(alezael) let me be your prince charming

Le bal de fin d'année. Autant dire que c'était la pression parce qu'Az et moi c'était encore assez instable et on allait se retrouver en plein milieu des autres étudiants qui pouvaient porter un jugement sur notre relation. C'était clairement loin d'être le moment idéal mais bon, c'est pas comme si on avait le choix, n'est-ce pas ? Alors je l'avais attendue qu'elle soit prête et puis je l'avais emmenée jusqu'au bal en limousine, louée pour l'occasion. Pas de champagne pour elle ni pour moi. J'allais y aller mollo sur l'alcool pour le coup. Le soutien de la femme enceinte, toussa toussa quoi. Et puis on sait tous à quel point l'alcool pouvait être nuisible pour mes relations, surtout récemment. Alors ouais, doucement là dessus et on s'en portera mieux ainsi. Et puis finalement, une fois sur place, je me voulais gentleman, allant à son rythme, loin d'être poussé à cause de ses béquilles, les restes de ce qui s'est passé au Chili. Enfin, on entrait dans le lieu décoré pour l'occasion et autant dire que pour ma part, j'en avais les yeux émerveillés. Ouais, c'était magnifique. Magique même. Enfin, presque quoi. Mais on s'comprend. « Veux-tu bien m'accorder cette danse ? » demandais-je à Az après plusieurs minutes alors qu'on était installés à notre table. La musique qui passait était lente et était sujette à un slow des plus romantiques. C'était l'occasion.

J'inspirais profondément regardant les derniers détail de ma tenue. Disons que ça m'avait demandé pas mal d'effort pour trouver une tenue. Premièrement parce qu'avec ce qui avait pu s'passer avec Alex, j'avais dans un premier temps décidé de ne pas y aller. Et deuxièmement, parce que j'étais enceinte et que j'avais l'air d'un sac à patate dans n'importe quelle tenue. Alors au final, j'avais fini par opter pour une robe noire assez ample disposant simplement de paillette comme si ça pouvait me faire entrer dans le thème. De toute façon, ce mal ne serait certainement pas mémorable. J'avais encore mes béquilles, une bande autour de la cheville et forcément, les talons étaient proscrit. Oh vivement que ça se termine M'enfin, il était là, on était dans la limousine et je gardais le silence pendant presque tout le trajet. J'avais la pression. Peut être parce que je savais qu'on auraient le droit à des regards mal placé et que j'avais pas envie de supporter ça. Bref, on était à destination et j'restais assise à la table un peu anxieuse jusqu'à ce qu'Alex m'adresse la parole. J'pense que ça va être compliquée.. J'me mordais la lèvre inférieure avant de reprendre. Ca ne te gêne pas de danser avec une empotée ?

Ouais, c'était assez silencieux entre nous durant tout le trajet mais c'était tout de même moins froid que ça pouvait l'être quand nous étions à peine remis ensemble. On avait quand même des contacts, on s'embrassait de temps à autres. On a encore du boulot mais on était sur la bonne voie. Après tout, nous étions amoureux et y'a moyen de s'en sortir si l'amour était toujours là. Et puis merde quoi, ça s'voyait que j'étais désolé de tout ce que j'avais pu faire. Je me pliais en quatre pour elle, dans le but de la satisfaire. J'allais pas pouvoir faire plus que ça en fait. Quoiqu'il en soit, nous étions arrivés à destination et installés à table, je lui demandais si elle voulait m'accorder cette danse, sur la musique qui était actuellement à l'écoute dans toute la salle. Douce et sur le rythme du slow, c'était parfait pour nous deux. « Tu peux toujours te mettre sur mes pieds, et je nous guiderai » Ouais, ça me semblait être la meilleure solution. Certes, elle était enceinte mais j'étais grand donc je pouvais me plier un peu, le temps d'une danse. Come on Az, on passait le bal ensemble, on pouvait au moins partager une danse non ?

