Foutu tremblement de terre. Il fallait bien évidement que cela arrive juste vers la fin de votre séjour au Chili pour le Spring Break, pas avant, pas après. Juste quand vous étiez là. T'avais jamais vécu ça. T'estimais avoir été chanceux lors de la bombe, encore plus lorsque tu avais réussi à te cacher dans la cuisine de la cafétéria au moment des prises d'otages l'année dernière, et cette fois encore tu étais présent où il ne fallait pas, chantant La Petite Sirène avec Simba juste avant que la terre gronde, que les chevaux hennissent et que les cris d'horreur remplissent le fond sonore. Tu étais sorti indemne pourtant, même lorsque vous vous étiez mis à trois pour sauver Simba, même lorsque tu dû rapidement contrôler ton cheval histoire de ne pas vous retrouver sous un éboulement de la montagne. Mais t'avais fini par paniquer, à ne plus pouvoir utiliser ton portable au départ, puis à ne plus recevoir de réponses à tes messages de plus en plus frustrés, le stresse attaquant ta raison, et tu tournais en rond dans le bungalow, attendant un signe de Graham qui vint presque trois heures après ton dernier message. T'as failli chialer de bonheur sur le coup. Mais tu avais surtout envie de le voir – t'en avais besoin, comme pour te rassurer, comme pour évaluer les dégâts lui qui te parlait de côtes cassées et de cicatrices en plus. A la seconde où il t'indiquait le numéro de sa chambre tu accourais, attrapant tes affaires et sortant de l'hôtel – passant par un fleuriste avant histoire d'apporter un petit bouquet, quelques Sauge pour la force et la santé, quelques Roses rose et des Hortensia bleues pour l'amour véritable et le souhait de rétablissement – et tu filais à l'hôpital. Tu tentais de ne pas te perdre dans les différents couloirs, et quand enfin tu trouvais le bon numéro tu toquais doucement avant d'entrer, déglutissant lorsque tu posais tes yeux sur Graham. Il était enfin là, devant toi, vivant. Tu ne prenais le temps de le regarder qu'une demi-seconde, avant de te dépêcher de t'approcher, déposant ton bouquet couché sur la table de chevet avant de te jeter presque sur lui, venant l'entourer de tes bras – tout en faisant attention de ne pas le blesser, ton visage venant se nicher dans son cou, clignant fortement tes yeux pour pas commencer à pleurer de soulagement. « T'as joué au super-héros, dis-moi ? » Tu murmures quelques secondes plus tard contre sa peau.
This pain, this dying, this is just normal. This is how life is. In fact, I realize, there never was an earthquake. Life is just this way, broken, and I am crazy for dreaming of something else.
Un tremblement de terre en plein milieu d’un Spring Break censé nous permettre à tous de nous reposer et de recharger nos batteries. Comme dirait l’autre, si j’avais su j’aurai pas venu ! Les quelques heures qui viennent de s’écouler ont été terriblement intenses, elles ont été affreuses à vivre. Tellement de blessés, deux grosses vagues de tremblements et une bonne partie de ce cadre si magnifique détruit. Les arbres se sont effondrés comme des dominos sans prêter attention à notre présence sous eux, les chevaux ont achevé de détruire les forces de la plupart d’entre nous dans la panique et le nombre de personnes touchées n’a cessé d’être multiplié. Personne ou presque ne sera ressorti indemne de cet incident. J’ai épuisé toutes mes forces à soulever un arbre pour libérer un certain Isaac que je ne connaissais ni d’Adam ni de Eve, Jules et moi l’avons aidé à rejoindre le village le plus proche pour qu’il soit pris en charge au plus vite. J’ai fait abstraction du rocher que j’ai pris en pleine poire tout le long du chemin, j’ai oublié la douleur, prétendu que rien n’était arrivé pour retourner sur les lieux et apporter mon aide aux autres blessés le temps que des autorités compétentes puissent nous rejoindre. La région touchée