Lies lies lies |Sloan & Andy|

Aller boire un verre était devenu une habitude, un rendez-vous qu’Andy ne manquerait pour rien au monde. Ce moment de détente entre amis lui offrait de quoi respirer pour le reste de la semaine. Entre le travail, les emmerdes, les études et les folies de la famille, le simulacre d’homme qu’il était avait besoin d’une pause. Il la méritait, surtout que la semaine avait été dure.

Aussi, comme tant d’autres soirs avant celui-ci, il s’était préparé. Sa poitrine bandée sous son T-shirt trop grand payait une fois de plus les frais de sa folie. Écrasée et comprimée, elle était bafouée et malmenée. Mais toutes preuves de son appartenance au genre féminin insupportaient Andy qui négligeait ses besoins en tant que femme en tant qu’être humain tout simplement. Son corps la dégoûtait et elle lui rendait bien.  Cheveux en pagaille et pourtant coiffés avec soin et regard fatigué lui donnait un air un peu blasé de la vie. Les apparences se devaient d’être maîtrisées si elle ne souhaitait pas se trahir.

La place à côté de lui n’attendait que Sloan, un ami à qui Andy avait menti sans réfléchir. Il était censé n’être qu’une connaissance, un type qu’il ne reverrait qu’une fois dans l’année. Finalement, les choses avaient été différentes et une véritable amitié avait vu le jour. Enfermé dans son rôle masculin, Andy continuait à jouer son personnage. Il était lui, simplement dans un genre différent.

Bref, le rendez-vous avez été prononcé et d’un commun accord, ils avaient choisi le bar. Comme toujours, Andy arrivait en avance. Avec lui, c’était soit l’un, soit l’autre. Trop tôt, trop tard, trop de tout en somme. Passant ses mains dans les poches de sa veste en cuir, il extirpait un petit briquet qu’il faisait craquer mollement pour s’allumer une cigarette. Il était temps de décompresser un peu et le tabac allait l’aider. Fumer ne se réalisait que très rarement dans sa petite vie mais ponctuellement, ce petit plaisir s’offrait à lui. Dans un parfait respect des obligations liées à la cigarette, Andy s’était décalé légèrement en retrait de la porte d’entrée. Quand la silhouette de Sloan se dessina dans la masse anonyme, Andy redressa son nez en sa direction.

« J’espère que t’es en forme. » Annonça-t-il avant de tirer à nouveau sur son bâtonnet empoisonné.

Parce qu’avec la semaine moisie qu’il avait vécue, Andy espérait bien profiter de la soirée. Il était loin de s’attendre à ce que l’avenir lui préparait. Dans un signe de tête, il sembla presque s’assurer de l’état de santé de Sloan avant de hausser les épaules. Évidemment qu’il était en forme.

« La bière n’attend pas. »

Le mégot s’écrasa sur un recoin de poubelle avant de foncer dans les tréfonds des ordures.

Life is an awful, ugly place to not have a best friend

Depuis une semaine, Sloan tenait la forme. En fait, la petite virée à New York avec Charline fut l'élément déclencheur de son sourire et de sa motivation. Beaucoup de choses s'étaient passé durant ce week-end et le beau brun semblait être plus détendu. Des paroles avaient été prononcées, des gestes avaient eu lieu et inévitablement, un rapprochement encore plus fort. Les deux étudiants avaient pu ressentir énormément de choses autant dans le positif que dans le négatif. Quoiqu'il en soit, Sloan ne voulait retenir de cette virée, que le positif. Ils avaient pu se découvrir toujours un peu plus, s'apprécier et se délecter de la présence de l'autre. L'Eliot n'arrive pas à s'enlever ces images de la tête, il était comme obnubilé par le sourire, le corps de sa belle. Un corps qu'il avait pu, ô combien, apprécier. Voilà donc une semaine qu'ils étaient rentrés et Sloan ne s'en remettait toujours pas. Ce soir monsieur avait envie de décompresser, il avait également besoin de mettre les choses au clair avec une certaine personne. En effet, durant ce week-end, le jeune homme avait fait une découverte intéressante mais surtout surprenante. Andy, son pote, était en réalité une fille et qui plus est, la petite soeur de Charline. Sloan s'était bien gardé d'en parler à sa belle, il avait noté l'information dans un petit coin de sa tête et saura le ressortir au bon moment. Se faire passer pour quelqu'un d'autre, il ne lui en voulait pas. Simplement, il allait lui faire comprendre que cela ne se faisait pas. Le beau brun était très intelligent dans les études mais alors les trucs comme ça, il ne captait pas du tout. Non pas qu'il soit égoïste à ne voir que son petit nombril. Disons simplement que lui et la subtilité, ça faisait deux. Le double jeu que menait Andy semblait l'amuser. Sloan n'avait pas refusé de la voir, bien au contraire, il allait pouvoir s'amuser un peu de la situation. Lui savait qu'elle était une femme mais elle ignorait totalement qu'il est au courant. Ce petit quiproquo allait donner un peu de piment dans leur amitié. L'Eliot allait en profiter pour retourner la situation à son avantage et qui sait, peut-être obtenir des informations sur Charline. Le jeune homme ne mit pas longtemps avant de sortir de sa chambre d'hôtel et de rejoindre le café où Andy l'attendait. Sur la route, il alluma machinalement une clope. C'était devenu une habitude. Non mais mine de rien, il n'avait pas fumé de drogue depuis quelques semaines, c'était délectable. Sloan essayait d'arrêter la drogue mais en mode tranquille, pas de pression. Il en fumait un ou deux de temps en temps, histoire de se détendre et de penser à autre chose. Bref, il arriva rapidement à l'endroit indiqué et vit Andy au loin. Sans vraiment s'en rendre compte, il fronça les sourcils. C'était trop étrange. Pourquoi une fille voulait se faire passer pour un homme? Mais à y regarder d'un peu plus prés, elle avait effectivement des traits féminins. Sloan leva les yeux au ciel, vraiment il était débile de ne pas avoir remarqué avant. En tout cas, les deux Granger ne se ressemblaient pas du tout. Déjà d'un point de vue physique mais aussi de caractère. Il n'aurait jamais cru qu'Andy était la petite soeur de sa princesse. Quoiqu'il en soit, il devait se comporter comme s'il n'était pas au courant. Sloan arriva à sa hauteur et lui serra la main, un petit sourire aux lèvres. Tout ceci semblait dérisoire à présent. « Evidemment. » répondit-il d'un air motivé. Le jeune homme avait besoin de se vider la tête et comptait bien tirer profit de la situation. Andy lui avoua que la bière n'attendait pas. Sloan leva les épaules. « C'est clair, j'ai pas mal de choses à te raconter vieux, il va nous falloir plus qu'une bière. » continua-t-il sur le même ton. Sloan ne savait pas du tout à quoi s'attendre en entrant dans le bar avec elle. C'était excitant. Il comptait bien parler de Charline et soit lui faire avouer qu'elle est sa soeur ou soit lui faire voir de toutes les couleurs. Tout dépendra de la tournure de la discussion. « Il faut que je te parle d'une fille mon gars, tu vas être fou. » lança-t-il avec un petit regard pervers. Sloan rigolait intérieurement. La pauvre, elle allait prendre cher avec lui. Une bonne petite soirée en perspective.

