La soirée atteignait son paroxysme d'horreur. Et la seule chose à laquelle pensait Malachy était quelques choses dans le genre "Mais putain pourquoi je suis venu à cette foutu soirée de merde?" La grande question qui le taraudait alors qu'il se rendait bien compte que jamais cette conversation ne lui apporterait le réconfort dont il avait besoin ce soir, et même probablement que tout ça ferait fuir Camille à nouveau. C'est pas tant être seul, c'est surtout se faire lâcher par celui qu'il aimait qui risquait vraiment de le blesser, déjà que Maly faisait tout pour esquiver cette conversation depuis 9 ans avec n'importe quel petit ami. Et tandis qu'il disait à Camille qu'il voulait juste son bonheur, il se mangea une nouvelle réponse sarcastique. Il tenta, sûrement trop maladroitement de rassurer Camille, et se mangea une gifle magistral par le principale intéressé. Le blond resta un peu sonné, si ce n'était pas la baffe, les mots durs et désagréables de Camille s'en chargeaient très bien aussi. Son pire cauchemar venait de se réaliser. Camille allait le larguer, à nouveau et maintenant il saurait à quel point il peut être dégoutant. Sa bouche s'ouvrit, et elle ne se referma pas, aucun son n'en sortait, Camille ne le laissait pas en placer une, et de toute façon il ne savait pas vraiment quoi dire. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se comporter comme un enfant qu'on gronde, baissant les yeux et la tête. C'était pas sa soirée ce soir. Et si déjà il se sentait minable de pas avoir été capable de demander à Camille de venir avec lui au bal, cette conversation arrivait à le faire sentir encore pire. Il avait cette horrible impression qu'il avait un couteau planté dans le coeur et que son sang se vidait sur le sol. Comment dire à quelqu'un de si parfait que lui ce qu'il faisait pour gagner sa vie. Et même si il lui disait, Camille penserait toujours que c'était une excuse bidon pour couvrir son infidélité, que ça le faisait kiffer ce genre de chose. Ses yeux picotaient, il ne voulait pas regarder Camille, pas après ça. Maly le sentait, ça faisait plusieurs années que ce n'était pas arrivé, mais il sentait qu'il allait finir par craquer ce soir, et il ne voulait pas se mettre à pleurer comme fillette. Alors il prit un certain temps, dégluti plusieurs fois. Il ne savait pas quoi lui dire, mais le silence ne pouvait pas être une option. Alors il commença hésitant, la voix peu assuré, retenant ce début de fontaine qui menaçait malgré lui de se pointer.
« Je suis désolé que t'ai vu ça. Je pensais pas qu'un jour quelqu'un me verrait comme ça. Je suis tellement désolé que ça soit tombé sur toi. Tellement, surtout en ce moment... Si tu considères que "ça" c'est trompé, alors j'ai trompé tout mes ex depuis neufs ans. C'était plus facile quand c'était des filles d'oublier ça comme si ça n'arrivait jamais. Plus facile. J'espérais que jamais tu ne saurais. J'espérais n'avoir jamais cette conversation avec quiconque, encore moins avec quelqu'un comme toi. Je t'aime, c'est sincère, et je t'ai pas menti, tu es le seul qui importes, et il n'y a que toi dans mon coeur. Mais le reste... le reste c'est tellement différent. Je peux pas faire autrement. » Maly commençait à s'agiter un peu, tourner en rond, faire les cents pas.Ce n'était pas très cohérent toutes ses pensées sortaient de façon confuses, autant que Maly l'était, entre l'horreur de perdre Camille, et l'envie de lui expliquer, mais l'envie qu'il ne saches jamais rien. Camille allait s'enfuir en courant et ça serait encore de sa faute.
« On est tellement différent. Non ça ne peut pas marcher. Que tu crois que j'ai voulu ça, ou que tu saches la vérité, je serais un montre pour toi. Je veux pas être un monstre. Je t'aim... »La fin du mot se perdit dans la gorge du blond qui se retenait de pleurer, on pourrait mettre ça sur le compte de l'alcool, mais en réalité, Maly commençait à craquer et doucement à glisser dans le précipice. Il ne regardait plus Camille directement, il ne voulait pas voir la honte et le dégoût dans ses yeux, et il ne voulait pas qu'il puisse voir ses yeux devenir bien trop humide. Damn! Lui qui n'avait jamais pleurer devant personne, plus ça allait et moins il ressemblait à un homme, mais à une loque. Il ne laissait pas vraiment le temps à Camille de répondre à quoi que ce soit qu'il enchaînait.
« Tu es si gentil, adorable, beau, intelligent. Tu pourrais faire n'importe quoi. Je n'avais pas le choix. La fac. L'argent, c'est trop chère. Je pouvais pas faire autrement... » Maly pétait un câble, il s'en rendait compte et il était pathétique. Alors il prit une grande inspiration, restant silencieux a peine une seconde ou deux, il perdait son temps en divagation et ça n'aiderait rien avec Camille. Il reprit, peut être un poil plus calme, mais un poil plus bas, esquivant toujours le regard de Camille, il fallait vraiment qu'il évite d'avoir le coeur brisé avant de lui dire tout.
« Oui, on baisait. C'est tout ce que c'était. J'ai rien demandé. Je voulais pas. Mais il le voulait ce soir. J'avais pas vraiment le choix. Je n'ai pas le choix. Il veut, on fait, c'est comme ça. Le client est roi non? Je lui ai dit non pour les marques, mais il n'en a fait qu'à sa tête là aussi. Il ne m'écoute jamais. Il m'a baisé, mais c'est toi que j'aime, et lui jamais je l'aimerais. Je veux pas de lui, j'ai jamais voulu et je voudrais jamais. Il m'attire pas, et le seul qui me donne des envies c'est toi. Je me sens salit, et humilié. mais c'est normal, j'ai ce que je mérite. Après tout, je suis qu'une pute hein. Et je te mériterais jamais. » Il marqua une très courte pause, relevant la tête pour regarder Camille, bien qu'il évitait quand même son regard directe.
« Il me paye pour me taire et me laisser faire. Alors je me tais et je laisse faire. Ton ex est une pute... » Il ajouta encore un peu plus bas.
« Tu as bien choisis. Retourne avec ton parfait et charmant Cavalier, je vais rentrer et tâcher de t'oublier.» Pourquoi il disait des trucs pareilles? Parce qu'ils s'étaient quitté à cause de sa honte, et qu'ils en avaient mit du temps à se retrouver tout les deux, tout ça pour en arriver-là. C'était un immense Gâchis, et Maly doutait que Camille ait encore envie de voir sa face après tout ce qu'il venait de lui dire. Lui pendant ce temps là, il était bien trop occupé à faire semblant de ne pas pleurer, alors qu'à chaque battement de cils une vilaines gouttes menaçait de couler et de ruiner sa retenue.