(fb) Emmène nous au bout du monde ft Lysky

Un bordel monstre occupait l'une des suites les plus luxueuses du Plaza. Un hôtel de New York dans lequel se trouvait Lysandre Henry D'York depuis déjà deux semaines. Debout, simplement habillé de son boxer, il jetait tout un tas de vêtements à l'intérieur et autour d'un sac de voyage. Les mèches de ses cheveux éparpillés sur son crâne, un air dur sur le visage, tellement qu'il serrait les dents faisant ressortir les muscles de sa mâchoire. On pouvait dire une seule chose en le voyant ainsi. Il était énervé et quand il était énervé, il était épris par la seule chose qui lui faisait du bien, non pas l'alcool, pas les fêtes non plus... mais plutôt les fugues, disparaître pendant un moment, devenir personne juste quelques jours, profiter qu'on ne puisse pas le retrouver, qu'il puisse être tranquille et redevenir simplement le gosse qui avait une mère qui se battait pour l'élever, même si c'était dans un quartier pourrit du Bronx, rien à foutre ! Il avait été heureux durant ces époques, ce qui n'était plus vraiment le cas depuis la perte de cet être cher, le bonheur ? Il ne cherchait même plus à courir derrière, non il cherchait surtout à se sentir en vie et quoi de mieux que de se comporter comme un gamin... le gamin qu'il était toujours. Finalement, il enfila avec précipitation des vêtements, un bas de jogging ainsi qu'un marcel et une paire de lunette de soleil, un rapide passage de sa main dans ses cheveux en guise de coiffure, il ferma ensuite le sac et le porta sur son dos, sans aucun coup d'oeil derrière lui, dans cette suite qu'il occupait quand il n'était pas à l'Université. Ouais, il avait bien besoin de disparaître juste quelques temps, quelques jours, même des semaines qu'importe, personne n'avait besoin de savoir où il allait. C'est donc aussi naturellement qu'il se trouvait au bord de la route, avec le pouce levé, ayant effectué quelques pas pour s'éloigner de la sortie de la ville, regardant les voitures qui passaient très souvent devant lui, sans même s'arrêter juste quelques millièmes de seconde. 

C’était la dispute de trop pour Micky. Elle ne supportait plus ses prises de tête à répétition d’avec son père adoptif, qui venait jusqu’à la maison de confrérie des Eliot pour la mettre plus bas que terre à propos de sa rééducation. Forcément, faire un sac de voyage avec trois fois rien dedans et prendre le risque de conduire n’était pas l’idée de l’année, mais tant pis. La piquante blonde était prête à sillonner les routes des Etats Unis pour un temps indéterminé, à commencer par tout de suite maintenant celle quittant Boston. Alors, bien sûr, elle avait demandé l’aide d’un acolyte Eliot pour monter en voiture et le laisser mettre son fauteuil dans le coffre, sinon elle n’aurait jamais pu partir… mais c’était fait. Musique dans les oreilles, cheveux au vent avec la fenêtre ouverte, Micky parfait le cœur léger au volant de son truck, vieille bagnole ayant vu beaucoup de conneries de sa part et qui en verrait sûrement d’autre maintenant qu’elle partait. Rien ne lui laissait imaginer qu’elle croiserait la route d’un autre étudiant - elle n’avait aucun moyen de savoir qu’il s’agissait d’un étudiant, d’ailleurs - faisant le stop sur le bord de la route. Inutile de dire qu’elle ne comptait pas le laisser dans la panade, et s’arrêta à quelques millimètres de lui pour mieux descendre sa vitre. « Tu vas quelque part en particulier ? Je n’ai pas de route définie, alors grimpe, je peux t’emmener ! Mets ton sac dans le coffre, il est ouvert. » Bon il verrait sûrement son fauteuil, mais tant pis.

