veïa ~ facing and solving problems

facing and solving problems

VEIA & LUDMILA

Quasiment une semaine que Ludmila était revenue et avait remis les pieds à l'université, et quasiment deux jours qu'une certaine amie dont elle pensait être proche l'évitait à tout va, sans donner d'explications. Elle fuyait la jeune russe comme Ludmila fuyait les incapables de cet université, c'est-à-dire beaucoup de monde. Veïa. Elles avaient deux caractères diamétralement opposés qui ne prédestinaient pas à ce qu'elles deviennent amies, ou à une soi-disant relation qui se rapprochait le plus du terme "amies". Ludmila était touchée par Veïa, par son visage angélique, son caractère tout aussi angélique, à la limite de la naïveté, bref, tout le contraire de la russe. Mais elle avait appris à s'adapter à la compagnie de la future Lowell cette dernière semaine, et c'était un gros effort de sa part, sachant qu'elle n'accepte dans son carnet d'adresses que des Eliots ou des personnes comme, well, elle. Mais il faut croire que V. ne semblait pas accorder tant d'importance aux efforts de la jeune russe, vu comment elle l'a snobé du jour au lendemain, ce qui, autant le dire, n'a clairement pas plus à Ludmila, connue pour son tempérament de feu. Mais elle n'avait cependant pas cherché à comprendre cette froideur et cet éloignement soudain de la Lowell, elle n'avait pas le temps de perdre du temps avec des futilités pareil en fin de compte. Mais croyez-en bien que le moment où Veïa tombera sur son chemin, elle en prendra bien son grade. Le moment par exemple comme ce matin, sur le parking de l'université alors que Ludmila venait de débarquer avec sa nouvelle voiture flambant neuve. A peine avait-elle mis un pied dehors de cette dernière, qu'elle tomba nez à nez avec la concernée, qui sortait elle-même d'une voiture. Sans plus attendre, Ludmila l'interpella. « C'est quoi ton problème exactement, Alvisio ? » Claqua-t-elle d'un ton cinglant, faisant sortir toute sa colère et incompréhension à travers sa question. Autant aller droit au but aussi, encore une fois, Ludmila n'avait pas de temps à perdre avec ces futilités.

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VEIA & LUDMILA

S'il y avait bien une chose dont Ludmila avait horreur, c'était être ignorée. Et qui plus est, sans raison(s) valable(s) et apparente(s). De base, elle accordait son intérêt et son temps à peu de personnes et mettait un point d'honneur à choisir correctement ses fréquentations aussi rapides se fassent-elles, alors dès qu'une de ces fréquentations en question la rejetait, ça la mettait hors d'elle. Ce qui était, en soit, ridicule et très capricieux de sa part mais elle était capricieuse, et ce parfois jusqu'à l'extrême, et assumait pleinement son caractère difficile. Après tout, tant qu'elle n'était pas la victime principale de ce caractère, tout allait pour le mieux du monde. Non, les victimes s'avéraient être son entourage au quotidien, et aujourd'hui, précisément, c'était Veïa. La douce et ravissante Veïa qui avait malgré elle blessé Ludmila et sa fierté en l'ignorant volontairement et plus longtemps que prévu. Douce et jolie Veïa, incapable de sortir une phrase complète sans flancher la voix lors de l'affrontement, l'air totalement tétanisée ? « Contente de savoir que tu te souviennes encore de moi. » Répondit la jeune russe, un faux sourire aux lèvres. Veïa baissait le regard, évitait le contact visuel avec Ludmila, ce qui la fit encore plus sourire amèrement. Oh qu'elle adorait jouer la méchante dans les moments comme celui-là ! « Bon écoute-moi, je ne vais pas m'amuser à te courir après pour connaître les raisons de ton comportement de pré-adolescente pré-pubère ces derniers temps donc je réitère ma question pendant que je te tiens et j'attends bien une réponse cette fois-ci : c'est quoi ton problème exactement, Alvisio ? » Tout en articulant bien mot par mot, au cas où un mot serait mal passé dans la transmission, et être sûre que cette fois-ci, Veïa imprime bien ces mots pour pouvoir formuler une réponse correcte et concrète.

