SOLIMAN ❧ La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance.

En sentant ses doigts s'entrelacer avec les miens, je frémissais, j'étais heureuse qu'il ne m'est pas laissé tomber. Il aurait très bien pu partir et me laisser seule ici perdue si je ne l'avais pas empêché. Sa peau était douce et son sourire me rendait dingue. En sa présence, je souriais toujours bêtement, j'avais vraiment l'air d'une idiote mais à ses côtés je me sentais humaine, importante et c'était quelque chose que j'appréciais. Je n'avais pas beaucoup d'amis, j'étais surtout connue dans l'université pour mes coups d'un soir, les mecs ne savaient pas tenir leur langue et je me retrouvais toujours charriée par des hommes que je ne connaissais même pas. Je n'aimais pas spécialement ma vie, mais certaines de mes fréquentations étaient essentielles à mon quotidien. Je ne me voyais pas sans Soliman, car lorsque j'avais fait sa rencontre, je l'avais directement trouvé intéressant, ce n'était pas le genre de mec à parler sport toute la journée, c'était ça que j'appréciais chez lui. Des fois, je me dis que j'aimerais bien être en couple, être heureuse et amoureuse, histoire de voir ce que ça fait, mais je n'en ai encore jamais eu l'occasion malheureusement. Je tenais fermement sa main, je n'avais pas envie de la lâcher. « Je vais très bien aussi. » Si je me serais trouvé en présence d'une autre personne et qu'on m'aurait demandé comment j'allais, j'aurais certainement répondue la même chose, mais je n'aurais pas été sincère, alors qu'avec Soliman, je n'étais plus moi-même.

Blaine était clairement une tentatrice, celle qui me donnait envie de foncer tête baissée dans de nouvelles aventures alors que c’était clairement dangereux, avoir des sentiments ça faisait toujours du bien au début mais à la fin on se retrouvait seul avec uniquement ses propres yeux pour pleurer parce que les histoires d’amour finissaient rarement en happy-end comme à la télé. Je n’étais pas vraiment expérimenté lorsqu’il était question de relations sérieuses, le sexe n’avait plus aucun secret pour moi tellement je le pratiquais depuis la fin du lycée mais lorsqu’il était question d’écouter son cœur tout était plus complexe et avec Blaine cette complexité semblait disparaitre, je me sentais juste euphorique, heureux d’être à ses côtés retrouvant en quelque sorte le contenu pour reboucher les trous qui s’étaient incrustés dans mon cœur pendant toutes ces années. Etrange je vous l’accorde et j’étais le premier à me rendre compte de la stupidité de mes propos mais c’est comme ça que je ressentais les choses et c’était assez rire pour le souligner. « Je vais très bien aussi. » Je tournais la tête vers elle n’arrêtant pas de sourire, j’étais content si elle allait bien, le contraire m’aurait tout de suite touché. « Super… Ton summer camp est bien ? » Ou comment tourner autour des choses plus intéressantes.

J'étais une fille franche et dire la vérité était quelque chose d'important pour moi, c'était essentiel pour ne pas passer pour une fille qui passait sa vie à cacher des choses pour ne pas faire du mal aux autres. Je n'étais pas une balance et quand on me confiait un secret, je restais muette comme une tombe, cependant si j'avais quelque chose à dire sur la personne, je ne mâchais pas mes mots, je préférais l'avouer plutôt que de faire la faux-cul dans le dos de la personne, ce n'était pas moi tout ça. En revanche, je n'avouerais certainement jamais mon attirance pour Soliman, il était simple d'esprit et c'était ça qui me plaisait chez lui. Je savais qu'il pouvait avoir toutes les filles qu'il désirait alors pourquoi je m'intéressais à un garçon comme ça, c'était insensé, j'en étais consciente mais c'était plus fort que moi. Passer du temps avec lui me rendait heureuse et du moment qu'il allait bien, c'était la seule chose qui m'inquiétait. « Ça va, j'ai fait de bonnes rencontres et je m'amuse plutôt bien.. et toi? » Les filles avec qui je partageais ma chambre était plutôt gentille et les activités que l'on pratiquait étaient très amusantes.

