(ROËl) + same blood

SAME BLOOD.

ROMY & AZRAËL

C'était très loin d'être la révélation la plus facile à entendre et.. Ouais, j'pourrais totalement comprendre si elle me demandait de sortir de chez elle. Après tout, peut être que dans le sens inverse, j'aurais pu réagir de la même façon. J'savais absolument pas ce qui pouvait s'passer dans sa tête et puisque dans la mienne c'était déjà le gros bordel, au final, c'était sûrement bien pire dans la sienne. Après toutes ces années, je débarquais comme ça lui annonçant sur un plateau qu'en plus d'être de la même famille, on était jumelle, ew plutôt dur à encaisser. Alors ouais, j'pouvais partir. Lui laisser des heures, des jours, des semaines même pour qu'elle puisse faire le tri dans tout ça. Elle n'avait qu'à demander au fond. « Non ! » Je sursautais à mon tour surprise par l'éclat de sa voix. Sa main venait se poser sur la mienne pour me retenir et je me risquais à la regarder à nouveau, chamboulé par le retournement de situation. « Non, s'il te plait, reste. » Bien sûr que j'allais rester. Ma main libre venait s'poser sur la sienne comme pour la rassurer alors que je me risquais à un léger sourire. Ouais, j'étais contente qu'elle me demande de rester. Parce qu'au fond, moi je la voulais cette famille. Sûrement plus que n'importe quoi d'autre. « Donc toi aussi t'as eu droit aux foyers et familles d'accueil ? » Ew, parlons passé alors. Je me mordais la lèvre inférieure laissant mon regard parcourir le salon. C'était un sujet douloureux, vraiment. Mais après avoir débarqué de la sorte, je lui devais au moins ça. Ouais enfin.. J'ai été adopté juste après l'abandon mais ils étaient violent alors.. Je suis retourné dans les services sociaux. Famille d'accueil, foyer.. La totale quoi. J'ai tourné en rond, eu le lot de père détraqué avant d'atteindre finalement la liberté. C'est.. T'as été heureuse ? Au moins un peu. Oh dis moi que t'as pas souffert comme moi toutes ces années. Dis moi que t'as eu rien qu'un peu de chance s'il te plait.

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ROMY & AZRAËL

Azraël représente tout ce dont je n'ai jamais osé rêver lorsque j'étais enfant. Une soeur, une famille, quelqu'un qui me ressemble ou avec qui j'ai plus en commun qu'avec n'importe qui d'autre. Je me suis toujours refusé de penser à ce genre de choses pour justement ne jamais finir blessée ou déçue. A quoi bon rêver d'une famille qu'on a pas et qu'on aura probablement jamais ? Quels sont les pourcentages d'enfants abandonnés à la naissances qui retrouvent un jour leurs parents ou frères et soeurs biologiques ? Je pense qu'ils sont très bas. Du coup je me rends compte que je fais partie des quelques chanceux, si on peut dire ainsi, qui voient leur vie chamboulée le jour où quelqu'un vient toquer à leur porte pour leur annoncer une nouvelle similaire à celle qu'Azraël m'a apportée. Donc ça me paraît quelque peu évident et légitime que je sois complètement perdue. Mais étrangement, je ne pense pas qu'à moi dans cette histoire. Je pense aussi à Azraël, ma jumelle, qui est venue jusqu'à chez moi car elle a peut-être besoin de cette famille qui ne m'a jamais vraiment manquée. Je devine qu'elle aussi a du avoir une enfance difficile et c'est pourquoi je peux pas la laisser partir. Je hoche la tête, les sourcils froncés tandis qu'elle me raconte son histoire. Tout ce dont elle me parle m'est plus que familier car je suis aussi passée par ces choses. « Je suis désolée que tu aies du traverser ça. » je finis par lui dire. Car c'est vrai, je suis sincèrement désolée. « Mmh je pense qu'on peut dire ça. » je lui dis en hochant la tête, l'air pensive. Je n'ai jamais vraiment été malheureuse en tout cas, j'ai rapidement accepté la situation dans laquelle je me trouvais. « J'ai été adoptée par un bon paquet de familles mais à cause de mes fugues, elles finissaient par me ramener. On peut dire qu'on a eu un parcours similaire. » je lui dis pour la rassurer. Car même à des kilomètres de distance, mon destin semblait être lié à celui d'Azraël. « J'ai fini par être adoptée définitivement à l'âge de douze ou quatorze ans, j'ai eu de la chance de tomber sur cette famille. » je finis par expliquer. J'ai perdu le compte. J'ai jamais eu une bonne mémoire pour ce genre de choses, et pourtant ça aurait du me marquer.

