(ROËl) + same blood

SAME BLOOD.

ROMY & AZRAËL

Comment est ce que les choses pouvaient partir tellement en vrille ? Non mais parce qu'il fallait dire ce qu'il en était et oui, tout était en train de s'effondrer. Je ne reconnaissais plus Alex qui semblait être d'humeur à me pousser le plus loin possible de lui et ouais, j'avais la terrible impression d'être seule, une fois de plus. Alors en me levant ce matin là, j'avais récupéré cette lettre que j'avais laissé de côté la relisant encore et encore. Peu de gens étaient au courant que j'avais fais les démarches pour retrouver ma véritable famille, même moi j'avais encore du mal à comprendre pourquoi j'avais fais ça et maintenant, j'étais bien décidée à enfin avoir une conversation avec la personne concernée. Puisque tout semblait partir en vrille, j'avais besoin de me raccrocher à quelque chose même si ça semblait totalement minime. Peut être que cette fille, cette Romy, ne voudrait même pas m'écouter. Après tout, je ne connaissais rien d'elle. Rien à part le fait qu'on avait le même sang. Rien à part qu'elle était ma jumelle. Je ne savais même pas si j'avais digéré l'information ou pas mais, j'avais besoin de mettre dans l'ordre de ma vie et peut être que commencer par ça me permettrait d'enfin arrêter de me torturer l'esprit sur cette enfance que je n'avais pas pu avoir. J'avais une jumelle, mon dieu. Le coeur battant bien trop vite, j'avais quitté l'appartement que je partageais avec Alexander lui laissant une simple note. Encore faudrait-il que ça l'intéresse puisque ma personne ne semblait plus tellement le préoccuper, aha. Et j'étais finalement devant cette porte, me demandant si je devais sonner ou non. Faire demi-tour ? Rester ? Repousser à plus tard ? J'inspirais profondément avant de laisser mon doigt appuyer sur la sonnette. Pas de retour en arrière, c'était maintenant où jamais. Puis la porte s'ouvrait finalement sur cette brune. Romy ? que je murmurais plus pour moi même qu'autre chose. La lettre toujours à la fin, je la lui tendais puisqu'il serait plus facile de comprendre comme ça qu'en utilisant mes mots. On a des choses à se dire.. Oh oui, tellement.

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ROMY & AZRAËL

J'entends quelqu'un qui sonne à la porte de l'appartement, et je mets quelques secondes avant de comprendre que je suis censée aller ouvrir. J'ai plus l'habitude d'avoir un appartement à moi, même si en réalité je le partage avec Milo. Cela fait un an que je vis dans des hôtels, que je squatte chez des gens, que je dors dans des tentes alors forcément, j'ai un peu perdu certaines notions de ce qu'est la vie réelle. J'ai l'impression d'être une vraie sauvage qui redécouvre la civilisation et ça craint un peu. D'autant plus qu'après avoir entendu la sonnette et compris qu'il fallait ouvrir, j'ai bêtement attendu que Milo s'en occupe à ma place, pas encore habituée à ce que cet appartement soit aussi le mien. Je m'y sens pas encore comme chez moi, je suppose que je dois faire mes marques, pisser dans tous les coins du salon, des trucs comme ça. Du coup quand je me rends compte qu'en réalité, Milo est sorti et que je suis la seule à l'appart, je saute du canapé, je laisse mon bol de céréales sur la table basse et me précipite jusqu'à la porte. Je me rends pas bien compte, est-ce que j'ai mit tant de temps que ça à réagir ? J'en sais trop rien, en tout cas j'espère que la personne qui a sonné est pas partie en pensant qu'il n'y avait personne. Bon en réalité je m'en fiche mais on sait jamais que ça soit important. On sait jamais que ça soit pour Milo et que j'ai raté une occasion de m'informer sur mon cher nouveau colocataire. Je suis un peu curieuse sur les bords, j'ai envie de tout savoir de ce jeune homme avec qui je vis. Quitte à fouiller dans ses affaires. Tiens, c'est d'ailleurs une plutôt bonne idée. Je ferais ça tout à l'heure. Du coup quand j'ouvre la porte et que je me retrouve face à une demoiselle, je me dis que c'est peut-être sa copine ou un flirt. Ca me ferait bien rire de faire croire que je suis la maîtresse de Milo. Non sérieusement, le pauvre je peux pas faire ça, il va me virer de chez lui. Sauf que voilà, l'inconnue ne doit pas m'être complètement inconnue puisqu'elle prononce mon prénom. J'arque un sourcils, je la regarde de haut en bas. « On se connaît ? » je lui demande, intriguée. Parce que moi je me souviens pas vraiment de l'avoir croisée. En tout cas ma question doit répondre à la sienne puisqu'elle me dit qu'on a des choses à nous dire. Hein ? Qu'est-ce que j'ai encore bien pu faire ? Dans quelle histoire est-ce que je me suis embrouillée sans le savoir ? Parce que ça m'arrive assez régulièrement d'avoir des inconnus qui me courent après car ils auraient des comptes à régler avec moi. C'est arrivé il y a quelques jours avec une certaine Delilah donc bon. « Des choses ? C'est à propos de quoi ? » je lâche, toujours dans l'incompréhension. Je ne la traite même pas de folle, je ne lui dis même pas qu'elle doit se tromper de Romy. Je crois qu'au fond de moi je sais qu'elle ne se trompe pas de personne. Au fond de moi je me doute qu'elle a de bonnes raisons de venir me voir. Mais lesquelles ?

