Entendre mon meilleur ami me dire que j’étais la personne idéale pour Paris, que je saurais lui venir en aide, c’était avoir le sentiment que le manque de confiance que j’avais en moi était compensé par la confiance qu’avait Bonaventure en moi. Je le souriais en le remerciant intérieurement d’abord, puis verbalement ensuite : « T’es un ange de me dire ça. Je sais pas si j’arriverais à l’aider, mais crois-moi je ferais n’importe quoi pour lui ; pour qu’il soit heureux, et en paix. Parfois, je sais que je ne fais pas ce qu’il faut. Je crois bien faire, mais je fais tout le contraire…mais si j’avais LA solution pour qu’il récupère les enfants – si c’est ce qu’il souhaite – je n’hésiterais pas une seule seconde pour les lui ramener » Je sais que cette vie avec les enfants nous priveraient sans doute d’une vie comme n’importe quel autre couple, mais je m’en fichais. Je ne voulais pas être comme les autre couple, je voulais juste Paris. Et si cela signifiait, passer ma vie avec lui et ses frères et sœurs, alors je choisirais cette vie. Si cela voulait dire sacrifier une partie de mes projets pour rester avec lui ? Je le ferais aussi…parce que rien ne ressemblerait à un sacrifice tant qu’on me laisserait la chance de rester à ses côtés. Et même si Bonaventure était en train de me dire que c’est Paris qui avait de la chance de m’avoir à ses côtés, moi je pensais qu’il s’agissait du contraire. Mais les mots de mon meilleur ami me laissaient croire que Paris laissait lui-même transparaitre ces mêmes sentiments de reconnaissance à mon égard. Et cela avait quelque chose de reposant, de rassurant.
On avait ensuite discuter de la notion d’origine et de racine, et j’écoutais alors religieusement Bonaventure m’expliquer que pour lui, cette recherche de racine était importante pour lui. Je faisais la confusion entre se sentir chez soi quelque part, et avoir le besoin de savoir d’où l’on vient. Peut-être que le métisse avait raison : je ne pouvais pas comprendre sa situation en étant moi-même une enfant qui n’était pas adoptée. Je voulais bien croire que je n’avais pas toutes les cartes en main pour comprendre. « Tu as sans doute raison. Je ne suis pas adoptée, du coup je ne peux pas comprendre. Mais…ce que je me demande, c’est : si tout ceci ne se serait pas passé ? Cette expulsion je veux dire… est-ce que tu aurais autant voulu connaître tes origines ? Tes racines ? » Si effectivement, comme il le disait, si on l’avait expulsée c’est que le Destin lui réservait quelque chose d’important, était-ce vraiment pour qu’il apprenne de ses origines ? Et si finalement, ce que lui réservait le Destin n’avait rien à voir avec son pays, ses racines ou son passé, mais au contraire, de son futur ? à mesure que je réfléchissais à cela, et que je me remettais à l’esprit le moment où Andréa m’avait parlé de son envie de le demander en mariage, Bonaventure, s’était arrêter de parler…pour me révéler que sa petite-amie avait finalement sauté le pas. Et c’est le sourire aux lèvres, et les yeux pétillants de joie que je regardais mon meilleur ami « Tu veux que je te dise, ton cœur il n’est ni en Afrique, ni aux Etats-Unis…il est là où est Andréa. C’est elle ton foyer, là où tu seras TOI, Bona ! » Et je tendais alors une main vers le métisse pour lui prendre l’une des siennes et la serrer fort, avant de lui demander si il avait au moins répondu Oui à la demande d’Andréa, mais je compris bien vite dans ses paroles que si il parlait de revenir, c’est qu’il avait dit « oui ». « Je suis tellement contente pour toi, Bona ! Andréa est merveilleuse, et tu respires le bonheur depuis que tu es avec elle ! Ça ne pouvait pas se passer autrement entre vous. Comme quoi, je pense que le Destin, c’est justement ça ce qu’il réservait de grand pour toi ! …Le destin et…Paris&Andréa !» riais-je gentiment en évoquant la supercherie qu’avait préparé le duo pour mener à bien la demande en mariage de la blonde, avant de sourire à nouveau à mon ami. J’étais prête à me lever de ma chaise pour le prendre dans mes bras et le féliciter à nouveau, mais Bona pris un air sérieux en me demandant de lui rendre service. « Je t’écoute.. » répondais-je un peu nerveuse, même si je continuais de lui montrer qu’il pouvait tout me dire, et que je lui viendrais en aide quoiqu’il arrive ! Et lorsque que Bona me demandait d’etre son témoin, je loupais un battement de cœur ! « Quoi ?! » m’exclamais en écarquillant les yeux ? « Tu …tu …t’es sérieux ?! » à le voir, oui, il semblait sérieux ! Je n’en revenais pas de la demande. Moi, témoin de Bona ?! Quel honneur !! Tellement d’honneur que je ne savais même pas si j’étais vraiment à la hauteur de ce rôle. « Woaw, je …je ne m’y attendais pas, je… ». Soudain, la joie me submergeait, et je prenais conscience de l’importance que j’avais pour mon meilleur ami. Il me demandait d’être son témoin de mariage. D’être à ses côtés au moment où il dirait oui à sa future femme…c’était être témoin direct de leur amour, être témoin d’un bonheur sans nom. Du bonheur de mon meilleur ami. J’en avais les larmes aux yeux tellement je prenais conscience de l’importance de ce rôle et de la confiance que Bonaventure plaçait en moi.
Je me levais enfin, la main tremblante qui tenait ma glace était la preuve même de l’émotion qui me submergeait. Je me jetais alors dans les bras de mon ami en lui répondant avec enthousiasme « Bona, je serais honorée d’être ton témoin ! C’est juste…juste exceptionnel, extraordinaire pour moi ! T’imagine pas à quel point ! » Je le serrais alors bien plus fort dans mes bras et rajoutait à moitié entrain de trépignée ! « Aaaaaahhhhhhh !!! j’suis trop conteeeeennnnnttteeeee !!!! »
©Pando