Should i stay or should i go ? (Alaska)

Ce que je pouvais me détester d’être aussi sensible ! C’est vrai quoi, ce n’est jamais qu’une Mather de mort, je ferais tout aussi bien de la laisser vomir, s’évanouir dans ses miasmes et partir vaquer à mes occupations. Mais non, non, il faut encore que mon esprit me tiraille et m’empêche de déguerpir. Même quand elle m’agace au plus haut point. Et puis, ce qui me fait le plus peur, c’est que je commence à voir tous ces petits hommes verts comme des humains. La faute à qui ? La faute à Sage surement. Je ne sais pas ce qu’elle m’a fait, mais ouai, j’ai pété les plombs en la rencontrant et je me déteste d’être aussi sensible à ce qu’elle pourrait penser de moi. Noah, ces gens sont des parias, des moins que rien, une crotte de chien sur ton chemin, alors perds pas ton temps en blabla. Mais non. Non, Noah est ce petit con incapable de faire comme si de rien n’était quand quelqu’un ne va pas bien, peu importe qui il est. Je lui lance un regard brusque et noir quand elle me dit que Wade n’a qu’à bien se tenir. Rah, son sarcasme, je le lui ferais avaler bien volontiers ! Plus noir encore quand elle dit de moi que je suis amusant. Et je fais mine d’être offusqué, levant les yeux au ciel avant de dire, presque sérieusement : « J’ai toujours préféré GI Joe … ». Quoi ? Je suis vraiment entrain de plaisanter avec elle ? On dirait bien. Quelle plaie. Et je tourne les yeux vers elle quand elle me dit que c’est moi qui l’aime bien : « Prends pas tes rêves pour la réalité …. Muffin ! ». Et j’esquisse un sourire en coin, un brin taquin, avant de poursuivre la marche vers le stand de boissons. De la limonade dans du vin blanc ? Qu’est ce qu’elle raconte ? Je la regarde déconcerté avec les yeux plissés, la bouche ouverte style « WTF ». Je parlais d’une hypothétique fois où elles et ses camarades auraient pu confondre du champagne avec un mélange vin blanc eau gazeuse. Bien sure qu’à ma soirée à moi c’était du champagne, très couteux de surcroit parce que Cole adore ça. Et on marche côté à côté. Vu de l’extérieur, ça doit être marrant. Genre, qu’est ce qu’ils font ces deux là, ils sont ensemble, ils ne le sont pas ? Le mouvement de replis du bras que j’ai n’ai pas dû qu’à Alaska. C’est juste que … c’est comme ça, je déteste qu’on me touche. Et je feins la taquinerie en me moquant de ses joues. Sans aucune gêne. D’autant plus que c’est vrai, elle a l’air d’avoir pris du poids depuis la Mather Party, et je le sais, parce qu’ennemie ou pas, ça ne m’a jamais empêché de regarder ses fesses : « Oh le petite hamster se rebelle, et si je grignotais un peu de ma dignité pour survivre, hm ? », fis-je mine de reprendre mielleusement en mettant mes mains devant ma bouche comme ferait un mangeur qui grignote. Avant de les laisser retomber de part et d’autre de mon corps. Arrivés au stand de boisson, j’achetais deux bouteilles d’eau, sans réfléchir. Ce n’était même pas une pique ou une taquinerie du style « t’as pas les moyens pour de l’H2O ». C’est juste … je ne sais pas, de la galanterie. Je ne réfléchis pas à ça, je n’y pense pas, le geste est naturel. Et je fronçais les sourcils quand elle me répondait sarcastiquement que j’étais son nouveau meilleur ami : « Mon CDD s’arrête ici. T’es saine et sauve, j’ai accomplis ma BA. Mais tu devrais quand même rentrer te reposer … ». Ouai je m’inquiétais un peu pour elle quand même. Avant de reprendre en agitant les mains du style « ne te méprends pas » : « Non pas que j’en ai quelque chose à faire, mais je trouve ça dommage pour les buissons ». Et je feins un sourire ouvertement hypocrite.

Mon côté guerrier ? Peut-être. Mais j’aime surtout GI Joe pour son côté loubard baroudeur, du genre je l’imagine avec une Marlboro au coin du bec, une voix bien roque à la Stalone et un tatouage en forme de cœur avec « Maman » écrit dedans sur les fesses. C’est beauf, mais ça me fait marrer, je ne sais pas, ce genre de mec ne se prend pas la tête mille ans et soit tout le monde l’adule, soit tout le monde le craint. Moi j’ai jamais su me faire aimer, alors j’ai toujours fait en sorte de me faire craindre ou détester. C’est pathétique, probablement, mais c’est comme ça. Je préfère passer pour un con et être haït pour une image de moi-même que je construis, que m’ouvrir vraiment et prendre le risque d’être blessé pour de bon. Je suis fermé avec tout le monde, dans le fond personne ne me connait, mon sarcasme et mon cynisme ne sont pas spécifiquement dédiés aux Mathers. Je suis un peu bête à polémiquer sur une poupée dans ma tête, je jongle avec mes pensées stériles et la conversation avec Muffin. Ouai, je crois qu’on dirait deux potes vus de l’extérieur. En soit, je ne la déteste pas, je ne déteste pas spécifiquement les verts. Je déteste tout le monde sans distinction de couleur, d’origine, ou de religion. C’est juste que je pars du principe que la confiance fait les cocus et les trahis, pour pas être trahis, suffit de pas faire confiance. Etre misanthrope, c’est être sacrément égalitariste non ? On s’arrête au stand de boisson, sans réfléchir je lui tends deux bouteilles et me délecte encore de ses sarcasmes. Elle a l’air d’avoir pris du poids, c’est pas ma faute, je peux pas ne pas le relever. Parait que l’alcoolisme rend bouffit, peut-être que c’est ça, je n’en sais rien. J’hausse les épaules quand elle me dit « merci » évitant de croiser son regard parce que … wow, c’est bizarre. Et je finis par grimacer en roulant des yeux au ciel à son au revoir. C’est marrant en fait, parce que quelque part, l’idée de la recroiser ne me déplait pas complètement, et la vérité c’est que je m’inquiète un peu. Je finis par tourner les talons et disparaitre vaquer à mes occupations.