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ROMY & AZRAËL

Sauf que c'était beaucoup plus compliquée de savoir par où commencer. Ouais. Je ne m'étais jamais retrouvée dans ce genre de situation et de toute manière, c'était pas non plus le truc qui arrivait tout le temps mais pour le coup, j'étais stressée. Peut être qu'elle savait même pas qu'elle avait été adoptée, qu'elle allait me claquer la porte au visage comme une malpropre et que je me retrouverais une nouvelle fois toute seule avec toutes mes questions. Sauf que j'avais pas envie de tout ça. Je voulais vraiment.. Avoir une famille ? C'était peut être le truc le plus idiot au monde mais, j'avais toujours été l'orpheline, baloté de famille d'accueil en famille d'accueil et quand j'avais finalement eu Alexander, j'avais eu la sensation de réellement appartenir à quelque chose. Sauf que maintenant, tout semblait partir en vrille et je tentais tant bien que mal de me raccrocher à mes récentes trouvailles. Autrement dit, Romy. Qui était donc ma soeur jumelle. J'avais peut être l'air impoli à la fixer de la sorte mais.. Je cherchais les ressemblances. « On se connaît ? » Le son de sa voix me faisait revenir à la réalité. Peut être que je nm'y étais pas prise de la bonne manière après tout, c'était possible. C'était pas non plus comme s'il existait un mode d'emploi pour aborder les gens. « Des choses ? C'est à propos de quoi ? » Elle ne comprenait pas et moi, j'avais de plus en plus de mal à trouver les mots comme si mon cerveau tournait soudainement au ralenti. Oh tristesse. Je.. T'es.. Ma soeur ? Merde, mauvais plan. Biologique que je tentais de rattraper alors que ce n'était pas forcément mieux. Je tendais une nouvelle fois la lettre qu'elle n'avait pas prise. Si elle lisait ça serait sûrement plus facile. Je suis Azraël. Même si ça ne t'avance probablement à rien.

