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J'étais stressé de voir Noah aujourd'hui après ce que j'ai appris hier.. Un bébé ? Moi ? Porter la vie à l'intérieur de mes entrailles ? C'est juste impossible, impossible. J'étais morte, morte, plus rien n'était encore bon à prendre chez moi, souillé jusqu'à l'os, je ne peux pas donner la vie. Assise sur mon lit, la chambre silencieuse au possible, mes jambes qui tremblent malgré elle, le coeur palpitant, j'étais juste perdue. Encore pire qu'avant, déboussolé, je ne veux pas être mère, c'est pas fait pour moi c'genre de chose, je serais un trop mauvais exemple pour cet enfant. Mais.. Je m'attache déjà à cette petite chose au fond, ma main glisse instinctivement jusqu'à mon ventre que je caresse. Me rongeant les ongles, je regarde l'heure sur mon portable, soupirant je me laisse tomber sur le lit. Fermant les yeux, espérant me réveiller d'un rêve qui ne tient pas la route. Est-ce qu'il était le père ? Forcément. Je n'ai plus eu de rapports sexuels mise à part avec lui, et non protégé en plus.. Encore moins. Je sursaute, mon portable vibre et mon cœur s'arrête de battre. Je regarde, Noah, il est là. C'est bon, il est là. Je saute hors du lit, prenant une forte inspiration, j'enfile mes chaussures et je passe devant le miroir. Je me stoppe un instant, remontant mon haut légèrement, regardant mon reflet dans le miroir et je m'imagine une vie meilleure à trois.. Trois. Trois, putain ! Je finis par sortir en claquant la porte, descendant rapidement les escaliers et j'ouvris la porte. Relevant la tête, je le vois là, deux casques en main et son visage. Je souris bêtement sans m'en rendre compte avant de m'avancer jusqu'à lui, déposant un baiser sur ses lèvres, un baiser presque hésitant, je m'en voulais de lui cacher ça mais j'étais pas prête à lui dire. Trop peur de sa réaction, de ses mots. - On se la joue bad boy maintenant.. Je souffle en prenant l'un des casques et l'enfilé sur ma tête. - Tu me l'attache ? Demandais-je, posant mes mains sur ses cuisses et relevant légèrement la tête vers lui.
J'avais un sentiment bizarre, un sentiment de trahison, comme si je le trahissait en lui cachant la vérité mais, je ne peux m'empêcher de penser que si je lui dit tout ça serait pire.. Qu'il m'en veuille, qu'il ne veuille plus de moi, de tout ça, qu'il déteste ce bébé parce que.. Bordel ! Je suis une putain de pauvre droguée qui n'est pas assez parfaite pour lui, pour devenir son épouse auprès de sa famille et encore moins la mère de ses gosses. J'en suis sûre, certaine, il ne pourra pas bien prendre la nouvelle, c'était pas le moment, ça ne le sera sans doute jamais d'ailleurs, parce qu'il finira marié avec une femme qui entre dans les normes, dans les petites cases de papa et maman et que moi j'fais pas partie de c'genre de femme. Et ça m'ruine rien que d'y penser, de penser une seconde qu'il pourrait passer sa vie loin de moi, dans les bras d'une autre. J'essaye de paraître le plus naturel possible, de ne pas montrer mes craintes sur mon visage, il le verrait à tous les coups.. Il me connaît tellement bien, il décrypterait chacune de mes mimiques sans aucun problème. Et.. Je peux pas lui infliger ça, c'est à moi de régler le problème. Je lève les yeux au ciel face à son attaque, ça m'avait bien manqué ça, tient ! - Tu peux toujours essayer. Répondis-je sur un ton je m'en foutiste en haussant les épaules avec nonchalance. Il attache mon casque, je ferme fort les yeux en remontant légèrement le nez quand il tape dedans et je grimpe derrière lui rapidement. - Où est-ce que tu m'emmène ? Dis-je en haussant un peu le ton pour cacher le bruit du moteur qui ronronne. Une escapade avec Noah d'Aremberg.. Hum.. J'dis pas non. Je souris et je m'exécute quand il prend mes mains pour les enrouler autour de sa taille, je resserre l'étreinte, mon nez se pose sur son dos et je hume son odeur enivrante. - Avoue que t'as juste envie que j'te touche en fait ! Je lance sur un ton amusé avant qu'il ne démarre son joujou de la journée. Je pose ma tête sur lui, fermant les yeux face au vent, les cheveux fouettant mon visage et je me sens tellement bien.. Trop bien. Et ça depuis quelques jours maintenant. J'aime cette sensation de liberté, nous deux s'en allant loin, vers d'autres horizons inconnus.
