Falling Stars | Nicholas

Une ambiance lourde, étouffante et pesante se fait ressentir depuis le début de la soirée autour de notre table . J'essaie de ne pas prêter attention aux tensions entre les différents couples, mais ça me gave rapidement, n'étant pas vraiment d'humeur à supporter des regards noirs entre invités, ou une pique lancée entre un compliment sur l'entrée et la déco de la salle. Je finis par m'excuser auprès des autres et sort de table, me dirigeant vers la sortie de la salle dans l'espoir de prendre un peu l'air. Un vent frais me gifle à la sortie, tandis que je resserre les pans de ma veste, enfilé par-dessus ma robe. Je m'appuie contre le mur du théâtre, avant de sortir mon paquet de clopes, portant l'une d'entre elles jusqu'à mes lèvres que je coince. De mon autre main je récupère mon briquet, actionnant la flamme qui vient allumer ma cigarette. Je tire une première fois dessus, profitant de cette bouffée de nicotine qui vient brûler ma tranchée, avant de recracher lentement la fumée dans l'air fraie et obscure de cette soirée de mai, recrachant par la même occasion mes soucis et problèmes. Oublier tout, le temps d'une soirée, s'éclater, en pas penser aux problèmes de fric, de boulot, d'études et d'examens . J'entends la porte du théâtre s'ouvrir, entendant la musique et les diverses voix provenant de la salle de bain, rapidement étouffée lorsque la personne referme la porte tandis que je pose mon regard sur ma cigarette dont je fais tomber quelques cendres au sol.

Une clope au bec, une pelouse. Voilà qui était bien suffisant pour passer un moment à l'écart de la soirée. C'était pas forcément nécessaire mais je ressentais le léger manque de la nicotine alors j'avais opté pour m'isoler un peu, laissant les filles faire un peu ce qui leur chantait. Ouais, mes pas m'avaient dirigé vers l'extérieur de la salle de bal, me faisant alors ouvrir les portes pour les refermer par la suite. Il n'y avait pas grand monde et c'était bien mieux ainsi. Qu'ils s'amusent ainsi à l'intérieur. Attrapant mon paquet dans ma poche de costard, j'en sortais une cigarette et mon zippo. Je l'allumais, tirais une première bouffée d'air goudronné et je me sentais bien mieux. Sûrement à cause de la pression que je me foutais tout seul. Deux cavalières, c'était bien trop pour un seul homme, surtout dans le mensonge. Mais ça, personne ne le savait. Oh damn, j'espérais que Phèdre ne fasse pas des siennes. Mon regard venait se poser à présent sur une silhouette se trouvant non loin de moi. Intrigué, je me dirigeais vers elle, découvrant en me rapprochant et grâce à la lumière environnante qu'il s'agissait de cette fille, une Quincy il me semble. Canon, mais clairement pas intéressée par moi. Enfin, peut-être que si finalement ? J'en sais rien. « Mauvaise soirée ? » demandais-je, m'introduisant alors de cette façon.

Je passe lentement ma main dans mes cheveux, devenu rose l'espace d'une soirée. J'espère que c'est pas une connerie cette coloration, et que tout a partira au bout de deux ou trois lavages. De ma main libre, j'attrape mon téléphone portable, dans ma pochette, jetant un regard à l'heure actuelle . Milieu de soirée, et pourtant j'ai l'impression que cela fait des heures que je suis dans cette robe, et que je déambule dans cette salle, à la recherche d'une occupation digne d'intérêt. Je dis pas que mon cavalier ne l'est pas, au contraire, mais je le laisse respirer, profiter de ses amies d'Havrard qu'il n'a plus forcément le temps de voir avec son boulot.
Je regarde quelques cendres de ma cigarette tomber au sol, sous la simple pression de doigt, relevant le visage, lorsqu'une voix s'adresse à moi, posant mon regard azur sur le jeune homme. Je le détaille quelques instants, essayant un mettre un prénom sur ce visage. « je n'irai pas jusque-là non plus... » dis-je un sourire se dessinant au coin de mes lèvres, alors que je porte une nouvelle fois le tube de nicotine jusqu'à mes lèvres, dessinant ensuite quelques cercles de fumée dans l'air . « disons simplement que … ça manque d'animation... » J'ai tendance à m'ennuyer un peu trop ce soir, d'où ma présence à l'extérieur, pour fumer une clope et faire passer quelques minutes de cette interminable soirée . « Et toi ? Bonne ou mauvaise ? »