Fille ou garçon, les histoires d'un ami demeuraient toujours intéressantes. Lorsque l'un d'eux revenait de voyage et promettait miles récits, le malheureux resté sur place espérait vivre par procuration quelques péripéties. Aussi, la promesse de tenir plus longtemps qu'une bière autour des paroles de Sloan amusa Andy. De véritables pipelettes ces mâles.

Mais la suite se gâta, couvrant le ciel bleu de leur soirée d'un lourd nuage pesant. Une fille sera au coeur de la conversation. Andy savait que sa soeur serait cette personne dont parlait Sloan avec perversion. Elle avait appris quelques jours plus tôt que Sloan et Charline avaient choisi de se mettre en couple. La famille Granger étant particulière, il arrivait que des informations, pourtant primordiales, prennent trop de temps à circuler. La situation devenue complexe, Andy s'interrogeait sur la bonne démarche à suivre avant de choisir d'en profiter un peu. Sa soeur tenait une place importante dans sa vie. Personne n'oserait lui reprocher de prendre soin d'elle et de s’enquérir des véritables sentiments de son petit ami.

Cependant, le petit regard pervers de Sloan fit frémir Andy qui se contînt avec excellence. L'envie de connaître les moindres détails des activités sexuelles de son aînée manquait à l'appel. Sérieusement, il y avait des choses que l'on préfère ignorer. Pourtant, Andy était loin de ne rien connaître de la vie et des vises qui l'habitent.

Le seuil franchi, elle avança vers le comptoir pour passer commande et prendre place. Ce soir, le bar serait plein comme tant d'autres soirs avant et après. Pour l'heure, des tabourets et chaises attendaient encore quelques culs pour les tenir au chaud.

"Ah les femmes...elles nous rendraient tous fous. " S'amusait Andy en posant un regard sur le barman un peu plus loin.

Aucune solidarité féminine ! Aucune! Pour l'instant, la perspective de prendre un verre avait toute son attention. Mais il faudrait attendre un peu pour l'avoir. Chacun son tour, et attention à ne froisser aucun soulard.

"C'était pendant ce fameux voyage?" Interrogea Andy en espérant bien en apprendre plus.

La curiosité, certes, mais sans devenir malsaine. Pour le moment, elle tâtait le terrain et souhaitait surtout en savoir plus sur Sloan, lui-même. Il était son ami après tout. Et puis,tant de monde rêvait de visiter New York. De l'autre côté des Etats-Unis tout promettait d'être plus grand et plus fou. Visiblement, Sloan avait trouvé ce qu'il cherchait. Finalement, le barman approchait enfin et Andy se commandait une bière. La seule et unique de la soirée. D'une part, elle ne tenait pas l'alcool. D'autre part, elle ne supportait pas l'idée de pouvoir terminer aussi pitoyable que son paternel, un ivrogne de bas étage. L'idée qu'elle se faisait de lui la rendait malade. Dire qu'une partie de ses gènes provenaient de ce sac à vin et que l'autre était cinglé. Quel beau mélange pour son avenir, quelle base merveilleuse pour commencer sa vie. Elle avait tiré le gros lot.