par les tremblements de terre est tellement dense qu’ils ont quasiment mis deux heures à arriver et à prendre les premières victimes en charge. Je me suis tué à la tâche jusqu’à en perdre conscience, tout ce dont je me souviens ensuite c’est de m’être plus ou moins réveillé dans l’ambulance. Quelques radios, des tests de tous les côtés, une réhydratation urgente et un passage par la case point de sutures pour refermer les plaies et me voilà tout neuf ou presque. Je suis allongé dans ce lit d’hôpital qui m’insupporte déjà, me rappelle de très mauvais souvenirs, uniquement vêtu d’une petite liquette d’hôpital, je ne sais pas où sont passés mes vêtements, ils m’ont fait enfiler cela avant d’aller aux radios je crois… Je ne sais plus, les événements s’entrechoquent dans ma tête, ils étaient déchirés pour la plupart mais j’aimerais bien remettre la main ne serait-ce que sur mon caleçon, pour dire de ne pas avoir l’impression d’avoir les fesses à l’air si je me lève à cause de cette liquette. J’entends quelqu’un toquer à la porte, je fronce les sourcils, instantanément frappé par une petite douleur, j’ai oublié les points de sutures qui ornent fièrement mon arcade. Nemo entre et mon cœur accélère immédiatement. Il m’a fait tellement peur le con, j’ai stressé pendant des heures, inquiet… Plus que cela, apeuré à l’idée qu’il se soit blessé, que quelque chose lui soit arrivé, me voilà rassuré. Je le serre fort contre moi malgré la douleur que cela cause à mes côtes qui me martèlent d’arrêter au plus vite. « Laisse-moi te regarder ! » Je l’analyse sous tous les angles, pour vérifier s’il n’a rien, à priori il est plutôt en forme, il a eu de la chance, DIEU MERCI ! « Je crois bien oui, il en faut plus à Captain America pour mûriir ! » J’essaye de dédramatiser en souriant, ne le quittant plus d’une semelle, ma tête calée contre son torse. « Tes amis vont bien ? Charlie ? T’es sûr que ça va toi ? Tu ne veux pas en profiter pour voir un médecin, juste pour être sûr ? »
Tu n'avais jamais vraiment adoré les hôpitaux. L'odeur, universelle, qui émanait des couloirs ; la vue des personnes, âgées et moins âgées, malades, qui souffrent, qui se battent, et qui parfois sont à quelques heures ou jours de la fin de leur vie ; l'ambiance pesante, entre le silence religieux de l'acceptation de son état et le brouhaha incessant des équipes médicales lorsqu'une urgence intervient ; les pleurs d'une femme dans les bras de son copain, qui appui désespérément sur son ventre alors qu'elle y ressent des douleurs anormales et qui vient sûrement de perdre son enfant – il n'y avait souvent rien qui indiquait la joie et le bonheur dans un hôpital, c'était l'endroit destiné à sauver des vies, mais c'était aussi celui où des personnes mourraient et souffraient chaque jours, à cause de leur symptômes ou maladies bien trop grave et difficile à traiter. L'une des seules fois où tu avais apprécié et où tu avais été impatient d'y aller fut le jour où ta mère avait accouchée de ton frère et de ta sœur, et que tu avais pu admirer leur bouilles de quelques jours, leur yeux endormis, senti leurs poids tout léger entre tes bras peureux de les faire tomber, et que tu avais pu embrasser le sommet de leur crâne, heureux d'être grand frère. Mais cette fois-ci aussi, était une exception à la règle. Tu savais que Graham s'était blessé durant le tremblement de terre, mais tu te sentais comme soulagé dès l'instant où tu passais les portes du bâtiment. Parce que tu savais où il était – enfin, parce qu'il avait été assez conscient et bien pour enfin répondre à tes messages et t'en envoyer quelques uns, parce que ça voulait dire qu'après plus de cinq-six heures loin de lui tu allais pouvoir le voir et le retrouver. Tu te dépêchais de monter au second étage, puis tu défilais les numéros des chambres jusqu'à atterrir devant la deux centre