Sauve-moi de mon ennui (arsia)

Je ne comptais pas parler de Jules à Artur. Non pas par manque d’honnêteté, mais surtout parce que moi-même, je ne comprenais pas vraiment l'histoire qui se déroulait autour de nous. Je préférais garder toute mon attention sur Artur pendant que nous étions tous les deux. J'étais de toute manière une femme libre, une femme célibataire qui était incapable de tomber amoureuse d'un homme. Alors peu m'importe, mes histoires n'avaient pas leurs places entre mon cavalier et moi. Nous étions là pour profiter de l'instant présent et de rien d'autre. Je voulais passer une bonne soirée et j'étais certaine que lui aussi, alors... profitons. Je faisais de mon mieux pour lui changer les idées, apaiser ses humeurs changeantes. Il n'avait pas besoin de s'énerver, il n'avait pas le droit, surtout maintenant que j'étais dans ses bras, tout contre lui. Et de toute façon, il n'y avait rien à comprendre sur la façon dont j'agissais. J'étais libre de faire comme bon me semblait et si je voulais quitter la table à peine quinze minutes après mon arrivée, ainsi soit-il. J'étais charmeuse ce soir. Artur avait le devoir me rappeler les charmants souvenirs de notre nuit à deux. Cette nuit agréable que nous avions partagés dans le même lit et contre toute attente, alors que je venais juste de finir ma phrase, le jeune homme vint plaquer ses lèvres sur les miennes. Voilà qui était intéressant. Sa main sur ma joue et son bras emprisonnant son corps contre le mien, c'était agréable et je lui rendais son baiser sans attendre. Ce fut court, mais intense. La pression de son étreinte se relâcha doucement et il me regarda simplement. J'affichais un sourire en écoutant ses propos. « Je propose que nous rendions cette soirée inoubliable... » lui proposais-je en venant l'embrasser à nouveau. Si nous avions d'autres baisers à échanger, alors elle serait encore meilleure, non ?

Comment exprimer le fait que je me sentais bien la tout de suite en compagnie de la jeune femme ? Impossible de mettre des mots sur la situation en tout cas, le but était de profiter de chaque instant comme je l'ai toujours fait. Instinctivement j'en suis venu à l'embrasser, pas un simple baiser que l'on peut faire lors d'une soirée avec une inconnue. Je savais très bien que je ne l'avais pas fait innocemment, ni le fait de lui reparler de notre aventure. Rien n'était calculé mais tout était différent. Est-ce que quand on embrasse une femme, on veut coucher avec elle ? Je me surprenais à imaginer que non, puisque ce n'était pas le but. J'avais juste envie de l'embrasser, de sentir son corps contre le mien et avoir une certaine emprise sur elle, pour une fois. Ana n'est pas le genre de femme à se laisser faire et là, elle exauçait mes prières, ne m'avait pas repoussé et continua même à m'embrasser. Ces paroles étaient pures et je sentais son honnêteté, elle n'avait plus envie de jouer à notre jeu, elle profitait tout comme moi. « J'aurai trop peur de te lasser et que tu parte loin à nouveau » Ses lèvres rejoignaient les miennes à nouveau, elle semblait à moi ce soir, encore une fois, malgré sa fuite de tout à l'heure qui était déjà oubliée.

Je me retrouvais dans les bras d'Artur et pour le rien du monde, je voudrais échanger ma place. J'étais bien, tout simplement. Je ne ressentais rien d'ambigu à l'égard du jeune homme pour la simple et bonne raison que j'étais incapable de ressentir quoi que ce soit pour un homme, ni même pour une femme. Cependant, j'étais vraiment très bien avec lui et je me laissais totalement faire tout en sachant que je ne regretterais rien. Ce n'était pas mon genre, j'assumais entièrement mes actes et ce soir, je pouvais affirmer d'être heureuse de recevoir de la tendresse de la part du mather. Il embrassait bien, c'était agréable, tellement que je prolongeais les baisers, que je lui en donnais des nouveaux. La soirée pouvait être encore plus belle si on le voulait vraiment, c'était en notre pouvoir de la rendre magnifique. « Il n'y a pas de raison... Je ne suis pas partie à cause de toi et puis, je suis là désormais, je n'ai pas envie d'aller ailleurs... » lui confiais-je en souriant. « Tu m'invites à danser ? » lui demandais-je sur un air de défi. S'il voulait que je reste avec lui toute la soirée, il devait au moins danser une fois avec moi.