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Les deux étudiants entrèrent rapidement dans le bar avec la ferme intention d'en profiter. Sloan n'allait pas se mettre une murge, disons simplement qu'il allait se prendre une bière, voire même deux ou trois. Il avait des choses à dire à Andy et comptait s'amuser de la situation. Elle s'était fait passer pour un homme et ça, l'Eliot ne comprenait pas trop. Il ne l'avait pas remarqué avant et honnêtement, il ne savait pas pourquoi elle avait fait ça. C'était étrange de se faire passer pour quelqu'un d'autre. En fait, non. Ce n'était pas si bizarre que ça. Sloan se faisait également passer pour une autre personne. Ce petit délinquant prenait soin à se montrer sous une autre personnalité aux yeux des autres. Il se devait de passer pour le gars sérieux, travailleur et calme. Or, à l'intérieur de lui c'était une toute autre personne. Le beau brun restait, malgré tous ses efforts, un délinquant au passé lourd et douteux. Quoiqu'il en soit, sa transformation restait mentale et il excellait dans l'art de tromper le monde. Pourquoi Andy ne pourrait pas faire pareille ? Sloan ne l'avait pas cramé avant, elle pourrait duper pas mal de gens. Après tout, le beau brun n'a jamais été un fin observateur. C'était tout à fait possible. L'Eliot entra dans le bar juste après Andy, il la regarda de haut en bas. Effectivement, on pouvait deviner des courbes féminines cachées derrière tout un tas d'artifices. Il haussa les sourcils, il avait du mal à s'en remettre. Calmement, les deux étudiants se placèrent à une table, le serveur ne tarda pas à arriver pour prendre leur commande. Une bière, Sloan avait rêvé de cette bière toute la journée. Elle allait être la délivrance d'un travail acharné, il l'aura bien mérité. Andy passa commande, il fit de même. La petite soeur Granger le questionna alors sur son voyage. L'Eliot fronça les sourcils, il n'avait pas parlé de sa petite virée à New York. Étrange, elle était donc au courant de ce fameux voayge, Charline avait du lui en parler. Quoiqu'il en soit, il ne releva pas la tête à sa remarque. Pour ne pas éveiller les soupçons, il resta silencieux à ce sujet. « Ouais, j'ai proposé à Charline de m'accompagner à New York, chez mon beau-père. J'avais un truc à récupérer là-bas. » commença-t-il, le sourire aux lèvres. Sloan allait prendre un malin plaisir à parler de sa conquête. Il voulait torturer Andy et la mettre au pied du mur. Il ne lâchait pas la Granger des yeux et scrutait la moindre de ses réactions. « C'était dingue mon gars! Elle m'a chauffé toute la journée. » continua-t-il. Soan ne pensait pas un mot de ce qu'il disait sur Charline. Jamais il ne parlerait d'elle comme ça, il avait beaucoup de respect pour sa belle. Le jeune homme s'amusait juste de la situation et voulait voir comment sa soeur allait réagir face à un discours assez cru. C'était simplement et purement de la provocation. « Je l'ai culbutée dans la piscine, putain elle était grave bonne. J'en ai encore des frissons, vieux. » lança-t-il sans gène. Sloan avait un large sourire sur ses lèvres. Il savait pertinemment que des mots comme ceux-là avaient du mal à passer dans les oreilles d'une soeur. Il le faisait exprès pour la taquiner, pour tester ses limites. « J'ai rarement vu une chaudasse pareille. » dit-il avant d'éclater de rire. Evidemment, ses mots étaient forts voire même exagérés. Il ressentait des choses pour Charline et ne pouvait décidément pas parler d'elle comme ça. Au delà de vouloir se venger, son petit discours prenait des allures de jeu. « Ca fait une semaine que son corps me hante, j'arrive pas à la chasser de mon esprit. » conclu-t-il avant de voir arriver le serveur avec leurs deux bières. Ce dernier déposa les boissons sur la table et s'en alla. Sloan le remercia d'un simple merci. Rapidement, le beau brun prit la bière entre ses mains et la leva dans la direction d'Andy. « Aux femmes et au pouvoir de séduction qu'elles ont sur nous. » dit-il sur un ton amusé. Sloan fit ensuite un clin d'oeil à Andy, histoire de lui dire : cherche pas je t'ai cramé. Il détourna son regard quelques secondes avant de reporter son attention sur la soeur Granger. « Santé Andy ! » C'était bien la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Allait-elle deviner qu'il était au courant de son petit tour de passe-passe ? Sloan ne mit pas longtemps avant d'apporter la bière à ses lèvres et d'en boire une grosse gorgée. Oui, la soirée allait être mémorable.

Tout était tranquille. Une soirée sympathique en perspective jusqu'à la vision de Charline se faisant culbuter -pour reprendre le propos tenu par Sloan- dans la piscine. Diable. Le langage cru ne dérangeait en rien la brunette. Sa façon de s'exprimer arrachait les oreilles les plus prudes. Aussi, hors de question de reprocher à ce cher Sloan sa description de la scène. Heureusement, les détails furent épargnés à son imagination.

Sans avoir l'air perturbée, Andy fit tourner son verre frais entre ses mains. Cette habitude lui permettait de garder un peu de contenance pour aborder des sujets sensibles. Tourner et retourner le verre telle était sa petite manie. Elle avait été prise durant le boulot, lorsque les clients la bassinaient avec leurs affaires de cœur ou pire de fesses. Le regard restait sur Sloan, presque amusé de le voir si accro au corps de sa soeur. On aurait presque dit de l'amour, à croire qu'il ne pouvait plus se passer de Charline. N'est-ce pas mignon? A croquer? A faire des niaiseries?

Bien sûr, un jour ou l'autre, la vérité se saurait. Sloan comprendrait qu'Andy faisait partie de la famille de sa douce. C'était inéluctable. Malheureusement, et aussi stupide que l'idée puisse paraître, Andy craignait de voir Sloan s'éloigner d'elle parce qu'elle n'était pas un homme, parce qu'elle était moins bien que ce qu'elle laissait paraître dans cette fausse identité. Un poil sentimentale, la cadette des Granger s'attachait trop vite à ses amis, même si elle n'en montrait rien. Une émotion constituait une marque de faiblesse intolérable. L'amitié était la pire de toute, après l'amour.

"Tu as décroché le Jackpot on dirait, mec." Répondait simplement Andy en acceptant le jeu lancé par Sloan. "Faut la garder celle là."

Un peu d'influence ou une tentative pour connaître les intentions de Sloan envers sa soeur. Est-ce qu'il souhaitait seulement la sauter et la tringler dans toutes les pièces possibles jusqu'à épuisement du stock de désir ou attendait-il plus? Les mecs avaient tendances à crâner devant leurs potes et fanfaronner à souhait pour se faire passer pour le mâle alpha.

