NEMAËL ≈ YOU CAN'T GO BACK ONCE YOU'RE LYING IN THE BROKEN GLASS.

Tu t'asseyais sur l'abattant des toilettes alors que Jay se rhabillait rapidement de son côté, histoire que vous ne commenciez pas à parler avec lui toujours à moitié à poil dans ta salle de bain, comme si c'était la chose la plus normale du monde – et ça ne l'était pas, oh non. L'une des bonnes choses depuis que tu l'avais fait entrer dans ta chambre d'hôtel, est que vos deux tons s'étaient calmés, et ça faisait du bien au final, ça changeait que de vous voir vous battre et vous clasher constamment. Il se posait en face de toi, sur le rebord de la baignoire, et voilà qu'il commençait à t'expliquer en quoi son attirance pour Oliver lui faisait peur – comme toi, tu ne comprenais pas pourquoi. C'est vrai qu'à vu d’œil, tu te serais dit que ça lui ferait plutôt plaisir de découvrir que le corps des hommes pouvaient également éveiller en lui quelques désirs charnels, puisque après tout, ça voulait dire plus de sexe, plus de parties de jambes en l'air, et donc plus de plaisir pour son corps à lui. Il te parlait des fiancialles, que tu devais le trouver idiot et qu'il ne savait pas quoi faire de sa situation, et tu réfléchissais, laissant échapper un soupir. « Déjà, c'est sûr que ce ne sera pas quelque chose qui sera facile pour lui à comprendre. Et il se peut aussi qu'il décide que tu n'y met pas assez du tiens pour se battre pour vous, et qu'il te laisse tranquillement à tes fiançailles pendant qu'il tente de tourner la page de son côté. » Ce n'était pas que tu étais là pour l'enfoncer encore plus, mais il y avait des vérités et des suppositions qu'il vallait mieux avouer de suite à quelqu'un. On avait pas tous un Gramou prêt à rester et à se battre même quand l'autre personne n'est pas fiancée mais bien mariée, et le fait qu'Oliver décide de jeter l'éponge et de tout laisser tomber en voyant le trop pleins d'histoires et les nombreuses conneries et dérapages que Jay pouvait faire, c'était tout simplement quelque chose de possible. Par contre, sur le fait de devoir éloigner une personne de son entourage... Tu ne voyais pas les choses de la même manière. Tu reprenais la parole, la voix un peu plus prudente. « Après, franchement... J'pense que c'est plutôt de Lottie, que tu devrais t'éloigner. J'comprend même pas pourquoi elle a accepter les fiançailles pour dire la vérité. Mais tu lui fais du mal, et elle tente sûrement de se raccrocher à la moindre brindille, ce qui lui fera encore plus de mal... Si tes parents veulent tant que tu te maries, trouve-toi une autre fiancée de bonne famille pour le moment, mais Lottie, c'est sûrement le pire choix pour vous deux. » Tu essayais de lui dire, grimaçant légèrement. Et c'était vrai, de ton point de vue. Tu ne savais pas ce que Lottie avait dans la tête, mais accepter d'être fiancée et de finir mariée à quelqu'un qui l'a trompée et qu'elle aime peut-être toujours, c'était destructeur. Ça l'attachait à lui, et ça attachait Jay à elle, chose dont elle pensait peut-être qui lui réglerait tous ses problèmes, quand tu supposais de ton côté que ça allait en engendrer plutôt des nouveaux.

