais avoir de petite-amie et de rester vieux garçon, je me fiche d’absolument tout. Ce n’est pas important, ça n’a pas d’importance. Si les gens qui se disent être mes amours ou mes amis m’aimaient vraiment, jamais ils ne m’auraient laissé dans cet état. La seule qui est là, c’est Gabrielle. La seule qui ne fuit pas, c’est elle. Et ça je le garde incrusté de ma nuque à mes reins : « Il est déjà insignifiant quand je te regarde toi », dis-je en souriant bien plus franchement, décollant mon front du sien. Et on se mit à fredonner tout les deux. Presque de plus en plus fort. Elle est belle cette chanson, putain de belle, elle me rappelle Gabrielle quand je l’écoute, je ne sais pas pourquoi. Nous finîmes par nous allonger face au ciel, mon bras tendu sous son cou, je la tirais vers moi, la laissant jouer avec mes doigts. Plus rien n’existait, je faisais ce jeu que font les enfants : imaginer qu’autour tout est noir, que nous sommes les seuls survivants de l’apocalypse. Je sentais son regard se poser sur moi, son souffle caresser ma joue, et je tournais ma tête à mon tour face à elle. Ce qu’on doit être beaux vus d’en haut : « C’est l’impression que j’ai. Et là, quand je suis comme ça avec toi, je finis par me dire que … tout le reste est d’une futilité acerbe. Je ne sais pas pourquoi j’accorde autant d’importance à ce que je ressens dehors, je veux dire … t’es la seule personne qui ne m’a jamais blessé, même sans faire exprès. Pourquoi je m’inflige la présence des autres ? Je ne sais pas, je suis trop con. Je voudrais rester ici pour toujours avec toi ». Elle tourne subitement la tête vers le ciel et je continue de contempler sa joue, son menton, ses yeux pétillants. Ce qu’elle peut être belle, c’est dingue. Même quand elle se met à parler, j’esquisse un sourire pincée, me mordant l’intérieur de la joue pour ne pas éclater. Putain mais … c’est un alien, mon alien. Elle se met à crier et ça ne me surprend même pas. Je ne bouge pas, continue de la contempler comme on admire un tableau. Je crois que Dali aurait pu peindre Gabrielle, je crois qu’il en serait même tombé amoureux, plus encore que de Gala. Et je tourne mes yeux à mon tour face au ciel quand elle m’invite à le faire, et me met à hurler. Hurler de toute mes forces, serrant sa main dans la mienne, je veux qu’elle fasse pareille. Je veux qu’on bousille nos cordes vocales en communion. Et j’hurle et … putain, je perds le contrôle, y a tout qui sort. Là, comme ça, y a absolument tout qui sort. Je lâche la main de Gabrielle, me redresse, complètement debout, bras tendus à l’horizontal, tête penchée en arrière vers le ciel : « VA TE FAIRE FOUTRE, VA BIEN TE FAIRE FOUTRE ENFOIRE, QU’EST-CE QUE TU VAS ME PRENDRE MAINTENANT HEIN ? MA MERE, SAGE, T’EN N’AS PAS EU ASSEZ ? J’AI PLUS RIEN A PERDRE ALORS VA TE FAIRE PUTAIN DE FOUTRE ! ». L’espace d’une seconde, je m’imagine entrain de me battre contre le ciel, contre les étoiles. L’espace d’une seconde, je perds complètement les pédales, je n’ai plus de voix, plus de souffle, plus rien.