Au toast, la brune leva son verre pour le cogner contre celui de Sloan. Le rouge avait pris une fraction de seconde ses joues habituellement trop pâles. Les filles... Est-ce que Sloan avait remarqué les regards d'Andy sur quelques filles ? Il la prenait pour un  homme alors probablement qu'il trouverait ça normal. Pourtant, la brune ne réfléchissait pas ainsi. Non, une femme ne devait pas désirer une autre femme. C'était mal et surtout s'était s'exposer à des situations entravant son avenir et sa carrière. Comment se faire respecter dans un milieu violent si on la savait demoiselle et à tendance lesbienne? Ce n'était qu'une passade stupide. Bientôt, ses yeux n'auraient d'intérêt que pour les hommes. Pour passer son malaise, les lèvres d'Andy plongèrent dans la mousse.

Un blanc s'installait dans la conversation et Andy le réalisa à retardement. Le nez se redressa, accompagné d'un sourire.

"Ca fait une semaine que tu ne l'as pas revu? C'est clair qu'elle doit te manquer. Vu comment tu en parles, j'attendrai pas une semaine sans la voir. "

Et puis... un éclair de lucidité traversa l'esprit d'Andy. Un truc idiot. Un truc qu'elle n'avait pas l'envie de prononcer et pourtant, ses lèvres bougèrent malgré elle.

"Et oublie pas les protections. C'est pas le moment de faire un marmot. Après, t'es mort. Coincé à vie et fini les soirées, les voyages, les études et la belle vie. On est trop jeune pour ces conneries."

Elle avait parlé trop vite, beaucoup trop vite. Le terrain devenait glissant et elle sentait qu'elle perdait pieds. Le sujet la touchait de beaucoup trop près. Son gamin devrait avoir quatre ans et elle, elle devrait être en train de trimer jour et nuit pour lui payer à bouffer et des vêtements. Au lieu ça, elle avait un job de merde, terminait seule chez elle et peinait à payer l'université. Une vie de merde pour une autre... super. Ses doigts avaient serrés avec force son verre au point que les phalanges blanchirent un temps. Dans un raclement de gorge, sa contenance réapparu enfin. Elle eut même un rire en prononçant la suite.

"Hey... en plus t'en as à tous les goûts alors...des capotes, pas des bébés. Enfin tu vois... ca sera toi qui sera grave bon! Parce que tu mets la protection pas parce que tu es beau... T'es pas moche mais, tu vois quoi. Goût fraise c'est meilleur...je crois. J'ai pas goûté mais une bite ça doit pas être super."

C'était pas drôle Andy... Faut arrêter l'humour. Chut tais-toi. En plus, elle imaginait d'autres choses à présent et l'idée lui donna presque la nausée. Heureusement, le self-control qu'elle exerçait sur elle-même restait immense. Enfin presque...

"Y fait chaud non?" Finissait Andy pour tenter de se rattraper aux branches. "Ca doit être la bière."

Ou tu t'enfonce dans les profondeurs des ténèbres au choix.

