HAPPY ► broken team mates

Quelle bataille nous avions livrée aux Purple Reign la veille lors de la prise de la forteresse ! Heureusement, nous, les attaquants Carapuce, étions parvenus à atteindre la victoire malgré les différents obstacles dressés sur notre route. Je n'en avais pas ressenti les effets immédiatement mais en me levant, j'avais pris la pleine mesure des dégâts causés par les multiples chutes, coups, etc... Alors pour me rétablir, aujourd'hui, ce serait matinée au spa. Je m'y rendis de bonne heure pour être certaine de ne pas trouver trop de monde.

Un spa ne serait pas du luxe après la bataille acharnée contre les Purple Reign. Happy avait beau être sportif et entraîné pour ce genre de chose, il n’empêche que son dos lui paraissait avoir connu la guerre et qu’il découvrait des muscles encore inconnus dans son corps. Il se dirigea donc de bonne heure à ce fameux spa, persuadé d’être solo et tranquille, juste habillé d’un bermuda. La chemise, par cette chaleur, lui paraissait totalement optionnelle. Serviette blanche sur l’épaule, il poussa la porte dudit lieu avant de reconnaître entre mille sa brunette préférée… j’ai nommé Anastasiya, ou Ananas pour les intimes. « Hey bella ! Je crois que tu dois être encore plus cassée que moi… on opte pour un massage ensemble ou tu voulais être seule ? »

Cela ne faisait que quelques minutes que je m'étais installée au spa, bien contente de voir qu'il n'y avait encore personne sur place. J'entendis cependant une porte s'ouvrir à laquelle je tournai à moitié le dos. Pour ne pas être malpolie, je me retournai pour saluer le nouveau ou la nouvelle. Quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître et d'entendre la voix de mon cher Happy. Je sortis alors quelque peu de l'eau pour lui faire la bise et me pendre à son cou.

-J'ai l'impression de sortir d'une maison de retraite !

Je fis un petit sourire avant de faire mine de réfléchir.

-Voyons voir... Je suis venue de bonne heure pour être tranquille mais...

La réaction d’Anastasiya arracha un vif sourire à Happy. Lui aussi avait le dos en compote et aurait eu bien besoin d’un massage, mais au lieu de cela, il n’hésita pas à entrer dans l’eau histoire qu’ils se tiennent mutuellement compagnie. Déjà, nager ne pourrait pas lui faire de mal et puis… le massage pouvait attendre, surtout qu’ils pouvaient très bien s’en faire un mutuellement plus tard. Corde raide, quand tu nous tiens… « Ah toi aussi ? Pire, j’ai l’impression d’avoir quatre vingt dix balais au bas mot ! » soupira-t-il en se passant une main contre l’un de ses trapèzes douloureux. Il avait tenté de se masser la veille pour éviter ce genre de courbature mais rien n’y avait fait. Bah. La présence de son ananas préféré rendait la douleur nettement moins vive, tout d’un coup. « Mais ? » demanda-t-il d’un ton légèrement plus charmeur, espérant obtenir la réponse.

Je n'étais pas une adepte des massages. Du moins je n'aimais pas qu'on m'en fasse, simplement parce que j'étais réservée. Mais avec Happy, ce serait peut-être différent... Je le connaissais depuis un moment et il arrivait que nous allions parfois un peu plus loin que ce que l'amitié nous autorisait, enfin bref. En revanche, je serais ravie de lui en faire, j'avais, paraissait-il, un certain don pour cela.

-Mon pauvre petit chou à la crème ! Je ne compte plus les gamelles que je me suis prises, les murs à qui j'ai fait la bise, les meubles dans lesquels j'ai shooté. D'ailleurs j'ai fini par tomber dans les pommes, du coup je n'ai même pas vu quand notre coéquipier a trouvé le drapeau !

Je m'approchai de lui jusqu'à lui faire face tout en restant dans l'eau.

-Mais il y a de rares, très rares personnes qui sont les bienvenues...

Happy essayait de ne pas être trop hilare, et pour cause, ses côtes douloureuses ne pourraient que le rappeler à l’ordre dans le cas contraire. Pourtant, il imaginait tout à fait les nombreuses gamelles de son ananas préféré, ayant fait plus ou moins les mêmes, sûrement avec une classe bien moindre que celle d’Anastasiya. « Je t’avoue que… je n’ai même pas pu voir non plus ! J’ai dû me prendre je ne sais combien de coups dans les côtes, moi aussi j’ai bisouté des murs, faut pas croire ! » rit-il de lui-même, sachant parfaitement donner dans l’autodérision. Mais subitement, en voyant la belle brune s’approcher de lui, le climat changea diamétralement. Une sorte d’électricité se trouvait dans l’air, comme souvent lorsqu’ils se trouvaient tous deux, seuls dans un lieu. Bien loin de reculer, il afficha un air plus charmeur, penchant même légèrement le visage vers le sien, taquineur : « Lorsque tu dis « rares », j’espère que j’en fais tout de même partie et que je ne t’indispose pas encore, ma belle… »

Maintenant, je ne pouvais que rire de toutes ces mésaventures dans l'épreuve de la veille mais en sortant j'étais vraiment mal en point et il me faudrait encore quelques jours de repos pour me remettre tout à fait. Je le regardai avec un sourire me raconter ses malheurs.

