« Elle, faut pas s'y fier » ∇ SCARSIN

T'es là, et moi je sais plus comment on marche. J'ai bien compris qu'on s'est dit amies, qu'on s'est dit qu'on faisait comme si. Mais moi, "comme si", j'ai du mal. J'ai accepté, j'ai proposé même, juste pour sauver les miettes. Ca n'a rien de courageux, mais je n'ai jamais raconté que j'étais téméraire. J'assume la lâcheté si ça nous permet d'exister encore un peu, qu'importe la forme qu'on prendra pour survivre. « Tu vas avec qui au bal ? » La voix se précipite dans les mots, on la verrait presque trébucher sur l'interrogation finale. Je te le demande car j'ai besoin de savoir. Je te le demande avant toute chose, puisque je n'oserai plus ensuite. « Salut, au fait. » Qu'elle reprend avec un sourire de gamine, se pinçant les lèvres après, regrettant déjà son imprudence. Les grands yeux verts s'attardent sur celle qu'elle a invité en ce lieu. Du calme, pour modérer mon torrent interne. Mais tu sais Tamsin, Scarlett, elle pense être l'unique à prétendre pavaner à ton bras. Et t'as vu en compagnie d'une autre. Elle est naïve Scarlett. Le cœur est toujours pur, même si le corps ne l'est plus. 

Faire semblant, c'est bien parfois. C'est bien, et ça veut aussi dire continuer à voir la personne, même quand son désire le plus fou est de lui faire mal. Oui, j'avais envie de montrer à Scarlett ce que c'était que de voir une personne à qui ont tient, qui nous a fait des promesses, tout briser sous nos yeux. Regarde moi faire, et regarde moi bien parce que j'y prends un malin plaisir. « Tu vas avec qui au bal ? » - "wow." Je fais des gros yeux avant d'afficher un sourire. Ce fut rapide, à peine la porte ouverte. C'est une question qui te trotte dans la tête depuis combien de temps ? C'est sorti comme un boulet de canon, j'ai rien compris. Je rigole un peu nerveusement sans savoir quoi répondre, un peu troublé de la question. « Salut, au fait. » Rigole en entrant dans l'appartement. "Ouais, c'est pas mal de commencer par ça, c'est même conseillé." souris en coin en regardant son amie, retirant sa veste. Regarde ce short, je l'ai mis pour te torturer, ou essayer, du moins. Je m'affale sur le canapé, la regardant toujours, l'air nonchalant. "On m'a invité et j'ai dis oui en fait.. personne d'autre m'avait invité donc.." haussement d'épaule. T'entends ça ? C'est trop tard. "Et toi, un prétendant ?" ce type de la foret, ou n'importe lequel autre en fait finalement, tout est bon, non ?

Oui, alors déjà, ici on est dans un pub, pas dans un appartement Adeline. Même si y a de l'alcool chez Scarlett, c'est pas à ce point. Du coup, on va dire qu'il y a un canapé dans le pub, et que la rousse s'affale juste à côté de Tamsin, jouant nerveusement avec la carte du bout des doigts. "Ouais, c'est pas mal de commencer par ça, c'est même conseillé." Que tu m'as déjà sorti cette connerie de réplique. Que j't'ai répondu : « Conseillé ? On est à ce stade où on a besoin d’enrober nos phrases de politesse ? » J'm'en balance de te saluer avant, de te demander comment ça va. De te poser toutes ces questions que s'envoient les gens qui ne se connaissent pas. Si tu vas pas bien, je le vois. Si tu t'amuses de ma personne, je le devine. Mais ça n'empêche pas l'espoir. J'ignore les signes, je fonce droit dans le mur. T'es mon mur, et tu m’abîmes en continue. "On m'a invité et j'ai dis oui en fait.. personne d'autre m'avait invité donc.." Inspire Scarlett, prend-toi ça dans tes traits parfaits de princesse pudique. « Arrête. Fait pas celle qui accepte par défaut. » Sa bouche laisse passer la réplique, sans que ça soit filtré avant. Je sais qui tu es, je sais que tu t'en fous de ne pas y aller, d'y aller seule. Fait pas celle qui n'aurait pas pu attendre que vienne mon tour. Tout se voit sur le visage de Scarlett. La déception, la tristesse, la colère. Mais la tristesse, surtout. "Et toi, un prétendant ?" Un sourire temporaire s'affiche vite. « Non, je voulais t'inviter. Mais je trouverais bien. » J'aurai pu faire preuve de fierté et ne pas te le dire. Mais ça fait longtemps qu'elle n'existe plus, que tu l'as broyé. « T'y vas avec qui, du coup ? » J'aime bien tourner le couteau quand tu le plantes.