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Le jeu commençait à peine, Sloan venait de lancer les hostilités et il n'était clairement pas décidé à la laisser tranquille. Le sourire installé confortablement sur ses lèvres, il parlait librement de Charline, sa princesse. Jamais il ne pourrait penser ce qu'il venait de dire mais c'était marrant d’exagérer les propos, de déformer en quelque sorte la réalité. La brunette était super canon, le jeune homme ne pouvait pas le nier. Elle avait de très belles formes et sa silhouette le faisait juste fantasmer. Il gardait en mémoire les nuits torrides qu'ils avaient passés ensemble, que ça soit au Chili, dans sa chambre d'hôtel ou encore dans la piscine à New York. Elle aimait l'eau et Sloan aimait son corps de rêve. Une équation parfaite pour un duo parfait. L'Eliot avait beaucoup de mal à mettre des mots sur la relation qui l'unissait à la belle Granger. Il ressentait des choses pour elle mais c'était tellement fort et fragile à la fois. Il éprouver des sentiments, c'est clair. Dire le contraire serait pure mensonge. Mais de là à employer le mot amour, Sloan n'en était pas encore là. L'idée de s'engager le traumatisait un peu. Dans le passé, il s'était déjà mis plusieurs fois en couple mais jamais il n'avait prononcé les trois petits mots, je t'aime. Il avait réussi à esquiver le sujet jusqu'à présent, il attendait simplement la bonne personne pour le dire. En quelque sorte, le jeune homme était un handicapé des sentiments. Entre ça et sa bipolarité qui ne faisait que progresser, il était bien garni le pauvre. Incapable de gérer ses émotions, il essayait de les canaliser sans vraiment y arriver. Ce soir il était tranquille dans ce bar et comptait bien en profiter pour passer un bon moment avec Andy. Son ami Andy. Cette dernière était ni plus ni moins que la petite soeur de sa belle. Sloan l'avait appris un peu par hasard. Elle avait envoyée un message à Charline lorsqu'ils étaient à New York et il était tombé dessus. C'était étrange comme sentiments, l'Eliot se sentit d'abord trahi par son pote puis finalement, après réflexion, c'était plutôt amusant. Il n'avait rien calculé du tout, c'était bien joué de la part du travelo Granger. Cette pensée le fit sourire. Son petit commentaire également. En effet, Sloan semblait avoir décroché le jackpot avec sa brunette. Contre toutes attentes, il afficha un sourire sincère sur ses lèvres. Au moins, il savait que les deux soeurs étaient encore en bon terme. Il savait la complexité qu'avait cette famille à rester unie et ignorait tout de leur relation actuelle. Andy lui conseilla de garder Charline pour lui. Il ne répondit pas à cette remarque qui était plus que légitime. Le toast qu'il porta à l'attention des femmes fit son petit effet et les pommettes d'Andy devinrent rapidement rouge. Sloan s'amusait de la situation, il rigolait intérieurement. Il aurait voulu lui demander si quelque chose n'allait pas mais il ne le fit pas. Il n'était qu'au début de son petit jeu et voulait clairement en profiter pour se venger. Andy lui demanda ensuite depuis combien de temps il ne l'avait pas vu. « Oui, une semaine. C'est vrai que je pense beaucoup à elle mais je laisse le manque s'installer entre nous. Enfin, tu sais ce que c'est avec les femmes. » répondit-il, le plus naturellement possible. Et non, Sloan ne disait pas que des conneries. Il savait aussi être sincère dans sa connerie. Charline occupait la plupart de ses pensées et inconsciemment, il venait de l'avouer. Andy embraya directement sur le fait d'avoir des rapports protégés. L'Eliot fronça les sourcils à sa remarque. Il ne s'attendait tellement pas à ça. « En effet. » lança-t-il avant d'attraper sa bière et de l'apporter à ses lèvres. Il en oubliait presque qu'Andy était sa petite soeur, c'était un sujet vraiment délicat, même pour lui. Enfin, des deux étudiants, la plus gênée restait Andy. Elle était devenue rouge écarlate. Une réaction tellement prévisible pour une fille. Sloan manqua de s'étouffer en entendant la Granger parler de capote à la fraise. Il la laissa terminer son petit monologue, il essayait simplement de reprendre son souffle. Il toussota bruyamment avant de passer son avant bras sur ses lèvres pour essuyer la bière qui s'était échappée malencontreusement de sa bouche. « Putain Andy, préviens moi la prochaine fois que tu voudras dire une connerie pareille. J'ai failli mourir. » dit-en en explosant de rire. C'était juste énorme. Andy semblait tellement gênée, elle était devenue si rouge, elle allait bientôt exploser. Elle prétexta les effets de l’alcool pour justifier ses propos hilarants. « Ouais c'est ça, c'est la bière. » lança-t-il ironiquement. Sloan rigolait, ça lui faisait un bien fou de pouvoir se détendre comme ça. Il ne lâchait pas Andy des yeux, plus il la regardait et plus elle rougissait. « C'est bon, t'as plus rien à dire, je peux boire ? » demanda-t-il subtilement avant de boire tranquillement une gorgée de sa bière. Il se racla ensuite la gorge, il s'était fait mal ce con. Quoiqu'il en soit, il voulait pousser le vice un peu plus loin. Sloan sortit son portable de la poche de son jean et afficha un petit sourire narquois. « Attends, tu veux avoir vraiment chaud ? J'ai un truc à te montrer. » dit-il en parcourant son téléphone. Il ne mit pas longtemps à afficher une photo et tendit le portable à Andy. « Regarde-moi cette déesse. » continua-t-il d'une voix charmeur. Et en effet, était affiché sur le portable de Sloan, une photo de Charline. Mais attention, pas n'importe quelle photo. Imaginez un peu cette photo. Il faisait presque nuit, seul la lune éclairait le paysage. C'était au bord d'un lac, on pouvait distinguer un ponton et une fille au bord. Elle se trouvait de dos, vêtue simplement d'un bas en dentelle. Les cheveux détachés, les bras levée. Cette photo était juste magnifique. L'Eliot l'avait gardé exclusivement pour lui. Et oui Charline, Sloan avait eu le temps de la prendre en photo juste avant qu'elle ne plonge dans le lac, juste avant leur première fois au Spring Break. Il leva les yeux pour guetter la réaction d'Andy. En réalité, le jeune homme tenait beaucoup à cette photo. Andy pouvait la supprimer, il l’avait déjà copié sur son ordinateur. Curieux de connaître la réaction de la soeur Granger, il continua dans sa lancée. « C'est pas tout, il y en a une deuxième, fais défiler. Je te la montre parce que j'te confiance mais tu gardes ça pour toi. » dit-il calmement. Il attendait avec impatience qu'Andy change de photo. Il avait fait exprès de prendre sa soeur en photo lors de leur petite virée à New York. Charline était allongée sur le lit, elle semblait dormir. Elle était complètement nue mais la position de ses bras et de ses jambes était telle qu'on ne voyait absolument rien. C'était simplement subjectif. La photo était vraiment belle et encore une fois, la lumière de la cheminée laissait apparaître une fille d'une extrême beauté. Sloan changeait son sourire pour un petit rictus sur le coin de ses lèvres. Tout ceci dépassait le simple jeu. Il tentait le tout pour le tout avec cette dernière phrase. « Et je ne t'ai pas tout dit. Il paraît qu'elle a des soeurs, si elles sont aussi bonnes que Charline, je vais me faire plaisir. » lança-t-il d'un calme déconcertant. Alors Andy, on rigole moins déjà ? Sloan était plutôt satisfait de sa connerie, il allait à présent la laisser se démerder avec tout ça.

Comment ça les hommes ne parlent jamais capotes? Et toutes les fois où les mâles se tapaient dans le dos en se rappelant de ne surtout pas mettre un polichinelle dans le tiroir de sa gourde de passage, celles où ils conseillaient des méthodes contraceptives douteuses comme la double capote? Ca ne compte pas? Hum, elle devrait revoir la psychologie de son personnage tout compte fait! Elle avait probablement trop regardé de films stupides.