Le chemin du retour n’était pas le plus court pour dire vrai et ça avait quelque chose de plaisant puisque je n’avais aucune idée de ce que Blaine comptait faire une fois la forêt derrière-nous, si elle était toute seule c’était en partie parce qu’elle était perdue et pas parce qu’elle désirait par exemple prendre l’air, réfléchir toute seule ou quelque chose dans le genre. Je profitais de ce petit moment passé ensemble le savourant à sa juste valeur et prenant même un plaisir sans culpabilité à me perdre dans ses yeux, il était difficile de comprendre pourquoi est-ce que Blaine était une telle source d’importance alors que je pouvais avoir une centaine de filles rien qu’en claquant des doigts, la popularité avait des avantages même si je n’en profitais pas pleinement, j’avais usé de mes charmes pendant un certain temps enchainant les coups d’un soir mais la lassitude m’avait vite gagnée comme lorsqu’on obtenait quelque chose, on s’en servait toujours au début et après on n’y faisait même plus attention. « Ça va, j'ai fait de bonnes rencontres et je m'amuse plutôt bien.. et toi? » Je souriais, content que son été soit un succès, le contraire aurait été vraiment navrant. « Je profite à fond de mes amis et des personnes inconnues pour faire deux trois nouvelles connaissances… J’espérais même croiser ton chemin tôt ou tard et c’est fait, j’ai atteint tous mes objectifs des vacances. » Je lui adressais un petit regard amusé baissant la tête au bon moment puisqu’elle s’apprêtait à mettre les pieds dans un trou. La saisissant par le bras je venais complètement l’écraser contre mon torse. « Attention, les trous c’est dangereux pour les chevilles, c’est comme ça que les connasses sont assassinées dans les films d’horreurs ! » Je lui adressais un nouveau sourire appréciant cette proximité.

En tout cas j'étais certaine de ne plus m'aventurer dans la forêt, surtout en pleine nuit parce que si je n'avais pas croisé Soliman, j'aurais sans doute passé la nuit dans cet endroit, assomé par quelques branches que je ne voyais pas dans le noir. Je serais sorti de cette forêt dans un état vraiment pitoyable, j'aurais eu l'air de quoi moi? A force de coucher avec des garçons, je n'étais plus heureuse, au début ça me plaisait, l'instant était magique puis après la réalité s'installait et tout redevenait aussi minable. Je ne détachais pas mon regard du jeune homme, il était parfaitement proportionné et j'avais eu l'occasion de le voir pendant nos ébats. Je ne passais pas le plus bel été mais les moments avec Soliman restait les meilleurs, je m'évadais avec lui, je me sentais comblée. « J'aime passer du temps avec toi Soliman tu sais. » J'avais lâché ça d'une voix tellement douce que je m'étais surprise moi-même. Il avait de l'importance pour moi et ces propos me confirmait que c'était réciproque, ce qui me faisait sourire. Me saisissant par le bras, je me retrouvais blottie dans les bras musclé du jeune homme, mon regard se perdait dans le sien, j'étais captivée par son regard et je n'arrivais pas à m'en détacher. « C'est vrai, et j'aurais pu être dans la même situation qu'elles. » Je ne bougeais pas, nous avions arrêté de marcher et j'avais l'impression que le temps s'était arrêté.

Cette forêt je commençais à la connaitre comme ma poche, un mois ça me suffisait amplement pour m’approprier les lieux même si je n’étais jamais parti trop loin avec mes potes, on s’arrêtait généralement à quelques mètres plus loin de l’endroit où j’avais trouvé Blaine, là-bas il y avait une sorte de petite clairière dans laquelle nous étions tranquilles pour rigoler, boire ou fumer pour ceux qui se droguaient ce qui n’était pas mon cas, quelques cigarettes d’accord mais jamais de drogues, un principe de base chez moi que je ne comptais pas transgresser. « J'aime passer du temps avec toi Soliman tu sais. » Je tournais la tête pour pouvoir la regarder, sentant mon cœur qui s’emballait sous ses paroles, j’étais en quelque sorte touché par ses propos et c’est peut-être pour ça que j’avais vu le trou sous son pied. A présent collée contre moi je la prévenais avec humour que c’est toujours les trous dans le genre qui signaient la mort d’une fille dans les films. « C'est vrai, et j'aurais pu être dans la même situation qu'elles. » Mes mains contre sa taille je me perdais rapidement dans son regard. « Impossible, je suis ton super héros sinon ! » Je lui adressais un nouveau sourire ne bougeant pas d’un poil.