Il existe beaucoup de pub avec des canapés, le genre ambiance cosy, familiale, on s'y sent mieux, en général, et c'est le cas de Tamsin. « Conseillé ? On est à ce stade où on a besoin d’enrober nos phrases de politesse ? » Je sais pas, on est qu'amies après tout tu te souviens ? La distance que j'essaie de placer entre nous ne vient pas de nulle part, elle vient de toi, de tes promesses non tenu, et de la douleur que tu m'a fais. C'était une erreur d'avoir des sentiments pour toi et je le regrette un peu plus à chaque fois que je te vois, parce que ça revient, parce que c'est encore là et que ça ne partira certainement jamais. « Arrête. Fait pas celle qui accepte par défaut. » hausse les épaules en riant un peu, tu veux jouer à celle qui retourne le plus le couteau ? Tu sais que je sais faire ça mieux que personne. "Non pas du tout c'est quelqu'un qui me plaît en fait." et avec qui j'espère oublier ton odeur, tes cheveux roux et ta répartie. « Non, je voulais t'inviter. Mais je trouverais bien. » attends quoi ? Les yeux de Tamsin bug un moment. "Quoi ?" Je relève mon regard vers le sien, et je reste silencieuse un moment. Le silence s'installe et.. je suis comme gênée. Je réalise qu'elle ne ment pas, qu'elle y pensais réellement et ça fait du bien comme ça fait mal. C'est une sensation horrible et douce à la fois, un sentiment de doux amer dans la gorge. De toute façon, quoi qu'il arrive et quoi que je dise, on dirait bien que c'est trop tard de toute façon. « T'y vas avec qui, du coup ? » reprends toi, allez. Prends une inspiration, essaie d'oublier la phrase de la belle, "Une fille que tu connais pas." laisse tombé, c'est pas grave, tu la connais pas et c'est tout ce que tu dois savoir.

C'est facile pour toi, hein ? Tu sais faire, tu maîtrises l'art de faire mal. Moi j'suis juste trop stupide, je rester à portée de tes coups, au cas où tu choisirai de m'embrasser à la place. Sauf que ça arrive pas. On s'amuse plus, on sait plus faire. Parce qu'il y a eu des sentiments affirmés entre, des trahisons, des déceptions. Tout est devenu sérieux. On tente l'amitié, sauf que j'arrive pas à rester une amie quand tu me dis "Non pas du tout c'est quelqu'un qui me plaît en fait.", et que je peux entendre mon battant se fracasser contre ma poitrine. Le regard vert se baisse, fuyant. Le temps de contrôler le surplus d'émotions qui gagne mes glandes lacrymales. Je m'attendais à la conquête, pas à ce qu'elle te plaise. Vraiment. Qu'elle te plaise comme je te plais. Ou plaisait, je sais plus. "Quoi ?" Ouvre la bouche, mais la referme. Ecoute le silence de ma déception qui stagne. « Je voulais que tu sois ma cavalière. » Qu'elle glisse à voix étouffée, presque inaudible. Son regard se relève pour affronter celui d'en face. J'ai des envies de fuite, mais je plante mes pieds dans le sol. "Une fille que tu connais pas." J'suppose que je dois en être heureuse, que ça aurait été pire. « D'accord. » C'est tout ce que je peux te lâcher, j'arrive pas à plus. D'accord, j'entends le message.

J'aurais aimé tu sais, j'aurais tellement aimé que tu te fasse belle pour moi. Que tu choisisse une robe, une coiffure et un maquillage parfait juste parce que tu sais que je suis ta cavalière, mais nous, c'est plus compliqué que ça. Tu te fais belle pour les autres, tu séduis les autres quand tu me demande de me tenir, et ça passe pas. Je l'ai encore en travers, et je l'aurais certainement encore longtemps tu sais. « Je voulais que tu sois ma cavalière. » J'entends. Moi ce que je voulais, c'était toi. Toi. Alors j'ai fais attention, alors j'ai tenu, j'ai retenu même ma vraie nature, celle qui me crie d'aller voir à droite et puis à gauche, d'aller voir un homme puis une femme. J'ai retenu qui j'étais pour toi, pour une promesse, pour des sentiments, en pensant naïvement qu'enfin j'allais vivre quelque chose de beau, que j'allais t'avoir un peu pour moi, rien que pour moi, et au lieu de ça, regarde où nous en sommes. « D'accord. » je n'ajoute plus rien. ça ne nous réussi qu'à moitié de jouer les amies. Je lève mon bras pour appeler le serveur et lui commande deux verres, et pose mes yeux sur la rousse à mes côtés. J'ai plus rien à te dire, tu sais, mais je vais meubler quand même un peu, faire semblant. Je sais faire, ça. "l'année prochaine, il y aura toujours des bals tu sais." surtout ici à Harvard. C'est une tradition. Est-ce qu'un nous sera encore présent dans un an, c'est à voir. "et puis, quelqu'un va t'inviter c'est sûr" vu ce que t'a fais ces derniers temps, vu les déceptions que tu m'a offerte, ce serait con si il n'y avais pas un temps soit peu de retombé.