Dans un soupir, Andy laissa Sloan se reprendre. Elle ne maugréa qu'un bruit de fond à peine audible en buvant une petite gorgée de sa bière. En plus, c'était dégueulasse cette boisson. Cette soirée se transformait en calvaire et se fut avec une certaine réticence qu'Andy porta son regard sur la portable de Sloan. La photographie n'avait rien de choquante dans un premier temps. Au contraire, une esthétique romantique en ressortait. Aucune nudité foisonnante, aucune pornographie, juste du charme et de la sensualité. La façon dont il était parvenu à capter l'instant démontrait un œil passionné et potentiellement amoureux. L'instant magique avait été capté. S’immiscer ainsi dans la vie de sa soeur dérangeait Andy sans pour autant la troubler ou la mettre mal. Mais la plus grande interrogation demeurait. Dans quelle direction la conduisait Sloan? Les images avaient été prises en traite, Charline ne le savait peut être même pas. Que comptait-il faire de ça? Pourquoi les montrer à des potes? Est-ce qu'il les faisait tourner pour que d'autres matent en douce? A l'évocation d'une autre photographie, potentiellement plus chaude, Andy ne pu se résoudre à faire défiler. Et si c'était une photographie nue, ou sexuelle? Qu'est-ce qu'il faisait à sa soeur? Est-ce qu'il la prostituait dans son dos? Le cerveau d'Andy galopait tout seul, s'imaginant le pire. L'alcool n'avait jamais été tenu par brunette. Une demi verre suffisait à la rendre paranoïaque, raison pour laquelle, elle ne buvait jamais ou presque.

Les autres soeurs? Les sauter aussi? Et puis quoi encore? Il n'en fallu pas plus. Prise entre deux feux, Andy ne su comment réagir dans l'immédiat. N'importe quel crétin aurait pris son poing dans le nez avant de se faire fracasser la tronche à coup de verre de bière. Si elle était une femme, sa façon de combattre n'avait rien de féminine. Coups de poings, de pieds, de tête et de tous ce qui passeraient entre ses mains. Mais Sloan était son ami et celui de sa soeur. Au fond, elle tenait à lui et frapper une personne qui lui était cher ne pouvait passer. Impossible de lui faire du mal et pourtant, son sang frappa une fois de trop ses tempes. Le portable connu une chute pharamineuse dans le verre de bière qui déborda sous l'impacte.

Aussitôt, les mains d'Andy avaient agrippé le col de Sloan dans une force peu commune pour une fille de son gabarit. Elle bondit d'un coup d'un seul utilisant son appui sur Sloan et celui de la barre de son tabouret pour littéralement glisser sur la table et les faire basculer, elle et lui en arrière.

"TOUCHE PAS MES SOEURS S'PECE ... TU VAS PROSTITUER D'AUTRES MEUFS OU JE TE... JE VAIS FAIRE BOUFFER TON PORTABLE! ET JE VAIS TE PRENDRE EN PHOTO AVEC LE MIEN PUIS JE VAIS L'ENVOYER A MES SOEURS. CA TE FERAIT PLAISIR?? HEIN? HEIN?" S’égosillait Andy, postillonnant parfois, secouant beaucoup. Certains mots avaient été bouffés sous la colère et manquaient à l'appel.

C'était ça Andy. Une impulsivité et une faculté à passer d'une émotion à une autre en un claquement de doigt. Certains la disaient tarés, peut être qu'ils n'avaient pas tord. Disons, qu'elle se jugeait plutôt comme passionnée et entière.

"Tu veux que je photographie ton cul, moi aussi? Devant tous le monde là, ca sera plus marrant!" Continuait-elle en le secouant, sans jamais le cogner, non. En revanche, elle semblait prendre au mot son propos et tirait avec force sur le pantalon de Sloan pour le faire descendre. Visiblement, l'idée de le déculotter n'était pas de vaines paroles. Oui, oui, elle avait littéralement péter les plombs.