« L'destin. » Tu répondais comme si c'était la chose la plus évidente du monde - alors que non, ça ne l'était pas, mais c'était sûrement la réponse la plus aisée à énoncer. Néanmoins, tu le connaissais assez ce destin-là, assez pour savoir qu'il était de ceux ayant la mauvaise habitude d'adorer mettre son grain de sable dans toutes les situations et de les modifier pour qu'elles deviennent soit cocasses, soit perturbantes pour la personne ciblée, et c'est bien ce que Jay semblait te dire. Après, ce n'était pas si mal, qu'ils en soient arrivés là tous les deux. Avec Graham aussi, ça c'était fait naturellement, au gré des choses, alors que rien ne vous prédestinait à finir ensemble. Il cachait son visage de ses mains, et tu l'écoutais continuer à parler, même si tu doutais toujours du fait qu'il te disait avoir tout fait pour récupérer Lottie – vu comment semblait être leur relation aujourd'hui, et le fait qu'il l'ai trompé sans sembler avoir de remords, et en fait qu’apparemment il n'y avait pas qu'Oliver qui changeait la donne mais qu'il y avait sûrement un truc avec Mecky dans l'histoire - bref, pour toi, t'avais du mal à croire en sa sincérité sur ce point précis. Il pouvait continuer à dire le contraire et t'assurer qu'il s'était bougé le cul, t'avais pas les cartes en main pour douter et le croire. Il n'avait jamais aimé Lottie pour rester avec elle sérieusement ou être droit, t'en étais convaincu, même sans être dans son cerveau. De toutes manières, ils avaient l'air de s'être fait trop de mal pour qu'il en tire quoi que ce soit de bon sur un nouvel essai tous les deux. Il t'avouait qu'avec Oliver, la relation qu'ils avaient était plus calme, ou du moins moins compliqués lorsqu'ils n'étaient que tous les deux, mais là encore, il y avait toujours des soucis de famille gâchant un havre de paix. « Tu veux vraiment t'retrouver dans mon cas ? Marié à quelqu'un que tu n'aimes pas, juste pour le plaisir de tes parents ? » Tu lui demandais alors, tes yeux fixés sur sa silhouette, tes mains prenant appuie sur tes genoux. « J'veux dire, j'avais rien ni personne pour qui m'battre à l'époque, et j'ai été si passif parce que je ne comprenais pas trop tout ce que ça allait changer réellement et les complications que ça apporterait quand enfin je trouverais quelqu'un qui me plaît réellement. T'as la chance de te rendre un peu compte de ça et de pouvoir t'opposer à tes parents avant que ce soit trop tard. » Tu essayais de lui faire comprendre, avant de faire une petite grimace sur sa dernière plaintive d'infidèle. « Tu réfléchis pas avant d'agir. Faudrait que ce soit comme ta nouvelle résolution de de suite. Réfléchir aux conséquences et aux personnes que ça toucherait à chaque fois que tu vas pour faire quelque chose. » Parce que tu sentais que s'il n'était pas dirigé par Reine Pénis comme il l'affirmait, alors il suffirait qu'il se pose avant toutes grandes actions, qu'il réfléchisse, cherche dans sa raison et dans son cœur et contemple si ce serait judicieux de faire ça ou plutôt ça afin de ne pas faire du mal sans cesse par pur égoïsme.