Avec Tamsin, c'est le pire ou le meilleur. Le pire semble s'être installé entre les deux, depuis quelques temps. Mais Scarlett armée de sa douce naïveté, part à nouveau à l'assaut de son alliée. C'est les bras ballants et l'eau aux yeux qu'elle revient de la bataille. Encore. Mon exemplarité a souffert d'une griffure, qui a tes yeux vaut tous les coups de canifs que tu infliges. Toi, l'imperfection, qui exige l'inverse. "l'année prochaine, il y aura toujours des bals tu sais." Je ne l'entends pas. Je m'en fous, en fait, des autres bals. " C'est de celui-ci dont on avait besoin. " Qui sait comment nous serons l'année prochaine ? Dans quel état notre relation sera. Si elle existera toujours. " Et puis, si elle te plaît maintenant, elle te plaira sûrement toujours l'année prochaine. " Scarlett semble avoir retrouvé le sourire, mais il est acide, incisive, énervé. "et puis, quelqu'un va t'inviter c'est sûr" Piquée au vif, la rousse recule dans le fonds du canapé, ignorant le serveur qui posait leurs boissons devant elles. Quand il repart, elle s'avance à peine vers Tamsin, sifflant un : " Tu crois que je m'inquiète de ca ? Je suis pas une gamine qui a besoin qu'on l'invite au bal pour se sentir bien. " J'avais besoin que toi tu m'invites, ou que tu me laisses le faire. C'est encore quelque chose que tu me retires. Parce que Scarlett, elle, se fiche bien de savoir si elle ira seule ou accompagnée. Demoiselle a la démarche suffisamment sûre pour avancer seule. " Vous êtes en couple ? " Qu'elle lâche, après avoir sérieusement entamé son verre. Tu abîmes Strudwick, Tamsin. On te l'a confié et tu l'as brisé.

" C'est de celui-ci dont on avait besoin. " rigole nerveusement en secouant la tête. Ouais, dont on avait besoin. C'est dommage, on a pas tout ce qu'on veut dans la vie. Tu vois, moi je te voulais quand toi t'en a voulu un truc. C'est jamais le bon moment avec toi Scarlett, jamais la bonne période. " Et puis, si elle te plaît maintenant, elle te plaira sûrement toujours l'année prochaine. " haussement d'épaule. Qu'est-ce que j'en sais. Tellement de chose peu se passer entre temps, on peut sortir ensemble, se rendre compte que ça marche pas, se rendre compte que ça marche, qui sait ? Tout peut arriver. En parlant d'arrivé, le serveur apporte nos boissons et je m'avance pour prendre la mienne et en prendre une bonne gorgée. Gros besoin de détente là, je sens que cette conversation est loin d'être terminée. " Tu crois que je m'inquiète de ca ? Je suis pas une gamine qui a besoin qu'on l'invite au bal pour se sentir bien. " souris en coin en portant le regard sur son amie, la paille encore près des lèvres, "Alors pourquoi tu t'attendais à c'que je le fasse ?" parce que c'est ce que tu attendais, que je t'invite ? Que j'ai la naïveté de t'inviter après ce que tu m'a fais ? Je bois une nouvelle gorgée, bougeant un peu, assise, au rythme de la musique, " Vous êtes en couple ? " souris en la regardant et secoue la tête négativement. Non, on est pas en couple. Pas encore du moins, et je vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué, donc peut-être même jamais. Qu'est-ce que j'en sais ? Bois une nouvelle gorgée, souris à la rousse, "Pourquoi tu te prends tant la tête ? T'a l'air tellement nerveuse, détends toi un peu !" relax, on est là pour passer une bonne soirée après tout. Comme deux amies.