trente septième. Après un petit toquement tu entrais, tu allais de suite te réfugier contre lui, et tu sentais ses bras se serrer contre ton corps. Tu te redressais un instant alors qu'il voulait te regarder, et tu lâchais un petit rire dans un souffle alors qu'il t'analysait comme un expert – tu passais ta main sur son avant-bras pour qu'il se calme. « J'ai rien-j'ai rien moi. J'ai été chanceux. » Tu assurais, avant de laisser ton petit sourire prendre place sur tes lèvres à ses mots, alors qu'évidement il se comparait pour le grand Captain America. « Oui enfin, Captain America normalement, il ne quitte jamais son bouclier en vibranium qui le protège de tout. » Tu précisais en glissant tes doigt dans ses cheveux lorsqu'il venait caler sa tête contre ton torse – ce qui devait tout de même lui rappeler que déjà le Captain il n'était pas immortel, et qu'en plus contrairement à Graham il avait des aides comme un bouclier à l'acier inexistant qui protège de tous les coups surhumains et qui peut revenir comme un boomerang lorsqu'il le lance. Il te posait ensuite plusieurs questions, et tu haussais un peu tes épaules, secouant ton visage. « J'je sais pas. J'ai vu Caesar après le tremblement et à part sa jambe il allait bien, j'ai aidé Simba mais je sais pas s'il lui ai arrivé quelques chose après... Hazel normalement elle va bien. J'ai pas encore eu de nouvelles des autres, de Charlie non plus. Son téléphone ne semble pas recevoir mes messages, j'sais pas comment elle va. » Tu avouais lamentablement, essayant de ne pas te laisser aller à trembler ou paniquer. « Et tes amis ? » Tu demandais tout de même, même si tu imaginais qu'il n'avait peut-être pas encore eu le temps de demander quoi que ce soit. Tu souriais doucement à ses paroles, venant embrasser son front. « Si tu veux j'irais checker après, mais je vais bien, je promet. » Tu tentais de le rassurer, avant d'attraper le bouquet que tu avais laissé sur la table avant de l'enlacer, et de lui tendre. « Tiens, c'est pour toi. Pour ton rétablissement. » Tu murmurais presque embarrassé – après tout, tu ne lui avais jamais offert de fleur encore.
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Il vous arrive de ponctuellement retrouver certains endroits, ils vous suivent comme votre ombre sans que vous puissiez vous en détacher intégralement. L’hôpital est l’un de ces lieux, je me suis tenu suffisamment loin de ce dernier depuis ma sortie de prison, depuis mon entrée en prison dirais-je même puisque mes blessures n’ont jamais nécessité des compétences dépassant celles du personnel de l’infirmerie. J’aurais pu une fois, lorsque les détenus qui pensaient pouvoir se défouler sur mes jolies petites fesses à nouveau se sont retrouvés face à un Graham changé et plus hargneux, ils ont voulu me le faire payer en me blessant, deux coups de lame de rasoir et une tonne de coups de poings échangés… C’est ce qu’il m’aura fallu en plus du silence pour parvenir à acquérir une certaine indépendance, ma liberté en prison. Plus personne ne m’a jamais embêté après cela. Je n’ai de toute manière pas l’impression de revenir en arrière, je n’aurais pas à mentir cette fois, les raisons de mon hospitalisation sont connues, je n’ai pas mon père et ma famille à protéger en inventant une stupide une histoire… Combien de fois me suis-je retrouvé à improviser après avoir reçu une bonne branlée par mon père ? Pire encore… Les infirmières croyaient-elles vraiment ce que je disais ou étaient-elles beaucoup trop flemmardes pour faire le travail qui m’aurait peut-être empêché d’en arriver là ce fameux soir où tout a dérapé ? La question me brûlera probablement toujours les lèvres sans que je puisse obtenir les réponses tant convoitées. Je crois que les médecins m’ont donné quelque chose, je n’ai plus mal à présent, plus aucune douleur, rien du tout, c’est