Who's spying on who ? :: Veïa

Le plus drôle dans l’histoire, c’est qu’ils semblaient aussi discrets et effacés sur leurs vies respectives l’un que l’autre. Aller à la chasse aux indices ne serait pas facile, toutefois, Happy ne comptait pas jouer les Sherlock Holmes en puissance. Il préférait de loin que ce soit un échange de bons procédés, persuadé, sans savoir vraiment pourquoi, que cette demoiselle soit capable de garder ses petits secrets pour elle. De son côté, il ne comptait pas chercher à la démasquer de quelque manière que ce soit. « En effet… mais je ne chercherai pas d’info personnellement. Si tu veux en échanger, là c’est une autre histoire. Si ce n’est pas le cas, j’estime que tu veux garder tes secrets pour toi et je le respecte » lui expliqua-t-il juste avant qu’ils ne se présentent, Veïa d’abord, Happy à sa suite. « Je crois qu’on est aussi originaux l’un que l’autre » reprit-il avec amusement, la regardant à nouveau pour lui tendre la main, accompagnant ce geste d'un tendre sourire, espérant qu’elle la serrerait, achevant ainsi les présentations en bonne et due forme.

Il faut parfois laisser les choses couler pour qu'elle vienne seules et c'est ce que je comptais faire. Je n'avais jamais été celle qui tait envahissante certes je m'accrochais à certaines personnes plus que d'autres , mais j'avais besoin d'une bonne raison. Il aimait déjà plus déposer des paroles dans l'atmosphère que moi je pouvais le faire. J'étais plutôt du genre être celle qui écoutait, cr pour moi les mots n'étaient pas forcément nécessaire , alors j'aimais qu'il remplisse le vide à ma place. «Avec le temps ça vient naturellement.» Il ne faut pas chercher une raison quelconque et c'est mieux ainsi quand on ne sait pas tout du premier coup. Il pourrait encore me réserver des surprises belles ou mauvaises. «C'est un point en commun j'imagine.» Nos parents avaient voulus faire différemment , moi dans mon cas ça sonnait tout simplement mieux dans mon pays d'origine et pas aussi bien dans la langue de Shakespeare. Je prenais sa main qu'il me tendait en lui donnant un sourire aussi. Nos épidermes se frôlaient pour la première fois.

Bavard ? Peut-être. Cela poussait souvent autrui soit à se dévoiler davantage, soit à lui faire comprendre qu’au contraire, la préférence allait au silence. Cette jeune femme à côté de lui ne semblait pas adorer papoter, en tout cas pas avec un parfait inconnu. Si cela se trouvait, elle n’aimait pas plus cela en compagnie de proches amis, tout simplement car un silence pouvait être plus lourd de sens qu’un discours entier. « Ce n’est pas comme si on se connaissait depuis une paye » lui donna-t-il raison en hochant la tête de haut en bas. Veïa ne l’avait peut-être pas remarqué, puisque leurs regards échangés étaient désormais très épisodiques. Happy esquissa un petit sourire à la remarque de son interlocutrice, ne pouvant pas acquiescer davantage. Ce premier contact entre leurs peaux, du reste, restait un beau pas en avant, initié par lui certes, mais tout de même. « Comme quoi, même avec un parfait inconnu ou une parfaite inconnue on peut avoir un point en commun… »

Une petite étape venait d'être franchie laissant nos prénoms être déposés sur chacun de nos visages respectif. J'avais envie de marcher longtemps dans ce sens , car je n'approchais jamais les personnes que j'observais , elles restaient des pures inconnues. Happy était cette exception dont je n'avais pas l'habitude et je ne savais pas forcément comment m'y prendre. Ma présence était chaleureuse et j'étais douce de nature et c'était sans doute une des raisons qu'il était encore là , vu que j'étais très réservé. «Il ne faut jamais douter de ce qu'une nouvelle rencontre peu nous apporter. » Étant une personne tactile de nature j'avais laissé ma main effleuré la sienne un peu plus longtemps laissant mon regard pour revenir vers lui comme les minutes précédentes. Un océan profond qui fait chavirer parfois. «Oui c'est surprenant , mais pas mauvais pour autant.» Je lui faisais un grand sourire.

Le fait que Veïa soit de nature très réservée ne poussait aucunement Happy à fuir, bien au contraire. Il trouvait en quelque sorte un écho à son propre caractère, chose rare, car il côtoyait d’ordinaire des gens très bavards, délurés, n’ayant aucun scrupule à dévoiler leurs vies que ce soit sur internet ou face à de parfaits inconnus. L’américain peinait à être ainsi. Il avait trop à perdre à se dévoiler, et trop peu à gagner. « Je n’en doute aucunement pour ma part. Rencontrer quelqu’un ne peut être que positif. C’est une nouvelle aventure, si réservée soit-elle » la rassura-t-il à sa manière, lui faisant également comprendre que ce côté chez elle ne le dérangeait en aucune manière. « Être original, c’est de démarquer de ce qui est banal je trouve. Même si nous n’avons pas choisi nous-mêmes nos prénoms. »