Rien de très intéressant et pourtant, la soirée se passait sur un fil aussi fin que le fil à coudre. Oui, c'était dur de jongler entre deux femmes, entre deux mensonges. Mais j'osais espérer que j'arrivais à manier la manipulation suffisamment bien pour réussir tout ça. Ouais, espérons. En attendant, j'étais allé à l'extérieur afin d'avoir ne serait-ce qu'un peu de répit sur toute cette histoire, fumer une clope et tout ça. C'était sans compter sur cette tête blonde de Quincy. « Friande de l'agitation qu'on peut trouver dans tous les bals habituels ? Je suis sûr que tu peux trouver si jamais tu cherches un peu » Mine de rien, je peux la comprendre. En temps normal, j'avais tendance à vouloir créer le bordel quand j'étais dans un certain ennui. Oui, c'était bien mieux quand on pouvait s'amuser un peu, n'est-ce pas? « Assez bonne pour l'instant. Mais j'attends de voir quand ça tournera en mauvaise, même si je pense que j'arriverai à trouver le bon moyen de retourner ça en bonne » Après tout, j'étais assez fort pour tourner toute situation à mon avantage alors bon, pourquoi pas celle-ci ?

Un bal calme, sans bagarre. Ce n'est pas un vrai j'imagine... Et pourtant ce soir, tout semble fonctionner à merveille. Même si je ne suis pas fan du thème « futuriste » ou je ne sais quoi, cela semble plaire à une bonne partie des étudiants, fasciné par la décoration, au point, qu'aucun homme ne tente de la percer à l'aide de son poing. Au fond je ne m'en plains pas, ça m'arrange. Je n'ai pas envie d'assister à une énième bagarre, où la violence domine alors que je ne la supporte pas . Je relève d'ailleurs les yeux vers la personne venue me « tenir compagnie », croisant son regard, avant de laisser un sourire s'afficher sur mes lèvres. « A vrai dire, non. Les combats de boxe au milieu de la piste de danse, ce n'est pas vraiment mon truc. » Mes épaules se haussent tandis que je ramène la cigarette entre mes lèvres, tirant une bouffée de nicotine que je recrache dans l'air avant de reprendre. « j'entends par là , que, pour une personne qui n'aime pas danser et dont le cavalier est déjà rentré… il n'y a pas grand-chose à faire… si ce n'est se bourrer la gueule au bar. » dis-je avec un léger rire, en levant les yeux vers les étoiles. Non ce n'est vraiment pas dans mes objectifs « pourquoi ça tournerait mal au juste ? » demandai-je, reposant mon regard bleu sur le student. On ne se connaît pas plus que ça et pourtant, je suis curieuse de savoir ce qui lui fait penser ça.

C'est vrai qu'à chaque fois que je regardais autour de moi, j'avais tendance à découvrir un monde assez plat. Pas de fight, rien. Ou alors j'étais vraiment aveugle. Ou au final, je m'en foutais royal. C'était sûrement ça. Les gens faisaient ce qu'ils voulaient, moi ça ne me concernait pas. Ni moi, ni mes proches. Alors je m'en fous. Et puis quoi encore, peut-être veulent-il que je joue l'infirmier ? Non merci, je fais du droit, pas de la médecine. Et finalement, la jeune femme était sûrement du même avis que moi. « Pacifiste, ça correspond bien aux Quincys ça » que j'arrivais à placer avant qu'elle ne vienne agrémenter sa réponse d'autres arguments. Et là, je comprenais mieux son ennui. « Oh tu sais, tu peux toujours te trouver un nouveau compagnon pour la soirée. Je suis sûr que beaucoup se sont faits poser un lapin donc bon » Bon, ce n'était pas mon cas, et j'avais deux cavalières, mais j'étais persuadé qu'elle saurait trouver de la compagnie ailleurs. M'enfin bref, on parlait d'elle, pas de moi. « Deux cavalières pour le prix d'une, auxquelles j'ai un peu menti pour arriver à mes fins. » Je haussais les épaules avant de me remettre à fumer. Que ça faisait du bien mine de rien, la nicotine dans les poumons.

Je n'ai jamais compris l'intérêt de la violence. Montrer qui est le plus fort ? Qui est le plus musclé, qui peut avoir le dessus sur l'autre. Aller sur un ring de boxe dans ce cas. Battez-vous pour des personnes qui payent pour voir ça, et dont l'autre personne est consentante pour se prendre un pain dans la gueule . Il est inutile de gâcher le bal d'autres personnes. Et je pense que cette année, la plupart des étudiants d'Harvard l'ont compris, en vue de ce qui se passe. « Je t'ai déjà dit que j'étais Quincy ? » demandai-je, un regard posé sur lui, tandis que je lui adresse un sourire amusé, faisant tomber mes cendres d'un mouvement du doigt avant de la porter de nouveau à mes lèvres, fixant de nouveau l'horizon devant moi, haussant simplement les épaules, n'étant pas vraiment sûr d'avoir envie d'un nouveau cavalier . Il vaut mieux être seul que mal accompagné, n'est ce pas ? Je l'écoute ensuite me parler de sa propre soirée haussant un sourcil. Deux cavalières, mais à vrai dire ça ne m'étonne pas vraiment . « c'est étonnant qu'elles ne se doutent de rien... après tout ta réputation te précède le plus souvent. » C'est vrai, je ne connais pas grand-chose de lui, si ce n'est son prénom. Mais malgré tout , je sais que ce n'est pas le genre de gars à se caser avec une fille et à lui être fidèle. La preuve encore ce soir... incapable de se contenter d'une seule cavalière.