Il ne savait pas vraiment combien de temps il était là, debout, au bord de la route, en train de retenir comme il pouvait son sac, éviter qu'il ne rejoigne le sol parce qu'il n'avait plus assez de force dans ses bras. Mais la chance semblait enfin tourner pour lui, si bien qu'il eut le plaisir de voir une voiture s'arrêter juste devant lui, une voiture qui n'était pas vraiment le grand luxe, mais est-ce qu'il pouvait se permettre de faire le difficile en ce moment ? Non, pas du tout alors il se cambra, de sorte à mettre sa tête presque à l'intérieur de la voiture et regarder la jeune femme, blonde de toute évidence. « Non.. pas vraiment. » Il voulait juste s'amuser et oublier un peu le fait que dans trois mois, il n'aurait pas d'autre choix que de retourner dans cette université et effectuer sa dernière année pour avoir ce putain de baccalauréat. Il était un peu surpris de faire face à une jeune femme, habituellement, celle-ci évitait de s'arrêter, ayant trop peur de faire face à un tueur en série ou un quelconque type dérangé. Il hocha simplement la tête puis ouvrit le coffre pour y mettre son sac, cependant il ne manqua pas d'attraper son portable, voulant être dans la possibilité de s'occuper l'esprit. Il ne savait pas du tout s'ils allaient discuter ou quoi ce soit, surtout que tout deux ne semblaient même pas savoir où ils allaient aller. Il secoua la tête de droite à gauche doucement tout en souriant malgré lui, il avait décidément toujours cette habitude de fuguer sans même penser à la manière dont il allait s'en sortir. Il haussa un de ses sourcils en remarquant le fauteuil avant de les froncer. Comment faisait-elle pour conduire ? Il pencha la tête pour essayer de la voir, même en travers de la fenêtre arrière, curieux. Il n'avait pas très envie de finir mort dans un accident, c'était pas très glamour. Il retourna cependant devant la fenêtre de la jeune femme, après avoir fermé le coffre. « Je devrais peut-être conduire. » 

Apparemment, le jeune homme pour qui Micky s’était arrêté ne semblait pas plus renseigné qu’elle sur la route qu’il comptait emprunter… parfait, cela lui permettrait sans nul doute de suivre le premier chemin se présentant, d’aller potentiellement dans une ville inconnue, au devant de l’aventure. La piquante blondinette en avait bien besoin, surtout en ce moment… et puis, un peu de compagnie n’était pas forcément de refus ! Ce à quoi elle ne s’attendait pas, en revanche, ou à quoi elle n’avait pas réfléchi, ce fut la seconde phrase du jeune homme dont elle ignorait jusqu’au nom. Elle esquissa un petit rire amusé, pas choquée pour deux sous, avant de répondre : « ça va aller pour le moment, j’ai pas besoin qu’on me remplace ! Mais si on fait vraiment une longue route, tu me relayeras… ça te convient ? »[/b] lui proposa-t-elle, bien consciente que ses pieds allaient finir par chauffer et de fait, ses sciatiques se mettre à la brûler. Un peu comme en pleine séance de rééducation, sauf que là, heureusement, elle n’utilisait ses petons que pour embrayer, accélérer ou freiner. Rien qui demande une puissance écrasante, heureusement. « Tu as vu le fauteuil, c’est ça ? Si tu n’as pas confiance, tu peux attendre que quelqu’un d’autre s’arrête, hein… »

Il la regarda un instant, comme s'attendant à ce qu'elle se reprenne en se rendant compte de la situation puis finalement haussa les épaules en se relevant pour faire le tour du véhicule et s'installer sur le second siège à l'avant, c'était bien mieux que d'être derrière et ne pas du tout parler à la blonde. Surtout qu'il aurait l'impression de le menacer, même s'il n'avait pas d'arme avec lui. Ne mettant pas sa ceinture, n'aimant vraiment pas ce système, il tourna la tête vers la jeune femme juste un instant avant de passer sa langue sur ses lèvres petit tic avant de répondre. « Il n'est pas invisible. » A quoi bon mentir et tourner autour du pot ? Il était quelqu'un de franc, quitte à vexer les gens, même si la plupart du temps on pouvait le traiter de mythomane avec son habitude à s'inventer des vies alors que la sienne, celle réelle était certainement beaucoup plus passionnante. « Ça fait presque une heure que j'attends et visiblement, un mec comme moi ne donne pas confiance au première abord. » Il fit une simple petite moue, comme déçu de ce détail. Pourtant, il avait une belle gueule non ? Confiant ? Narcissique ? Oui, il l'était beaucoup, c'était dans ses gênes, il ne cherchait même plus à combattre ce qu'on pouvait considérer comme un défaut. « Alors, descendre et certainement attendre encore des heures, ça me tente pas trop... surtout que.. » Il montra à l'aide de on index l'extérieur, là où le ciel devenait malgré tout petit à petit un peu plus sombre. « Il commence à être tard. » Expliquât-il rapidement, comme pour rendre encore plus logique son choix. « J'ai bien envie d'aller à Las Vegas. » Avouât-il après un instant tout en effectuant un petit sourire. S'il y avait aucun endroit où aller, la ville des jeux, de la dépravation et surtout du luxe était parfait non ? Ouais, à ses yeux, c'était parfait pour dépenser les quelques milliers de dollars qu'il avait mis dans son sac avec de quitter l'hôtel, bien décidé à ne pas du tout utiliser sa carte bancaire, ainsi on ne saurait pas du tout où il était. « A moins que tu n'es pas 21 ans. »

