Sauve-moi de mon ennui (arsia)

Je ne pensais pas que j'en arriverais là, mais j'avais laissé en plan mon cavalier à notre table. Je sentais les tensions, les messes basses et tout le reste. J'avais l'impression d'être de trop et même si habituellement j'étais plutôt du genre à être sûr de moi, cette fois je devenais presque parano. Alors, quand j'avais senti que c'était le bon moment, je m'étais excusée avant de me lever, prétextant à Artur que je devais me rendre aux toilettes. Je me levais, me laissant aller à lui faire un baiser sur sa tempe avant de m’éclipser... une bonne fois pour toutes. Je me rendais vraiment dans les toilettes au cas où l'on regarderait après mon départ, puis après cinq minutes à souffler, j'étais finalement sortie prendre l'air. J'en avais terriblement besoin et je ne savais même pas pourquoi dans le fond. Je crois que j'en voulais à Jules. Je lui en voulais de se montrer si proche de moi, et finalement, de certainement être pareil avec d'autres femmes. Il m'avait dit qu'il ne se passait rien avec Sage, mais sérieusement... Vous avez vu comme il l'a bouffe des yeux, tout comme l'autre brune. Je ne sais pas si j'étais jalouse, je crois qu'il y avait surtout une pointe de déception et beaucoup d'ennui. Avec cette ambiance électrique à notre table, je me demandais vraiment ce que je faisais ici, j'aurais aimé m'amuser un peu plus. Finalement, je restais silencieuse, une moue boudeuse sur les lèvres et là, j'étais au fond de la salle, adossée contre le mur, un cocktail à la main.

L'ambiance était pesante à la table, j'étais complètement largué. Après avoir discuté quelques instants avec un de mes voisins à la table, histoire d'échanger quelques banalités, Anastasia nous avait interpellé pour prévenir qu'elle allait aux toilettes. Son visage était fermé, sa marque d'attention me montrait que le problème ne venait pas de moi. Je ne suis pas très doué pour consoler les gens, j'ai plutôt tendance à être maladroit. Je la regardais partir l'air inquiet, alors qu'à se moment on vint nous apporter à boire. Sage me parlait alors, comme délivrée de voir Ana partir, nous avons discuté quelques longues minutes. J'avais le regard fuyant, je ne cherchais personne en particulier, peut-être mon frère ou Alexys, histoire de bouger pour les saluer. L'air commençait à m’oppresser, les lumières se tamisaient et j'avais carrément envie de fumer tout à coup. Nous étions presque tous assit dans la salle mais j'avais le sentiment d'être envahit de partout, c'était le temps pour moi de sortir un peu. Je m'excuse auprès de mes interlocuteurs pour m’éclipser un instant, prendre un peu l'air. Je cherche encore Ana du regard, ces quelques minutes semblaient longues, ça faisait bien trop longtemps qu'elle était partit, à mon goût. Je marche en direction d'une des sortie, au fond de la salle et je la vois enfin. Adossée au mur, un verre à la main, Ana semble perdue, elle n'a pas l'air de vouloir revenir à la table. Je me dirige en sa direction d'un pas rapide. On a tout les deux besoin d'air apparemment, mais pas pour les mêmes raisons. Je passe à côté d'elle pour lui prendre la main sans un mot, pour la forcer à venir avec moi. Je lui souris pour la rassurer, la sortie n'est pas loin et dès que nous sortons je peux enfin prendre cette bouffée d'air frais que j'attendais tant. Je me retourne alors vers Anastasia Dis moi ce qui ne va pas, me laisse plus tout seul comme ça s'il te plait. Non pas que je ne peux pas rester seul, mais tu m'as quand même invité ici, alors assume chérie.

Je boudais dans mon coin. Je boudais ce bal qui me déprimait plus qu'il ne le devrait. Pourquoi je ne m'amuse pas comme une folle ? J'avais un cavalier amusant, avec qui je m'entendais bien. J'étais entouré de certains de mes amis. Mais non, rien à faire. L'ambiance à notre table était pesante et ça avait mal démarré, tellement que je n'avais pas réussi à sourire par la suite. Je pensais que m'éloigner allait me faire du bien, mais finalement, je me retrouvais au fond de la salle, adossée  au mur à attendre que le temps passe. J'avais tout de même un verre à la main, histoire d'avoir une quelconque occupation. Il fallait juste que je fasse attention... Je ne tenais pas vraiment à l'alcool. Puis, sans que je ne m'y attende, une main vint attraper la mienne pour m'obliger à me mettre en marche. Mon cœur s'emballa quand je relevais la tête et voyais le sourire d'Artur, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en retour. Je me retrouvais rapidement à l’extérieur. Il faisait doux et ça faisait du bien de souffler un peu tout en profitant de ce "silence". Du moins, j'en profitais quelques secondes étant donné que le jeune homme me demanda aussitôt des explications. « Je suis désolée » affirmais-je, accompagné d'une petite grimace en glissant ma main sur son torse. « C'est juste... Je m'ennuie d'une certaine manière ! » lui confiais-je en haussant les épaules. Je ne mentais pas totalement, je m'ennuyais vraiment. Je devais avouer que je n'avais pas envie d'expliquer tout à Artur. Je n'avais surtout pas envie de penser à tout ça, je voulais qu'il me fasse penser à autre chose.