Est-ce qu'elle m'a déjà dit qu'elle était Quincy ? Je crois pas non. Mais au final, je trainais beaucoup dans les fêtes, les soirées. Et puis les Housing Day je les ai fait, les Homecoming aussi. Alors ouais, je l'avais déjà aperçue là-bas, sans même qu'elle s'en rende compte. Et puis j'avais bonne mémoire, ce qui m'aidait bien dans ce cas là. « J'ai du t'apercevoir lors du Housing Day au thème de cette maison. T'es pas Quincy ? Je me suis peut-être trompé après tout » Fais le mec qui peut s'être trompé, ça passe toujours bien dans ce genre de situation. Je haussais les épaules avant de continuer à fumer ma cigarette. En réalité là, je prendrais bien un joint. Mais je ne pouvais pas, pas ici. Sûrement ce soir, une fois de retour à mon appartement. Enfin, je lui parlais de ma soirée, de mes deux cavalières et de ma situation. Autant dire que j'étais pas mal dans la merde. Mais c'est pas grave, je saurai m'en sortir, j'ai confiance en moi. « Elles me connaissent pas. Du moins je crois. Après, il me semble avoir vu une tête bizarre sur l'une d'elle quand je les ai présentée l'une à l'autre. Alors c'est qu'une question de temps avant que ça pète » Je me mis à rire avant de reprendre une peu de nicotine dans mon organisme.

Ah oui les Homecoming, ces petites fêtes que l'on organise, où chacun dirige un stand... ça n'a jamais vraiment été mon genre, étant plutôt du genre à fuir le stand pour aller m'amuser de mon côté . « Oh je croyais que j'étais devenue populaire ... tu m'as fait avoir une fausse joie. » dis-je laissant échapper un éclat de rire de mes lèvres, portant de nouveau ma cigarette à mes lèvres avant d'en expirer une bouffée de nicotine . « Mais si, tu as visé juste, je suis une Quincy. » dis-je un sourire se formant au coin de mes lèvres. Les pacifistes comme il vient de le dire, ceux pour qui les causes humanitaires passent avant tout, les membres d'Harvard qui ont le cœur sur la main … ouais pour les causes humanitaires on repassera pour ce qui est de mon cas. « Et tu sais aussi mon nom ? Nicholas ! » Je souris amusé, connaissant déjà le sien... Travailler dans un bar près du campus peut se révéler fort utile, lorsque l'on est à la recherche de rumeurs et de potins, on connaît des personnes que l'on n'a pourtant jamais vues « Tu aimes le danger d'après ce que je comprends mais qui joue avec le feu... finit par se brûler les ailes. » dis-je un sourire se formant au coin de mes lèvres tandis que j'écrase mon mégot de cigarette avant de me tourner vers lui .[color=#f77b07] « enfin si l'une d'elles te frappe, tu l'auras bien mérité!" je lui adresse un sourire amusé sur les lèvres. Un manipulateur, qui se joue des femmes, de leur sentiments, et ne pense qu'à s'amuser. Je suis contre la violence, mais je pense que si ça avait été mon cas avec mon cavalier, je ne me serai pas privé pour laisser la marque de ma main sur sa joue. Mais ce n'est pas le cas alors je laisse les deux jeunes femmes qui sont tombé dans son piège s'en préoccuper.

Populaire ? Peut-être, qui sait. Je ne faisais pas tellement gaffe à ça, préférant me faire ma propre opinion sur les gens quand je les rencontre. Je peux aussi bien aimer le looser du coin comme la meuf populaire. C'était assez aléatoire comme algorithme. Je suis même pas sûr qu'on puisse créer un algorithme permettant de prédire l'entente entre deux personnes. « Désolé, promis j'arrête de casser tes délires » Enfin, je vais tenter. Je suis un peu trop direct des fois et je venais avouer les choses sans trop de tact. Alors ouais, ça pouvait être mauvais comme bon, tout dépend de la personne en face. J'étais fort n'empêche, mais elle s'avérait être tout aussi forte. « C'est bien ça, mais non, je connais pas ton prénom. Tu peux peut-être m'éclairer là dessus ? » C'était si gentiment demandé après tout. Elle saurait me dire son prénom pour que je la retrouve plus facilement. Quoiqu'il en soit, elle venait porter son petit jugement sur la situation que je vivais et, ouais, je sais, je vivais dangereusement. Mais je trouvais que ça valait le coup. « Toi qui est une fille, tu l'aurais pris comment si je t'avais invitée au bal avec une autre fille ? » Un ressenti comme un autre, je pourrais demander à toutes les filles de la soirée. Mais non, je lui demandais à elle. Et je voulais une réponse honnête.