limite si je plane, plus efficace qu’une drogue vendue par le dealeur du coin… J’dis ça mais je n’ai jamais touché à toutes ces merdes, je ne peux pas savoir ce que cela fait d’être sous l’emprise de drogues. Nemo entre dans la chambre et je retrouve immédiatement la joie de vivre qui m’anime lorsque je pense à lui. Je suis tellement heureux qu’il ait pu se mettre en sécurité, qu’il ne soit pas blessé mais je prends quand même quelques secondes pour le détailler de la tête aux pieds, on ne sait jamais, je préfère m’en assurer moi-même. Il pourrait très bien être blessé mais ne pas s’en être rendu compte. « Dieu merci ! » Je me contente de réagir, il a été chanceux et je ne peux qu’être heureux de cela. J’aurais très mal vécu le contraire. Captain America, mon surnom officiel privatisé par Nemo, semble en avoir pris un coup, le contraire du véritable superhéros, ce que mon chéri ne tarde pas à me faire remarquer d’ailleurs, de quoi faire s’illuminer un sourire mutin. « Captain America est fatigué de ne rien ressentir, il avait envie de prendre des risques, de vivre dangereusement en laissant son gros bouclier aux vestiaires… » Oh, attendez, encore mieux. « Thor n’a pas arrêté de m’embêter en insinuant que je ne savais rien faire sans lui, j’voulais lui prouver le contraire tu vois ? » Bah ouais hein, je suis peut-être amoché mais je n’ai pas besoin d’un marteau pour m’en sortir. Nous allons bien mais qu’en est-il de ses amis ? A priori tout le monde va bien, certains ne donnent pas de nouvelles mais le réseau n’est pas idéal, difficile de joindre tout le monde dans de telles situations. « Difficile à dire, je viens tout juste de retrouver mon téléphone mais à priori aucun de mes amis n’a été gravement blessé, c’est déjà bien ! » De quoi suffisamment me rassurer, afin que je puisse me reposer comme il se doit il faudrait néanmoins que Nemo passe quelques examens de base, juste pour être sûr que tout va bien pour lui, j’suis prévoyant ! « D’accord mais tu as intérêt de le faire, j’te botte tes jolies petites fesses sinon ! » J’veux être sûr que tout va bien. Il se retourne et attrape un bouquet de fleurs qu’il me tend, de quoi faire s’élargir mes lèvres, et faire battre la chamade à mon petit cœur pas suffisamment préparé à un comportement aussi cute. « Merci, c’est le plus beau bouquet qu’on m’ait effort… Et le premier ! » Comme quoi, Nemo est le premier dans beaucoup de domaines. « Tu peux me le mettre dans le vase s’il te plait ? » J’essaye de ne pas trop me lever, les médecins m’ont demandé de m’économiser pour éviter les vertiges. « Merci mon amour. » Je reprends, en français, me rapprochant de ses lèvres pour pouvoir me délecter d’un baiser revigorant. « Tu as pensé à me prendre des vêtements ? »
Contrairement à Graham, tu n'avais pas été blessé, tu n'avais rien eu, que de la chance pour te bénir et t'éviter quelques gros fracas. Ça te faisait mal que quelque chose ai encore trouvé un moyen de le faire souffrir de quelconque façon, mais heureusement il était éveillé, et assez bien pour te parler et t'offrir ses plus beaux sourire. « De ne rien ressentir hm ? Il n'sauve pas assez le monde comme ça le Captain ? » Tu demandais d'un haussement de sourcil – tu comprenais l'envie d'adrénaline du super-héros mais il ne faudrait pas qu'il oublie qu'il a des gens pour qui il compte qui n'aimeraient véritablement pas le voir mort écrasé par une petite pierre juste parce que monsieur ne voulait pas se protéger contre aucun risque qu'il encourait. Ce serait franchement bête. Il te sortait une nouvelle excuse, comme quoi c'était la faute de Thor se sale provocateur à la chevelure de princesse Disney, et tu éclatais de rire, glissant tes doigts dans les cheveux de ton petit-ami, hochant lentement ton visage en guise de compréhension. « Je voooois, si c'est à cause de Thor qui s'est