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ROMY & AZRAËL

Je ne souhaitais à personne les épreuves par lesquelles j'avais du passer. La peine, les violences et tout ce qui allait avec.. On m'avait lâchement volé mon enfance et les dégâts infligés étaient encore visible maintenant. Torturée par les souvenirs, hantée par le passé.. J'voulais pas qu'elle ait eu à subir ça. Ne pas avoir de parent, ne pas avoir d'attache. J'avais été envoyé ici et là sachant par avance que ça ne serait que pour une courte durée. Personne n'avait voulu de moi. Les seuls qui avaient entamés la procédure d'adoption étaient tordus et violent. Et par la suite, personne n'avait voulu d'une gamine hantée par ses démons. Certains diront que je m'en était bien sortit. Yale, puis Harvard. Université prestigieuse visant à donner un avenir bien meilleur. Pourtant, au fond, je savais que j'étais toujours la gamin terrifiée. Le monde allait bien trop vite pour moi et les blessures infligés aussi bien physiquement que mentalement continuait à me bloquer. Alors non, je ne voulais pas qu'elle ait eu à subir cette douleur là. « Je suis désolée que tu aies du traverser ça. » Hochement de tête. C'était pas la première fois que j'entendais ça. Malheureusement, ça ne changeait rien. « Mmh je pense qu'on peut dire ça. » Je la regardais à nouveau attendant une suite, attendant de savoir comment ça avait pu être pour elle. « J'ai été adoptée par un bon paquet de familles mais à cause de mes fugues, elles finissaient par me ramener. On peut dire qu'on a eu un parcours similaire. » Soupir. A croire que le sort s'était acharné sur nous, comme si à cause des erreurs de nos parents, on ne méritait pas un tant soit peu de paix et de bonheur. « J'ai fini par être adoptée définitivement à l'âge de douze ou quatorze ans, j'ai eu de la chance de tomber sur cette famille. » Mais elle avait eu plus de chance semblait-il. Le destin n'avait pas été de mon côté du tout au final. J'suis contente pour toi. que t'ais pu avoir des parents, une vraie vie même si c'est arrivé un peu tard. J'suis désolée, j'sais pas tellement quoi dire.. J'avais pas réfléchi à l'après. A ce qui pourrait s'passer une fois qu'elle aurait ouvert la porte et ouais, j'étais un peu chamboulé par tout ça. J'avais personne et je me retrouvais avec une soeur, une jumelle. C'était moi qui l'avait cherché mais c'était différent de se retrouver en face d'elle maintenant. Je.. J'voudrais vraiment qu'on construise ce qu'on a pas pu avoir. Une relation entre nous, un vrai lien. Et peut être que ça ne serait pas si difficile que ça. Après tout, on était des jumelles, c'était pas rien.

