U.N.I. (leïwis)

Il doit être aux alentours de vingt-deux heures quand je reçois un message de Lewis. Mon portable vibre sur la table basse et je lis rapidement ce qu'il me demande. Je dois le rejoindre au Back Bay Fens avec de quoi le recoudre. Ok. Encore une fois, ce crétin d'Holloway a décidé de se mettre dans la merde. Le parc est à deux minutes à pieds de mon penthouse et il a bien de la chance que je suis là. J'éteins la télévision, enfile ma paire de Louboutin, attrape mon rain coat parce qu'il fait humide dehors et me dirige vers le "point" de rendez-vous. Ce mec est insupportable, il réussit toujours à se mettre dans la merde et on se demande bien pourquoi je déteste les mather après. Ils agissent tous comme des gros cons et ne pensent aux conséquences qu'une fois que leur visage est déformé ou je ne sais trop quoi. En temps normal, j'aurais juste laissé un Mather se démerder mais là, il s'agissait de Lewis. Je pousse la porte du parc qui est ouvert pendant encore une bonne grosse demi heure. L'humidité me glace le sang alors qu'une fine brise commence à se lever. " Holloway ? T'es où ? " Grognais-je en me dirigeant vers les bancs en bois près du lieu qu'il m'a indiqué tout à l'heure. " T'as foutu quoi encore ? " Demandais-je en voyant son visage. Non mais Lewis sérieusement ?! Tu vas arrêter quand de t'abimer la gueule de la sorte ? " T'as voulu sauter la copine de qui ? " Lançais-je, mordant légèrement l'intérieur de ma bouche pour ne pas éclater de rire. Non mais je vous jure...

Les bagarres, la clope et la drogue sont bien trois choses qui me dégoutent chez la race humaine. Oui, rien que ça. J'ai été élevée essentiellement par ma mère mais avec les règles de mon père. L'alcool ? D'accord. Mais que si c'est du champagne parce que le reste, ça bourre plus la gueule qu'autre chose et on a l'air ridicule. Fumer ? Pour quoi faire ? Puer le tabac froid une fois à l'intérieur ? Plutôt crever. Et se battre ? Jamais. Surtout pas pour une fille. Si j'ai un problème, je n'ai qu'à appeler mon père et je sais que ses hommes de mains viendront dans la seconde. Et la règle qui englobe toutes celles là ? Ne pas approcher ceux qui agissent comme ça. Mais quand Lewis m'appelle au secours, j'y cours comme si ma vie en dépendait. C'est sûrement parce que j'ai envie de me foutre de sa gueule, encore un peu plus. Et puis, je suis la meilleure dans mon domaine alors autant que sa gueule ressemble à quelque chose demain. Il me remerciera pour de bon un jour ou l'autre, oui oui. J'entends sa voix et me dirige vers lui. Un léger conflit ? Ouai, conflit assez gros pour qu'il se prenne des coups dans la gueule. Je l'écoute et lève les yeux au ciel. " Ça coute tellement cher cette merde t'as raison de défendre tes clopes avec tant de hargne " Lançais-je le plus ironiquement possible. C'est ça ouai. Ça coute rien cette merde et s'il arrêtait de jouer au con, il en serait pas là. Je m'approche de lui et pose ma main sur son visage, regardant les dégâts. " Ouai, un peu " Soufflais-je, agacée. Non mais sérieusement ! Il a pris combien de coup sur la gueule pour avoir l'arcade dans cet état ? Je m'assois à côté de lui et le regarde. " Ouai ouai, tu me remercieras demain quand tu ressembleras pas à Frankenstein " Lâchais-je sans gêne aucune. Je sors ma petite trousse de premier soin et place ce 'bandeau' avec une petite lumière dessus, au centre. Oui, j'ai ce genre de choses chez moi parce que je suis prévenante et que je n'aime pas vraiment utiliser les affaires de tout le monde, même à l'hôpital. " T'as pris quoi comme merde ? " Lui demandais-je rapidement, le jugeant totalement. Mais j'ai besoin de savoir parce que j'ai pas envie qu'il crève dans mes bras. Je peux rien lui administrer contre la douleur mais bon... Un petit coup au mauvais endroit et c'est la cata.