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✧ Aux pieds d'un phare face à l'océan. 4 août 2016. ✧Gabrielle et Noah


C’était étrange, tout comme nous mais à ce moment-là, j’avais ce sentiment que rien n’existait à part cette plage et nous deux. Le monde autour de nous avait disparu, il avait explosé comme l’immonde illusion qu’il était. Le monde autour de nous était mensonge alors on l’avait fait disparaitre, parce que nous étions vrai, la sincérité dans son état originel, on c’était libéré de l’emprise du mensonge et on l’avait fait disparaitre.  La plage sur laquelle nous étions allongés aurait très bien pu sortir de nos esprit fertiles et torturés … en fait cette plage était sorti de notre imagination et on c’était réfugié dedans, c’était notre vérité, la seule vérité valable. Je sentais le sable et le sel de la mer irriter la peau de mes jambes, le vent faisait naitre un frisson sur ma peau et la présence de Noah, me donnait cette intime conviction que si deux personnes comme nous avaient pu se trouver, rien ne pourrait nous résister. Quelles étaient les chances ? Nous aurions très bien pu continuer nos chemins chacun de notre côté, regarder la médiocrité du monde, subir l’illusion avec cette même solitude au lieu de ça, on s’était vu, on avait oublié le monde et s’était aimé. Comme si notre rencontre était inévitable et que Noah était encré dans mon Adn. Etalée sur la plage à côté de lui, un sourire étira mes lèvres à ses mots, lui non plus ne m’avait jamais blessé et je savais qu’il ne le ferait jamais, ni dans cette vie, ni dans une autre. « Je voudrais rester ici avec toi pour toujours aussi, oublier à quoi ressemble le monde en dehors de nous et de cette plage et nous en construire un, rien pour nous … juste pour nous ». Je pense que Noah et moi illustrons parfaitement cette règle qui régit l’univers, la fusion de deux particules microscopiques qui, ensemble, sont à l’origine d’un tout. Je regardais le ciel et je sentais son regard sur moi, je n’ai pas besoin de le voir pour le sentir me regarder ou encore le sentir m’aimer. Mes lèvres laissèrent échapper une bizarrerie que lui seul pouvait entendre et je le sentait sourire, alors ça me fit sourire. Qu’est ce qu’il est beau, quand il sourit. Comme pour confirmer ce fait, celui qu’à nous deux nous étions tout, que rien ne pourrait nous arrêter je hurlai sans prévenir. Je hurlai au monde la colère que je ressentais pour lui, je lui hurlais mon mépris et ma tristesse et en même temps, je le mettais en garde, comme une première menace voulant dire « Ne tente pas de nous anéantir, tu ne peux pas ». Et ce n’était qu’une fois que mon souffle avait disparut, que mes poumons me brulaient et que ma voix s’éteignit que je m’arrêtai pour poser les yeux sur lui, Noah. Il comprit mon invitation et hurla à son tour, sa main serra la mienne à mesure que sa voix gagna en force. Je serrai sa main dans la mienne et je hurlai à nouveau, tant pis si mes cordes vocales n’y survivaient pas et que mes poumons, vidés de leur air finissaient par pourrir. Nos cris s’emmêlèrent, devinrent indissociables, je sentaos à sa voix venir le point de rupture et comme pour l’y pousser encore plus, je hurlais et hurlais encore jusqu’à ce qu’il lâche ma main et se redresse. Le voilà, le point de rupture et je pouvais presque voir la boule noire qui l’empêchait de respirer sortir de ses lèvres alors qu’il cri la tête penchée vers le ciel. Il avait perdu sa mère et il avait aussi perdue une autre femme, on l’avait shooté au bonheur pour lui faire gouter le manque juste après. Je le regardais silencieusement, régler ses comptes et cracher sa colère, c’était son moment, celui que je n’avais jamais eu le courage de vivre pour moi. De façon presque masochiste, j’avais tout gardé depuis la mort de mes parents, je voulais souffrir, je voulais sentir la douleur de leur absence par peur qu’ils ne finissent par disparaitre à jamais. Alors je le regardais avec une certaine fierté et une admiration tendre et bienveillante. Lorsque sa voix s’éteignit, que ses bras retombèrent le long de son corps et que ses lèvres finirent par trembler, je me levai, venant le prendre dans mes bras et le serrant aussi fort que mes bras pouvaient me le permettre. Il fallait que même ses os impriment que je ne partirais pas, je ne serais pas Gabrielle, sans Noah. « Sois certain qu’aussi longtemps que je respirerais, tu ne seras jamais seul », allons-nous perdre à deux, l’un dans l’autre, qu’ils ne puissent plus jamais nous retrouver.



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