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ROMY & AZRAËL

Quand je suis née, j'étais déjà rien. J'étais déjà personne. Juste un bébé avec pas mal de cheveux et pas de parents, ni de famille. Juste un bébé qu'on a placé dans une famille, puis dans un foyer, puis encore une famille en ainsi de suite jusqu'à ce que plus personne ne veuille de moi. J'ai grandi dans l'idée que je ne connaîtrais jamais mes parents et donc dans l'idée que j'aurais pas d'autre famille que celle qu'on m'a offerte à mes quatorze ans. Est-ce que je me suis déjà posé des questions sur mes parents biologiques ? Non jamais. En tout cas pas que je me souvienne. J'ai jamais été du genre à vivre dans le passé, dans les hypothèses et dans les si. "Et si ils ne m'avaient pas abandonnée ? Et si je pouvais les retrouver ?" C'étaient le genre de phrases que j'entendais tous les jours quand j'étais en foyer. Le genre de phrase qui me passaient très clairement au dessus de la tête. Je perdais pas mon temps dans les fantaisies, j'avançais, je me battais, je traçais ma route loin des questionnements, loin des regrets. Alors quand je vois cette brunette sonner à ma porte et demander à me parler, je me doute pas une seconde de ce qu'elle va bien pouvoir m'annoncer. Pas un instant je ne m'attends à ce qu'elle me dise qu'elle est ma soeur. Ma soeur biologique. Je reste con quand j'entends ces mots sortir de sa bouche. Hein ? D'où j'ai une soeur biologique ? J'en ai jamais entendu parler. C'est bon, un million de questions fusent dans ma tête et manquent se recouvrir le son de sa voix lorsqu'elle me dit qu'elle s'appelle Azraël. J'ai envie de rire quand j'entends son prénom. J'ai envie de rire quand je me rends compte que j'ai faillit lui répondre "et moi je suis Romy". Je pense que je suis trop sous le choc pour faire une phrase cohérente. « Je sais pas trop ce que je suis censée faire là. » je finis par avouer. C'est quoi la règle dans une situation comme ça ? Je lui réponds "enchantée" ? Je la prends dans mes bras ? Je fais genre tout ça ne m'atteint pas ? J'en sais rien, on m'a jamais appris, on m'a jamais rien appris. J'ai pas été préparée à ce genre de truc alors tout ce que je fais, c'est rester normale et dire tout ce qui me passe par la tête. « Tu ... tu veux boire un truc ? » je finis par dire en m'écartant de l'encadrement de la porte pour lui faire signe d'entrer. C'est bizarre cette histoire, mais qu'est-ce que je peux y faire ? Je dois au moins la laisser m'expliquer pourquoi diable elle tombe du ciel. L'ange Azraël.

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ROMY & AZRAËL

Où était le manuel d'explication pour ce genre de situation ? Parce que là, j'en avais clairement besoin. J'avais besoin de savoir quoi dire où quoi faire. Pourquoi est ce que je n'y avais pas réfléchi avant ? Non mais parce que c'était typiquement le genre de rencontre où l'on n'allait pas sur un coup de tête. Encore moins quand la personne en face n'était pas au courant. Et là, je me tenais devant ma soeur, ma soeur jumelle, et j'avais aucune idée de quoi faire. Peut être parce qu'au fond, moi même je ne comprenais pas tout. Fallait dire que c'était pas le truc le plus facile du monde à encaisser et ouais, j'étais un peu perdu là maintenant tout de suite mais j'avais pas d'autre choix que continuer à lui faire face. Après tout, on avait certainement des trucs à s'dire pas vrai ? Au fond, on était des doubles et même si elle ne le ressentait pas forcément, moi j'avais toujours eu l'impression d'avoir ce truc manquant. Peut être que c'était tout simplement elle ? Où alors c'était juste mes hormones qui me faisait dérailler encore une fois. « Je sais pas trop ce que je suis censée faire là. » J'esquissais un sourire gênée haussant les épaules. Je ne savais pas vraiment quoi faire non plus alors disons que pour la peine, on était dans le même bateau. « Tu ... tu veux boire un truc ? » Elle venait de me laisser le passage libre pour que je puisse entrer et.. J'hésitais. Inspirant un coup, je finissais par la suivre à l'extérieur avant de prendre la parole. Non ça va.. J'étais trop tendu, j'avais juste besoin de parler, de comprendre, de tirer les choses aux clairs. J'sais que ça paraît un peu dingue mais.. Mais j'avais fini par me poser les bonnes questions et je l'avais trouvé elle. Elle qui avait sûrement vécut des expériences similaire au mienne. Peut être que ça pourrait nous rapprocher en premier lieu. Ou peut être bien qu'on ne se reverrait plus jamais après ça. On a les même yeux. Ouais, c'était le seul truc que je venais de trouver à dire. C'était tellement stupide, j'étais stupide. Posant mon sac sur le sol, je regardais autour de moi tentant de remettre de l'ordre dans mes pensées. Puis je la regardais à nouveau, un peu perdu. J'pourrais comprendre si tu préfères que je m'en aille. Ouais, peut être que c'était un peu trop et que j'aurais du commencer par une approche sur facebook. Peut être.
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ROMY & AZRAËL

