Give me a reason

Pour Grace, Lawrence était injuste et surtout totalement en dehors de la réalité. Jamais elle n’aurait pu tuer un être humain et encore moins prendre le risque de rater le coche et de laisser son fils entre les mains d’un salopard pareille. Non, elle devait fuir avec son fils pour le protéger, pour être certain qu’il ne serait jamais seul ou dans une famille d’accueil qui aurait pu être un nouvel enfer. Certes, elle n’était pas la meilleure mère ou même aussi parfaite que Lawrence mais Paris n’avait jamais manqué de rien, il avait toujours eu un toit sur la tête et de quoi manger. Elle s’était construite toute seule et elle avait fait des erreurs, elle ne pouvait pas le nier. Qui n’en avait jamais fait ?! Lawrence lui-même en avait fait une en ne venant pas à ce rendez-vous. A cette époque, elle voulait lui annoncer sa grossesse, lui demander de protéger leur fils en le lui confiant. Elle ne se voilait pas la face, elle n’avait aucun avenir depuis sa naissance mais Paris oui. Il était si intelligent son bel irlandais. Aussi le laissa-t-elle partir pour mieux s’effondrer en pleur sur son canapé si tôt la porte d’entrée refermée sur ce spectre du passé.


Pour Paris Maconahey, les choses étaient différentes. Le Dunster était à cent lieues de savoir que l’homme qui le fuyait depuis un mois, était son père biologique. C’était même impensable. « Ouais ben je sais pas ce que c’est mais ça commence à me casser les couilles que tu me fuies de la sorte » grommela-t-il avec son franc parler habituel. Lawrence lui avait promis d’être toujours là pour lui et à nouveau son ainé lui confirma cette promesse. « Alors qu’est-ce qui se passe ?! Qu’est-ce que j’ai fait ou dit qui t’a pas plus ?! Attends… Tu n’es pas amoureux de moi du genre je m’éloigne de toi pour oublier mes sentiments ? Non parce que là, je suis vraiment pas gay » lâcha-t-il avec sérieux. Il pourrait supporter qu’un homme soit amoureux de lui mais non, c’était sûr et certain, il n’y avait aucun espoir à avoir qu’il change de bord. La seule chose qu’il souhaitait, c’était comprendre pourquoi Lawrence le fuyait et surtout pourquoi cela le touchait à ce point-là. Peut-être que le Dunster n’avait pas envie de perdre ce père spirituel car il avait trop misé sur cette relation, sur leur connexion ?! Qui sait.

Spoiler:

AVENGEDINCHAINS

J'avais hésite à sa réponse, à lui lancer un tonitruant « langage » en raison de son vocabulaire trop familier à mon goût, avant de songer son âge, son statut, notre filiation. Ce n'était ni approprié, ni souhaité que Paris découvre notre lien de cette manière, parce que j'aurais témoigné d'une facette de ma personnalité à son égard. Sauf qu'il n'avait évidemment pas l'intention de lâcher le morceau, et pour tout dire, moi non plus. Aussi borné l'un que l'autre, nous nous dévisagions, moi tentant de trouver une parade pour fuir les lieux, lui bien décidé à m'empêcher de fuir. Or, ce n'était pas la peur d'être père qui me dérangeait le plus, puisqu'un jour, je l'avais été. C'était plus complexe que cela. La peur de mal faire. Les souvenirs de mes absences répétées aux côtés de ma famille remontaient à la surface sans cesse depuis que Grace avait confirmé mes hypothèses. D'autant qu'au vu de son âge avancé, je n'étais pas non plus certain que Paris ait besoin de moi en tant que tel. Une image paternelle est différente d'un père bien présent. Sans compter les secrets de mon existence que je ne pouvais partager avec lui, mais qui pourtant mériteraient que l'on s'y arrête deux minutes. Aussi, si j'avais été un père attentionné et attentif à l'époque, ce n'était plus le cas désormais. J'avais oublié l'attitude à adopter, les gestes, les mots à ne pas prononcer et ceux qui réconfortent. Et pire que cela, je n'avais pas envie que Paris souffre du manque que ma fille avait elle-même pu connaître sans que je ne puisse, à l'époque, rien y changer, car trop attaché alors à mon travail pour songer aux conséquences dans le futur. Alors, j'avais décidé de m'effacer, lentement, presque sournoisement, de la vie de mon fils.

Mon sourcil se hausse à sa question. Si l'humour me plaisait, je demeurais pourtant d'un sérieux inébranlable, tant et si bien qu'il aurait pu douter de ma réponse. « Non, Paris. Je ne suis pas gay. » soupirai-je en esquissant un petit sourire amusé par cette simple idée. Dire que c'était la seconde fois depuis que je résidais ici que l'on me posait cette question. Il va falloir que je consulte, ce n'est pas possible autrement. « Et même si les hommes m'attiraient, tu ne serais pas du tout mon type. » continuais-je en décidant de faire un brin d'humour à mon tour, ajoutant pour l'occasion histoire qu'il comprenne ce dont je voulais parler sans se créer de nouveaux scénarii dans sa tête visiblement pleine d'imagination. « Je les aurais préféré plus fins, moins bagarreurs, moins poilus, plus petits. Un peu androgyne tu vois. » Ca y est, tu es mal à l'aise là ? Tant mieux, c'était le but recherché. Mon sérieux se renouvelle, je l'observe, conscient que plus je restais ici et plus je me mettais en danger. « J'ai beaucoup de travail en ce moment si tu veux savoir. C'est pour ça principalement que je n'ai pas pu t'appeler, j'en suis désolé. » mentis-je en tournant les talons sans plus un regard en arrière.