like real people do. (FELIN)

Je comprends au fond, que c'est peut être une bonne chose. Non pas qu'il y est du bien dans son malheur, mais peut être que les choses auraient été différentes sans cette histoire de perte de mémoire. J'aurais peut être plus facilement fui, je n'en sais rien. Là, tout ce qui s'était passé, c'était arrivé vite et de façon imprévue. Je veux dire... depuis ce tremblement de terre au Chili - qui me paraît être arrivé il y a une éternité - beaucoup de choses étaient différentes et je ne dirais pas que ce n'était pas une bonne chose. Je sais très bien finalement que Feldt et moi nous formons un truc. On est ensemble. Il n'y a pas trente six mille description de notre relation, mais je pense que ce qui compte c'est que l'on est pas besoin d'en parler ? « Des incertitudes ? A propos de quoi ? » Ses souvenirs, moi ? Aucune idée. Feldt était imprévisible, j'avais du mal à savoir à quoi elle pensait par moment et en même temps, on était très connecté. Je dirais même qu'on est fusionnel, on se comprends vite et ce que j'aime dans notre relation. Tout est simple. On parlait finalement des choses qui avaient changé. C'est terrible de voir le temps défiler. Je suis diplômé, j'ai terminé mes études et je suis censé quitter Cambridge. Pour ou ? Bonne question.  « J'ai jamais été avec quelqu'un Feldt » dis-je simplement, sans vraiment chercher son regard. J'avais un peu peur de tout foirer, de faire un truc de mal. J'avais pas envie de la perdre à cause d'un truc que je ferais n'importe comment.

Je m’étais peu à peu habituée au fait de ne pas avoir des souvenirs pour certaines choses. Malgré que j’essayais de mettre les bouts du puzzle ensemble, je n’y arrivais pas. Il y avait une piece manquante, quelque chose qui me rendait la tache difficile. J’essayais du mieux que je pouvais de ne pas laisser mon amnésie affecter ma vie quotidienne. Je continuais de vivre au jours le jours, profitant de chaque jours que j’avais avec mes enfants, Alaska, Hardin, et mes amis proches. Je laissais le passé dans le passé, ne regardant plus que dans le future. Pourtant, il y avait des moments où j’aimerai savoir, ne plus avoir à vivre dans la peur et l’incertitude, dans le noir. « A propos de pleines de choses. Les gens sont différents avec moi, comme si il y avait des choses qu’on ne pouvait pas me dire. Par exemple, nous, même si je sais ce qu’il s’est passé, je ne sais pas ce que j’ai ressenti durant ce soir-là, et ça me fait peur. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé concrètement, et ça…fin bref…je suis entrain de m’égarer. Je veux simplement retrouver une partie de moi-même. » Avouais-je à Hardin. Je ne parlais que très peu de mon amnésie, un sujet encore délicat. J’essayais de mettre ce sujet triste et noir dans un coin de mon esprit, préférant penser à la soirée que j’allais passer en compagnie de mon copain. C’était encore bizarre de me dire que voilà, nous étions ensemble Hardin et moi. Il venait de m’avouer qu’il n’avait jamais été avec quelqu’un. Je butais, ne sachant pas quoi répondre. J’étais sa première relation fixe? Ne pas stresser, me répétais-je dans la tête. En soit, il était aussi ma première fois depuis mon viol. Nous étions un peu à égalité. « Ok…wow…euhm…ok… » J’étais entrain de m’enfoncer totalement. « Je suis honorée…wow…euhm…ouais…mais à la fois, j’ai l’impression d’avoir une grande responsabilité là… » Il fallait que j’arrête. « Je vais arrêter de parler pour éviter d’enfoncer ma tombe encore plus. » Dis-je alors que je me mettais face au grand écran rouge écarlate de honte. C’était une discussion sérieuse, et je savais pas du tout quoi lui répondre. Je me sentais si impuissante.