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ROMY & AZRAËL

Parfois, je ne me rends pas bien compte de la chance que j'ai pu avoir comparé à d'autres. Bien sûr que ma vie a commencé un peu bizarrement, abandonnée à la naissance et trimballée de foyers et foyers, de familles d'accueil en familles d'accueil. Ce n'était pas facile et j'ai du apprendre à me débrouiller toute seule, me défendre face aux autres gosses et aux adultes. Je suppose que j'ai du faire mes preuves, tracer ma route avant que la roue ne tourne. J'ai fini par être adoptée assez tard par une famille qui, il faut le dire, a probablement changé ma vie. Sans eux je ne sais pas où je serais à l'heure actuelle, où j'aurais atterri, mais ce ne serait certainement pas à Harvard. Bien entendu, je ne suis pas une fille parfaite, j'ai pas l'existence dont tout le monde rêve. J'ai mes ratés, mes défauts, mais ça personne ne pourra le changer. Disons que les Oswald m'ont donné l'opportunité de m'en sortir, de faire de ma vie quelque chose d'un peu mieux. J'en sais trop rien. Le truc c'est que je ne m'en rends pas bien compte. Je le sais, mais je n'y pense jamais. Je vais de l'avant, je pense pas au passé. Mais me retrouver face à Azraël, ma jumelle, qui a vécu elle aussi certaines choses que l'on ne souhaiterait à personne, ça me replonge dans une époque qui me semble à la fois lointaine et si proche. Lointaine car c'était il y a des années, et proche car cela a toujours un impact sur qui je suis aujourd'hui. Cela me rappelle que j'ai eu une fin plus ou moins heureuse, même si je finis toujours pas tout gâcher à un moment où un autre. Je suis donc un peu gênée alors qu'elle me dit qu'elle est contente pour moi. Pour le coup, je pense que nos vies auraient du être inversées. Qu'elle aurait du avoir été adoptée par les Oswald à ma place. Je pense que j'aurais mieux vécu la solitude qu'elle. Elle les méritait plus que moi. Je garde le silence face à elle, incapable de lui dire quoi que ce soit. C'est tellement bizarre. J'ai l'impression de me retrouver confrontée à ma conscience. Comme si Azraël réveillait en moi des choses qui avaient dormi tout au long de ma vie. « Je peux pas te promettre d'être la soeur dont tu as toujours rêvé Azraël. » je finis par lui dire. Car c'est vrai. Je suis ni la fille, ni la soeur, ni l'amie, ni rien du tout d'idéal. Je suis juste Romy, avec tous ces défauts et il faut l'accepter comme c'est. « Je veux bien essayer, qu'on se donne une chance, mais tu dois savoir que je suis loin d'être parfaite. Tu peux le demander à mon autre soeur. En ce moment, je pense qu'elle aurait préféré ne jamais croiser ma route. » je lui raconte, un ton d'ironie dans la voix. Je préfère dire ça avec ironie, car sinon c'est trop déprimant. Ma propre soeur qui me déteste car je n'ai moi-même pas été fichue d'être une bonne soeur. Si ça c'est pas un signe.

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ROMY & AZRAËL

Et peut être aussi que ça ne marcherait absolument pas. Qu'on resterait éternellement deux étrangères et qu'on finirait par ne plus se voir puisqu'on serait incapable de construire quoi que ce soit entre nous. C'était une possibilité ouais mais je préférais largement croire à la première option à vrai dire. Parce que c'était ce dont j'avais toujours rêvée. Avoir une famille, quelqu'un à qui me raccrocher. Etre comme tout le monde, ne plus être la gamine abandonnée. Probablement bien trop idéaliste pour la nana défaitiste que j'avais pris l'habitude d'être mais.. Apprendre l'existence de Romy, ça avait éveillé quelque chose en moi. Au fond, on était les mêmes. Parcours semblable, même sang, même enveloppe. Et peut être qu'à force, on se découvrirait des tas de point commun. Mon dieu, j'aurais tellement voulu partager ça avec Alex. Lui parler de mes doutes, mes peurs et en même temps, lui transmettre la joie que j'avais ressentie mais.. C'était compliqué. J'arrivais plus à lui parler, un truc s'était brisé entre nous. « Je peux pas te promettre d'être la soeur dont tu as toujours rêvé Azraël. » Haussement d'épaules. Le truc, c'est que j'avais pas d'idéal. J'avais jamais réellement imaginé ce que ça pourrait être et peut être que je serais pathétique dans le rôle de la soeur, j'en savais rien mais.. J'étais persuadée que ça valait au moins le coup d'essayer. « Je veux bien essayer, qu'on se donne une chance, mais tu dois savoir que je suis loin d'être parfaite. Tu peux le demander à mon autre soeur. En ce moment, je pense qu'elle aurait préféré ne jamais croiser ma route. » C'était avec ce genre de phrase que je me persuadais de notre ressemblance. Convaincu d'être nocive pour les autres était un domaine que je connaissais que trop bien. La perfection c'est ennuyant que je finissais par dire pour toute réponse. Et j'étais bien loin de l'être, parfaite. Et moi j'ai toujours rêvée de croiser ta route, je me suis persuadée que t'existais et.. J'ai pas envie de te lâcher maintenant. J'pouvais pas.