Et sous le soleil qui tape sur nos tête on prend la route, on trace sa route loin du monde, de la frénésie des étudiants sur excités, loin du brouhaha, des règles et tout le bordel. Loin de notre monde à la con qui ne veut pas qu'on soit réunis tous les deux, on s'arrache dans le vent à une allure folle, tellement que je resserre l'étreinte autour de son corps. Les yeux fermés, je profite, je savoure ce début de journée avec lui, rien qu'avec lui et j'aime tellement ça. J'aime tellement être avec lui, qu'à lui, ce genre d'escapade discrète dans un nouveau rêve, un nouveau monde où nous ne faisons qu'un. J'ouvre peu à peu les yeux, découvrant les montagnes imposantes autour de nous, le paysage presque surnaturel qui s'offre à nous. Les yeux écarquillés, je respire l'air frais, je souris doucement derrière son dos alors que mes yeux ne se lassent pas de regarder tout autour de nous. Il ralentit et je me redresse pour voir plus loin, plus haut, ne rien manquer de cette vue sublime. - Putain.. Soufflais-je doucement. J'aimerais planter une tente ici, préparer un sac et vivre comme ça, en pleine nature avec Noah, juste tous les deux. Ça serait tellement plus facile comme ça.. Plus beau. - C'est magnifique.. Dis-je avant de commencer à détacher mon casque alors qu'il s'arrête devant un panneau. Je fronce les sourcils, alors c'est sérieux ? On va vraiment rencontrer des indiens ? Cette culture m'a toujours inspiré, j'ai toujours voulu me baigner au milieu de ces hommes rouges comme on dit. - On peut y aller tu crois ? Je demande en retirant mon casque, balançant ma tête en avant pour ébouriffés mes cheveux et relever la tête pour faire face à l'horizon. - Ça m'fait du bien d'être ici.. Avec toi ! Lançais-je en lui lançant un petit regard en biais en avançant doucement vers lui, je me pose dos à lui, contre son corps, prenant ses bras pour les enrouler autour de ma taille.
Un paysage incroyable sous nos yeux, l'homme que j'aime entre mes bras, je vis un rêve toute éveillé, un rêve parfait, le paradis sur terre ou plutôt un bout de paradis dans mon enfer à moi, dans mon monde obscur. Un sentiment de culpabilité qui m'envahit quand je le regarde sourire, mon visage se transforme amèrement, je m'en veux de lui mentir, de lui cacher ce lourd secret. Je m'en veux d'être là, de vivre un moment exceptionnel à ses côtés rongé par le remord. Je passe ma langue sur mes lèvres, reprenant mes esprits quand le moteur ne ronronne plus et je descends de la moto juste après lui. Détachant mon casque, le posant vulgairement sur la selle, il est tout autant extase que moi devant ces hautes montagnes, un horizon sauvage dans lequel je le suivrais n'importe où. - T'es assez musclé pour ça ? Je demande avec ironie en venant tâter ses bras, j'essayais de me détendre comme je pouvais, d'oublier ce qui était en train de se produire à l'intérieur de mon corps mais cette pensée ne veut pas dégager, ce foutu sentiment ne veut pas me laisser profiter pleinement de cette escapade. Et je viens m'appuyer contre son torse, son bras autour de mon cou et sa main que j'attrape, ma tête se pose dessus, ses mots viennent chatouiller mes oreilles et me font doucement sourire. Je baisse la tête vers le sol quelques secondes avant de les relever vers la beauté que nous offrait les lieux. - Putain, y'a juste pas de mot en fait.. Son bras glisse de mon épaule et on s'avance tous les deux jusqu'au bout, découvrant une petite plage sous les rochers. - J'ai l'impression d'être dans un rêve.. J'ai jamais eu la chance de voir d'aussi belles choses dans ma vie tu sais.. Je tourne légèrement la tête vers lui, ma main vient caresser sa joue avant de venir l'embrasser. - Merci. Finis-je par lâcher d'une petite voix, la gorge nouée, mélangé entre l'envie de pleurer et l'euphorie d'un bonheur pur. Il glisse sa main dans la mienne, je resserre l'étreinte et je m'approche un peu plus du bord. Prête à sauter, je me stoppe net, repensant à ce.. Bébé. Je ne savais pas si c'était une bonne idée de sauter d'aussi haut, j'arrivais plus à me l'enlever de la tête, je ne buvais plus une goutte d'alcool, j'avais arrêté les joints depuis que je sais. - Euh.. J'avale amèrement ma salive, jetant un dernier coup d'œil vers le fond avant de me reculer de quelques pas. - Ça aurait été avec plaisir mais, j'ai.. J'ai le vertige. Affirmais-je bêtement alors que ma main se pose de manière involontaire sur mon ventre. C'était la première excuse qui m'était venue en tête, j'esquivais son regard avant de lui tourner le dos pour me diriger vers la pancarte de tout à l'heure. - J'ai toujours voulu rencontrer des indiens.. Dis-je en lui montrant le panneau d'un signe de tête, sa main toujours dans la mienne je l'attirais jusqu'à moi.