encore pris pour le Roi du Monde, j'imagine que c'est une raison valable. » Tu t'accordais à dire, avant de lever tes yeux au ciel, puis de lui voler un baiser. Tu expliquais ensuite que tu savais pas vraiment comment allaient tous tes amis, mais que tu savais certains dans des situations stables, et tu lui demandais s'il avait eu le temps de se renseigner lui aussi, et malgré ses problèmes de portables aussi, tout le monde semblait aller plus ou moins bien. « Ok ok, tant mieux... Tu te rends compte ? Un putain de tremblement de terre, juste quand on est tous pour la plupart en activité dehors, à ne penser qu'à s'amuser. » Pour le coup, la nature n'avait pas pensée à faire ça lorsque vous dormiez tous non, pas assez drôle pour elle. Tu lui promettais ensuite que tu irais voir plus tard une infirmière pour qu'elle vérifie que tout aille bien pour ta part, et tu lui tirais la langue à sa réponse. « Mais peut-être que j'aimerais ça. » Tu taquinais sur tes fesses, avant d'attraper ton bouquet et de lui tendre, et tu observais son sourire s’agrandir à la vue de tes fleurs – peut-être que ce n'était pas une si mauvaise idée finalement. Il te remerciait, et tu lui faisais une petite moue amusée alors qu'il disait que c'était le plus beau – mais le seul également qu'il avait reçu. « Ça compte pas alors, t'as pas d'autres références. » Après tout tu pouvais comprendre le manque de comparaison possible – un garçon qui offrait des fleurs à un autre garçon, ce n'était pas encore entré dans les mœurs, même lorsque les deux étaient en couple. On se demandait toujours si ça allait plaisir à l'autre, s'il n'allait pas rejeter complètement le geste, s'il n'allait pas trouver ça trop féminin de se voir offrir des fleurs, c'était comme un vrai casse-tête de « je le fais ou je le fais pas ? ». Pour le coup, cette fois-ci, tu n'avais pas vraiment pris le temps de réfléchir, entrant chez le fleuriste du coin dès que tes yeux avaient balayés la devanture du regard alors que tu filais jusqu'à l’hôpital. Il n'y avait encore que Sonny qui te comprenait assez sur le sujet, puisque vous aviez cet intérêt commun pour les fleurs et surtout le langage de celles-ci – en mode je ne vais pas t'offrir douze roses rouges si t'es juste un ami de boulot quoi. Tu hochais ton visage alors qu'il te demandait si tu pouvais les mettre dans le vase posé sur la table d'à côté, et tu venais prendre le bouquet, enlevant le plastique autour avant de mettre de l'eau dans le vase et de plonger la tige des fleurs dedans. Tu lâchais un petit rire à ses remerciements, et tu reposais tes yeux sur lui, mordant doucement ta lèvre inférieure pour contenir ton tendre sourire. « Ça, tu t'en es souvenu. » Tu remarquais – après tout, le mot amour était sûrement bien plus facile à se souvenir que n'importe quel autre mot de la langue française, et surtout l'un de ceux qu'il pouvait utiliser le plus avec toi si l'envie lui prenais. Tu t'approchais de quelques pas vers lui avant de te pencher pour embrasser un moment ses lèvres, soupirant d'aise contre lui, et tu glissais tes bras autour de son cou, avant de te décoller un instant, le regard avec une grimace sur le visage. « Nope. Je savais pas qu't'en aurais besoin. J'me suis dis que le mi-couvert mi-découvert allait faire fureur sur toi – tu pourrais même lancer une mode au Chili. » Tu te moquais en baissant tes yeux sur son espèce de blouse d’hôpital qui était sûrement ouverte à l'arrière – ils devraient faire plus d'habits comme ça, ça ferait fureur pour les amateurs de fessiers. « J'irais t'en chercher après, ils ont dit quand tu pourrais sortir de l’hôpital ? » Tu espérais évidement que ça ne soit pas assez grave pour les docteurs qu'ils veuillent le garder en observation jusque au dix-huit et même après – même si le Chili était très beau il vous faudrait rentrer à Boston quand même.