Life is an awful, ugly place to not have a best friend

Les mots de Sloan étaient forts, c'était d'ailleurs un peu abusé de sa part de parler ainsi de Charline. Il ne voulait pas se faire les soeurs de la brunette, bien au contraire, c'était une parole en l'air. A part Andy maintenant, il ne connaissait pas du tout la famille Granger et cela ne l'intéressait pas plus que ça. Il ignorait combien ils étaient, c'était vraiment le cadet de ses soucis. Non, pour l'instant, le beau brun n'avait qu'une seule idée en tête : se venger. Bon, le mot vengeance était peut-être un peu fort dans le cas présent. Disons qu'il voulait qu'Andy se dévoile d'elle même. Elle l'avait manipulé en se faisant passer pour un homme. Il faut quand même avouer que Sloan n'y avait vu que du feu. Il n'était pas de nature très observateur et ne se contentait de retenir que le plus intéressant pour lui. Il était l'archétype même du mec qui s'en fou. Bref, l'Eliot regardait Andy et ne voulait perdre aucune miette de la scène qui allait suivre. Il était tellement loin de s'imaginer que la brunette était du genre, sanguine. Il venait de la piquer à vif, directement sur sa famille. Le quiproquos fut tellement intense. Sloan connaissait la vérité sur Andy mais cette dernière l'ignorait totalement. Le rouge lui montait rapidement aux joues et elle ne mit pas longtemps avant de sauter au coup du beau brun. Non pas pour l'embrasser ou pour le câliner. Non, juste pour lui attraper le col du t-shirt et l'insulter de tous les noms. En la voyant s'approcher aussi brutalement, Sloan eu un mouvement de recul et chavira vers l'arrière. Il n'était pas habitué aux rapprochements inattendus et sa bipolarité n'arrangeait rien dans cette histoire. Il restait très instable mentalement et la moindre parole, le moindre geste inhabituel pouvait le faire entrer en crise. Et franchement, ce n'était ni le lieu, ni le moment pour faire une crise de bipolarité. Il ne voulait pas s'énerver contre Andy et encore moins contre lui. Mais bon, il fut quand même très surpris de voir débarquer la Granger sur lui. Elle n'avait pas prévenu et s'était jeté dessus comme la misère sur le pauvre monde. Elle lui hurlait des paroles incompréhensibles, lui crachait limite à la figure. Sloan ne bougea pas et attendit qu'elle se calme. Mais c'était sans compter une autre réaction excessive de la part Andy. Elle essaya à présent de lui enlever son pantalon pour qu'il se retrouve les fesses à l'air. La première réaction du jeune homme fut de froncer les sourcils. De où elle le touchait comme ça. On aurait dit une enragée du bocal. « Dégage ! » grogna-t-il avant de la faire reculer d'un revers brutal de la main. Sloan ne supportait pas qu'on le touche, c'était plus fort que lui. Il devait laisser une distance entre son corps et ceux des autres. Bon, mise à part quelques rares exceptions, bien sur. De force, Andy recula de quelques mètres, un peu d'espace n'était pas de refus. « Calme toi Granger ! » dit-il d'un ton très sec. Sloan voulait bien plaisanter mais là non. Certes, il avait été trop loin dans ses propos mais cela ne justifiait pas une telle réaction. Surtout qu'à la base, Andy était quand même une fille. Elle avait réussi, avec un peu d'aide de l'effet de surprise, à le faire basculer en arrière. Décidément, elle n'avait rien en commun avec Charline. Sloan préférait de loin la douceur et l’apaisement de sa princesse. Leur petite altercation avait attiré l'attention des gens qui étaient présents dans le bar. L'Eliot s'en foutait royalement des autres et heureusement pour lui. Une fois que la soeur Granger fut relativement calmée, Sloan reprit sa place sur la chaise et se râcla la gorge pour essayer de se calmer un peu. Ils devaient avoir une discussion, le moment était venu pour eux de parler. « Si tu veux une photo de mes fesses, va sur instagram, il y en a plein. » dit-il sur un ton assez désagréable. En fait, Sloan n'était pas pudique mais alors pas du tout. Et en soirée, il finissait souvent à poil lorsqu'il avait trop bu. C'était comme ça, un délire avec ses potes, fallait pas chercher plus loin. Bref, sans plus attendre, il attrapa son portable du bout des doigts et le sortit du verre de bière. Sloan ne regardait pas Andy et heureusement pour elle car son regard était glacial. Il retira donc son portable du verre et le démonta, il enleva mécaniquement sa puce ainsi que sa carte mémoire qu'il fourra dans la poche de son jean. L'Iphone était complètement foutu, il avait prit le liquide donc c'était mort pour lui. Sloan leva les yeux vers Andy et replongea le portable dans son verre. « Je pense qu'on est d'accord pour dire que tu as assez bu pour ce soir. » lança-t-il sur un ton beaucoup plus doux. Il haussa un sourcil en voyant son portable dans le verre. Non mais quel gâchis quand même. Andy avait beau réagir sous la colère, elle n'avait pas à faire ça. Elle allait le payer un jour ou l'autre. Sloan n'aimait pas le monde du luxe et n'aimait pas qu'on gaspille l'argent. Et là clairement, Andy venait de foutre 700 Dollars dans une bière. Elle allait s'en mordre les doigts. « C'est bon, t'es calmée ? » demanda-t-il avant de boire une gorgée de sa bière qui elle, était vide de téléphone. « Je sais qui tu es Andy donc c'est plus la peine de te faire passer pour un mec, ça ne marche plus. Maintenant, j'aimerais savoir ce qui t'as poussé à faire ça et pourquoi spécialement avec moi alors que tu savais que je me rapprochais de Charline ? » demanda-t-il d'un calme déconcertant. Sloan était devenu très sérieux, il voulait des réponses à ses questions et ne comptait pas la lâcher tant qu'il ne les aura pas eu.

La colère soulevait son corps avec force. Rien, plus rien ne parvenait à lui emplir la tête hormis cette rage farouche dont Sloan était devenu la cible. Une main la repoussait mais l'adrénaline provoquée par son excès de rage la boostait effroyablement. Deux mains dans son dos la soulevèrent Surprise par l'intervention un malheureux client, elle relâcha sa prise avant de repousser avec violence l'intrus.

"Fou moi la paix, c'est bon. Je suis calme." Pesta Andy entre les dents pour le nouveau venu qui lui intimait de se "détendre".

Elle n'était peut être une fille mais l'art du combat ne lui était pas inconnu. Sa moindre force pouvait parfaitement se compenser autrement avec un peu de jugeote. Mais là n'était pas la question car son intention de s'en prendre à Sloan s'envolait au loin. Inutile de lui faire mal, même si elle n'était plus très sûre d'avoir envie de le laisser s'en tirer comme ça.

"Je m'en fou de ton cul. Je veux que tu ...!" Maugréa Andy en serrant les poings.

Le regarder reprendre sa carte sim et mémoire dans son portable raviva la flamme de sa colère et stoppa net sa phrase. Posant son cul sur le tabouret en face de son ami, elle plaqua les mains à plat sur la table. Une profonde inspiration suivait une autre dans une recherche de calme. Malheureusement, ses crises de nerfs étaient assez récentes et leur faire face constituait une nouveauté déstabilisante pour Andy. Elle se surprenait elle-même à  avoir agit ainsi. Pourtant, son regard fulminant ne désemplissait pas. Si Sloan jouait dans la froideur, elle, elle tapait dans les flammes de l'enfer. Si elle était calmée? Un regard sur elle suffisait pour comprendre que non. La respiration toujours saccadée, les mains qui s'agitaient autour du portable de Sloan, plus dans le but de s'occuper les mains que de le sécher. Elle aurait dû lui piquer sa carte SIM. Sa stupidité pourrait coûter gros à Charline. Bousiller 700 dollars, ce n'était rien pour sauver sa soeur de la perversité de Sloan. Se rendait-il seulement compte de ce qu'il pouvait créer avec ses images de Charline? Savait-il ce que c'était pour une femme de terminer dénudée sur le net ou dans les mains d'inconnus? Savait-il quel genre de perversité pouvait s'éveiller chez les mâles qui s'imaginaient croiser une fille facile? Comment ils pouvaient réagir avec violence s'ils pensaient un instant qu'une fille qui se dénude devant un écran leur refusait des faveurs? Connaissait-il la médisance des autres femmes envers celles qui crachaient sur leur fausse dignité en tissu? On la traiterait comme une pute. On lui ferait du mal. On la trainerait dans la boue. Hors de question que Charline subisse tout ça pour un photographe en herbe!

