i'm wearing nothing, i'm wearing nada (a&b)

Petite sortie plage organisée par je ne sais plus quelle confrérie. J'avais hésité à y aller au début. Mais je me dis, au dernier moment, que ça me ferait sortir de l'hôtel, que ça me fera du bien de quitter ces lieux, de foutre les pieds dans l'eau et de bronzer. Oui, surtout de bronzer parce que je voudrais bien garder mon bronzage d'Argentine. On passe un bon bout de temps en car mais je profite de ce temps pour faire connaissance de quelques personnes, de gens qui profitent du transport et d'autres étudiants. Arrivée à la plage, je m'isole un peu parce que j'ai envie de bronzer sans ma prothèse, à nue. Je me faufile entre quelques bungalows, et m'isole près d'un ponton en bois. Je sens que des étudiants vont venir là et sauter du ponton direction l'océan mais pas grave. Ils seront trop occupés pour me porter la moindre attention. J'allonge ma serviette, retire ma robe blanche et me retrouve en maillot de bain coloré. Je me mets assise, passe de la crème sur mon corps avant d'enlever ma prothèse que je pose sur mon sac avec soin. Je regarde tout. Si j'en ai besoin, il me faudra moins de trente seconde pour la placer. Je passer de la crème sur mon extrémité parce qu'un coup de soleil ici, c'est mort. Lunettes sur le nez, chapeau sur la tête, je m'allonge et ferme les yeux...

Aujourd’hui c’était sorti sur la plage pour la plupart des étudiants. J’ai pris le bus avec tout le monde m’installant dans le fond pour discuter plus calmement avec une jeune femme très charmante dont je ne sais déjà plus le prénom. Je m’en fichais pas mal enfaite. La veille j’avais vu Naima, le jour d’avant c’était Kyla alors je n’avais pas trop la tête à choper malheureusement ou même à draguer et faire la court à une femme comme on dit. C’est long le bus, long et cette fille commençait a sincèrement me saouler je ne savais plus comment m’en débarrasser alors une fois le bus arrêté je suis descendu en lui disant que je devais y aller et j’ai essayé tant bien que mal de la semer avant d’aller rejoindre mes amis. On a décidé d’aller sauter près d’un ponton en bois, les plongeons devraient donner par là bas. Je me dirigeais donc avec les autres mecs pour aller faire les fanfarons près du ponton et montrer comme on est fort et qu’on n’a pas peur de se jeter à l’eau. C’est là que j’ai vu une fille allongée entrain de bronzer. Tiens de loin elle avait l’aire pas mal alors je me suis dis que bon pourquoi pas je pourrais toujours aller faire le coq plus tard. Je m’approchais d’elle relevant mes lunettes de soleil et c’est quand je suis arrivé à sa hauteur que j’ai commencé à blemir , elle n’avait qu’une jambe … ça me faisais tord rien que d’y penser. Mais en voyant son visage, ça me frappait, je la connaissais d’avant je l’avais déjà rencontré …. Oh quand même Baptiste elle n’a pas changé tant que ça … non … mais elle a une jambe en moins et ça …. Ça a tendance a me perturber un peu dans ma réflexion. Je m’approche et reprend « Euh … Salut » un peu con du coup j’étais devant elle mais cette histoire de jambe en moins vraiment je n’arrivais plus à réfléchir mais je la connaissais c’est sure.

Un moment de détente loin de tout et de tout le monde, ça va me faire un bien fou ! Oui, j'y crois, je vais kiffer ma race comme on dit si bien. J'en ai besoin, prendre du temps pour moi, prendre du plaisir et bronzer. Puis réfléchir aussi, par la même occasion. Réfléchir à cette histoire que je partage avec Bonaventure, à ce qu'il se passe avec Sienna, ma façon d'agir et de réagir. Et tout ce qui va avec. Oui, j'ai besoin de temps pour moi, de profiter et je compte donc profiter de cette journée à douze milles pour cent. Allongée, je ferme les yeux et écoute le son des vagues qui s'écrasent au bord de la plage, des étudiants qui éclatent de rire non loin de moi et sautent dans l'eau. Lorsque j'entends la voix d'un jeune homme, je sursaute et, machinalement, je jette ma robe sur ma jambe. Trente secondes pour remettre ma prothèse ouai, mais j'y pense pas. Je lève le visage vers le jeune homme et ouvre grand la bouche. " Baptiste ?! " Soufflais-je en me redressant réellement. J'aurais presque envie de me lever pour l'enlacer mais il n'a pas l'air de m'avoir franchement reconnu... Il faut dire, ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu puis il a ce regard... Baptiste c'était le petit frère au lycée, le petit frère qui prothèse mais bon.. " C'est Andrea. Cermolacce. Petite afghane avec canules et bonbonnes d'oxygène au lycée " Soufflais-je pour tout lui remettre en tête. Depuis, j'avais eu de nouveaux poumons, un nouveau coeur et une jambe en moins ! Normal qu'il me reconnaisse pas, finalement.