Micky esquissa un petit rire. Effectivement, son fauteuil roulant n’était pas invisible. « C’est ballot, je sais » plaisanta-t-elle. Elle aurait largement préféré qu’il le soit ! Mais puisque ce n’était pas possible, elle faisait avec, la plupart du temps. Aujourd’hui, c’était un jour avec, sans désir d’abandonner sa rééducation, tout son travail accompli. Elle avait simplement envie de dire merde à son père, dont elle avait fauché quelques heures la carte bleue pour faire un retrait important de liquide. Quitte à fuguer, autant ne pas utiliser la sienne et craindre ainsi d’être repérée… la blondinette n’était plus une débutante en la matière. « Je ne crois pas que ce soit une question d’inspirer confiance. Ils n’ont pas envie de perdre trois minutes à te demander où tu vas, ça ferait tâche dans leur horaire si bien huilé » soupira-t-elle en haussant les épaules. Micky ne dit absolument rien sur le fait que son accompagnant n’ait pas sa ceinture, puisqu’elle n’avait pas la sienne non plus. Elle n’avait plus rien à perdre, alors un accident, elle ne le craignait même pas. Elle rendit plutôt son sourire à ce presque parfait inconnu, qui venait de prononcer le mot magique : Vegas. « Je crois que tu lis dans mes pensées sur ce coup là ! Tu t’appelles comment ? » osa-t-elle tout de même, histoire que leur conversation soit un brin moins impersonnelle. « J’ai une tronche à avoir moins de vingt-et un an ? Tu fais plus jeune que moi ! J’en ai vingt deux. Je crois qu’on devrait même avoir une réduc avec ce foutu fauteuil, ce sera au moins un avantage ! C'est parti alors ? »

« De toute manière on croise que des ministres en voiture à New York. » Fit-il remarquer dans un petit sourire mutin tout en gardant le regard face à lui. Il avait pourtant parfaitement conscience qu'il avait plus l'air d'un caïd, que ça soi avec la tenue qu'il avait, les tatouages ou encore les piercings aux oreilles, là où ornaient deux diamants, manquait plus que la casquette et il serait dans le cliché parfait. « Paraît que je lis dans les pensées, mais un conseil, ne dit rien aux journalistes, pas envie de terminer dans un laboratoire. » Il effectua un nouveau petit sourire moqueur, sachant qu'il racontait connerie sur connerie, mais il n'y pouvait rien, c'était toujours ainsi avec lui, il n'arrivait pas à se retenir d'envoyer une petite pique, à quiconque. « Hunter et tu es ? » Bien sûr qu'il n'allait pas dire qui il était réellement, de toute manière, c'était pas intéressant et puis, il avait toujours trouvé ce prénom plutôt classe, dommage que sa mère était bien trop... bonne personne pour l'appeler ainsi. C'était bien plus classe que Lysandre... sérieusement, on pouvait savoir tout de suite qu'il était dans le rang des gosses de riche avec un prénom pareil. Ouais, vraiment navrant. « Ouais... j'aurais dis... 19 ans. » Il haussa les épaules, nullement coupable de prétendre une telle chose. « Ah, mais ça c'est parce que je fais attention... je veux pas vieillir trop vite, ça serait con. » Il sortit son portable de sa poche puis désactiva la carte sim, plus aucun contact avec quelqu'un qui le connaissait dans ce doux nom qui était Lysandre, pas avant qu'il ne se décide à reprendre sa véritable identité. « Je pense qu'on peut y arriver en moins d'une semaine, si on arrive à passer au moins 10heures sur la route. »