J'ai un taux d'acceptation des défauts de l'être humain proche de zéro. On m'a appris à être parfaite et rien d'autres. Les vices qui pourrissent l'âme, trop peu pour moi. Enfin, le vice que je m'autorise est celui de la chair parce que c'est le seul qui ne détruit pas, loin de là. À moins d'être inconsciente, chose que je ne suis pas. Personne n'a jamais réussi à me faire tourner la tête au point d'oublier le petit bout de latex, non non. Enfin, j'écoute Lewis et lève les yeux au ciel. " Tu veux pas que j't'admette en désintox par hasard ? T'économiseras pas mal comme ça " Lançais-je avec un léger sourire. Si je peux lui venir en aide pour arrêter la clope, j'suis pas contre. Enfin, pas sur que la désintox soit la solution pour un petit problème comme ça mais bon, peut être qu'il arrêterait l'herbe et ça, ça serait pas du luxe pour mes petites narines sensibles. " Simplement ? C'est déjà trop " Lâchais-je, le jugeant totalement mais bon, je crois qu'il a l'habitude avec moi. Je suis plutôt douée pour juger tout le monde et encore plus les types dans son genre. Je ne lui ai jamais fais croire l'inverse de toute manière, il sait ce que je pense de ça et que s'il veut arrêter, il n'a qu'à demander. Lewis sera mon petit projet, mon projet démentelage et sevrage de la Mather House. Non parce que ça ressemble plus à un repère de dealeur et de drogué qu'à une maison "d'anarchiste" ce truc. " Tu fais ce que tu veux, j'ai juste pas envie que ton sang me gicle à la gueule " Surtout pas alors que je porte une tenue hors de prix. Il sort une clope de son paquet et je lui enlève des lèvres avant qu'il ne l'allume. " Je crois pas non " Dis-je en le regardant droit dans les yeux, arrachant le paquet de la main et rangeant la cigarette en question. " Tu brûleras tes vingt centimes plus tard " Concluais-je, en posant le paquet loin de moi et de lui. " Et t'avises pas de l'attraper parce que je te plante l'aiguille dans le front " Finis-je par avancer, un large sourire sur le visage alors que j'approchais le petit bout de métal de son arcade histoire de le recoudre. Manquerait plus que ça s'infecte et qu'on me retire ma licence pour ça. Non, non, on va faire les choses bien. " Ça va piquer " Soufflais-je, aspergeant un grand coton tige de produit désinfectant avant de lui coller sur les bords de la plaie. Je suis gentille non ? Je l'ai prévenu comme on le fait avec un gosse.

Je lève les yeux au ciel quand il refuse cordialement mon aide pour la désintoxication, pour le petit passage en case "stop la clope" et c'est dommage. Ouai, je trouve ça vraiment dommage parce que ça pourrait le faire remonter un petit peu dans mon estime. Juste un petit peu, il passerait de ras les pâquerettes à "herbe non tondue pendant 3-4 jours". " Si c'est moi qui te fait admettre, tu n'iras pas dans un "truc de merde" mais genre plutôt un lieu où les infirmières sortent tout droits de chez Victoria Secret " Un truc bien, un truc surement trop bien pour lui mais bon, si ça lui permet de changer un peu, de se reprendre et tout ce qui va avec... Ouai, j'aurais bien assainir le monde entier. Mais pas pour eux, non non, pour moi, parce que vivre au milieu de ces gens m'insupporte de plus en plus chaque jour. Je ne comprends pas comment on peut en arriver là, ça me dépasse. Enfin, j'ai tout ce que je veux alors que je n'ai besoin de rien pour me détendre, pour passer le temps et tout ce qui va avec. Je tente de savoir s'il a pris pris plus que l'habituel et, à sa phrase, je déglutis difficile et mon visage se déforme, dégouté. " T'es franchement un gros porc Holloway " Soufflais-je en le regardant de haut en bas. " Et sache que je ne me fais pas gicler dessus et que je n'avale pas " Si ça l'intéresse de savoir, voilà, il sait. Parce que ça s'arrêtera là, lui et moi. Je préfère mourir lentement de la gangrène que de faire des cochonneries avec lui, c'est pour dire. Il pourrait presque m'attirer si au lieu de fumer des clopes et toute sorte de merde, c'était des cigares qui touchaient ses lèvres et si le champagne était le seul breuvage - ou presque - qui glissait dans son corps. Ouai, rien que ça. En gros, changeait tout ce qui fait de lui ce qu'il est. Je le regarde et souris largement. " Je parlerais avec mon corps alors " Lâchais-je avant de me concentrer sur lui et sur le côté "désinfectons la plaie". C'est pas le genre de Lewis mais s'il venait à avoir un problème et qu'il se retournait contre moi... " Ouai j'ai décidé d'être un peu plus prévenante avec toi " Lâchais-je en préparant tout et commençant à le recoudre, sans avoir prévenu, bien entendu. " Alors ça va, ça te convient mieux comme ça ? " Soufflais-je en m'approchant de lui, m'attelant bien comme il faut à la tâche. Pas envie de le rater, non non...

