Fourbe, mesquine. C'était ce qui la caractérisait le mieux. Elle savait Méline, elle savait à quel point elle pouvait être détestable. Elle savait aussi que bon nombre de personne la haïssait à un point inimaginable et pourtant, elle ne faisait rien pour renverser la donne. Etre méprisée, détestée, valait bien mieux qu'inspirer de la pitié. Méline, c'était la tempête, l'ouragan. La dernière née. La laissé pour compte. Trop intrépide, pas assez dans les rangs. Bien trop provocante, pas assez respectueuse. Elle pouvait les conter les adjectifs qu'on lui avait attribué un bon nombre de fois. Ses parents, fourbes géniteurs, avaient préféré la laisser se tuer elle même plutôt que l'aider. Lui couper les vivres, la laisser à la rue, la laisser danser nue devant les saôulards de New York plutôt que se rendre compte qu'il y avait un problème. C'était là que ça avait réellement commencé. La drogue, la déchéance, le besoin de se blesser elle même. Elle cachait encore par ses innombrables bracelets les cicatrices infligés par ses peine. Se mutiler, réouvrir les blessures, recommencer, être toujours seule. Et elle était là, forte et fière, s'imposant devant lui tel la prêtresse de ce monde sachant pertinemment que le moindre choc pourrait la faire à nouveau basculer. Elle était pas si forte que ça princesse, c'était les apparences qui la sauvait elle et son désespoir quotidien. Il riait, se fichait d'elle, semblait n'être touché par rien mais princesse, elle connaissait ce genre de personnage. Ceux qui semble fort, intouchable, indomptable. C'est les fragiles en fin de compte et Noah, il échappait pas à la règle. Sous ses regards hautain, sous l'ingratitude qu'il pouvait dégager il cachait des peines, des déceptions, une douleur sans fin.
Et elle riait Méline. Elle riait aux éclats de voir sa pique tomber à l'eau alors qu'il constatait avec horreur qu'elle possédait encore quelque chose. Et y avait dans ses yeux ce regard qu'on croira ne jamais voir. De la haine, de la rage, de la peur. Peur de quoi ? De ce qu'elle pourrait faire. Elle l'esquive la brune, se redresse avec agilité, recule quelques mètres plus loin. Elle perd pas la face, elle s'accroche.
Oh, réellement ? Elle sourit, rejette ses cheveux bouclés derrière son dos, le nargue du regard. Elle met en avant toute sa suffisance, se rend insupportable, lui rend la monnaie de sa pièce. Elle sait bien que ça le préoccupe, que ça le terrifie. Il veut pas qu'elle touche à cette photos et elle a ce sentiment de puissance.
Et à ton avis, je suis en train de faire quoi ? Elle recule, il l'avance. Douce danse de leurs jeux malsains. Peu importe, elle s'en fiche bien. Elle n'a pas peur de lui, elle se fiche de ses insultes. La simple vision du bourgeois lui fait éprouver de la pitié. Pitié de l'être pitoyable qu'il représente.
J'crois que je t'ai mis en colère. Elle pouffe de rire princesse parce qu'elle le fait sortir de ses limites. Finit les piques, il part sur les menaces. Lui écraser la tête sur le bitume ? Qu'il essaie seulement. Elle a du répondant, les joues abîmés de l'hautain en témoigne. Elle a pas froid aux yeux Méline, elle garde le contrôle en toute circonstance. Elle arrête de reculer, elle lui fait face, lui prouve que rien de ce qu'il pourra dire ne la fera capituler. Et le visage de l'ingrat s'approche bien trop du sien, elle sent son souffle qui se répand sur sa peau, elle l'écoute ce même sourire satisfait accroché aux lèvres.
T'essaie de te convaincre toi même ? qu'elle riposte. Parce qu'elle y croit pas à ses grands airs. Il était prêt à partir et s'il se fichait de tout ça, il ne serait pas là, à tenter de l'impressionner, à user de son gabarit pour la déstabiliser. Elle a la lueur de défi dans le regard,
vas y mon grand, trouve le point faible. Il pourra pas, personne ne le connait. Et elle a pas peur princesse, elle se fiche bien de lui.
Pauvre fille. Elle lève les yeux au ciel, il lui crache au visage. Dégoût profond sur son visage, elle use son foulard pour nettoyer les dégâts. Aucune classe, elle a gagné. Pour le petit con hautain qu'il est, lui cracher au visage est la preuve qu'il n'a plus de contrôle.
Tu sais ce qui est drôle ? qu'elle reprend faisant danser ses boucles d'un mouvement de tête.
C'est que t'as beau jouer aux durs, t'as peur de ce que je pourrais faire à cette photo. Un pas, puis deux, elle réduit la proximité, laisse tomber le papier glacé dans la poche de l'hautain.
Et moi, j'ai un minimum de classe. Preuve est qu'aucune fois elle ne t'as craché dessus. Les piques envoyés étaient cent fois moins douloureuse que les tiennes. La force de la princesse, c'est de ne pas lâcher prise mais face à toi, elle est bien moins violente.