Ce qu'il avait fait, à quel moment il s'était arrêté, tu n'en savais rien. Tout ce que tu avais pu observer étaient les cris d'une femme, des sanglots, et une porte qui se fermait irrémédiablement sur un Jay complètement à poil. Asse pour en tirer des conclusions peu glorieuses. Alors peut-être que lui apprendre que parfois le destin aimait nous faire souffrir n'était pas une bonne chose quand tu abhorrais avec le plus intense sentiment ses actes notables. Le but n'était tout de même pas que tu lui trouves une excuse toute faite pour tous ses prochains dérapages, dans le genre « oh, j'ai couché avec cette fille ? Mais c'est la faute du destin, c'est lui qui avait prévu ça pour moi, je ne pouvais l'arrêter. », loin de là – tu ne penses pas que tu pourrai te refréner de lui porter un coup au visage si un jour il tente vraiment cette technique affreuse. Tu avais juste l'impression que parfois on croisait le chemin de personnes qui au premier abord ne collait pas forcément avec les amitiés ou relations typiques précédemment eus, mais qu'au final, ces rencontres se révélaient être de jolies surprises quand on se laissait porter par elles. Il parlait de la peur de décevoir son père si jamais il se détournait d'une fille de bonne famille, et tu pouvais comprendre ce sentiment, toi qui avait toujours peur de décevoir n'importe qui, tout le temps. Ne pas être assez drôle, ne pas être assez spontané, ne pas être assez réfléchi, ne pas être assez intéressant, ne pas être assez original, ne pas être assez conscient des responsabilités, ne pas être assez dans le moule, … C'était beaucoup de pression. « Je peux comprendre ça... Malheureusement, c'est quelque chose qu'il faut tenter d'oublier et d'affronter. Parce que dans tous les cas, plus tu grandiras, plus cette envie de ne pas décevoir ton père se transformera sûrement en haine pour lui et en frustration. Enfin, tu te vois, à cinquante ou quatre-vingt pige, ton père décédé qui ne peut plus exercer de pression sur toi, et toi contemplant avec regret cette vie que tu n'a jamais aimée ? Il y a un moment où il ne sera plus là, et où t'être rendu malade pour lui plaire à tout prix ne représentera plus rien que des années perdues et gâchées. » Et ça, c'était le genre de triste fin que tu souhaitais toi-même t'éviter. Mais c'était peut-être plus facile, parce qu'à l'époque, tu savais qu'ils t'acceptaient assez et que ta famille n'était pas des homophobes qui t’enlèverait argent et toit à la première occasion. Tu lui indiquais qu'ensuite il serait temps qu'il passe plus de secondes à réfléchir avant d'agir. T'étais pratiquement certain que s'il se mettait à appliquer cette pause tous les jours, il s'éviterait bien des emmerdes et des soupir d'exaspération de ta part. Tu fronçais tes sourcils à ses explications. « Dans ce cas-là... Cherche une autre manière de fuir, pratique un sport quand t'as envie de vider ta tête, j'sais pas ? Parce que décidément, on dirait vraiment que t'as envie que de faire du mal à l'autre en utilisant ton corps et en t’apitoyant sur tes pauvres décisions ensuite. » Tu n'avais pas dit ça méchamment, mais c'était vrai au final, tu ne le comprenais pas, tu ne comprenais pas ses agissements. Il te parlait ensuite de Mira, et t'avais une petite grimace de dégoût sur le visage. « Les femmes... Sont d'horribles et vicieuses créatures divines. » Tu tentais de plaisanter d'une petit rire, venant gratter ton crâne de tes mains. « Surtout les homophobes qui s'ancrent dans leur esprit pouvoir changer quelqu'un rien qu'avec leur corps nu. En tout cas, c'est certainement pas une vraie amie. » T'avais toi-même du répéter plusieurs fois à Hippolyte que tu n'avais aucune envie qu'elle devienne ta femme ni l'envie de coucher avec elle, elle qui semblait être si sûre d'elle qu'après une partie de jambe en l'air tu retrouverais tes esprits, ou qu'avec le temps, des sentiments viendraient. Et c'était surtout putain d'irrespectueux envers toi, envers tes choix, envers ton copain. Il était peut-être temps que de ton côté aussi, tu t'éloignes de quelques personnes néfastes.

Tu ne voyais pas les choses de la même manière que lui, mais peut-être avais-tu eu le temps de prendre un peu plus de recul étant donné que ça faisait déjà un an et quatre mois que tu étais marié, contre un peu plus de quatre mois en étant officiellement en couple avec une autre personne. Tu avais appris à faire la part des choses, et à réfléchir à ce genre de complexités et à ton futur. Est-ce qu'être un prince marié à une femme et rangé aiderait vraiment l'avenir de Monaco lorsque tu seras sur le trône ? Dans certaines conditions, certainement. Mais Graham avait également raison : si certains chefs d’État et royauté ne supportaient l'idée même de quelqu'un de bisexuel, alors tu n'avais de ton côté aucune envie également de t'associer et de négocier quelconque contrats avec ce genre d'intolérants. « Elles le seront en quelques sortes. Peut-être pas complètement gâchés et perdues, mais d'une certaine manière, si. Quand tu te réveilleras après 30 ans de mariage aux côtés d'une femme que tu ne pourras plus supporter ni voir en peinture et qui te donnera envie de lever tes yeux au ciel et de gerber à chaque mots qu'elle prononcera, il y aura toujours ce et si il avait accepté? qui te reviendra en tête. Et si il avait été encore plus fier de moi en me voyant m'affirmer comme l'homme qu'il a éduqué ? » Ou peut-être qu'il pensera à ça en prison, après avoir tué de sang froid sa femme d'un coup de folie, après qu'elle ai fait ce petit tic qu'il n'arriverai plus à supporter d'ici-là.