Nous étions collés l'un contre l'autre et aucun de nous deux ne bougeait. J'étais blottie dans ses bras et de là je pouvais sentir son odeur, son parfum qui sentait divinement bon. Je pouvais également sentir ses muscles contre moi, il avait un corps tellement parfait, je le connaissais à force de passer mes nuits avec lui. Je connaissais ses points sensibles et vice versa. Je me perdais dans son regard, gardant mes bras dans son dos. Je descendais l'une de mes mains afin d'attraper la sienne, j'entrelaçais mes doigts avec les siens sans le quitter du regard. Je mourais d'envie de sentir ses lèvres contre les miennes. J'esquissais un léger sourire à sa remarque, frissonnant légèrement au contact de son corps contre le mien. J'avais toujours rêvé de me retrouver dans une telle situation, mais je n'aurais jamais imaginé que ça se passerait pour de vrai. Avec lui j'étais plus faible, plus sensible et surtout plus calme. Je n'osais pas bouger, je n'en avais pas l'intention, je préférais me perdre dans son regard plutôt que de bouger ne serait-ce qu'un pied.

Nous étions dans une situation vraiment étrange avec Blaine, j’étais en quelque sorte vexé qu’elle ne s’intéresse plus à moi depuis quelques temps et à présent nous étions dans les bras l’un de l’autre parce qu’elle avait manqué de se prendre une gamelle qui aurait été mémorable. Je ne savais plus exactement ce que je devais faire à part peut-être sombrer dans son regard envoûtant. C’est ce que je faisais depuis quelques minutes, ma main dans celle de cette dernière alors que nos corps étaient à deux doigts d’être suffisamment collés pour que nos lèvres puissent en faire autant. Soudainement quelque chose craquait derrière nous, je tournais la tête, forcé de voir ce qui se trouvait à quelques mètres de nous deux. Une fille était à cet emplacement avec son copain, elle n’avait même pas regardé aux alentours avant d’enlever ses vêtements en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Ils copulaient comme des porcs et ça ne m’inspirait pas vraiment d’excitation, les coups rapides ne laissaient rien de bon en mémoire, je préférais prendre mon temps et marquer plutôt que d’y aller pour deux petites minutes de plaisir. Tournant la tête pour admirer Blaine je lui demandais avec un petit sourire amusé. « Tu veux qu’on fasse pareil ou on s’en va ? » Je n’étais pas sérieux… Enfin, pas consciemment en tout cas.

Je restais immobile, dans ses bras. J'étais incapable de bouger, je le fixais attentivement et mes yeux ne voulaient pas se détourner de son regard. J'étais seulement à quelques centimètres de ses lèvres et la seule chose dont je rêvais c'était de prendre possession de ses lèvres, ce que je ne fis pas. Un bruit se fit entendre derrière nous, je tournais rapidement la tête puis j'affichais une affreuse grimace en voyant un couple copuler dans les branches. Le faire aussi brusquement ne me plaisait pas, il y avait sauvage romantique et sauvage dégoutant et ce qu'ils faisaient n'était pas vraiment excitant, bien au contraire. « On bouge » Lâchais-je instinctivement. Ça me répugnait. Je saisissais sa main puis je partais en trottinant afin de m'éloigner de ce couple qui me donnait envie de vomir. Je gardais sa main dans la mienne puis je plongeais une nouvelle fois mon regard dans le sien. Je léchais mes lèvres puis je lui rétorquais doucement. « Et maintenant? »