Je n'y croyais pas. Il était bien là, face à moi. Ce mec était comme un frère, un meilleur ami, il avait su me supporter, me soutenir dans n'importe quelle situation. Il était au courant de mon problème avec l'alcool, il en était conscient. Mais depuis quelque temps, quelques longs mois, j'avais décidé d'arrêter de lui parler, simplement parce que je n'en pouvais plus. Je le voyais, il n'a pas essayé de me retenir, il m'a juste laissé partir. Du moins, c'est ainsi que je le perçois, que je le sens. Je n'arrivais pas à lui en vouloir, comment pourrais-je ? C'est impossible. Mes yeux sont rivés en sa direction, et sans même réaliser, il se trouve déjà dans mes bras. Les miens passent autour de sa taille, et je le serre, je le serre si fort. Qu'il comprenne qu'il m'a horriblement manqué, et que j'étais intérieurement désolé de lui avoir fait subir cela. Ma main frotte énergiquement sa colonne vertébrale, jusqu'à quitter ce lieu de retrouvailles, je me sens con. Con, et égoïste. Mais j'ai toujours été ainsi.
< Jimmy.. Merde, je ne pensais pas te croiser, ici.. Enfin, ouais, ça fait.. Un moment.. >Ma phalange passe nerveusement dans mes cheveux en les rabattants en arrière. Je suis heureux et soulagé de voir qu'il allait bien, qu'il s'en sortait, et qu'évidemment.. Il avançait. Dans un geste amical, je pose ma main sur la tempe de mon ami, et je fais cogner mon front contre son crâne. J'ai toujours du mal, à voir, qu'ouais, il est présent, il est bien là. Mais d'un coup, toutes les pensées négatives me reviennent en tête. Et si.. Il a trouvé un autre pote, mieux que moi ? C'est fort probable, vu la merde que tu es James. Personne ne veut de toi, c'est un fait que tu dois avaler. Je chasse ma conscience, et je me recule, je l'observe, l'examine même. Mon ami, mon frère, mon meilleur ami.
< Comment tu vas.. Tu sais.. Enfin, depuis tout ce temps.. > Concentre toi, inspire.. Respire... Ma main retombe sur ma nuque, que je frotte, une habitude qui ne m'a toujours pas quittée, lorsque je me sentais gêné.