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VEIA & LUDMILA

Au fond d'elle, Ludmila regrettait cette altercation et regrettait déjà les futurs piques et paroles lancées qui lui brûlaient sur la langue et les conséquences qu’engendreront ces dites paroles. Au fond d'elle, elle savait qu'elle devrait abandonner et passer à autre chose ou tout simplement être plus tendre avec la jeune femme, prendre soin de ses proches, c'était tout de même ce qu'elle s'était promis et jurée l'année dernière. Mais la colère et la déception d'avoir été abandonnée et ignorée étaient des sentiments trop présents pour elle pour jouer la Ludmila toute tendre et douce. « C'est compliqué ? » Répéta-t-elle, accompagné d'un rire jaune. A quelques détails près, si elles ne se trouvaient pas sur le parking de l'université, Ludmila se croirait être au lycée avec les histoires de petites filles mal dans leur peau. « Compliqué ? Tu t'es crue sur un statut Facebook ? » La jeune russe commençait à perdre patience, pour de bon. Et inspira, longuement. Et expira, longuement. Détourna le regard, avant de les reposer sur la jeune blonde qui paraissait martyrisée à ce moment précis, ce qui agaçait encore plus Ludmila. « Oh et s'il te plaît, arrête d'éviter de me regarder dans les yeux, on dirait que je suis ton bourreau, que je te martyrise alors que je ne fais que te poser une simple question. » En la brusquant légèrement, soit, mais c'était une simple question quand même. Dont elle était toujours incapable de répondre. « En quoi c'est compliqué de sortir des mots de sa bouche pour m'expliquer la situation d'ailleurs ? Ou c'est un lexique de mots qu'il te faut justement, pour te ré-apprendre à parler anglais ? »

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VEIA & LUDMILA

Il fallait être honnête, Ludmila ne se faisait pas prier deux fois pour passer pour la méchante. C'était un rôle dont elle avait bien appris à maîtriser étrangement, et si besoin, elle savait endosser ce rôle à la perfection. Elle aimait tout particulièrement l'endosser ce rôle lorsqu'on la forçait à le jouer, c'est-à-dire lorsqu'elle n'était à la base que simple spectatrice et ou au pire la victime, pour changer, puis on la forçait ensuite à se déguiser et à monter sur scène. C'était ce qu'était en train de faire Veïa. Ludmila n'était pas coupable, de rien, elle le savait. Veïa le savait, pourtant elle agissait comme si la russe l'avait maltraité depuis qu'elles se connaissaient. Le regard fuyant, les paroles hésitantes, elle tira même Ludmila par la main pour l'emmener dans un coin plus tranquille, ce qui ne rendait pas du tout tranquille Ludmila. Pour le peu de temps qu'elle connaissait et s'était attachée à Veïa, elle avait l'impression que cette dernière allait tirer un discours de rupture ou quelque chose dans ce genre. Et les paroles qu'elle prononça ne fit qu'accentuer le sentiment de Ludmila. « Oh mon dieu, arrête Veïa, arrête, on dirait que tu es en train de rompre avec moi ! Et quelle rupture, la plus ridicule qu'il soit, franchement la vieille excuse du "C'est pas toi, c'est moi", elle date de Jérusalem non ? » C'était une rupture. Ludmila avait réellement la nette impression de vivre une rupture, et cela l'amusait au fond mais comme toujours, elle ne laissait jamais transparaître le fond mais la forme. « Balance la vraie excuse cette fois-ci. S'il te plaît. » ajouta-t-elle toujours avec froideur mais tout en s'efforçant tout de même à sortir le "s'il te plaît" qui était censé rassurer et adoucir la jeune femme pour la mener aux confessions. Censé.

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VEIA & LUDMILA

Enfin. Veïa avait parlé. Elle avait lâché la bombe. Ou presque. « J'ai couché avec Sabian.  » Ludmila fut tellement prise par surprise par cette révélation qu'elle en oublia pendant dix longues secondes d'être en colère et de fermer la bouche béat. Enfin, non ce n'était pas la révélation en elle-même qui la surprenait mais plutôt le fait qu'elle s'attendait à toutes les excuses du monde pour qu'elle soit aussi froide envers elle comme ça, sauf ceci. « Hm ? C'est cool ? Félicitations, je suppose ? Moi qui te pensais vierge, c'est ... cool ?  » Elle ne savait vraiment pas comment prendre la nouvelle, et son ton, dubitatif et hésitant qui remplaçait celui froid et hautain de tout à l'heure le montrait bien. Elle commençait même à se sentir mal à l'aise sur le partage de Veïa sur sa vie sexuelle, car malgré qu'elle soit proche d'elle, elles ne se connaissaient pas depuis si longtemps que ça et c'était un sujet que Ludmila pensait être tabou d'office entre elles. Faut croire que non. « Mais bien que ta vie sexuelle m'enchante, vraiment, je ne vois absolument pas le rapport avec moi. Tu veux que j'aille dire à Sabian de te lâcher ou quoi ? C'était juste un coup d'un soir, et il ne te lâche plus ? » Proposa-t-elle, honnêtement, sans réfléchir au fait qu'elle venait d'affirmer qu'elle connaissait Sabian et plus que bien, et sans toujours faire la liaison entre toute cette histoire.