Ma vie est un beau merdier, elle l'a toujours été. Je pense que je n'ai pas eu une minute de répis depuis que je suis née. Quand ça commence à aller mieux, il faut que quelque chose arrive. Quand tout va mal, il faut aussi que quelque chose arrive. Aujourd'hui, je suis plutôt dans le cas de la seconde situation. Ma vie a rarement été aussi bordélique et désespérante qu'elle ne l'est en ce moment, et c'est là qu'une jeune femme vient sonner à ma porte pour m'annoncer que nous sommes soeurs. Fort heureusement, je doute que ça soit une mauvaise nouvelle en soit. Je sais pas trop ce que c'est, mais je sais que c'est pas mauvais. Comment est-ce que cela pourrait l'être ? C'est pas comme si on venait de m'annoncer que j'avais une facture à payer, ou bien comme si on venait de me condamner pour une des mes conneries. C'est juste une fille, une soeur qui débarque dans ma vie. Le truc c'est que j'ai déjà une soeur et que j'ai pas mal foiré avec elle alors je sais pas si pour cette Azraël c'est vraiment une bonne nouvelle de m'avoir dans sa "famille". Je pense qu'elle aurait mieux fait de déchirer mon nom et mon adresse et de passer son chemin. C'est un conseil. Il a été prouvé que j'ai tendance à faire plus de mal à ceux que j'aime que l'inverse. Mais je me dis que si elle est venue sonner chez moi, c'est qu'elle ressentais le besoin d'avoir une soeur. Du coup je peux pas lui dire de s'en aller, je peux pas lui dire que je suis pas le genre de soeur modèle. Tout ce que j'arrive à faire, c'est lui proposer à boire. Je sais que c'est con, mais c'est ce que j'ai de mieux à lui offrir là tout de suite. Elle finit par décliner ma proposition alors qu'elle me suit dans mon appartement. Je hausse les épaules et lui propose de s'installer avec moi sur le canapé d'un geste de la main. Je lâche un rire assez ironique quand elle m'explique que tout ça peut paraître dingue. Oui, ça l'est. Je sais même pas d'où elle sort. Elle a quel âge ? Est-ce qu'on a le même père ? La même mère ? Où sont-ils alors ? Je suis curieuse. Elle finit par me dire qu'on a les mêmes yeux. Je plonge mon regard dans le sien et je peux pas m'empêcher de voir moi aussi la ressemblance. Je lui souri. « Et tu sais de qui on les tient ? » je lui demande. J'essaye d'être subtile, mais je sais qu'en réalité je m'y prends mal. « Non t'inquiète pas, c'est bon. C'est juste bizarre de me dire que je finis par rencontrer quelqu'un de ma famille alors que j'ai toujours pensé que ça n'arriverait jamais. » je finis par admettre. Dans ma tête il était clair que jamais j'aurais la chance de savoir d'où je viens, alors je me suis construite en me disant que j'avais pas besoin de tout ça. Mais maintenant que je me retrouve face à Azraël, je me dis que j'avais peut-être tort. « Du coup, qu'est-ce que ça fait de nous exactement ? Des soeurs ? Des demi-soeurs ? » je lui demande, prenant ce sujet un peu plus au sérieux. Je ne connais pas son histoire, ni son âge. Qu'est-ce que tout cela implique au juste ?