Moi qui pensait me faire un après midi plage tranquille avec des potes a sauter d’un ponton et a faire comme d’habitude l’imbécile, mon amour pour la gente féminine m’a attiré jusqu’à une fille entrain de bronzer. Je me suis approché, doucement mais surement. Je ne vous dis pas ma tête quand je me suis rendu compte qu’elle n’avait qu’une jambe… ca m’a complètement décontenancer et j’en ai perdu ma tchatche façon Archibald. J’avais l’aire d’un débile profond avec mon Euh … salut n’importe quoi sérieusement Baptiste. Je me traitais en moi-même de débile. C’est vrai que les personnes infirmes ou handicapées comme ça avec une jambe, un bras en moins ça me mettais mal à l’aise, qu’est ce qu’il leur était arrivé pour qu’ils aient ça ? La jeune femme qui était si jolie avait une jambe en moins … Oui ça me perturbais. J’ai vu la surprise dans ses yeux elle a de suite couvert son moignon gênée jusqu’à ce qu’elle elle me reconnaisse, j’avais l’air con maintenant mais d’aussi loin que je me rappelle, je n’ai jamais rencontre de fille unijambiste ou infirme je ne sais pas trop comment je dois dire. Je reprenais surpris « Oui c’est moi-même » Oui elle me connaissait ce qui me mettait encore plus mal à l’aise. Ah la tchatche de Baptiste Archibald avait foutu le camp je ne sais où, quelle connerie. Lorsqu’elle s’est présentée je commençais doucement à la remettre… Mais oui Andréa qui était malade a l’école quand on était petit, j’étais son Iron Man malgré ma petite taille, oui j’ai commencé à grandir très tard si bien que jusqu’à nos 16 ans, ma sœur jumelle faisait une tête de plus que moi j’ai donc eu le droit a pas mal de surnom très sympathique mais Iron Man c’est ce que je dis aux filles pour les impressionnées. Andréa nous étions au lycée ensemble, et elle m’avait vu quand j’avais enfin atteins une taille normal de 1 mètre 76 Mais … sa maladie lui avait fait perdre sa jambe ? Mon dieu je ne savais pas que c’était aussi grave quand nous étions au collège. Mais d’ailleurs elle est ou sa bonbonne d’oxygène ? J’ai repris avec un sourire « Oh oui Andréa ! Mais … elle est où ta jambe ? Et ta bonbonne elle est ou ? Tu vas bien ? » Oui j’en oubliais les politesses avec ça. Je la regardais content de la voir et intrigué à la fois.

Je pensais avoir une petite journée tranquille mais non. Il fallait qu'un inconnu vienne me voir. Inconnu qui ne l'était pas tant que ça. On avait formé un joli trio, lui, Dante et moi au lycée. J'étais la soeur protégée par le grand et le petit frère et qu'est-ce que j'avais aimé ça. Se sentir protégée, aimée, appréciée. Il y avait eu Jules aussi, mais Jules c'est différent. « Oui c’est moi-même » Je souris et secoue légèrement la tête de droite à gauche, il ne me remet pas. Normal me diriez vous... La dernière fois que je l'ai vu, j'avais une canule dans le nez, je tirais ma bonbonne d'oxygène partout ou j'allais... " T'avais moins de muscle avant " Riais-je en me redressant rapidement pour me mettre assise et lui sourire. Il faudrait que je pense à remettre ma prothèse aussi parce qu'il est fixé sur moi mais quand il va voir la prothèse qui attend sagement dans le sable, je n'imagine même pas sa tête. Il faut dire que c'est le premier homme qui me voit sans alors qu'on est pas en couple. Il n'y a que Maxime et Bonaventure qui m'ont vu sans. Je l'écoute et ris légèrement. " Oui je vais bien " Soufflais-je avec un léger sourire. Enfin, c'est subjectif. J'ai une jambe en moins, des poumons et un coeur qui ne sont pas à moi et un ovaire en moins. " Ma jambe est partie en vacances " Lançais-je en attrapant ma prothèse et la replaçant rapidement. Je me lève et prends le jeune américain dans mes bras. " T'es tout pâle, tu devrais t'asseoir avec moi " Soufflais-je avant de partager ma serviette avec lui. Je me mets assise, enfonce mes pieds dans le sable et tapotte un peu sur son genou. " J'ai subi une transplantation cardio-pulmonaire juste avant d'entrer à Harvard donc adieu la bonbonne et puis... J'ai perdu ma jambe dans les attentats de 2013. Et toi, quoi de neuf ? " Je savais pour sa soeur parce que je suis sortie quelques temps avec Dante. Enfin, moins d'un mois mais tout de même...

