JASPEANDRA → You left in peace, left me in pieces

Je me sentais mal, de nous savoir comme ça avec Jasper. J'avais besoin de mettre les choses au clair, j'avais besoin de réponses, de vraies réponses. Pas des fausses réponses courtes qu'il me donne entre deux couloirs d'un hôpital non, des choses réelles, posées, expliquées. Alors je vais chez lui une soirée, peut-être aux alentours de dix-neuf heures, et je frappe. Doucement d'abord, et puis avec un peu plus d'entrain, plus de force. J'ai besoin qu'on parle alors ouvre, j'ai juste besoin qu'on parle. Dès que tout sera clair, j'arrêterais, mais là j'ai juste envie d'avoir des réponses sur nous, sur ce qu'on est, ce qu'on était et que nous ne sommes plus.

Le bal. Jasper y pense, il le voit arriver. Ca sera bien différent cette année, beaucoup moins glorieux. Tu fais plus vraiment parti de ce monde jeune homme, t'es plus qu'un incruste dans le paysage. Plus de prix de meilleur président, ce prix qui trône sur la cheminée de l'appartement. Mais t'y vas quand même. Sûrement que tu t'éclipseras avant la remise des prix. Enfin, là, t'essaye de voir ce que tu pourrais porter. Perturbé par le bruit contre la porte. Soupire, se débarrasse de sa chemise sur le rebord d'un siège, et va ouvrir. En débardeur hein, j'tiens pas à précipiter le réchauffement de la planète. Leandra. S'appuie contre le rebord de la porte, comme une manière de lui barrer le chemin. « Qu'est-ce que tu fais là ? » T'as plus un accès direct à mon quotidien, j'te rappelle.

Il ouvre, et l'accueil n'est pas des meilleurs. J'aurais du m'y attendre, j'aurais du le prévoir, mais je ne l'ai pas fais, et ça m'a juste fait mal. Un bon stop, un mur, le genre de mur qui fait très mal. « Qu'est-ce que tu fais là ? » je souris un peu, ce genre de sourire bancale qui peut se briser à n'importe quel moment. Je relève un peu un sac en plastique que j'ai dans la main, et dedans une boite en carton avec des pâtisseries. Le dernier souvenir que j'ai de nous en fait c'est là dedans, dans cette cuisine, à jouer avec la nourriture, là où tout allait bien, en fait. "J'suis venue avec des offrandes si ça peut aider." un léger sourire encore aux lèvres, figé. "J'veux juste qu'on parle.." juste pour comprendre, tu sais.

Et je bouge pas, et je me fous de tes pâtisseries. Moi, ce que je veux, c'est que tu disparaisses de mes souvenirs. Je veux que t'arrêtes de revenir, que t'arrêtes de me rappeler ce que j'ai perdu. Tu sais pas combien tu me fais mal, juste en te pointant à ma porte. C'est avec la naïveté de l'amnésie que tu t'imposes à mon présent, alors que nous étions d'accord de se conjuguer au passé. Le regard se pose sur le sac, avec une neutralité affligeante. " Parler de quoi ? Je t'ai tout expliqué, je ne ferai que le formuler autrement. "  Les faits sont là, et le reste, c'est nous. On s'est aimé avec passion, détestés avec autant de détermination. On s'ignore parce qu'on ne sait plus que faire ca. On a épuisé toutes les autres options. Homme à terre, qui frappe du plat de la main sur le tatami. " Tu peux pas comprendre que je peux plus faire ca ? " Comment peux-tu ne pas comprendre que j'arrive plus à te voir sans que ca m'enserre la gorge ?

J'ai besoin de réponse, d'amélioration, de souvenirs. Je sais que t'y peux rien, que t'es prisonnier de mon amnésie aussi, que tu le vis mal mais je comprends pas ce qu'il se passe entre nous, je comprends pas comment on a réussi à se détruire, nous qui avions toujours été debout, quoi qu'il arrive. "Parler de quoi ? Je t'ai tout expliqué, je ne ferai que le formuler autrement." Lève les yeux vers lui, répète le moi alors, encore et encore, jusqu'à ce que ça rentre, jusqu'à ce que je comprenne. "Tu peux pas comprendre que je peux plus faire ca ?" fronce les sourcils, "faire quoi..?" je comprends pas de quoi tu parles. Me parler ? Me voir ? C'est ça qui te pose problème ? C'est à cause de ça que t'es comme ça ? Je suis ta bête noir maintenant ? Ton virus ? Soupire, et avant qu'il reprenne la parole, "J't'aime Jasper.. et j'me souviens de nous à jouer dans.. une cuisine derrière un restaurant, à finir recouvert de gâteau et de crème en tout genre, et ensuite j'me souviens de ça. De ce froid que tu nous impose alors que j'essaie de faire des efforts.." me laisse pas seule mourir de froid. Je te demande pas d'être gentil, parfait ou aimant comme avant, ça, je peux le faire pour deux. Je te demande juste de ne pas m'écraser alors que tu en as l'occasion, c'est tout. "J'veux pas t'perdre.." et c'est sincère. Tu le comprends, ça ? J'ai juste besoin que tu m'explique, que j'arrange les choses et qu'on reparte sur de bonnes bases. Pas celles d'avant si t'en veux pas, d'autres, des nouvelles, et je les bâtirais seule si tu ne veux pas avoir les mains sales, ça ne me pose aucun problème, à moi. Me salir un peu pour te garder, je sais faire.