L'air était frais mais il ne faisait pas froid, juste ce qu'il faut pour revenir un peu à la réalité. Toutes ces décorations donnaient le tournis, elles étaient superbement réalisées mais au bout d'un moment, on perd le nord avec toutes ces étoiles. J'avais emmené Anastasia loin de l'agitation, à l'extérieur, satisfait de l'avoir enfin retrouvé. Nous étions enfin dehors, c'est alors que je lui demandais des explications sur sa fuite. Qu'elle soit triste ou énervée, et même si ce n'était pas mes affaires, elle n'avait pas à disparaître comme ça. Elle s'excusa, accompagné d'un geste assez tendre et physique envers moi, pour enfin me dévoiler qu'elle s'ennuyait. D'une certaine manière ? C'était vague et complètement flou comme situation pour moi, une réaction de fille quoi. Je suis pas bien mais je ne veux pas te le dire... Certes. Qu'il en soit ainsi. « Tu sais que je pourrais le prendre très mal ça ? » Quand même, et puis la soirée n'avait pas eu le temps de débuter qu'elle s'ennuyait déjà en ma compagnie ? Impossible. Je souffle en même reculant de la jeune femme, mes mains fouillent dans la poche de mon pantalon, trouvé mon remontant de la soirée. Je n'avais pas pris grand chose, juste ma dose quotidienne d'herbe. D'un geste assuré, je brûle un bout et prépare mon joint. J'avais l'impression de me retrouver dans une situation de bouffon du roi, cette soirée avait l'air importante pour elle, je ne comprenais pas ce qui l'a mettait dans un état pareil « Je peux te proposer de fumer, tu verras peut-être tout ça autrement » Je lui tendis la fameuse cigarette. « Mais compte pas sur moi pour jouer au bouffon » Caractère de merde, la tu ne montre pas ta meilleurs facette. Je n'étais pas fâché contre elle, sinon je me serais déjà barré, quelque chose m'obligeait à rester auprès d'elle de toute manière.

Je ne voulais pas bouder, ça ne me ressemblait pas vraiment de le faire. Mais, je ne me sentais pas très bien. Surtout pas à mon aise. Je me sentais oppressée à cette table et j'avais tellement l'impression d'être de trop, que j'avais préféré la quitter plutôt que de saper le moral de tout le monde. Je ne pensais pas qu'Artur viendrait à me retrouver. Peut-être même à me chercher. Nous n'étions pas grand chose lui et moi, sauf peut-être ce soir où nous formions un espèce de couple ou de duo aux yeux de tous. Mais de là à ce qu'il arrive, un sourire aux lèvres, qu'il attrape ma main et m'escorte jusqu'à l’extérieur... Non. C'était triste à dire, mais je pensais vraiment qu'il s'en fichait. Il me demandait des explications... Comme quoi... J'étais vraiment à côté de la plaque parfois. Je vins glisser ma main sur son torse, une petite grimace sur le visage. Je ne pouvais que m'excuser de mon comportement à vrai dire, je ne voyais pas ce que je pouvais faire d'autre. Sauf peut-être ajouter que je... m'ennuie. En quelque sorte. C'était un peu histoire de masquer la vérité. « Tu n'y es pour rien... » continuais-je ensuite, après sa remarque. Je ne voulais pas l'énerver pour des histoires sans importance. Il recule, rompant la proximité entre nous pour fouiller dans ses poches et en sortir de quoi faire un joint. Il ne perdait pas de temps et rapidement, il me proposait de fumer. J'haussais les sourcils en l'écoutant. « Non, commence, apparemment, c'est toi qui as besoin de te détendre... » m'exclamais-je en haussant les sourcils. Je ne crois pas qu'il avait besoin de s'exciter de cette manière. « Si tu étais un bouffon, je ne t'aurais pas invité ! » m'exclamais-je ensuite en levant les sourcils, un léger sourire aux lèvres.