Non, j'étais probablement dans l'incapacité de valser. Et si je le faisais, il était certain que je risquais de finir la soirée sur une chaise à me plaindre des douleurs de ma cheville. Même si les choses n'étaient pas forcément au top dans notre relation, j'voulais pas vraiment faire mon emmerdeuse et passer le reste de la nuit à lui pourrir la soirée. Alors ouais, peut être qu'il serait bien que je m'abstienne, que je me ménage un peu. C'était sûrement le meilleur à faire dans cette histoire. Sauf qu'il avait du répondant et forcément, il insistait. J'évitais son regard, droite, gauche.. Puis je capitulais. Juste une que je disais posant ma main sur la table pour m'aider à me lever. Ouais, rien qu'une. De ma main libre j'attrapais la signe me risquant finalement à sourire alors qu'on partait tout les deux vers la piste. J'aurais tellement voulu que les choses soient mieux entre nous. Qu'on soit juste heureux en fait. Ouais, j'aurais vraiment voulu. Alors quand on s'arrêtait finalement, je passais mes bras autour de sa nuque plongeant mon regard dans le sien. Tu sais que je t'aime ? J'voulais qu'il s'en souvienne. Qu'il se le remémore à chaque fois que les choses n'allaient pas. Pour qu'il sache que malgré tout, même si j'arrivais pas à lui pardonner, j'pouvais quand même pas arrêter de l'aimer.

Une danse, et je la portais s'il le fallait. Ouais, c'était tout ce que je demandais, parce que c'était le bal et que je ne me voyais pas rester à table à regarder tout le monde passer une bonne soirée et être de côté, avec ma copine qui ne veut pas me pardonner. Ouais, une danse, je ne demandais pas la Lune. Et elle acceptait, et mon sourire s'est forcément agrandi. Oui, j'avais ce que je voulais. Et quand elle se levait, elle me souriait. Il y avait des chances que la soirée se passe bien, et je n'allais pas gâcher ça. Pour rien au monde. « Merci » Sa main dans la mienne, on avançait sur la piste de danse avant de finalement s'arrêter. Ses bras venaient s'enrouler autour de ma nuque et forcément, je m'étais penché pour ne pas être trop haut pour elle. On avait une différence de taille assez notoire et ouais, il était hors de question qu'elle se fasse mal, sa cheville c'était bien suffisant. Et puis elle parlait de nouveau, faisant battre mon coeur un peu plus vite pour le coup. « Je le sais.. » S'il y avait bien une chose que je savais, c'était ça. Et le fait que je l'ai blessé, bien plus que je pourrais l'imaginer. Mais c'était une autre histoire. « Je t'aime aussi » chuchotais-je entre mes lèvres, collant mon front contre le sien.

Alors j'étais bien forcée de faire avec tout ça, de continuer à avancer avec lui malgré tout parce que je ne voulais pas qu'il sorte de ma vie. Le problème était que je le connaissais et j'savais très bien que si je continuais à mettre des distances entre nous, il finirait par partir. Parce qu'il pourrait pas supporter ce manège bien trop longtemps, au final, peut être que la solution était juste de prendre sur moi. A voir si j'en étais capable en fait. Puis quand il disait m'aimait à son tour, j'pouvais pas m'empêcher de sourire bêtement. Malgré ma colère et ma peine, j'avais toujours cette sensation dans l'estomac quand il disait ça. Alexander était amoureux de moi, il l'était réellement. Mon front contre le sien, je le laissais mener la danse gardant le silence quelques instants. J'voulais profiter de ce moment de paix, de cette bulle qu'on faisait autour de nous. J'veux passer le reste de mes jours avec toi que je chuchotais alors. Parce que c'était la réalité. J'me voyais pas avec quelqu'un d'autre que lui, c'était juste impossible. Mes lèvres venaient trouver les siennes pour quelques secondes. A ce moment précis, j'me fichais bien de savoir ce que les gens pouvaient penser de tout ça, c'était juste lui et moi.

J'osais espérer que les choses allaient rentrer dans l'ordre entre Az et moi. Ouais, au moins avant la naissance d'Hendrix. Ouais, il le fallait et je faisais tout pour qu'elle puisse un jour me regarder sans ressentir la peine qu'elle pouvait éprouver en ce moment. Je l'aimais. Elle m'aimait. On devrait être heureux non ? Mais non, j'ai tout gâché parce que je suis qu'un gros con qui fout tout en l'air quand les choses vont relativement bien. Ouais, c'était relatif parce que le tremblement de terre au Chili n'était pas le genre de choses qui nous avait laissé indemne. Mes poumons n'allaient pas bien, j'avais un traitement assez lourd et si je ne me trimbalais plus ma bombonne d'oxygène, j'étais pas forcément au mieux de mon endurance. « Y'a pas de raison que ça ne se produise pas » C'était niais ce qu'elle disait, parce qu'on était ensemble depuis pas longtemps, mais j'osais espérer que j'allais être celui qui allait la rendre heureuse jusqu'à ce que la mort nous sépare. Et puis elle m'embrassait. Et forcément que je lui rendais ce baiser, parce que j'en avais envie et que ça me faisait du bien. Oui, en cet instant précis, j'avais l'impression qu'on était invincible.