J't'aime Jasper " Dit pas ça. " Je peux tout entendre, mais pas ca. Parce que maintenant ça sonne faux à mes oreilles. Les mots raisonnent comme des mensonges que tu as appris par cœur pour etre convaincante. Tu veux voir à quoi ressemble la vérité ? La sincérité, c'est ce qui sort des lèvres masculines, quand il est épuisé des faux semblants : " J'arrive pas à te pardonner de ne pas m'avoir suivi. J'arrive pas non plus à accepter que tu sois retourné vers lui. C'est comme si.. J'sais pas, tout ce que tu m'avais dis c'était que des conneries. " Que finalement, tu ne m'aimais pas tant que ca. Pas plus que l'affection que tu lui portes, en tout cas. Comme si j'avais été une erreur. J'aimerai bien te dire que c'est oublié, que c'est mieux comme ça. J'ai pu le faire pour toutes les autres, mais avec toi je sais que j'y arriverai pas. C'est pas mieux comme ça. Le regard vise le sol, et se relève plus bleu. La voix n'est qu'un espèce de soupire. " Pourquoi tu m'as pas suivi ? " Esquisse un sourire rapide, suintant l'amertume. " Tu le sais meme plus. " Et tes reponses je les connais, tu me les as donné avant que je parte. Sauf que moi, je pensais que tu reviendrais. C'est pas maintenant qu'il faut se battre Dunster, c'était avant. C'était quand on était quelque-chose. Là, y a que des miettes, pas suffisamment pour reconstituer un semblant de relation. Je peux pas être ton ami, tu l'sais bien. J'ai jamais vraiment sû l'être, finalement. Me manger ton bonheur sans pudeur, j'y arriverai pas. " Ta mémoire s'amuse. Ce jour là, dont tu te rappelles, c'est celui où on s'est mit ensemble. " J'étais con, j'étais heureux. Je croyais ce que tu me disais, parce que je rêvais d'entendre ces mots là. Maintenant, avec le recul, je me dis juste que je ne suis pas si intelligent que je le pense. L'homme se redresse un peu, venant s'avachir contre un montant de la porte, abandonnant l'autre, libérant ainsi le passage. " Je t'envie d'avoir oublié le reste. J'aimerai faire pareil. " L'ignorance est un recoin confortable.

" Dit pas ça. " J'avais pas prévu cette réponse, j'avais pu penser à un silence mais ça.. ça non. J'hausse les épaules très légèrement. C'est la vérité, qu'est-ce que tu veux que je dise d'autre ? Je sais plus quoi faire pour réussir à dormir, pour arrêter de penser à nous, à ce qu'on perd, ce qu'on rate." J'arrive pas à te pardonner de ne pas m'avoir suivi. J'arrive pas non plus à accepter que tu sois retourné vers lui. C'est comme si.. J'sais pas, tout ce que tu m'avais dis c'était que des conneries. " Fronce les sourcils, secoue la tête. Non. ça, non. J'ai beau me souvenir de rien, je sais que tout ce que j'ai pu te dire, tout ce que j'ai pu te laisser penser et tout ce que j'ai pu faire envers toi, tout était vrai. Tout. Et je suis certaine qu'au fond de toi, tu le sais. Tu le sais parce que tu me connais, tu sais comment je suis. " Pourquoi tu m'as pas suivi ? " Je sais pas quoi te dire.. " Tu le sais même plus. " soupire en riant nerveusement. Arrête. Arrête de me tomber dessus. C'est facile, je suis déjà sous les décombres encore. Tu peux appuyer autant que tu veux, continuer encore, tu pourra pas me mettre plus bas que je le suis déjà. Je suis à zéro, prête à repartir pour nous, à nous reconstruire, mais je peux rien faire si tu continue d'appuyer pour me faire redescendre encore. "Je sais pas.. je suppose que c'est pour les mêmes raisons pour lesquelles tu n'es pas resté.." t'avais une vie ailleurs et j'avais une vie ici. " Ta mémoire s'amuse. Ce jour là, dont tu te rappelles, c'est celui où on s'est mit ensemble. " souris, hoche la tête. J'aimerais tellement me souvenir du reste, de tout le reste. Tout ce qui suit, les bons moments passés comme les mauvais, surtout si ça peut m'aider à mieux comprendre ce qu'on est devenus. " Je t'envie d'avoir oublié le reste. J'aimerai faire pareil. " je souris et secoue la tête, non tu m'envie pas. C'est l'horreur là haut, c'est horrible. Je me sens perdue dans ma propre vie, dans mon corps et avec tous les gens qui m'entoure. J'ose un pas vers lui, à mi-chemin entre dehors et dedans. Je frôle ma main contre la sienne, tendrement. "et moi j'aimerai.. retrouver ma place ici." comme pour accompagner le geste, l'autre main se pose sur la poitrine de l'ami, l'ancien amant, le blessé. Souris avec un rire en fond presque nerveux, entrant délicatement en même temps, subtilement, la main toujours au même endroit sur le torse alors que l'autre se frais un chemin dans la main de l'homme en face. "avant j'me souviens.. j'avais une place assez importante et maintenant.. j'ai plus rien. Rien du tout." se pince les lèvres, "le plus dur tu vois c'est de.. voir rien que dans tes yeux que tu me rejette. T'a jamais eu ce regard là avant, et j't'assure que c'est absolument pas agréable." de nous avoir connu si fort et d'être si faible maintenant.

