Siloé Ambre Hills -► Alexis Bledel

Je m'appelle Siloé, on ne s'est pas encore présenté. Ma famille n'a jamais été très soudée. À vrai dire, mon père ne m'a plus donné de nouvelles depuis quinze ans. Ma soeur a toujours été la préférée. Bien sûr, quand vous vivez dans l'ombre d'une soeur qui est surdouée, c'est un peu normal qu'elle soit la préférée. Ma chère soeur s'appelle Éléah, vingt-six ans, sachant jouer de neuf instruments, ayant passé deux classes, étant championne mondiale de karaté et n'ayant jamais déçu personne. Sinon, moi, je joue de deux instruments. Le piano et la guitare, je n'ai passé aucune classe, je n'ai jamais été championne de quoi que ce soit, mais j'ai toujours été première de classe, mais ça n'a jamais été assez pour mes parents. Je fais de la course, chaque jour, c'est tout. Et j'ai déçu mes parents plus d'une fois. Étant bourrée plusieurs fois, fumant tout ce qui me passait par la main. À vrai dire, ma mère m'a détesté le jour où je me suis retrouvée déguisée en lapin chantant des chansons plutôt perverses dans une de ses réunions privées entre copines. C'est pour ça, qu'elle m'a foutu à Harvard en me donnant assez d'argent pour vivre quelques années. D'un côté, je suis heureuse d'avoir débarqué comme ça à l'une de ses soirées en voyant l'argent qu'elle m'a donné. Je ne suis pas comme ma soeur, elle croit en l'amour, au destin, en l'âme-soeur. Non sérieusement ? L'amour n'est qu'un fantasme. Vous croyez que l'amour rime avec bonheur ? Il rime avec malheur. Qui a vécu un amour heureux toute sa vie ? Personne. Soit la séparation se fait par l'un ou par l'autre. Soit c'est la maladie ou la mort qui la fait. C'est un cercle vicieux. Quand on vous dit que l'amour rend aveugle ! C'est totalement vrai. Vous foncez dans un mur, en le sachant mais vous préférez ne pas y penser et vivre le soit-disant bonheur dont vous vous vantez chaque jour. Je ne crois pas en l'amour, ni en l'amitié. Je n'ai jamais été amoureuse. Enfin, quelques garçons croient toujours qu'un jour, j'ai été amoureuse d'eux, mais c'était seulement pour coucher avec eux ou simplement pour m'amuser à faire souffrir les gens. Malgré ça, j'ai un coeur. Un petit, mais j'aime énormément de choses. Les chats, les gâteaux à la framboise, la musique, et l'herbe. Je n'ai jamais été comme chaque personne de ma famille. À vrai dire, j'étais le vilain petit canard qui faisait des bêtises, mais qui était tout de même intelligent. Quand je me suis rendu compte, vers mes seize ans, que mon père ne reviendrait pas, j'ai réussi à boucher ce manque par de la drogue. Je dois remercier mes fréquentations à l'époque de m'avoir foutu dans la merde et dans l'indépendance, même si ces deux choses sont à peu près la même chose. Ma mère n'a jamais pu me critiquer à ce sujet, elle-même a été dans sa jeunesse, dans ce tourbillon d'herbe. Elle s'est arrêtée à temps, pas comme moi. Enfin, je pourrais toujours arrêter, mais rien de mieux qu'un petit joint avant de me plonger dans mes cours. À part ça, la musique est la deuxième chose la plus importante à mes yeux. Je vais à chaque concert que je vois à l'affiche, même si je ne connais pas le groupe, même s'il n'est pas connu. Je joue de la guitare, j'ai toujours voulu avoir un groupe, mais je n'en ai jamais eu. Je joue aussi du piano depuis l'âge de quatre ans. La guitare est venue bien après, pour ma mère, ce n'était pas un instrument qu'il fallait à une jeune fille comme moi. Mais je ne l'ai jamais écoutée à ce sujet. En fait, je ne l'ai jamais écoutée tout court. Elle voulait que je fasse le métier de psychologue, comme elle, comme mon père, comme ma soeur. Le journalisme, pour elle, c'est un métier que tu prends comme ça, car tu n'as rien d'autre à faire. "C'est ridicule". En fait, pour elle le journalisme est égal à ces magazines de rumeurs sur les stars. Raté, il y a toujours autre chose. À part ça, je suis phobique de tout et de rien. J'ai peur des poupées, des clowns, des insectes, surtout des abeilles. Même si j'ai toujours vécu dans des quartiers où la nature était plus présente que le béton, j'ai toujours eu peur de tout ce qui volait et qui pouvait émettre des 'Bzz'. York a toujours été la ville la plus parfaite au monde. Même si je n'y crois pas, cette ville est la ville la plus hantée au monde. Mais sa beauté fait oublier cette étude. Quelques rues ressemblent à des scènes d'Harry Potter, et le style de cette ville est magnifique. Ma mère, souffrant trop de l'absence de mon père, voulait changer de vie, quittant cette magnifique ville pour venir vivre tout près d'ici. C'est comme ça, que j'ai débarqué à Harvard, même si l'université de York, qui est aussi réputé, me tentait énormément. Je n'ai jamais eu de mal à me refaire une vie ici, n'ayant aucun ami, je n'ai jamais eu aucun regret. De toute manière, je pars du principe que tout est bon à prendre.