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Air comprimé, ma respiration normale se fait difficile, dure besogne que de devoir lui mentir sur la création de son enfant, de notre enfant qui change au fil des jours. J'y pense jour et nuit, nuit et jour et j'en ai marre d'arborer un air chattemite pour le tromper. Il était en droit de savoir, c'était son enfant autant que le mien, la décision de savoir ce qu'on en ferait était à nous deux et pas seulement la mienne.. Mais j'étais incapable de le lui avouer, et le sentiment de culpabilité se prolifère et impose sa place dans mon quotidien, dans ce moment qui est et qui doit être merveilleux. Il y avait tout pour, tout pour être bien et malgré ça, j'ai cette petite voix au fond de ma tête qui me hurle de tout balancer, de tout avouer maintenant, que c'est le moment parfait pour le faire mais je n'y arrive pas. Les mots restent coincés au fond de ma gorge et j'ai l'impression d'être dans une situation labyrinthique, une issue à mon lourd mensonge dure à trouver. Il me demande de sauter et j'avance difficilement ma salive, les amygdales gonflées par l'angoisse, la prise de panique, la perte de contrôle total quand je suis prise au dépourvue. Ça devenait dure de cacher tout ça, c'était la zizanie dans mon cerveau, trop de choses y passaient, trop de mots d'un seul coup provoquant un charivari atroce à m'en brûler les neurones. J'avais un large panel de défauts, tous aussi pourris les uns que les autres mais le mensonge avec Noah, le mensonge sur ce genre de chose me répugne de moi-même. Je pue la défaite à plein nez et j'ai honte de lui faire ça malgré moi. Il saute du haut de cette tour de pierre en me gardant dans les bras, sans crier garde et j'ai le coeur qui se serre, le ventre qui se noue de rage subite. Il avait pas le droit de faire ça, il comprenait rien à mon charabia, je prends la mouche et grimpe sur un rocher sans l'écouter. Le stress monte d'un cran, les jambes qui tremblent et les larmes au bord des yeux, trop d'adrénaline d'un coup qui me donne l'envie de gerber. Il prend place à côté de moi, une boule au ventre qui grossit un peu plus en sentant sa présence comme si j'avais peur qu'il flaire ma trahison, j'ai presque honte d'affronter son regard. - Je sais, je sais Noah.. Dis-je d'une voix tremblante tout en hochant la tête, je venais essuyer les goutes d'eau qui s'égoutte de mon nez à l'aide de ma manche, la classe internationale comme toujours. Les yeux perçant l'horizon, mon cœur saute un battement quand il me demande ce qu'il y a, je reste silencieuse, là-haut c'est la crise de panique total, le gros bordel, je ne sais pas comment m'en sortir, quoi inventer pour m'échapper de ce cul de sac. - Y'a rien.. J'ai juste eu.. Peur. Fuyant son regard, je me force à avoir une voix naturelle, des mimiques naturelles pour ne pas le faire douter de ma sincérité. Et putain ce que je m'en veux Noah, plus les jours de silence passent et plus je sens qu'il ne me pardonnera jamais de ne rien lui avoir dit de tout ça. J'ai peur, peur de sa réaction quand il saura tout, il sera obligé de l'apprendre un jour ou l'autre. Je me redresse, le voyant tirer le sac jusqu'à lui, en sortant des sandwichs trempés et je peine à rire lamentablement. - Au pire si j'ai faim, je peux toujours manger autre chose.. Un repas plus pantagruélique si tu vois ce que je veux dire.. J'essayais tant bien que mal de retrouver mon assurance, de planquer mes craintes sous un sourire qui sonne presque trop faux.
Un haut le cœur, mon ventre qui se noue par la pression de la hauteur presque vertigineuse, on tombe tous les deux dans l'eau et en remontant à la surface j'ai juste un terrible sentiment de rage imminente. Incontrôlable. Je savais que de le voir sans rien lui avoir dit, ça me jouerait des tours, ça allait me foutre en l'air petit à petit et à ce moment là je lui en veut à mort. J'veux pas de ce gosse ou.. Si, en fait une part de moi en veut mais pas comme ça, pas dans ces circonstances là, pas au beau milieu de cette foutue relation qui vire du noir au blanc en une fraction de seconde. Un labyrinthe, un noeud impossible à dénouer, voilà comment j'vois Noah et Sage et j'ai juste envie de chialer d'incompréhension, de rien pouvoir dire alors que j'aimerais tellement le faire. C'est comme si j'étais ma propre prisonnière. Je remonte jusqu'à un rocher rapidement, la gorge nouée et les yeux humides, je ravale mes larmes parce que je pouvais pas m'effondrer maintenant, pas devant lui. - C'est rien.. Ça va aller.. Je réponds sans entrain, ne croyant pas moi même à mes mots. Je me reprend doucement, évacuant le stress, cette angoisse qui me ronge quand son bras me ramène à lui et je viens poser ma tête sur son épaule. Je regarde autour de nous, la vue était à coupé le souffle et j'avais pas envie d'tout gâcher, pas après les efforts qu'il a fait pour nous emmener loin de tout. - T'as raison ! C'est magnifique.. Désolé de m'être emporté. Avouais-je en levant légèrement les yeux vers lui, venant embrasser ses lèvres comme pour me permettre d'effacer cet incident, me forcer à oublier pour n'avoir que les bons côtés de la chose. Je me redresse, il tire le sac jusqu'à lui pour en sortir les sandwichs trempés que je regarde avec dégoût en grimaçant. - J'pense que les poissons apprécieront tes talents de chef ! Dis-je en pouffant de rire, attrapant un de ses sandwichs de mes deux doigts avant de le laisser retomber vulgairement au sol. - J'avoue, finalement y'a peut-être de quoi faire avec tout ça.. Je le regarde avec provocation avant de venir planter doucement mes dents dans la chaire de son épaule pour finir en baiser sensuelle. Et il se précipite vers moi, me faisant à peine reculer quand il m'embrasse, je mords sa lèvre, l'attire vers moi avant de la relâcher sans le quitter du regard. Il me fait à demi sourire, il a donc vu que j'étais paniqué et ça me met un coup dans le ventre. - Tu m'as surprise c'est tout.. J'étais pas paniqué ! Je le reprends alors rapidement. - Ma plus grande peur c'est de te perdre Noah.. Avouais-je naturellement, sans m'en rendre compte avant de baisser doucement la tête.