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ROMY & AZRAËL

La perfection c'est ennuyant, qu'elle me dit. Si Azraël ne m'avait pas déjà dit que nous étions jumelles, c'est une question que j'aurais pu me poser après avoir entendu ces mots. Si nous nous étions simplement croisées dans la rue, sans savoir que nous avions un quelconque lien de parenté et qu'elle aurait dit ça, comme ça, j'aurais pu me demander si justement, nous n'avions pas quelques gènes en commun. Je me serais dit que cette fille me plaît, qu'elle me fait penser à moi-même. J'aurais voulu apprendre à la connaître, j'aurais certainement été très proche d'elle, deux bonnes amies. Mais nous ne nous sommes jamais rencontrées par hasard dans une rue et nous ne deviendrons jamais amies, puisque nous sommes plus que ça. Nous sommes soeurs et maintenant, cela me semble indéniable. Ces paroles étaient comme la lueur que j'avais attendue depuis l'instant où je lui avais ouvert la porte de mon appartement. Son histoire m'a touchée, certes, j'ai vécu des choses similaires. Mais j'attendais un peu plus d'elle, une preuve qu'elle ne finira pas par me rejeter comme tout le monde en a eu l'habitude jusqu'à présent. Qu'elle ne sera pas déçue de moi, parce que j'étais prête à parier qu'elle aurait fini par l'être. Je la connais pas, je ne sais pas à quoi ressemble sa vie aujourd'hui, mais je sais bien qu'elle n'aurait jamais voulu d'une personne comme moi pour venir foutre la merde dans son quotidien. Mais voilà, la perfection c'est ennuyant. « Tu ne pourras pas dire que je ne t'aurais pas prévenue. » je lui dis en lui adressant un clin d'oeil. Je suis d'accord avec elle, la perfection c'est ennuyant. Mais me connaissant, on est dans un tout autre registre avec moi. Je suppose qu'il vaut peut-être mieux que je ne lui en dise pas trop à mon sujet tout de suite. Au fond de moi, j'ai envie qu'elle me donne une chance, qu'elle essaye d'apprendre à me connaître avant de savoir toutes les saloperies qu'il y a à savoir à mon sujet. « J'espère que je ne te ferais pas regretter ton choix. En tout cas je ferais de mon mieux. » je lui dis. Et c'est sincère.

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ROMY & AZRAËL

J'avais toujours ressentit ce vide en moi et quelque part, je me disais que s'il était présent, c'était parce qu'elle n'était pas là. Comme si au fond, j'avais toujours su que j'avais une moitié manquante et que j'avais juste à la trouver. Alors ouais, je ne voulais pas la lâcher maintenant. Pas alors que je venais tout juste de la trouver. Peut être que ça serait difficile, peut être bien qu'on aurait du mal à créer des liens mais je voulais y croire et avec un peu de bonne volonté, ça ne pouvait que fonctionner. Y avait pas de raison que ça ne marche pas. « Tu ne pourras pas dire que je ne t'aurais pas prévenue. » J'esquissais un sourire haussant les épaules. Ah, si seulement elle savait. J'étais pas un cadeau. J'étais sûrement la personne la plus torturée sur la planète et j'avais ce pouvoir de destruction que j'appliquais autant sur les autres que sur moi même. Etre dans ma vie, c'était pas le bonheur absolu, j'étais une plaie pour la plupart mais.. Je voulais faire les choses bien avec elle. Que ça fonctionne réellement. Me dire que j'avais vraiment mit tout en oeuvre en fait. « J'espère que je ne te ferais pas regretter ton choix. En tout cas je ferais de mon mieux. » Moi aussi. Faire de notre mieux c'était la seule chose qu'on pouvait espérer et maintenant, y avait plus qu'à laisser faire les choses. Rien d'autre. Je regretterais pas. Parce que je la voulais cette famille et qu j'étais à deux doigts de l'avoir. Je vais devoir y allez mais faut absolument qu'on se revoit. C'était une obligation en fait même. Je lui tendais mon téléphone avant de reprendre. Tu peux noter ton numéro comme ça ça sera plus pratique.

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