Lui et moi contre le monde. Et j'voyais bien qu'il faisait pas mal d'effort, comme tenter de me faire passer une soirée de rêve. Puis même si c'était complètement niais, je ne pouvais pas lui en vouloir. C'était pas sa faute, y avait des gens qui vivaient dans la niaiserie, comme Alexander à ce moment précis. Ouais.. Aucune raison. Sauf s'il sautait sur Briony une nouvelle fois ou n'importe qui d'autre à vrai dire. Sauf que ça, je me gardais bien de le dire à voix haute pour la simple et bonne raison que ça ne servirait qu'à jeter un nouveau froid entre nous. Et par la suite on deviendrait de nouveau complètement niais (surtout lui) ce qui serait assez chiant. Autant que je la ferme. Alors le mieux, c'était de l'embrasser. Histoire de nous faire taire un peu. Mes lèvres dansaient contre les siennes avec envie. Y avait une éternité qu'on avait pas eu ce rapprochement charnel. Ma faute et un peu de la sienne aussi. Mais ça me manquait. J'étais en manque de lui, j'voulais le posséder une nouvelle fois. Sauf que j'étais grosse et difforme et que ces derniers temps, j'avais plus grand chose d'attirant. Un tonneau en robe de pale, autant dire que je faisais pâle figure à côté de lui. C'était d'une tristesse. Même Sadness était mieux que moi pour le coup.

Non mais tout ça pour un mot. Niais. Niaise. Oui elle était niaise et je pouvais l'être aussi. Mais bon, visiblement Jendy n'aimait pas ce mot, vu tous les coups qu'elle m'a porté ce soir quand je parlais de niaiserie. Je sais qu'elle va devenir grincheuse et aura des pulsions violentes en lisant tout ça, mais je me dis que ça vaut le coup. Quelques bleus, c'est pas grand chose. Enfin, les mots ne suffisaient plus, le mieux c'était de passer à l'acte -de la niaiserie- : un baiser. Oui, le premier vrai baiser langoureux qui montrait qu'on était réellement amoureux l'un de l'autre. C'était doux, beau, empli d'amour. Son ventre, et le reste de ses formes dues à la grossesse ne me gênaient pas, mais alors vraiment pas. Je veux dire, pour moi, c'était normal que son corps devienne comme ça et en aucun cas elle ne devait en être honteuse. Alors ouais, le baiser continuait et forcément, l'envie qui allait avec. Mais je ne pouvais pas la pousser à faire quoique ce soit dont elle n'avait pas envie. Alors je restais avec cette frustration, la lui cachant bien. « T'es magnifique » lui avouais-je doucement après avoir mis fin à notre embrassade.

Bref, fallait vraiment que j'apprenne à relativiser sinon, la joueuse derrière moi allait vraiment péter les plombs. Du genre, frapper sa colocataire à coup de bouteille d'eau jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pas de violence, c'est les vacances, ou pas. M'enfin, passons. J'embrassais Alex encore et encore et pour la première fois depuis nos prise de tête, j'avais réellement envie d'aller plus loin. Alors quand nos lèvres se décollaient enfin, je mettais un petit temps avec que les battements de mon coeur revienne à la normal. Fais gaffe, tu deviens niais. que je murmurais avec un petit sourire. Mais je ne pouvais m'empêcher de rougir sous le compliment. J'me trouvais tellement laide ces derniers temps que forcément, entendre de sa bouche que j'étais magnifique, ça me mettait des étoiles dans les yeux. Comme les niais quoi, sauf que je ne l'étais pas. Viens, suis moi que je disais prenant sa main pour l'entraîner à l'écart. Où ? La première salle vide de libre. La faute aux hormones, je contrôlais pas forcément en fait, c'était pas de ma faute. Et maintenant qu'on était réellement en tête à tête tout les deux, mes doigts s'amusaient avec les boutons de sa chemise alors qu'un air malicieux venait prendre possession de mon visage. Tu crois que tu pourrais l'enlever ? La chemise je voulais dire.