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Big things have small beginnings ×
ft. ANNALYNNE & CLAY7 mai 2016Elle fait un pas que je détaille dans un calme pesant, la trotteuse à mon poignet semblant soudainement bien silencieuse, comme figée, et toute trace de vie au sein de cet établissement comme volatilisée. Son agressivité s'est envolée au détriment d'un regard plus apaisé, cherchant de ses doigts les miens qu'elle entrelace timidement faute d'avoir été déplaisant dans mes dernières paroles. Elle s'approche encore un peu et je crains, je ne sais pourquoi, le genre de révélation qu'elle va m'avouer d'ici peu, pensant encore une fois qu'elle tente de m'amadouer, de me refaire le coup du " j'veux pas que tu me quittes " pour remettre çà à plus tard, dans une clinique beaucoup plus spécialisée et finalement.... « Grossir, pendant neuf mois. » J'en reste sans voix, les lèvres défaites, cherchant à comprendre le pourquoi d'un tel revirement lorsque mes yeux s'éveillent dans les siens. Accepter cette grossesse qui la rendrait toujours plus belle à mes yeux de jour en jour. Mon regard balaye le sien avant de plonger et de venir s'apposer là où ses mains ont conduites les miennes. « Et me déchirer pour le sortir de là. » Pourquoi évoquer tant de souffrances lorsqu'il s'agit d'un cadeau que nous nous sommes fait à chacun si ce n'est pour m'avouer qu'elle serait prête à tout pour le garder. J'en ai un bref sourire, réalisant avec peine ce qu'elle vient de me dire lorsque dans le creux de son bras un autre détail m'inspire une crainte justifiée, une minuscule marque rouge auréolée. J'en ravale ma salive alors un peu moins enjoué parce que je ne sais quels produits lui ont été injectés et si ce n'est sous l'emprise de l'un d'eux que soudainement elle le veut. Alors plus nerveux, mon attention sur sa peau saignée, ridicule et insignifiante mais peut-être la cause de cette joie éphémère...." Et Omnicom dans tout çà... "
Elle émet une phrase de sa voix légère mais je n'en comprendrais pas un traitre mot puisque déjà au bout du couloir on s'affaire. Deux infirmières et un aide-soignant que je n'avais pas vu jusque là, sans doute appelé des suites de son échappée belle et dans le but très certainement de la raisonner. Au-derrière, c'est le chirurgien encore ganté qui se plante dès les portes battantes passées et visionne de loin les trois autres se rapprocher de sa patiente récalcitrante. Je me redresse alors, entre eux et ma progéniture ainsi que celle qui va l'enfanter, résolu à la ramener même si c'est sous antalgiques qu'elle a parlé. Après tout, elle a déjà fauté une fois sous l'effet de l'ivresse et elle n'est jamais, ou presque, venue en pleurer. Elle pourra, tout au pire, revenir si jamais lui prend encore l'envie de s'en démunir. Mais sans moi cette fois-ci. Alors lorsque la plus vieille qui nous avait pressé tantôt de quitter notre alcôve tente de me contourner, je refroidis vivement ses ardeurs d'un ton sec et déterminé." C'est terminé, " parce que nous nous sommes en partie expliqués, nos phalanges toujours liées. Et regardant Annalynne avec tendresse même si je doute qu'elle soit consciente de ce qu'elle semble vouloir à présent, bien trop épuisée pour pouvoir conjecturer sur son avenir, je lui glisse tant pour elle que pour les autres nous entourant:" On s'en va " et la presse de faire demi-tour pour aller récupérer ses affaires, se défaire de cette blouse abjecte qui empeste l’antiseptique. La contemplant quelques fois sur le chemin de la chambre, relativisant sur cette révélation, je me fais muet et m'assure de leur résignation jusqu'à ce que nous pénétrions à nouveau dans la pièce. Et lorsqu'elle se défait de cette toile grossière pour enfiler son short, je me permets seulement alors de venir l'accoster. Je pénètre donc à mon tour dans la salle d'eau pour venir l'enlacer et glisse à son oreille ce qu'elle espérait tant m'entendre lui souffler:" Je t'aime, " dévisageant ses traits au travers du miroir qu'elle contemple tout autant que moi, me sentant auprès d'elle apaisé.(Invité)