Allez, déteste-moi. J'sais pas ce qu'il te faut, Leandra. Tout dans mon attitude te repousse, et j'te le dis, on se haie désormais. Pourquoi tu t'en rappelles pas ? J'ai besoin que tu t'en souviennes. J'ai besoin que ça revienne, que tu fuis mes pas, que mon regard te rappelle nos pires moments. J'ai besoin que tu me fuis, pour que nos chemins s'évitent. J'me fais pas confiance. Tellement pas quand mon torse se bloque dans sa respiration, quand ta main finit par stagner sur lui. J'arrive à souhaiter la facilité de l'oubli. Vas-y, foutu catastrophe, frappe quand il le faut. Tu n'as qu'à enlever la brune, je garde le reste de mes pensées. Juste elle, parce que c'est Elle qui fout tout en vrac. "et moi j'aimerai.. retrouver ma place ici." Mes yeux te fuient, le bleu va ailleurs. Il se pose sur la pièce, il cherche ailleurs. Il fait comme s'il n'avait pas sentit ta main inquisitrice, parce que ça lui évite de s'obliger à l'enlever. Jasper s'invente des excuses, il s'écrit des histoires pour ne pas relever sa faiblesse. Une lâcheté qui laisse le diable s'inviter dans sa demeure. "avant j'me souviens.. j'avais une place assez importante et maintenant.. j'ai plus rien. Rien du tout." Le regard la suit, subissant sa propre défaite. Jamais Jasper n'a autant aimé perdre. "le plus dur tu vois c'est de.. voir rien que dans tes yeux que tu me rejette. T'a jamais eu ce regard là avant, et j't'assure que c'est absolument pas agréable." Un sourire railleur se place, mais l'homme avance, utilisant la pression qu'elle met contre son torse pour la faire reculer. Il n'y a besoin que de deux pas pour que ton dos se confronte au côté de l'armoire de l'entrée. « Tu sais qu'avec moi, c'est tout ou rien. » Tu le savais, que je n'accepterai pas de la demie-mesure, des sentiments partagés entre trop de cœurs, que tu ne me suives pas. Ca l'est toujours, tout ou rien. La voix s'abaisse, le regard s'anime, la roue arrêtée depuis quelques mois se débloque pour prendre un rythme effréné. J'ai le sang qui cavale. « C'est mieux ce regard là ? » Qu'il souffle, le cœur battant, tambour affirmé. Tu voulais voir une lueur, n'est-ce pas ? Et si je te regarde, comme je te regardais avant ? Puisque le froid n'a pas marché pour provoquer ta fuite, je t'insuffle la brûlure.