Un silence s'instaurait alors qu'elle séchait méthodiquement le portable de Sloan. S'occuper la tête et les mains l'aidait à reprendre ses esprits. Si un mot n'osait sortir de sa bouche, ce n'était que pour être sûre de ne pas à nouveau céder à la colère. Elle avait besoin de se calmer, surtout que Sloan venait de lui jeter plus qu'une bombe à la figure. Ses mains tremblaient tant sous l'agacement -euphémisme- que la douleur. Sans bien le réaliser Sloan mettait le doigt sur un sujet sensible et qui dépassait Andy. Son poing tapa la table sans même qu'elle ne le réalise. Fermant les yeux, une profonde inspiration reprit pour l'apaiser. Pourquoi perdait-elle tout contrôle d'elle-même lorsque l'on touchait à sa famille ou à son genre? Les efforts de self-control redoublaient pour ne pas à nouveau littéralement céder à la folie. Elle redressa la main pour signaler à Sloan qu'elle n'avait pas eu l'intention de devenir violente et qu'elle se reprenait à nouveau... tant bien que mal. Une excuse muette et déguisée en somme.

"Ne change pas de sujet." Murmura la brunette en reprenant une profonde inspiration. "Je m'en fou de ce que tu crois savoir ou de ton avis pour le moment. On parlait du cul de ma soeur et j'ai pas l'intention de te laisser l'afficher partout. Si tu veux foutre tes fesses sur instagram c'est ta merde mais tu laisses celles de Charline tranquille... sauf quand elle veut que tu t'en occupes."

Si Sloan voulait des réponses à ses questions, il devait d'abord rassurer Andy quant à ses photographies et surtout sa façon de voir Charline qui restait la priorité aux yeux de la cadette Granger. La folle furieuse qu'elle était restait bloquée sur cette situation et plus le blocage persistait plus sa maîtrise d'elle-même s’amenuisait. Dans cet état, impossible de connecter deux neurones pour comprendre que Sloan n'avait fait que la provoquer, que tout ça n'était qu'une mise en scène.

Life is an awful, ugly place to not have a best friend

Voilà, la vérité venait d'éclater entre les deux. Plus de barrière, elle savait qu'il était au courant et de son côté, Sloan avait pu enfin se livrer. Bon d'accord, la méthode laisse peut-être à désirer mais c'était du Sloan tout craché. Il ne faisait pas dans la demi-mesure. C'était tout ou rien. Résultat, il avait failli se faire violer sur place et venait de perdre son portable. Super, bravo Bushnell, bien joué. Alors qu'Andy séchait son portable, il jeta un regard dans sa direction et ne comprenait toujours pas sa réaction. Pourquoi s'être fait passé pour un mec, pour son pote ? C'était vraiment très étrange et cela vexait un peu le beau brun qui se sentait un peu manipulé. Cela aurait surement duré encore longtemps s'il n'avait pas découvert la supercherie, un peu par hasard. La Granger était en colère, ils étaient deux comme ça. De son côté, l'Eliot essayait de garder le contrôle de soi même. Pas facile pour un bipolaire en puissance. Il essayait tant bien que mal de ne pas réagir, de rester le plus neutre possible. La colère l'avait envahi au moment même où Andy avait posé ses mains sur lui. Franchement, elle avait de la chance qu'il ne lève pas la main sur elle, c'était clairement limite. Sloan essayait de sauver les apparences et c'est pour cette raison qu'il pouvait apparaître comme serein. Alors que pas du tout. Il bouillait à l'intérieurement. Andy changea rapidement de sujet et embraya sur les photos de Charline. Elle parlait des fesses de sa soeur. Sloan resta neutre mais l'envie de sourire malgré la colère était bien présente. Bordel, la soeur Granger avait des fesses à damner un saint. Le jeune homme aimait particulièrement les agripper. Bref, c'est un autre sujet. Il arqua un sourcil en restant le plus neutre possible. « Redescend Granger ! » dit-il sur un ton assez agressif. Il n'aimait pas du tout la tournure que les choses étaient en train de prendre. Il n'était pas à son procès mais à celui d'Andy. Sloan aimait avoir le dessus et il n'allait certainement pas lui laisser l'avantage. C'était clairement un dialogue de sourd entre les deux. Chacun voulant avoir le dernier mot. A ce petit jeu, l'Eliot était plutôt fort. « Je ne suis pas débile Andy. Je sais les répercutions qu'une telle photo peut avoir. Mais tu n'obtiendras rien de moi tant que tu ne m'auras pas répondu clairement. » dit-il d'une voix froide et cynique. Il ne rigolait plus, le jeu était terminé depuis longtemps et la simple amitié avait était largement dépassé. Fille ou mec, Sloan s'en foutait, il ne voyait qu'une seule chose : qu'elle lui réponde. Ensuite peut-être il se montreras coopératif. Surtout que le jeune homme n'allait pas faire circuler ces photos, il respectait énormément Charline pour ça. « Je ne me répéterais pas une troisième fois, qu'est-ce-qui t'as poussé à te faire passer pour un mec ? Pourquoi avec moi ? Je suis clair ? » lança-t-il, toujours sur le même ton glacial. Sloan ne rigolait pas du tout et sa patience avait des limites. A elle de voir pour la suite des événements mais si elle ne lui répondait pas, elle allait juste le regretter. Le beau brun avait pour habitude de réagir sans réfléchir mais là c'était tout vu. Si Andy ne lui répondait pas, il quittait ce bar et c'était la dernière fois qu'elle le voyait, clairement.