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Les minutes s’écoulent et les premiers médicaments qui m’ont été donnés par intraveineuse commencent à ne plus faire effet, je me sens dans un état plus habituel, moins planant et plus enclin à laisser la douleur exprimer toute sa rage sur mes terminaisons nerveuses. Pas de quoi me faire flancher devant mon petit-ami cela dit, j’ai appris à gérer la douleur en prison, à ne pas l’exprimer et à paraitre quasi-constamment indifférent. Je suis blessé, certes, mais je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui ont bien plus que quelques points de suture et côtes cassées. Je pense notamment à Isaac, espérons qu’il s’en soit sorti après que les autorités compétentes l’aient pris en charge. « Parfois Captain America est stupide et ne se rend pas compte qu’il se met en danger, il n’écoute que son instinct. » Sans être le superhéros dont nous parlons actuellement je parle indirectement de moi. Je n’ai pas écouté mon cerveau lorsque la terre s’est mise à trembler, lorsqu’un vent de panique s’est emparé d’une bonne partie d’entre nous. Non, j’ai écouté mon instinct et j’ai foncé, je n’aurais surement rien eu sinon mais à quoi bon ? Je trouve moyen d’impliquer Thor à l’histoire, de quoi bien se faire marrer mon petit ami. « T’as vu ça ! Thor a eu tort, sans mauvais jeux de mots ! » Je termine en riant de ma propre blague, elle est bas de gamme mais efficace, vous n’y aviez pas pensé sur le moment n’est-ce pas ? « Il ne sait rien faire sans son marteau de toute manière alors je l’emmerde ! » Je termine, boudeur, comme vexé d’avoir été blessé en essayant de prouver quelque chose, de quoi imaginer l’envers du décor chez les superhéros, parce que tout n’est pas rose en permanence et que la jalousie doit également avoir une certaine place dans le milieu non ? J’imagine bien Spider Man envier le costume de Batman, ce genre de choses t’vois ? Et les autres ? Je me sens apaisé maintenant que je sais Nemo hors de danger et pas trop blessé, mais les autres ? Mes plus proches connaissances semblent ne pas avoir été trop gravement blessées, une chance quand on voit l’état de certains de nos compagnons. « Quelle était la probabilité pour qu’on se prenne tout ça sur la gueule en venant une poignée de jours en springbreak ? On a la poisse ! » Rien que d’y repenser et j’en ai des frissons, nous pensions tous profiter de ces quelques jours pour relâcher la tension et nous détendre avant les examens, autant vous dire que c’est raté. « Bien-sûr que tu aimerais ça, pervers ! » Je me moque en lui tirant la langue. « Pas de câlins pendant six mois si tu n’y va pas, c’est mieux ? » Difficile de lui refuser un gros câlin alors qu’il m’offre des fleurs, c’est la première fois que quelqu’un m’offre des fleurs et j’aurais pensé trouver cela risible ou gênant, je ne suis pas vraiment un homme à fleurs, j’en offre mais voilà, je ne leur accorde pas énormément d’importance pourtant… Pourtant j’apprécie le geste et je comprends maintenant pourquoi les femmes apprécient le geste, il a mis le paquet d’ailleurs, le bouquet est magnifique. Je profite de câlin qu’il m’offre, aussi douloureux soit-il pour mes côtes, pour lui demander s’il aurait par tout hasard songé à m’apporter des vêtements et sa réponse est malheureusement négative, il ose se moquer en plus le p’tit con. Je lui mets un petit coup sur le torse. « Tout est beau sur mon corps de toute manière ! » J’ferais un bon mec vantard vous ne trouvez pas ? Bon, je déteste ce genre de personnes donc difficile de l’envisager mais j’apprécie de m’en moquer. « J’suis censé rester en observation cette nuit, pour prévenir d’éventuels effets secondaires, j’ai pris un bon coup sur la tête ! » Je déteste les hôpitaux, cette nuit va être tellement longue. « Tu crois que tu peux te faufiler et rester avec moi cette nuit ? J’ai horreur d’être ici, trop de mauvais souvenirs et… J’me sentirai mieux si t’étais là ! » Je confie, d’une timidité exacerbée par une fragilité soudaine liée à un passé que j’aurais tendance à sous-estimer en matière d’impact sur mes réactions et ma manière de percevoir le monde.