Je n'avais pas l'habitude qu'on me laisse tomber de cette manière, je n'avais pas l'habitude qu'on ose me planter, même pour une soirée et c'est ce qu'elle était en train de faire. Cette impression m'était très désagréable, dans ces moments là, j'allais chercher le problème à la source, mais sa réponse était évasive. C'était d'autant plus énervant, même si les problème de filles ne m'intéressent pas, j'avais besoin de savoir pourquoi elle s'était tirée. Elle allait peut-être même ne pas revenir à la table. Bizarrement mon aspect rude se confrontait avec mon côté protecteur, l'envie de protéger la jeune femme, peut-être pas de l'aider mais au moins de vérifier qu'elle allait bien. C'est pour cette raison que j'étais partit à sa recherche.
Après avoir rompu la proximité entre nous deux, sa réponse à ma question ne se fit pas attendre, c'était comme une déclinaison, prétextant que j'en avais plus besoin qu'elle, soit. Et oui, j'en avais besoin. Je ne réponds pas à sa remarque, allumant mon joint et tirant une première bouffée absolument relaxante. Par la suite, je souris à sa remarque « Non, c'est certain et tu as bien de la chance d'être avec moi ce soir, sois en fière » avouais-je pour la taquiner, un retour à notre jeu favoris ? Je m'approche de nouveau d'Anastasia pour encercler sa taille avec mon bras afin de la ramener de nouveau vers moi, très proche de moi « Et ne me regarde pas avec ses yeux là, tu sais ce qu'il s'est passé la dernière fois »

Artur semblait préoccupé, voir même mal à l'aise. Comme si le fait que je me sois absentée le dérange au point de finir par me retrouver. Il pensait que j'allais lui échapper jusqu'à la fin de la soirée ? Que je n'allais pas revenir auprès de lui ? Peut-être que je ne serais pas allé à la table avant un petit moment, mais je ne serais pas partie sans rien dire, tout comme je n'aurais pas abandonné mon cavalier toute la soirée. Et malgré ma surprise de le voir venir à ma rencontre, de m'attirer à l’extérieur, j'étais très heureuse de le voir prendre l'initiative de me parler. J'aimais les hommes qui prenaient les choses en main. J'étais certaine que d'autres n'auraient pas cherché à savoir où j'étais partie. J'essayais de le rassurer du mieux que je le pouvais, sans lui raconter la vérité évidemment. Je me laissais même aller à un geste affectif, jusqu'à ce que le jeune homme s'échappe pour se préparer un joint, m'invitant à fumer avec lui. Je crois qu'il en avait besoin plus que moi, pour se détendre. Puis, je vins à nouveau à le rassurer. Il était loin d'être un bouffon... Il était mon cavalier ! J'avais quitté la table à cause de son atmosphère pesante. Rien de plus. Il souriait finalement en écoutant mes propos et aussitôt, mon visage s'illuminait. J'étais rassurée de le voir ainsi. « C'est toi qui a de la chance... Regarde-moi... » m'exclamais-je en riant avant de faire un tour sur moi-même. J'étais belle ce soir, non ? Je n'avais pas passé du temps dans la salle de bain pour rien... Puis, sans que je m'y attende, il se rapprocha et vint m'attraper. Il me tenait prisonnière dans ses bras, nos corps l'un contre l'autre. Je le regardais dans les yeux d'un air amusé. « Et que s'est-il passé la dernière fois ? » lui demandais-je avec une bouille innocente sur le visage. Parlait-il du jour où il avait craqué et où nous avions couché ensemble ?