Il fallait qu'il sorte. Qu'il trouve un sport qui puisse l'aider à se défouler un bon coup – pour un winthrop ça ne devait pas être difficile puisqu'ils étaient la confrérie très sportive d'harvard – le genre d'activité qui lui viderait la tête pendant quelques minutes ou heures, histoire de ne penser à rien et de revenir plus tard sur le sujet avec un esprit plus épuré et calme, prêt à trouver de réelles solutions qui seraient réfléchies et pas celles prises sur un coup de tête pleines de regrets. Sauf qu'encore une fois, quelque chose bloquait tes nouvelles résolutions, et tu lâchais un petit rire plein de désillusions. Ok. Le mec il avait toutes les excuses du monde afin de ne pas être inculpé de ne penser qu'avec sa bite lorsque les choses tournaient mal ou désagréablement pour lui, c'était fou. « Tu fais quoi dans la vie, cascadeur ? » Tu te moquais, avant d'hausser tes épaules. « Peint. Écrit. Écoute de la musique. Joue de la musique. Va dormir. Va marcher tranquillement dehors. Va t'amuser avec un animal de compagnie. Trouve un nouveau hobbie. N'importe quoi. » Tu listais. Il n'y avait pas que le fait de faire un sport, d'autres activités pourraient tout aussi faire l'affaire. Il faudrait encore qu'il soit motivé par faire attention à ses actions, mais il semblait se complaindre dans son malheur. Après tout, c'est vrai que pour lui ça ne lui faisait pas du mal quand au moindre petit problème à deux il allait chercher le premier corps qu'il voyait pour se distraire. En tout cas, il semblait être entouré de personne aussi respectueuses que tu pouvais en connaître de ton côté, la sorte d'amie qui serait prête à tuer père et mère pour ses propres caprices.

Tu soupirais. Il était têtu et décidément, vous aviez des vues sur les choses de la vie très différentes. Peut-être était-ce car tu sentais en savoir un peu plus sur le sujet et le dilemme qui se présentait à lui, comme tu avais vécu une situation qui était quelque peu semblable à celle qu'il était lui-même en train de vivre. T'avais envie de lui attraper le col de son t-shirt et de le secouer comme un prunier jusqu'à ce que ses idées s'éclaircissent – est-ce que tu ressemblait à ça il y avait quelques mois ? Est-ce que Graham avait eu envie de te donner des claques pour te réveiller lorsque tu lui expliquais les responsabilités que tu avais ? Parce que là, c'est bien ce que tu adorerais faire à Jay. « Les enfants, ce ne sont que des excuses. » Tu reprenais calmement, parce que c'était la vérité. Tu ne comptais pas renoncer à ton envie d'avoir des gosses parce que tu étais présentement avec Graham, c'était débile – et tu ne comptais pas engrosser Chrissy non plus pour en arriver à la paternité. Et puis, qu'en savait-il que Lottie pouvait lui donner des enfants ? Il lui a fait passer un test de stérilité avant de la fiancer ? Les hétérosexuels prenaient ce genre de choses trop pour acquis. Tu passais ensuite une main dans tes cheveux, haussnt tes épaules. « Écoute, j'en sais rien du futur. Si tu veux oublier ta vie pour vivre par procuration face aux remarques de ton père, fait-le. N'oublie pas non plus que ton père n'en a sûrement que foutre de ton bonheur s'il agit comme tu me décris. Alors va te marier, fait la marionnette et tu me diras dans quarante ans si t'es heureux et si c'est moi qui m'suis gouré. » Tu proposais, avant de relever tes yeux vers lui. « Après, vous avez tellement une relation destructrice avec Lottie que j'crois plus trop à un happy ending de votre côté, désolé. » Tu avouais sincèrement – ils semblaient tous les deux dans une relation trop malsaine pour qu'aucun des deux ne finissent heureux.

Jay cascadeur professionnel, si un jour t'aurais imaginé ça. Donc pas de sports pendant encore un petit moment, en espérant qu'il ne se casse rien d'ici là. Tu tentais de lui sortir d'autres possibilités pour ne pas qu'il pense que ses petites excuses marcheraient longtemps, mais voilà que même le fait d'être avec un animal de compagnie lui semblait impossible. Il t'avouait, comme ça, qu’Athéna lui avait volé son chat, et tu éclatais de rire, plaquant tes deux mains sur ta bouche afin d’atténuer le son pour ne pas réveiller Graham. « Oh mon dieu... T'es séreux ?! » Tu riais, te demandant s'il ne te faisait pas une grosse blague là. Gosh, elle n'avait peur de rien la Athéna. « Mais... Mais pourquoi elle a fait ça ? Reprend-lui ! » Non parce que tu pourrais tuer des gens si on te volait Malfoy et qu'on te répondait au calme que tu le retrouverais plus jamais. Y en a ils ne se prenaient pas pour de la merde apparemment.