La vie est risible souvent.. Elle a un sacré sens de l'humour je trouve, elle vous offre la chose que vous désirez le plus, avec la personne que vous désirez le plus mais dans de mauvaises circonstances, dans les mauvais moments, inappropriés. Soudainement, comme ça, vous fait part d'un cadeau empoisonné. Combien de fois mes rêves les plus fous ont chassés tous mes cauchemars, laissant place à une vision de vie différente, une union parfaite, un nid d'amour parfait pour une famille, une famille que j'ai toujours voulu à voir, loin de la vie familiale dont j'ai pu être victime. Je me suis toujours promis d'offrir à mes enfants ce que je n'ai jamais eu, ce qu'on m'a enlevé trop tôt mais.. Tout se paye, et ce que j'ai fait en Italie me revient à la gueule, je le sens. On paye toujours nos erreurs et, là, c'était le moment. Je chasse ces mauvaises pensées de mon esprit, je n'ai pas envie de me torturer maintenant, pas ici. Pas avec lui. -Non.. Pas assez à mon goût je trouve ! Je veux que tu me ravive la mémoire.. Une voix légèrement coquine, enroulant ma main dans l'intérieur de son bras pour revenir à lui et me planter contre son torse, me dirigeant jusqu'au bord main dans la main, je le remercie pour ce moment parfait et je peux lire sur son visage de la.. Timidité ? Ce qui me fait légèrement sourire, il ressemblait à un gosse, loin de l'image du mec arrogant et imbus de lui même que j'ai pu connaître au début. Il rebondit sur un sarcasme et je lève les yeux au ciel en soupirant, pouffant un rire moqueur avant de le bousculer légèrement d'un coup d'épaule. - Je ne crois pas en dieu ! Répliquais-je rapidement à ce qu'il venait de dire. Il prend ma main dans la sienne, la serrant un peu plus, il me défi de sauter.. Prête à le faire, en temps normal j'aurais sauté sans réfléchir, même pas une seconde mais là.. C'était différent. Tout était différent putain ! La panique me gagne quand il me titille, il me connaît tellement bien que mes excuses ne prennent pas sur lui. Ça me frustre, je sens mon cœur accélérer rapidement et je décide de m'éloigner du rebord pour partir dans le sens inverse. L'incitant à me suivre il me porte dans ses bras, j'enroule mes bras autour de son cou et je ne peux m'empêcher de le regarder dans les yeux, malgré le stress, l'anxiété de la situation, le mensonge, la trahison. Mon cœur bat de plus en plus vite à ses douces paroles, je déglutis une fois de plus, j'en avais mal au coeur. - Noah.. C'est pas ça, tu comprends pas.. C'est.. Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il court dans le sens opposé, je capte pas tout de suite, seuls mes ongles s'agrippent à sa chaire et il saute dans le vide. Je ferme fort les yeux, serre les dents et on tombe dans l'eau avec force. Toujours dans ses bras, on remonte à la surface et je reprends mon souffle, essuyant mon visage je le repousse en m'éloignant de lui de quelques mètres en continuant de flotter. - Putain ! Mais t'es con ! Je t'ai dit que je voulais pas Noah. Je lui en voulait, je lui en voulait à mort d'avoir peut-être mit notre enfant en péril. Il avait pas le droit, pas le droit de lui faire du mal et je nage jusqu'à un rocher, montant dessus tant bien que mal, j'me sentait vraiment pas bien sur le coup. - Excuse moi.. Mais.. M'agitant du haut de ce rocher, faisant de grands gestes pour finalement laisser retomber mes bras, pinçant les lèvres j'en avait les larmes aux yeux. - J'voulais pas sauter.. Lançais-je en venant m'asseoir, avalant ma vérité au passage.