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... young, foolish & happy.
1er Décembre 2006 ; Vendredi, 15:21:32.
J'étais tellement en colère, en ce moment précis, que j'aurais pu gifler cet imbécile. S'était-il servi de moi, ou avait-il simplement trouvé ça amusant, l'humiliation qu'il venait de m'infliger ? Je n'écoutais même pas les pathétiques excuses qu'il se permettait d'essayer avec moi, lui faisant signe du doigt de se taire. J'étais fâché.
En tous les cas, je ne tomberais pas dans son piège une seconde fois ; je m'en étais fait le serment. Et pourtant. Il s'approchait de moi ... Et chaque pas en avant évoquait en moi un pas en arrière, sans que je puisse me contrôler. Il s'avançait vers moi, et je reculais, mon coeur battant, mon souffle haletant, mon regard fixé sur sa personne de peur de manquer de vigilance et de tomber dans le panneau une nouvelle fois.
« Je... »
- Quoi ? Exigeais-je alors. Tu quoi ? Quelle excuse peut possiblement justifier ce qui vient de se passer, là ? l'interrogeais-je d'un ton douloureux.
J'étais fâché. J'étais contrarié. Si contrarié qu'à présent, son regard rêveur ne me faisait plus aucun effet. Celui-ci aurait pu être un trou noir que je ne me serais pas noyé dedans. Soupirant, je roulais des yeux vers le ciel, marquant mon agacement. Personne ne me faisait des coups de ce genre, c'était intolérable ... Et puis, il se rapprocha alors de moi. Encore une fois. Un pas après l'autre, chaque pas de plus en plus long, accélérant la cadence pour me retrouver. Et je reculais au même rythme, sachant pertinemment que tout serait fini, et que la partie serait perdue si nos lèvres étaient à nouveau à moins de 15 centimètres de distance.
Je reculais, suppliant intérieurement à l'entité cosmique supérieure à nous tous - si une telle entité existe, ne vous déplaise - de m'aider à surmonter cette épreuve des plus difficiles. Malheureusement, celui ou celle-ci ne semblait pas d'humeur à me rendre service. Et c'est ainsi que je me retrouvais alors adossé à un mur. Pestant un léger juron, je fixais le sol, me refusant à lever les yeux en sa direction. Et puis, il y eut un contact. Au départ, j'avais essayé, tant bien que mal, d'éviter ce contact. D'éviter de ressentir ce léger picotement au coeur lorsque son nez s'était frotté contre ma joue et que ses yeux avaient brûlé les miens par leur expression enflammée ; d'éviter de soupirer à l'idée de ses mains me parcourant le corps. J'essayais d'y résister, tant bien que mal. Mais je ne suis qu'humain.
Et c'est ainsi que je cédai à la tentation.
C'est ainsi que je me laissais dompter par mes pulsions, moi qui, généralement, n'avait aucune difficulté à les apprivoiser. C'est ainsi que je laissais sa langue entrer dans ma bouche, celle ci me rappelant alors la raison de ma survie jusqu'à l'heure actuelle. Je sentais ses lèvres s'écraser contre les miennes ... Et j'en voulais encore. J'avais l'impression d'être dépendant d'une drogue à laquelle je n'avais jamais goûté, tant et si bien que je ne pouvais simplement pas m'en défaire ... Que je le veuille ou non. Et en l'occurrence, je ne voulais pas m'en défaire. Je voulais continuer de passer ma main dans ses cheveux afin de le tirer davantage dans l'ombre avec moi, cherchant par tous les moyens à prolonger ce baiser des plus paradisiaques. Ses mains vinrent prendre logis dans mes poches arrières, tandis que je me mis à enrouler mes bras autour de son cou. C'était encore plus magique que tout à l'heure. Plus fou, plus passionné ... Rien ne pouvait égaler ce moment de pure euphorie, pas même une chanson de Lady GaGa.
Dans ma tête, couleurs, odeurs et sensations se mêlaient toutes dans un cocktails des plus harmonieux. J'avais l'impression de marcher parmi les fleurs les plus parfumées du globe, une horde de papillons sauvages multicolores m'accompagnant jusqu'à la terre promise. Mon jardin secret se retrouvait doté d'un arc en ciel des plus vifs, malgré l'absence de ne serait-ce qu'une goutte de plus, tandis que ruisseaux et cascades étincelaient d'un éclat vivace. Dans ma tête, je vivais un moment des plus magiques dans un paysage des plus magiques, et c'était tout ce qu'il me suffisait.
L'imagination est notre plus puissante arme. Et dans mon cas, c'était également l'un des meilleurs moyens de positiver.
J'avais envie de lui professer mon amour, tel le preux chevalier qu'il me donnait envie d'être. J'avais envie d'endosser le rôle du roi, du prêtre et du diable, tous à la fois, afin qu'il ne manque jamais de rien dans sa vie. J'avais envie de lui faire comprendre qu'il ne lui suffisait que d'une pensée, de l'envie, pour que je fasse de lui l'homme le plus heureux de la planète. Ou que du moins, je fasse de mon mieux pour qu'il ne manque jamais d'affection. Je m'étais toujours senti efféminé, fragile, vulnérable et en besoin constant d'affection. Mais pour lui, j'étais prêt à tout, quitte à renoncer à mes besoins et à mes principes, tant que je pouvais l'avoir lui. J'étais prêt à devenir l'homme dont je rêvais, si c'était d'un homme comme celui ci dont il avait besoin.
C'était étrange.
À la fois, je suffoquais et je réscucitais. Mes poumons hurlaient pour de l'oxygène, mais mes lèvres se refusais de briser le contact. Je n'avais envie que d'une chose : que le monde s'arrête de tourner, que nos corps se figent pour l'éternité, si c'était le seul moyen de m'assurer que je resterais dans ses bras à tout jamais. Le monde autour de moi se mit à tourner à une allure des plus vertigineuses, pratiquement au moment même où les flocons de neige se remirent à tomber.
Éventuellement, le baiser prit fin, et avec, l'averse de flocons impromptue.
Je me mis alors à faire la moue, légèrement déçu que ce moment parfait soit déjà terminé. Et puis ... Je vis avec effroi un morceau de tissus joncher le sol. J'avais été si épris par ce baiser que je n'avais pas remarqué que j'avais fait tomber son caban ! Me penchant alors pour le ramasser et l'attrapant avant même qu'il n'ait eu le temps de cligner des yeux, je vérifiais alors que l'article vestimentaire n'était pas trop amoché.
- Je ... Désolé, je, je suis si maladroit ... dis-je alors en me relevant, avant de l'aider à remettre son caban.
Nos regards se croisèrent alors à nouveau, suite à quoi je marmonnais :
- Au diable l'avarice.
Puis, prenant son visage entre mes mains gantées, je l'embrassais, pour la 4ème fois de la journée. Bentley Alexander Terrence Michael Adamson-Newton, dans quoi t'es-tu embarqué cette fois-ci ? pensais-je alors à moi même. Puis, j'interrompis le baiser afin de lui demander :
- Au fait, pourquoi elle connaissait ton nom, la demoiselle ?
Mais le froid m'empêchant d'aligner un mot de plus, je pus pas renier la tentation de me réchauffer contre ses lèvres, encore une fois.
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