-Choupinou... Tu n'as pas trouvé une jolie demoiselle pour jouer à l'infirmière après ça ?

Trait d'humour et légère provocation. Il était bien le seul que je provoquais de la sorte et face à qui je n'étais pas aussi farouche qu'avec d'autres. Pour continuer dans ce petit jeu, je pris l'une de ses mains dans la mienne tout en faisant mine de réfléchir.

-Voyons voir... Je pourrais m'attendre à mieux mais je vais te tolérer pour le coup...

Réflexion qui pourrait s'avérer blessante pour une personne se vexant facilement...

Oh Happy aurait très bien pu jouer des cils, des muscles et de que sais-je encore pour obtenir l’assistance d’une infirmière sexy, mais à la place, il s’était contenté d’une douche bien chaude et d’une fin de soirée autour d’un verre entre potes. Comme quoi, il y avait un temps pour courir jupons histoire de gagner de quoi payer ses factures, et un temps pour laisser flotter les rubans sans forcément penser à quoi que ce soit d’ambigu. Bien qu’en présence d’Anastasiya, la donne ne soit pas toujours facile. « Hélas non… disons que j’ai préféré demeurer chaste tant que je n’avais pas vraiment besoin d’un massage… mais je peux te retourner la question darling : pas d’infirmier sexy pour te proposer ses modestes et néanmoins efficaces services ? » arqua-t-il un sourcil de surprise, un petit sourire amusé sur les lèvres. Sourire qui se transforma en petit rire narquois alors qu’il levait ses doigts pour lui balancer juste de petites gouttelettes. « Enfant insolente » répliqua-t-il en se mordillant la lèvre inférieure. « Si jamais ma présence te déplaît, je peux quitter les lieux, tu sais… »

La question était posée sur le ton de la légèreté mais la réponse m'importait malgré tout. Je savais que Happy avait une profession en rapport avec la gente féminine mais qu'il n'y avait, normalement, rien de sentimental là-dedans, d'où ma question pour savoir si, éventuellement, il avait une conquête en cours ou une histoire plus sérieuse. Moi jalouse ?
Je souris à sa réponse, quelque peu soulagée, mais je ne tardai pas à rougir.

-Très drôle, tu sais très bien que je suis chaste depuis le premier jour et que celui qui sera ma moitié n'est très certainement pas à ma portée !

Je continuai toutefois mon petit jeu de faire celle qui se trouvait en présence d'un individu non souhaité, presque indésirable.

-En effet, je préfèrerais être seule... Tu ne fais pas partie du cercle des privilégiés... Désolée !

Happy savait très bien ce qu’il en était, évidemment. Mais l’entendre de la bouche d’Anastasiya faisait tout de même beaucoup de bien, il fallait l’admettre. Au même titre, elle devait être soulagée de l’entendre dire que non, rien ne s’était passé avec une femme la veille. Il était bien trop cassé et crevé pour cela de toute manière, quand bien même aurait-il voulu. Mais depuis son arrivée au summer camp, il n’avait pas touché une seule femme. Pas de cliente à l’horizon, aucune, car il s’agissait d’un véritable break pour lui. « Et pourquoi ne serait-elle pas à ta portée, cette fameuse moitié ? Je ne te savais pas si défaitiste à ce sujet… » Peut-être un brin mais peut-être aurait-il préféré qu’elle ait un peu d’espoir vis-à-vis de lui. Naïvement. Il entra néanmoins les deux pieds dans son jeu, se demandant quand elle allait craquer au juste. « Très bien, tu ne sais pas ce que tu rates, mais ma personne va quitter ces lieux et va chercher une sexy masseuse pour prendre soin de mon petit moi » fit-il de façon pompeuse à l’excès, exprès. Il sortit même de la piscine s’étirant quelques secondes, dévoilant ses muscles saillants, attendant de voir si elle allait ou pas piper mot.en se mordillant la lèvre inférieure. « Si jamais ma présence te déplaît, je peux quitter les lieux, tu sais… »