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ROMY & AZRAËL

Faudrait vraiment que j'apprennes un jour à réfléchir avant de faire les choses. Mais tout allait tellement mal ces derniers temps que.. Disons que je m'étais raccroché au seul truc que j'avais à porté de main. Autrement dit, l'espoir d'avoir une vraie famille. C'était stupide au fond et je savais que j'étais complètement idiote d'avoir réagit au quart de tour sans même chercher à y réfléchir un peu avant mais j'pouvais plus vraiment retourner en arrière puisque j'étais maintenant chez elle et que j'avais balancé la bombe de notre lien de parenté. Puis le pire, c'était sans doute la façon dont je la regardais. On avait prit place sur le canapé et je ne pouvais pas m'empêcher de la fixer cherchant chaque similitude que je pouvais avoir avec elle. Comme si je tentais encore de me prouver qu'on était bel et bien de la même famille alors que.. Bah le doute n'était pas permit. « Et tu sais de qui on les tient ? » J'haussais les épaules continuant à la regarder. A vrai dire, j'en savais rien. Peut être du père, peut être de la mère.. Je ne les avais pas rencontré alors forcément, j'pouvais pas donner d'affirmation sur ce point là mais ouais.. On avait définitivement les même yeux. « Non t'inquiète pas, c'est bon. C'est juste bizarre de me dire que je finis par rencontrer quelqu'un de ma famille alors que j'ai toujours pensé que ça n'arriverait jamais. » Ouais, j'pouvais lui accorder ce point là puisque pour ma part, j'pensais pas que ça arriverait non plus. Puis disons que pendant longtemps, j'avais clamé ne rien vouloir savoir d'eux. Légitime puisque j'avais été abandonné mais au final, les potentielles frères et soeurs que je pouvais avoir n'avait probablement rien demandé et.. Ouais, j'avais besoin d'une famille. Je t'avoue que j'ai débarqué ici sur un coup de tête mais.. J'avais besoin de te voir. Et même si je n'avais aucune idée de comment les choses allaient pouvoir s'passer par la suite, j'avais au moins fait le premier pas et c'était donc une situation que je pouvais enlever de ma liste de regret. « Du coup, qu'est-ce que ça fait de nous exactement ? Des soeurs ? Des demi-soeurs ? » Je me mordais la lèvre baissant finalement le regard. Ok, inspire, expire, tout vas bien aller, pas vrai ? Des jumelles.. que je lançais finalement jouant maladroitement avec une mèche de mes cheveux. Mon dieu, j'avais une soeur jumelle quoi. 31 octobre 94 pas vrai ? Mon dieu, j'avais l'impression d'être en train de jouer ma vie avec cette information. C'était complètement dingue en fait.

