« The gravel road. » Lily-Rose et Anna.

« The gravel road. »
annalynne & lily

Certains diraient que c'est de la folie que de laisser entrer aussi facilement Lily dans ma vie. Il y a d'ailleurs, en mon for intérieur, quelque chose qui me dit que c'est le cas, que ça ne tient pas de moi. Mais qu'importe, le fait est que je ne me fie pour le moment qu'à ma première intuition, et je doute guère qu'elle est la mauvaise. Le semblant d'assurance qu'elle se cherche au moment de me rejoindre me le prouve encore, elle doit faire partie de ceux que les autres définissent comme de l'or. Précieuse par sa fébrilité, et c'est en cette qualité que j'ai flanché. « Bonjour ! » Tonitruant, tellement innocent. A l'inverse de mon silence, et de mon aisance dans le monde qu'on dicte comme celui des grands. J'en souris, même, un instant. Et bien que je ne sois pas fan de confidence et de ressenti d'amitié, ou de tout ce qui peut s'y approcher, je pense que je me dois, de lui expliquer pourquoi elle se trouve là. Pourquoi, j'ai accepté, que dans mon monde elle fasse un pas.

« Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre … » En même temps je me dis qu'il ne faut pas être génie. Pour comprendre, deviner ce pourquoi on va aller goûter tout ces gâteaux bien glacés. Il n'y a pas des centaines de raisons pouvant expliquer nos prochaines actions. Ce n'est que pour très peu d'événements qu'on fait cela. Alors je souris, je me contente d'un nouveau silence tandis qu'elle semble réfléchir à ses prochains mots, comme si c'était compliqué pour elle de savoir sur quel pied danser. Et pour ce fait, c'est à mon tour de la comprendre, je me demande ce que je ferai si j'étais à sa place. Sûrement que je ne l'aurai pas suivi, trop peu encline à me faire de nouvelles « amies ». Mais les choses diffèrent aujourd'hui, puisque j'ai décidé de lui laisser un semblant de chance, parce qu'elle ma surprise par son assurance. D'ailleurs, elle en fait encore preuve lorsqu'elle renchérit. « C’est votre mariage. Votre vie. » Pas tout à fait, c'est un peu plus nuancé. C'est à dire que cette vie, c'est le monde entier qui veut la maîtriser. « Pourquoi vous forcer à avaler une crème pâtissière parfaite si vous préférez l’acidité, voire l’imperfection d’une tarte aux fruits? » Pensée étrange que de se dire « Où est-ce qu'elle était, durant le reste de ma vie ? » pour entendre aussi rapidement les choses sans en connaître le moindre détail. Et les attitudes putassière trépassent, en faveur d'un sourire que peu de détails effacent. Sans en douter, c'est Clay, mon acidité. Cette petite pâtisserie sucrée dont on ne peut se passer. Une gourmandise. Un délice. Un extrême, à l'état pur. Une annexe si tentante dans les méandres de mon futur.

Mais bien vite, j'en viens à ce pourquoi. Celui qui fait que c'est une crème qui aura raison de moi. C'est mon avenir, c'est Omnicom, Alan, c'est mon empire. En vingt neuf années de vie sur cette terre trop étroite, c'est l'unique chose en laquelle j'ai cru, qui a pu compté. Ou plutôt la seconde, puisque je suis moi-même la première dans ces moitiés. « Parce que dans mon monde, Lily-Rose, tout le monde aime contrôler. » C'est soufflé, à demi mot, parce que je n'aimerai pas que cela parvienne aux oreilles de papa. Et bien évidemment, encore une fois, le pire est que je me comprends dans cette généralité énoncée. Dans l'art du contrôle, j'ai toujours excellé, mais mon père, il faut dire, qu'il est des plus doués. Je suis à deux doigts, de lui révéler que c'est sur ce mariage que tout doit se jouer. Ces mêmes privilèges que nous sommes en train d'utiliser. Voiture, argent, si classieux vêtements. Je suis un pantin, une victime, aliénée par mes propres envies, par ce que l'on m'a instruit. J'aime si fort tout ça, que tout me dévore. Que c'en est devenu un besoin. Cependant ma dose de lui l'est aussi, au quotidien. Et comme je tergiverse sur ma condition, que j'en pourris mes songes en perditions, je préfère me pencher, sur un autre sujet, ou tout du moins, pour le reste du trajet. Puisque mariage et restauration seront à nouveau de la partie, dans quelques minutes à peine. Déjà … ça me gêne. « Et dans le votre, vous y faîtes quoi ? » Pour survivre, pour passer le temps, pour vous dire que tout ça n'est pas que fioritures et vents.

ACIDBRAIN

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