« Donc t’étais mal barré et si j’avais fait du stop, j’aurais été aussi mal barrée que toi ! » Une façon de le consoler ? Peut-être bien. Micky n’était pas mauvaise dans le fond, et surtout, elle demeurait lucide : faire du stop avec un fauteuil roulant, à part attiser la pitié des éventuels automobilistes qui regardaient par la vitre… elle n’aurait pas obtenu grand-chose. Voilà pourquoi son pickup faisait tout à fait l’affaire, la preuve, il serait en mesure de les emmener à Vegas. « En même temps je suis pas du genre à être crue alors tu risques pas grand-chose ! » Elle n’alla pas jusqu’à préciser qu’un jour, si elle y parvenait, elle serait sûrement journaliste, ce n’était pas le sujet. Ce fameux Hunter - puisqu’elle venait d’obtenir son prénom - s’en foutait sûrement totalement. « Moi c’est Micky, enchantée » se présenta-t-elle à son tour, donnant, comme à tout le monde, le diminutif de son véritable prénom : Mickaela. C’était plus classe et plus rapide à retenir surtout. « Je fais jeune… enfin ON fait jeune ! Tu as la majorité au moins ? » plaisanta-t-elle, quasi persuadée qu’il l’avait puisque c’était lui qui avait lancé la conversation là-dessus. Micky le vit tout de même sortir son téléphone portable pour en sortir sa carte sim, sans pour autant faire de commentaire. Elle ne s’en estimait pas le droit : elle n’avait même pas pris le sien avec elle ! « Dix heures de route par jour ? Si on se relaie, ça peut le faire moi je dis ! » La piquante blonde démarra rapidement, ne perdant pas de temps. Plus vite ils y allaient, plus vite ils seraient à Vegas. « Tu voudras rester solo une fois à Vegas ? »

« J'aurais pu finir par séduire une des ministres avec ma belle gueule. » Il fit une petite moue, réfléchissant lui-même à cette possibilité. Il l'avait déjà fait, charmé une jeune femme dans un café sur le bord de la route pour qu'elle l'emmène, là où il devait aller, alors ça ne serait que la routine pour lui, il devait juste changer sa technique... même s'il devait avouer que parfois, c'était bien plus difficile. « Et toi... rien qu'avec ton fauteuil, tu arriverais à avoir quelqu'un. » Il tapota ses doigts contre son portable tout en regardant droit devant lui, se demandant bien comment est-ce que cette longue traversée allait se passer. « Bonne nouvelle pour moi alors. » Et il reporta son attention sur l'extérieur, le véhicule ayant démarré, ils se retrouvaient entourés de d’autres voitures, réellement en chemin pour cette ville, dans laquelle on pouvait devenir riche et pauvre en une seconde. Et quand elle lui posa la question sur son âge, il tourna la tête pour la regarder, un de ses sourcils haussés, comme pouvait le faire certain aristocratique quand ils faisaient face à une personne dont il avait pas l'habitude, ou plutôt en témoin d'un événement qui arrivait qu'une fois dans une vie. « C'est un secret. » Il venait à peine d'avoir ses 21 ans, ça allait donc être la toute première fois qu'il irait à Las Vegas, ouais la première fois parce qu’auparavant, il ne pouvait même pas se le permettre. « Ouais, je vais pas dire douze, c'est un peu trop. » Il passa ensuite son pouce sur sa lèvre inférieure en un geste rapide. « On verra bien. »

« Sûr que s’il n’y avait que des nénettes, tu avais toutes tes chances ! » Inutile de nier le fait que son compagnon de route ait une belle gueule, ce serait insultant pour lui et Micky n’avait aucune raison de l’être. Pour l’heure, elle ne savait pas si elle devait se sentir en confiance, au contraire protégée d’être avec un homme ou alors en danger, tout simplement parce qu’ils ne se connaissaient pas. Bah, la blondinette était suffisamment tête brûlée pour se dire que c’était l’aventure, qu’il n’y avait rien à craindre et que dans le cas contraire, tant pis, elle n’avait plus rien à perdre de toute manière. « Il est bien pratique ce fauteuil parfois. Attirer la pitié des gens, ça peut être pratique. C’est pas que j’aime ça, mais c’est pratique je le reconnais. A Vegas ça le sera tout autant ! » Si Hunter décidait de faire bande à part une fois là bas, tant mieux pour lui. S’il l’accompagnait, il verrait de ses propres yeux à quel point Micky était démerde pour trouver les bons plans, et combien le fauteuil dont elle était affublée pouvait justement être pratique… à bien des niveaux. « Je vais partir du principe que tu es majeur alors » répondit-elle dans un petit sourire mutin alors que son interlocuteur énonçait que son âge était un secret. Elle ne comptait pas le questionner jusqu’à ce qu’il lui lâche l’info, ça ne l’intéressait pas et s’il voulait rester silencieux, ce n’était pas un souci. « Un peu trop pour qui ? Je suis insomniaque alors je peux conduire pas mal de temps hein ! J’ai déjà fait treize heures d’à filée pendant quatre jours, toute seule sans relai. J’aime bien me barrer avec ma caisse. Alors vu que tu peux me relayer… on y sera plus vite, non ? » proposa-t-elle, histoire qu’ils soient plus vite arrivés. « Si tu en as marre que je cause tu me le dis hein, je me vexerais pas ! » proposa-t-elle, plus amusée qu’autre chose.