Je connaissais ton bleu le plus beau, celui le plus chaud. Tu m'offrais un bleu froid maintenant, comme celui que t'offrais à Jude, par exemple. Celui que t'offrais à travers un appel skype quand c'était ta boite, et j'étais chanceuse de n'y avoir jamais eu le droit. Jamais encore sauf maintenant. Alors moque toi, ris de ma condition. Ton sourire, ce sourire je le connais que bien. T'avances et je recule, n'est-ce pas là toute notre relation ? On est basé sur ce système, quand je recule t'avance, et inversement. Tu vois, le truc c'est que si chacun recule, ça ne marche pas, et si on avance chacun vers l'autre, ça ne marche pas non plus. On finirait par exploser, trop proche, trop brûlants, on le sait on s'y est déjà perdu une fois. « Tu sais qu'avec moi, c'est tout ou rien. » Hoche la tête, sent la pression. Le cœur se serre, le ventre fait un nœud. « C'est mieux ce regard là ? » le corps étouffe, les poumons ne respirent plus. Je me sens oppressée, entre l'armoire et Jasper. J'hoche la tête en seule réponse, les larmes montant aux yeux sans réelle raison autre que le soulagement de revoir cet ami, amant, comme vous voulez. Tous les surnoms sont bons, de toute façon. Ma main glisse sans sa nuque, mon pouce sur sa joue. Je respire de nouveau, j'essaie du moins. ça fait mal, ce que tu fais. ça me fait tellement mal. "Ouais... ouais c'est mieux." mais tu le gardera pas longtemps, j'me trompe ? Tu vas redevenir froid dans peu de temps, et tu vois, ta froideur fait tout aussi mal que ta chaleur. Quoi qu'on fasse je suis piégée avec toi. Qu'est-ce qui nous a pris de nous rencontrer ? On ne fait que s'entre-tuer, encore et encore. Le pire, tu vois, c'est qu'on est accroc à ça. A ce jeu malsain entre nous, à se faire mal. Fais moi encore mal, rends moi la monnaie de ma pièce, celle dont je ne me souviens plus, et une fois que je serais au plus bas, je me relèverais et on recommencera. On a déjà réussi, à se contenir, à n'être qu'amis. D'ici là, mon regard se perds dans le tiens, et au fond de moi, le débat fait rage. L'envie de me heurté à tes lèvres contre celle qui refuse tout rapprochement qui pourrait empirer les choses. J’étouffe, et tu le sais. Je suis certaine que tu l'sais. "J'arrive plus à... respirer." murmure non-assumé. Mes yeux ne quittent pourtant pas les tiens, et je sais même pas pourquoi je te dis ça.

Et si j'étais honnête, je te dirais que ton souffle qui te manque, c'est le souffle que j'ai dans ma main. Que je serre. C'est comme si je serrais moi-même ta gorge. Je sens avec un certain délice la confiance te manquer, tes mots sont moins convaincants. Ce plaisir malsain de retrouver un semblant de contrôle. Je fais comme si je maitrisais la situation, alors que j'ai perdu. Tu penses que je mène, mais c'est toi Leandra, qui gère la danse et le tempo. C'est toi qui a dit non, et qui vient reprendre ma main. Moi, je suis. Je ne fais que provoquer, je joue, et si je suis menteur, je te dirai que ce n'est que pure vengeance, rien d'autre. Sauf que j'ai beau chuchoter à l'organe principal qu'il doit se taire, qu'il va se trahir, il raisonne dans toute ma carcasse. "Ouais... ouais c'est mieux." Tu penses vraiment que c'est mieux ? On est d'avantage à l'abri dans notre ignorance respective. Le seul salut de notre paix, réside dans l'art de nous tenir éloignés l'un de l'autre. Tu sais qu'on est incapable de ne pas danser quand raisonne la mélodie, que nos peaux se cherchent pour mieux se griffer. Notre solution, je l'avais trouvé. Tout ou rien, encore. On aurait été heureux, loin de tes tentations. Heureux là-bas, malheureux ici. Alors je compte sur une réaction de ta part, un sursaut de réalisme. Allez, pense à lui, rejette-moi. C'est plus simple si tu crains ma présence. "J'arrive plus à... respirer." Mes lèvres s'ornent d'une morsure provocatrice, tandis que ma respiration se fait ample. Je sais que les gestes restent, comme une habitude. Ta main dans ma nuque, et la mienne qui flirte avec le dessin de ta hanche. Je me fais mal, ma stratégie n'est pas parfaite. Je m'abîme, je m'injecte directement une dose de poison pour espérer en sortir vacciné. Je vais juste crever terrassé. « C'est toi qui a voulu rentrer.. » Mes billes vont vers la porte encore ouverte, pour illustrer, mais surtout pour respirer. J'ai jamais pu gérer ta proximité. Il faut du courage pour qu'elles reviennent vers toi, incendiaires presque malgré-lui. J'allume un feu, mais je n'en maîtrise pas l'étendue. Et mon corps qui se rapproche du tien, juste pour atteindre ton oreille, que mon souffle chatouille d'un : « Je ne t'empêche pas de partir. », n'est qu'un mauvais indicateur de mes envies premières. Je ne t'en empêche pas, alors vas-y. Dit-moi que j'avais raison, qu'on est mieux sans nous. Parce que moi, je n'en suis déjà plus si sûr.