Je la regardais s'amuser de la situation comme à son habitude. Ma réaction n'était pas de la colère, plutôt une certaine vexation, je n'étais pas venu jusqu'ici pour qu'Ana me largue au beau milieu de la soirée. Au final, je ne la connaissais pas vraiment en y réfléchissant, on ne peut pas parler d'amitié pour l'instant, enfin c'était mon avis. Pour le moment. Ouais, j'étais juste vexé qu'elle ose me planter là, bon, j'étais quand même bien entouré mais pour moi ce n'était pas une raison. Je m'interrogeais finalement sur le pourquoi j'avais accepté de venir au bal à ses côtés... On se connait à peine même si nous avons couché ensemble, une fois, mais le terme "coup d'un soir" me gênait finalement car je l'apprécie. Elle est drôle, notre petit jeu m'amuse beaucoup et ce soir je voyais une autre facette de sa personnalité. Une personne qui peut être fragile et s'enfuir rapidement au final, sans attache, même avec sa colocataire ce n'était pas si évident que ça. Y avait-il une histoire de mec parmi tout cela ? Possible, dans ce cas là, c'était moi le bouche-trou dans l'histoire.
Elle fit un tour sur elle-même en se ventant de ses charmes, chose que je ne nierais jamais. J'hausse les sourcils, amusé, sans lui répondre. J'avais entrepris un rapprochement, c'était instinctif chez moi et puis, comment passer à côté d'une nouvelle opportunité. La jolie blonde se retrouva dans mes bras de nouveau collée contre moi, sans me repousser, elle m'interrogea sur ce que je venais d'avouer. La dernière fois ? Il n'y en a pas eu tant que ça, à part cette fameuse nuit. Son visage changea avec une expression que je ne connaissais pas encore et qui me fit sourire. « Tu n'as pas l'air de t'en souvenir, devrais-je le prendre mal ? » ça me paraissait évident que je parlais de cette nuit là.

C'était plutôt étrange comme sensation pour une femme qui ne connaissait pas l'amour que d'aimer passer du temps avec un homme. Le problème, c'est que je n'y connaissais vraiment rien et que du coup, ce n'était pas facile pour moi de déchiffrer les signaux. Je prenais simplement les événements comme ils arrivaient. Ce soir, j'étais avec Artur et il n'y avait que lui qui comptait. J'avais rapidement compris que mon absence l'avait agacé et je savais que je n'avais pas assuré de ce côté-là, surtout que j'avais été la première à dire qu'il allait passer un bon moment en ma compagnie. Mais malheureusement, je ne pouvais rien faire d'autre de plus que de m'excuser et de rester avec lui pour le reste de la soirée. C'est clairement ce que j'allais faire d'ailleurs, essayer de m’éclipser le moins possible et ne pas laisser des histoires futiles me prendre la tête. Alors pour essayer de lui faire oublier que j'étais une mauvaise personne, je me présentais sous mon meilleur profil, c'est-à-dire, avec un sourire aux lèvres. Il avait raison, j'avais de la chance d'être à son bras, au moins un homme qui voulait bien de moi pour la soirée. Mais, lui aussi avait beaucoup de chance et pour appuyer mes propos, je me mis à tournoyer comme une princesse pour lui rappeler que je m'étais faite belle rien que pour lui ce soir. Il semblait se détendre, allant même jusqu'à m'attirer dans ses bras. Je ne le repoussais pas, bien au contraire. Je le regardais d'un air amusée, profitant de notre nouvelle conversation pour reprendre notre petit jeu. « Ou peut-être que je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé, que ça m'a plu et que je fais semblant de ne pas me souvenir dans l'espoir que tu me le rappelles... » lui confiais-je  avec un sourire en haussant mes sourcils. Autrement dit, je lui ouvrais une porte et peut-être qu'il devrait arrêter de ronchonner.

Sa réaction ne se fit pas attendre, je n'étais pas si surpris que ça de sa réaction finalement même si notre attachement n'était pas si évident que ça. Nous étions deux inconnus, avec les idées claires et c'était agréable. Quelque chose d'ambigüe s'installait entre nous et ce n'était pas déplaisant. Je savais qu'elle avait d'autres idées en tête et peut-être même un autre homme qui sait. Mais je ne me prendrais pas la tête avec ça ce soir, elle m'en aurait parlé. Nous nous rassemblons énormément et j'ose espérer qu'elle est assez honnête pour me parler de ce genre de chose. De toute façon il n'était pas question de quelque chose de sérieux, j'étais là pour m'amuser et si c'était Anastasia temps mieux, charmante et avec le même gout de l'aventure que moi, il n'en faut pas plus pour passer un bon moment comme on dit.
Elle eut juste le temps de terminer sa phrase, ma main se posa sur sa joue, effectua un rapprochement vers mon visage pour venir l'embrasser. Mon bras toujours autour de sa taille, je serrait de peu mon étreinte, non pas pas peur qu'elle s'en aille en courant mais parce que j'aimais ce peu de distance entre nous. Le baisers était fort et dura quelques secondes avant de la relâcher partiellement. « rien que pour ça je ne regretterai pas ma soirée mademoiselle Reynolds » un regard charmeur s'affiche sur mon visage, le même que je sortais a toutes les filles peut-être mais ce moment était sincère car j'appréciais sa compagnie.