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ROMY & AZRAËL

Je suis tellement perdue. Me retrouver face à une soeur que je ne connaissais pas jusqu'à présent est le genre de truc auquel je m'attendais pas vraiment en réalité. Oui, j'ai toujours su que même si j'étais née sans connaître ma famille, j'avais forcément une famille quelque part. Des parents, des frères et soeurs peut-être. Sauf que voilà, j'ai grandi dans l'idée que je ne les rencontrerais probablement jamais donc j'ai jamais vraiment cherché à en savoir plus à leur sujet. Je me suis jamais imaginé qu'un jour une soeur viendrait toquer à ma porte pour m'annoncer qu'elle existe. D'ailleurs je ne tarde pas à le lui expliquer. Je vois pas pourquoi je lui mentirais en disant que j'avais attendu sa venue toute ma vie. Si elle est bel et bien ma soeur, j'ai pas spécialement envie de commencer notre relation en lui racontant des conneries. Elle a envie de me connaître ? Dans ce cas elle apprendra à me connaître, connaître la vraie Romy. Et si cette Romy ne lui plaît pas, tant pis. On est pas dans un film ou dans un Disney, c'est la réalité ici. Nous n'avons pas été élevées en même temps donc rien ne dit qu'on va s'entendre. Je préfère être franche et avoir une relation sincère avec elle. Elle m'explique alors qu'elle est venue sur un coup de tête et qu'elle avait besoin de me voir. Je hoche la tête en silence. Je ne sais pas à quoi ressemble sa vie et même si j'aurais pas forcément ressenti ce besoin moi-même, je peux comprendre que ça soit le cas pour elle. Je sais pas si elle aussi a vécu en foyer ou en famille d'accueil mais je comprends qu'elle puisse avoir besoin de me voir. Du coup je lui demande en quoi nous sommes liées. Parce que d'accord, nous sommes soeur mais quoi d'autre ? Est-ce qu'on a juste la même mère, est-ce qu'on a le même père ? Qu'est-ce qui fait de nous des soeurs au juste ? Je vois que la question la destabilise un peu et je fronce les sourcils, pour finir avec les yeux grands ouverts lorsque je l'entends m'annoncer que nous sommes jumelles. « Hein ?! » je lâche un peu paumée. Parce que je comprends pas bien en fait. Une soeur ou une demi-soeur, d'accord, mais une jumelle ? Comment est-ce possible ? Du coup elle me donne une date, ma date de naissance. Et donc aussi la sienne. « C'est ma date de naissance, ouais ... » je lâche en essayant de mettre les pièces du puzzle ensemble. Je réfléchis mais en même temps je sais pas quoi penser. Du coup, nous sommes nées en même temps. Je la regarde et je trouve qu'on se ressemble pas énormément. Il y des traits communs, oui, mais j'aurais jamais cru qu'elle serait ma jumelle. Mais bon après tout les faux jumeaux sont parfois très différents physiquement. « Mais je comprends pas. Pourquoi on a pas connaissance l'une de l'autre ? Pourquoi on nous a séparées ? » je lui demande. Je sais vraiment pas à quelle réponse m'attendre. J'espère juste qu'elle va pas me dire que nos parents l'ont gardée elle et pas moi car là j'avouerais que je pèterais un sérieux câble. J'ai de plus en plus l'impression d'être dans un film.