Peut-être que tu aurais préféré être touché. Peut-être que tu aurais préféré être celui cloué dans un lit d’hôpital morbide, à espérer être rétabli à temps afin de prendre le vol avec tout le monde pour retourner à Boston. Peut-être que tu aurais espéré avoir tous les maux du monde plutôt que celui du cœur, désespéré, meurtri, inquiet au possible de n'avoir aucune nouvelle de la personne qui comptait le plus pour toi. Parce que ça faisait encore plus mal, d'imaginer le corps de Graham complètement inerte sur le sol démantelé, à avoir donné son dernier souffle pour sauver la vie d'un étudiant dont il ne connaîtra jamais le prénom. Vous aviez tous les deux aidés et sauvés des personnes lors de ce tremblement de terre, mais tu t'en étais mieux réchappé que Graham, et égoïstement, tu aurais peut-être préféré à ne pas avoir eu à vivre des heures d'intense silence, comme si le destin s'évertuait à ne pas vous laisser vous contacter et souffler, entre ton portable cassé et Graham éreinté à l’hôpital. Décidément, la comparaison entre ton amoureux et le fameux héros de Marvel était loin de s'achever, comme quoi, tu avais plutôt très bien trouvé lorsque tu l'avais surnommé la première fois comme ça. Au tout départ tu avais plutôt porté ton dévolu sur Hulk, à cause de leurs muscles et de leurs carrures imposantes – et puis il fallait avouer que le côté toujours en rage et énervé avait pu également marcher, puisqu'à l'époque Graham n'avait pas la meilleure image de toi – mais après coup, Captain America lui allait et lui irait toujours comme un gant, et aujourd'hui encore il le prouvait assez bien, l'utilisant afin de pouvoir parler à la troisième personne de ce qui était au final ses agissements à lui. « Qu'il écoute son instinct est une bonne chose, je comprend que ce soit quelque chose de difficile à repousser, mais il ne doit pas oublier que Bucky sera inconsolable si l'amour de sa vie fini par mourir d'une idiote erreur de précipitation. » Tu lâchais, avec la petite déclaration d'amour qui se faufilait comme une anguille dans la discussion puisque tu savais rarement faire autrement, te comparant au meilleur ami de Steve Rogers – après tout, t'adorais les Avengers mais à part Iron Man et Hulk tu ne shippais pas vraiment de couple, mais l'un des meilleurs duos était sûrement Steve et Bucky, et t'avais pas vraiment eu le temps de te poser afin de te trouver un personnage convenable, alors ça ferait l'affaire, les fans les aimaient bien ensemble. Tu riais à son jeu de mot sur Thor, levant tes yeux au ciel devant ses bêtises. « J'te pardonne de cette trèèèès mauvaise blague vue et revue parce que t'es à l'hosto. » Tu plaisantais dans un sourire moqueur, avant de rire quand il déclarait comme un gros jaloux que de toutes manières, Thor sans son marteau, ce n'était plus un super-héros performant. « Mais oui, mais ooooui, tu murmurais en glissant tes doigts dans ses cheveux blonds, comme pour faire semblant de le consoler. Alors que le Captain, même sans son bouclier il a ses faux muscles et son courage légendaire. » Tu terminais dans un grand sourire qui ne dévoilait pas tes dents, ne refusant jamais un petit tacle sur les muscles du personnage. Vous parliez ensuite des autres, des étudiants qui avaient eux aussi survécus de manière plus ou moins intact, et qu'à chaque fois, que chaque année, il était obligé que quelque chose vous tombe dessus que ce soit en restant à Boston ou en voyageant. Tu hochais la tête, grattant un instant ton crâne. « C'est ça, si on arrive à quitter Harvard diplômé et vivant, on aura sûrement tout vécu ici. » Et dire que tu avais déjà eu de la chance quant à la bombe et les prises d'otages – t'espérais rester chanceux encore longtemps. Néanmoins, Graham voulait absolument que tu passes quelques examens de routine histoire d'être sûr que tu n'ai rien, et tu te moquais de ses menaces, comme d'habitude. « Ce n'est pas être un pervers, c'est aimer les bonnes choses de la vie ! » Tu riais pour le contredire – quoi que, se faire littéralement botter les fesses, ce n'était pas la première chose que tu choisirais d'essayer si tu en avais la