C’était un après midi plage et j’y étais allé, nous avions fait un long voyage en bus et heureusement pour moi, je m’étais débarrassé bien vite de la fille ennuyeuse rencontré dans le car lors du trajet. Alors que je pensais aller faire des plongeons avec mes potes j’ai vu cette fille qui me plaisais bien au loin et je me suis dis que j’allais aller lui parler. En réalité c’était loin d’être une inconnu, j’étais son Iron man au lycée, son protecteur, Andrea, mais j’avoue que j’étais assez perturbé par sa jambe en moins. Ca me faisais tord et j’étais assez pale, comment elle faisait. Je vous dis pas en plus la tete que j’ai tiré quand j’ai vu que la prothèse était proche de moi j’ai blêmi encore plus, oui on a tous ses faiblesses et je n’ai pas fais un malaise non plus donc ne riez pas ! J’avoue que ça m’a déconcerté et que j’ai eu du mal à la remettre du coup. Elle m’a dit que j’avais pris du muscle depuis le temps … ah ça ma belle c’est un footing tous les matins et une alimentation irréprochable et de la musculation aussi, j’ai galéré pour avoir ça il faut le dire. Elle a sourit et s’est redressée tandis que je reprenais « Ahah merci c’est vrai qu’avant j’étais moins costaud que ça je me suis mis à la musculation il y a quelques années ! Toi t’as pas changé … a deux trois détails près » oui a part une jambe en moins et sa bonbonne d’oxygène en moins aussi sinon elle était toujours aussi jolie mais bon, nous avions une relation un peu plus frère sœur que attirance. En même temps il faut le dire sans méchanceté, elle est plus vieille que moi et j’ai déjà eu une relation comme ça, ça a été un échec total, ma première fois, Mary Windsor qu’elle s’appelait, une princesse. Elle reprenait qu’elle allait bien, c’est assez subjectif faut le dire, avant elle était tellement malade, avait-elle eu un traitement miracle ? Ou pire était-elle condamnée ? Je ne voulais pas penser au pire. Elle m’a vu assez pale avec cette histoire de jambe en moins, c’est vrai qu’on ne croise pas d’unijambiste tous les jours, encore moins un unijambiste qu’on connait surtout quand elle m’a dit que sa jambe était partie en vacances j’ai fais de grands yeux assez bouche bé qu’elle plaisante la dessus et elle a remit sa fausse jambe en place enfin, vous m’aurez compris sa prothèse. Elle se lève et me prend dans ses bras, je lui rends son câlin, la tenant de peur qu’elle tombe malgré moi, c’est vrai elle est appuyée sur une fausse jambe ça doit pas être simple j’ai repris « Je suis désolé, je ne savais pas que tu avais une jambe en moins alors je suis un peu scotché. Mais ça me fais super plaisir de te voir ! » oui j’étais heureux de la revoir et apparemment elle avait pleins de choses a me raconter. Je me suis assis près d’elle sur la serviette reprenant mes esprits, quand même Baptiste, grand gaillard que tu es tu peux te remettre de ça non ? La jeune femme a subi une transplantation et n’a plus besoin de sa bonbonne d’oxygène, c’est une super nouvelle, ça me donne le sourire d’entendre ça par contre l’histoire de sa jambe est nettement moins drôle c’est sure surtout que j’ai perdu mon meilleur ami dans les attentats de 2013 j’ai repris en gardant tous de même le sourire « Oh c’est super pour ta transplantation, alors tu es guérie ? Je suis vachement heureux pour toi ! Tu étais dans les attentats ? Ils ont été meurtriers, je suis vraiment désolé en tous cas » oui j’aurais pu être là quand même. J’ai repris « Ecoute moi je rentre de deux ans de voyage à faire un peu tous et n’importe quoi, j’ai voyagé, travaillé et fais la fête et ensuite je me suis réveillé un matin et j’ai eu besoin de redonner un sens dans ma vie alors je suis rentré. » je parlais pas de Sarah, à vraie dire j’en parlais jamais de moi-même sauf si on me posait la question enfin je le dirais surement à Andréa mais je ne me voyais pas lui dire de but en blanc comme ça.