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ROMY & AZRAËL

Certainement qu'avant de me retrouver face à elle, j'avais pas tellement réalisé. Mais maintenant, c'était différent. Tout ça était réel et je faisais face à bien plus qu'une soeur au final. Elle était mon double. Peut être pas physiquement même si certaines similitudes étaient là, mais elle était mon double. Et ouais, c'était peut être ça ce vide que j'avais toujours ressentit. Beaucoup disait que les jumeaux partageait quelque chose de spécial. Alors peut être que j'avais toujours su qu'il manquait quelque chose et que la réponse c'était Romy. Ou peut être aussi que je m'emportais. J'savais pas tellement comment me comporter face à elle. J'avais peur d'aller trop vite, de la fermer. Peut être qu'elle avait même pas envie de me connaître et qu'elle me finirait par me jeter dehors en me demandant de ne plus jamais tenter de la contacter. Alors je me retrouverais une nouvelle fois seule et.. J'savais pas comment je réagirais. J'avais tellement rêvée de cette famille et c'était la première fois que j'avais la sensation qu'elle était réellement proche. Bien sûr que c'était stupide et prématuré mais sous mes airs de mauvaise fille, j'pouvais pas m'empêcher de vouloir ce happy ending que j'avais tellement espérée. « Hein ?! » Ouais, j'aurais du m'y attendre. Forcément que c'était dur à encaisser, probablement même qu'elle ne me croyait pas. C'était beaucoup d'information d'un coup et.. Peut être qu'elle avait jamais cherché elle à me trouver. « C'est ma date de naissance, ouais ... » Je me mordais la lèvre fuyant son regard pendant quelques instants. Et qu'est ce que je pouvais dire maintenant ? « Mais je comprends pas. Pourquoi on a pas connaissance l'une de l'autre ? Pourquoi on nous a séparées ? » Hausse les épaules. J'en savais rien, j'avais strictement pas les réponses à ses questions à vrai dire. On a peut être juste été adoptés par des familles différentes. Et moi, j'avais pas eu de chance. J'avais eu le droit au lot "enfant battu, foyer d'accueil, aucune stabilité". J'espérais que les choses avaient été mieux pour elle. Je.. Je comprendrais si tu veux que je m'en aille.. Peut être pour pouvoir réfléchir à tout ça. Pour prendre le temps, pour encaisser..
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Je ne comprends vraiment pas ce qui m'arrive. D'ailleurs il y a des moments où je me retiens de me pincer histoire de vérifier que je suis pas en train de rêver. Juste pour être sûre que ce n'est pas mon esprit qui me joue des tours. Après tout, peut-être que ma culpabilité envers Feryel me donne des hallucinations d'une soeur jumelle qui m'était jusqu'à présent inconnue ? Mais non, rien de tout ça n'est le fruit de mon imagination. C'est bien ma soeur jumelle que j'ai en face de moi dans mon salon. Je n'ai rien contre l'idée d'avoir une famille biologique à vrai dire. Je n'aurais jamais imaginé que l'un d'eux finirait par avoir une place dans ma vie, ou que moi j'aurais une place dans la leur d'ailleurs. J'ai accepté l'idée que je suis orpheline depuis bien longtemps et maintenant je sens que tout mon monde est chamboulé. Tout ce à quoi j'avais pu m'accrocher jusqu'à présent commence à se casser la figure sous mes pieds. Quand elle me donne sa date de naissance identique à la mienne, je ne peux pas m'empêcher de faire de liens, des connexions, de sauter aux conclusions. Si on est nées en même temps, pourquoi avons-nous été séparées ? Cela n'a aucun sens à mes yeux. Ma vie n'a jamais eu de sens, mais ça, c'est le pompom. Du coup je lui demande comment ça se fait que nous n'avions jamais entendu parler l'une de l'autre. Je me dis que si elle a réussi à me retrouver, elle doit avoir des réponses à mes questions. Elle m'explique alors qu'on a peut-être été adoptées par des familles différentes. Cette phrase bien qu'anodine en apparence me fait l'effet d'une douche froide. Bordel. En temps normal, j'aurais pu être rassurée de me dire que j'ai pas été la seule à avoir été abandonnée. A avoir du grandir dans des foyers, trinballée de familles d'accueil en familles d'accueil. Sauf que ce n'est pas le cas. Je comprend rapidement qu'Azraël a elle aussi eu son lot de drames familiaux et très franchement, je lui aurais souhaité de ne pas connaître ça. C'est ma jumelle, je serais un monstre pour m'être réjoui de son malheur. Mais voilà, je reste muette sous le choc, sous la colère. Colère envers nos parents qui n'ont pas été fichus d'assurer pour au moins l'une d'entre nous. Colère car se sont toujours aux enfants de payer pour les erreurs de leurs parents. Du coup Azraël prend mon silence pour du rejet et propose de s'en aller. « Non ! » je lui dis en sursautant, posant ma main sur la sienne pour l'empêcher de s'en aller. « Non, s'il te plait, reste. » je finis par lui demander. Cette fois c'est moi qui ai besoin d'elle. Puis je soupire en secouant la tête, quelque peu accablée. Je me sens complètement prise au dépourvu. « Donc toi aussi t'as eu droit aux foyers et familles d'accueil ? » je lui demande gravement. S'il y a bien quelque chose que nous avons en commun en dehors de notre ADN, c'est le passé qu'on a pu traverser.

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