Comment tu fais pour t'amuser quand moi je sombre ? Comment tu fais pour me planter avec le sourire ? Tu les vois, mes deux prunelles vertes qui s'enlisent, tu le vois que je n'arrive pas à encaisser. Je suis pas pudique, j'ai toutes mes blessures à nue. Et toi, toi tu t'en fous. Tu plaisantes, tu te dandines. Tu t'en fous. Et j'te remercie de le faire, parce que ça me frappe, là, dans ce bar tellement fouillis qu'il en est désagréable, que tu ne mérites pas mon cœur dévoué. "Alors pourquoi tu t'attendais à c'que je le fasse ?" Le liquide s'écoule dans sa gorge, tout comme sa colère. « J'ai dis ça ? Je savais que tu le ferais pas, évidemment. » Tu la sens, la rancœur qui ne se cache même pas ? « Je voulais t'inviter, moi. » Ou j'aurai voulu que tu regrettes d'être déjà prise. J'aurai voulu voir que ça te faisait quelque-chose. J'aurai voulu voir autre-chose que ce que tu me sers, avec ton sourire idiot. "Pourquoi tu te prends tant la tête ? T'a l'air tellement nerveuse, détends toi un peu !" Comme une insulte au battant avec lequel tu t'amuses. Les cils battent plus vite, pour éviter un possible débordement. Regarde le sol, et boit une gorgée en effacant rapidement une larme qui s'amusait à flirter avec le vide. Camoufle ça de son verre, ses billes seulement plus intenses en seules trahison. « C'est vrai, une page qui se tourne ça se fête. » Un sourire, faux et vrai à la fois. Forcé, mais sincère. Après tout, Scarlett, Tamsin est déjà entrain de lire un autre livre que toi tu restes bloquée à votre page. Allez, elle te dit toi aussi de t'attaquer à la bibliothèque. Et frappe son verre contre celui de la brune, comédienne dévastée.

Je m'en doutais, j'veux dire.. tu voulais pas que j't'invite alors ? Ose me dire non, et on verra ensuite. « J'ai dis ça ? Je savais que tu le ferais pas, évidemment. »  tu l'a pas dis et c'est ce qui pose problème, tu dis jamais rien Scarlett. Tu fais en sorte que moi je parle et tu te dévoile jamais, et quand ça te plait pas t'a ses yeux tristes, mais cette tristesse tu ne la dois qu'à toi et qu'à toi seule. J'en suis pas responsable, moi. Si tu m'parlais plus, si tu me disais réellement ce qu'il se passe, pourquoi t'agis comme tu le fais, alors peut-être qu'on en serait pas là. J'ai fais des erreurs et j'le reconnais, mais je ne fais que ça, des erreurs. « Je voulais t'inviter, moi. » J'aurais voulue que tu m'embrasses, moi. J'aurais adoré que tu le fasse, pendant tout ce temps. J'aurais aimé que t'arrives à me convaincre que ce type, que cette promesse, c'était pas grand chose, que tu m'fasse rester près toi, que ce froid entre nous ne s’installe pas si facilement. Réponds par une taquinerie, parce que c'est plus facile d'en rire. Ouais, j'en rigole. Moi qui voulait être sérieuse avec toi, moi qui voulait tenter ma chance avec toi, bah tu vois j'me suis faite à l'idée depuis que tu t'es amusée avec mes sentiments. « C'est vrai, une page qui se tourne ça se fête. » Rigole en secouant la tête. Rire jaune. Fini son verre cul sec et en demande un autre, et un autre. Enchaîne les taquineries, les blagues réellement drôles et les piques un peu moins. Elles enchaînent les verres, aussi. C'est plus facile avec de l'alcool, c'est plus facile quand on peut excuser nos comportements sur quelques verres. Je fini par danser, pour moi, pour Scarlett et pour quelques hommes dans la salle aussi, jouer avec mes cheveux, les mettre sur mes yeux, m'en faire une barbe, une moustache, jouer avec les siens, finir pas droite, ou prétendre être alcoolisé. Je me suis moi-même noyé dans mes propres mensonges ce soir. Tends ses jambes vers le ciel -bon d'accord, juste en face d'elle, le ciel est déjà trop haut- affalée sur le canapé, "bon alleeeez faut qu'on rentre maintenant !" la voix dansante. Regarde son amie, approche son visage près, très près. Se met à rire, "si tu voyais tes pupi--pap--pupilles !" c'est drôle, ça amuse. Ou bien Tamsin n'est que mensonge et elle prétends que ça l'amuse. Comment reconnaître le vrai du faux avec elle ?