" J'ai tellement pas changé que tu ne m'as pas reconnu Baptiste, arrête de te foutre de ma gueule " Riais-je légèrement. J'ai changé quand même. J'ai les cheveux plus longs, un peu plus de formes parce que je mange bien maintenant... Puis il y a l'absence de bonbonnes, la jambe en moins, les cicatrices sur mon corps qui montrent vers quelles étapes je suis passée ces derniers temps, depuis que j'ai quitté le lycée. Parce que ça a été assez brutale notre 'séparation'. Bien entendu, on s'est revu un peu après mais rien de miraculeux non plus, un salut, un coucou à travers un couloir et voilà... " Et bien maintenant tu sais. C'est une nouvelle partie de moi. Enfin, non-partie de moi " Je ris légèrement. J'ai très mal vécu mes premiers temps sans jambe mais maintenant, tout va bien dans le meilleur des mondes. J'en ris sans soucis aucun et c'est plaisant, agréable, salvateur. Je finis par me rassoir et l'inviter à faire de même avant qu'il me tombe dans les pommes. Ca va, il ne se fera pas mal à la chute mais si on pouvait éviter, ce serait quand même bien sympa... " Oui ils ont été meurtriers, c'est rien de le dire... " Soufflais-je légèrement. Mon petit ami est décédé dans ces incidents et puis j'ai perdu ma jambe, Bona a perdu la sienne aussi, certains sont sortis indemnes physiquement mais détruits moralement. Je souris légèrement à sa confession. " Ah ouai ? Mais c'est cool de voyager et tout ce qui va avec, ça fait du bien quand on a besoin de se ressourcer, de penser à soi et uniquement à soi " Je souris largement et pose ma main sur son genou. " Mais t'es rentrée pour rester hein ? " Demandais-je rapidement. Aucune envie de renouer contact avec lui pour le voir filer dans les jours qui suivent. Je me demande s'il sait que je suis sortie avec Dante en 2015, qu'il sait pour les attentats de cette même année et tout ce qui va avec... Mais je sais pour sa soeur. Et je n'ose pas en parler, de peur de le brusquer. " Du coup t'es réinscrit à l'uni ou c'est par pur hasard que t'es là ? " Demandais-je sérieusement.

Andréa n’avait pas changé … enfin à ça près, elle était devenue une femme, je devinais même qu’elle n’avait plus son appareil et heureusement pour elle car c’est un tue l’amour ce truc là est-ce qu’elle en a eu un d’ailleurs ? Parce que déjà le tube ça en rebutait plus d’un, pauvre minette. Elle n’avait plus de bonbonne elle n’était plus malade et elle avait une jambe en moins, oui ça me perturbe il faut le dire. Je lui ai pourtant dit qu’elle n’avait pas changé, c’est vrai son visage était le même c’est plus la jambe en mois ça m’a tellement perturbé je n’étais pas préparé psychologiquement. Moi qui avais eu un moment des vues sur elle et elle est canon, comment on peut faire avec une jambe en moins ? Non non je ne dois pas penser comme ça c’est discriminatoire, bref elle est très belle « Oui c’est deux ou trois trucs qui m’ont perturbé certes mais tu as le même visage enfin tu fais femme maintenant ma belle ça te va bien ! » ca y est je n’étais plus obnubilé par cette jambe ou plutôt cette absence de jambe. On s’était perdu de vue et je l’ai toujours regretté mais elle le savait ou du moins j’espérais, je serais là pour elle. J’ai repris avec maladroitesse « Ne t’en fais pas tu es toujours super canon même sans ta jambe ! » quoi ? C’était spontané mais c’est vrai que c’était maladroit j’y pensais après. Au moins j’avais repris du galon et j’acceptais la chose. Et faut le dire même sans sa jambe Andréa est canon, faudra qu’elle me dise comment elle fait. Elle m’invite à m’assoir près d’elle, bonne idée c’est vrai avant que je ne tourne de l’œil … Les attentats ont été meurtriers, la preuve des dizaines de morts, mon meilleur ami en faisait parti et elle elle avait perdu sa jambe, une partie d’elle-même « C’est pas rien de le dire, j’ai perdu l’un de mes meilleurs potes et toi … tu as aussi perdu quelque chose d’important … » Oui elle avait tellement traversé elle ne méritait pas ça loin de là, elle méritait de vivre heureuse et non il a fallut qu’elle soit au mauvais endroit au mauvais moment. Je lui ai expliqué que j’ai voyagé pendant 2 ans, 2 ans à rien foutre à faire n’importe quoi 2 ans pendant lesquels je crevais un peu plus chaque jours. « Oui après je sortais, je rencontrais des gens, des filles et voilà … C’étais pas très intéressant. Le départ de Sarah m’a mit un gros coup et je savais plus où j’en étais alors j’ai absolument tous plaqué ça me vaut d’ailleurs des problèmes » oui certains m’en veulent d’avoir été égoiste mais je m’en fiche enfin je suis mal mais je ne regrette pas tant que ça. Je lui souris posant ma main sur la sienne « Oui je dois avancer » avancer … voilà un bien grand mot mais c’est ce que je fais, final je lui ai parlé de moi-même de Sarah parce que c’est elle, elle était mon amie avant et je sais qu’elle sait, tout le monde sait j’ai une étiquette sur le front : le frère de la suicidaire qui s’est barré pendant 2 ans. Ouais voilà ce que j’étais. « Je suis inscris à l’université oui et toi alors ? »

J'ai perdu beaucoup de choses depuis que je n'ai pas vu Baptiste. Commençons par mes poumons et mon coeur dû à une transplantation cardio-pulmonaire qui m'a gardé un bon bout de temps à l'hôpital. Puis j'ai perdu ma virginité avec un mather - qui s'est avéré devenir mon petit ami six ans plus tard - qui se fichait de moi comme de sa première couche. Puis il y a eu ma jambe et, récemment, mon ovaire gauche. J'ai énormément changé quoi, physiquement, psychologiquement mais je n'en reste pas moins la petite chieuse qu'il connaissait, celle qui adorait le taquiner et jouer avec lui à tout et n'importe quoi. " Merci, toi aussi ça te va très bien d'avoir grandi, gonflé au niveau des pecs et tout " Je le taquine légèrement mais j'ai toujours été comme ça, Baptiste est comme un petit frère pour moi et c'est cool de le retrouver maintenant. Ça me fait vraiment plaisir. On a des tas de choses à rattraper mais il faut surtout qu'il arrête d'être aussi pâle à cause de ma jambe. Je fais toujours mon maximum pour me tenir éloignée pour ce genre de réactions... Et c'est pour ça aussi que je n'ai jamais participé à un seul spring break de ma vie avant celui-ci. Pas envie que les gens me regardent de la sorte, ça me stress, ça me rend nerveuse et mal à l'aise, tout simplement. Je ris légèrement quand il me dit que je suis canon même sans ma jambe. C'est mignon, c'est digne de Baptiste. Je lui adresse un léger sourire. " J'ai perdu mon petit ami aussi lors de ces attentats... " Parce que je ne veux pas que Baptiste croit que je mets la perte de ma jambe sur une haute marche du podium... Je crois que cette nécrosite m'a été moins douloureuse de la mort de mon petit ami de l'époque. Mais bon, on fait avec, parce qu'on a pas le choix... Et j'ai du me battre deux fois plus remonter la pente. Enfin, à mon humble avis. Mais je savais que je n'étais pas la pire là dedans.. " Des problèmes ? De ? Avec ? " Demandais-je en fronçant les sourcils. Qui se permet de faire chier mon Baptitse ? Non mais oh ! " Personne ne comprendra ta réaction tant qu'ils auront pas vécu la chose, c'est facile de critiquer " Lançais-je, pour le rassurer. Oui et je le pense vraiment. Personne ne comprendrait jamais pourquoi j'avais préféré partir en Afghanistan en septembre et bien soit. C'était mon choix, ma réaction et voilà. Tout était logique pour moi et c'était le plus important. " Eh bien on se reverra alors ! Je suis à Harvard depuis sept ans maintenant, en médecine et je suis en spécialisation traumatologie depuis deux ans " Je fais mon maximum pour toujours finir dans ce service parce que c'est ce que je veux faire, ce que j'aime, le danger, la rapidité et tout... " T'es inscrit en quoi ? " Il sera peut être mon prochain interne à gentiment traumatiser, qui sait.