Je le regarde d'un air dégoûté. " Elles vont surtout t'attacher et te planter des aiguilles sous l'épiderme pour te calmer et que t'arrêtes de les dégoûter " Lui et ses blagues douteuses. Eurk. Il se prend pour qui ? La grand Dieu ? Faut redescendre d'un cran voire même d'un étage. Aucun homme n'en surpasse aucun et je suis bien placée pour le savoir avec tout ce que j'ai pu tester dans ma petite vie de Cartwith. Les hommes, je les enchaîne et je peux sensiblement dire qu'il n'y en a pas un pour relever l'autre. Après tout, une partie de baise est une partie de baise. Un chat est un chat après tout alors bon. Et Lewis est un gros porc et je ne me gênais guère pour lui dire. Je le regarde et lève les yeux au ciel. " C'est juste pas mon délire écoute... Chacun son trip hein " Et moi, non, je passe, je donne ma langue au chat, je laisse les autres avaler et se faire gicler dessus. Je trouve ça dégueulasse et dégradant au plus haut et point et pourtant, niveau dégradation, c'est pas le pire je pense. J'en fais des choses avec mon corps mais ça, non ça ira. Comment coucher sans protection, jamais. Je sais pas où mes partenaires ont été trainés et si je peux réduire par des millions les chances de choper une saloperie, ça m'arrangerait bien. En tout cas, c'était dur d'être sérieuse avec lui parce qu'il sortait des conneries plus grosses que lui et sa micro-cacahuète ahahah et ça commençait réellement à me fatiguer. Seulement, je rentre dans son jeu parce que je suis comme ça. " Ça dépend... tu payes combien bébé ? " Soufflais-je d'une voix lascive avant de rire légèrement, reprenant ce pourquoi je suis là : le recoudre. " Rêve pas trop, t'es pas assez riche pour ça " Claquais-je avec un léger sourire sur le visage. Pauvresse, voilà ce que t'es et mon corps, je le réserve pour les grands de ce monde, pour ceux qui ont de l'ambition et pas les petits cons dans ton genre qui se défoncent tous les deux matins. Sourire sur les lèvres, je fais exprès d'habiller et d'y aller brusquement pour le faire réagir. Aïe ? Bien, on continue comme ça, on progresse. Et puis, je me penche, me rapprochant parce qu'on voit pas grand chose et qu'on est clairement pas dans un environnement stérile. " Non mais ça va ? Je te gêne pas trop ? " Je soupire fortement et enchaîne les points le plus proches les uns des autres pour que ça tienne mais pas trop pour que ce soit beau. C'est tout un art. " Arrête de mater mes seins pendant que je me cogne ton front luisant et tes cheveux qui puent s'il te plait " Ma main en l'air, je le regarde. " Oh. Mes yeux sont plus hauts " Lançais-je en le dévisageant, pour qu'il comprenne bien.