Andréa a bien changé, elle respirait la santé, c’est vrai que quand elle se trimballait avec sa bonbonne d’oxygène c’était parfois très compliqué pour elle. Pour ma part je l’avais toujours défendu au mieux que je pouvais il faut le dire. Aujourd’hui elle avait un nouveau cœur, de nouveaux poumons elle pouvait enfin respirer, vivre comme elle le voulait, elle devait en être heureuse car en plus il faut le dire, c’est rare il faut etre inscrit sur une liste et attendre, des mois, des années avant d’avoir un appel et ensuite il ne faut pas faire un rejet, j’étais heureux pour elle. Elle qui était assez timide plus jeune avait l’aire au jour d’aujourd’hui bien plus épanouie, certes elle avait une jambe en moins mais elle paraissait bien, forte psychologiquement et avec plus de caractère qu’avant et il faut le dire ça me faisais plaisir. Je la trouvais très belle même sexy on va pas se mentir et je lui ai dis, elle m’a retourné le compliment et je lui ai souris « Merci c’est gentil ! C’est vrai que j’étais sans muscle là c’est mieux ! Et je fais pas mal de sport, je fais parti des Crimsons même » les crimsons, l’équipe de football américain de l’université de Harvard j’en étais très fier je le voulais vraiment. J’avais grandi et j’en étais heureux, Andrea était quelqu’un que j’aimais beaucoup en tous cas et j’étais vraiment heureux de la retrouver à l’heure actuelle. C’est vrai que j’ai eu du mal à m’y faire à sa jambe en moins, je suppose que ca doit l’énerver mais bon, j’étais pas préparé et la voir comme ça sans sa jambe ça m’a fait un choque. Je savais que les prothèses existaient, mais je n’avais encore jamais vu ça alors bon … j’esperais qu’elle ne m’en voudrait pas trop et je reprenais doucement des couleurs. Même sans sa jambe elle était canon alors c’était surement maladroit de le dire mais c’est vrai. Elle m’annonce ensuite que dans les attentats elle avait perdu son petit ami et j’ai repris « Oh je suis vraiment désolé ma belle… » oui je savais ce que c’était de perdre un proche et on avait tous perdu quelqu’un là dedans il faut le dire, c’était un cauchemar. J’ai pris sa main pour lui montrer que maintenant j’étais là avec du retard certes …. Mais là quand même. J’ai ensuite expliqué que mon escapade m’avait valu quelques problèmes, oui j’étais parti comme un voleur après la mort de Sarah et certains n’ont pas accepté ça. « Et bien, j’ai largué ma copine par sms et je suis parti, j’y arrivais plus je me sentais vide, seul, dépressif et j’étais incapable de faire quoi que ce soit il fallait que je parte loin mais ça, certains ont du mal à le comprendre, j’ai passé deux ans sans donné aucuns signe de vie à ceux de mon ancienne vie je faisais un vrai blocage. » Andréa semblait comprendre elle que c’était juste devenu trop difficile pour moi de voir des gens qui me voyaient avec ma sœur, les regards compatissant, les « Baptiste reprend toi ! », je ne pouvais plus. J’ai repris après sa réponse « Même mes parents ont du mal à le comprendre, ça fait plus de deux ans que je ne leur ai pas parlé faut le dire. » c’est vrai je faisais un blocage je ne pouvais pas je n’avais pas envie de les voir avec leurs merdes, je voulais ma sœur c’était tous. Elle était elle aussi à Harvard ça m’a arraché un sourire « Ah ! On se verra souvent alors ! Je passerais te voir ! En traumatologie ? Ca se passe bien ? Je suis super content pour toi ! » oui elle faisait un joli pied de nez à la vie faut le dire. « Je suis pas du tous là dedans pour ma part ! Je suis en droit et relations internationales »