possibilité. Il utilisait en plus le second recours, l'abstinence de tous câlins, et monsieur exagérait toujours plus en imposant une longueur de six mois – il était un peu trop marseillais le bonhomme. Tu faisais une mignonne petite moue, approchant ton visage du sien quelques instants. « Tu m'obligerais vraiment à utiliser mes bons ? » Tu demandais, faussement triste, alors que tu avais toujours les deux bon pour un câlin qu'il t'avait offert à Noël dans ton porte-feuille partout où tu allais. Mais le connaissant, il allait se faire une joie de te remballer pour t'annoncer que oui, il oserait te faire un pareil affront et te laisser malheureux durant six mois. Avec un peu de chance, ça prendra fin juste avant vos un an, et tu pourras faire une méga journée où tu redécouvrira enfin son corps qui t'aurait tant manqué – ou sinon, t'allais tout simplement te plier à aller voir les médecins de l’hôpital. C'était aussi une solution. Tu lui offrais ensuite ton petit bouquet, qui semblait tout de même lui faire plaisir malgré tes peurs sur le sujet, mais malheureusement, tu n'avais peut-être pas réfléchit assez pour prendre les choses les plus importantes quant à la sortie probable de Graham, puisque tu avais complètement oublié de lui amener des vêtements. Oups...Tu éclatais de rire à son petit coup sur ton torse, et tu lui tirais la langue, tes yeux dévisageant un instant son corps caché sous la blouse. « Je confirme, tout, tout. » Tu avouais dans un petit sourire en venant embrasser ses lèvres, avant de l'écouter te répondre, comme quoi ils voulaient le garder en observation cette nuit. Tu auras le temps de t’éclipser un moment pour lui prendre des habits comme cela. Tu reposais ton regard sur son visage, alors qu'il reprenait la parole et quémandait que tu restes à ses côtés cette nuit, d'une manière bien plus fragile que toutes les requêtes qu'il avait pu avoir auparavant. Tu passais ta langue sur tes lèvres, avant d'hocher vivement ton visage sans plus le faire attendre, tes doigts glissant entre les siens. « Ouais ouais, évidement. J'vais faire le gros thug de la téci, et j'pousserais même ma plus belle gueulante si l'on cherche à me faire dégager, promis. » Tu lançais dans un sourire amusé et rassurant, haïssant au fond de toi le fait qu'il avait déjà tellement dû se retrouver dans cette situation avant, et que même lors de vacances au Spring Break il soit obligé de revivre ça.
This pain, this dying, this is just normal. This is how life is. In fact, I realize, there never was an earthquake. Life is just this way, broken, and I am crazy for dreaming of something else.
Je n’ai écouté que mon cœur, ma conscience et laissé mes pulsions me guider sur ce chemin apocalyptique. Je n’aurais peut-être pas utilisé ces parties de mon corps si mon passé avait été différent, si je n’avais pas désespérément attendu que quelqu’un me tende la main pour me sauver des sables mouvants dans lesquels je peinais à ne pas m’enfoncer. Je me suis comporté de manière inconsciente, j’ai pris de nombreux risques et j’en paie à présent le prix, hospitalisé pour la nuit avec un possible traumatisme crânien et quelques points de sutures sur deux ou trois parties de mon corps. Je m’en sors relativement bien, j’aurais pu souffrir de bien d’autres maux après avoir été frappé par ce morceau de roche arraché par la puissance du tremblement de terre. Chanceux, je crois bien que je me considère chanceux et c’est la raison pour laquelle je me contente de froncer les lèvres, ces mêmes lèvres que je mordille à m’en faire saigner pour dissimuler la douleur qui se réveille et me donne l’impression d’avoir une tête qui pèse trente kilos et qui me déséquilibre. Que quelqu’un fasse taire ce sifflement qui m’empêche de me concentrer et de pleinement avoir accès à tous mes sens. Difficile de ne pas défendre mes actes, j’utilise une métaphore en reprenant mon petit surnom, celui que Nemo m’a tendrement dégoté peu de temps après que nous ayons fait connaissance, au tout début de notre histoire. Il ouvre la bouche et me fait immédiatement réagir… Réagir est un grand mot, je reste justement bouche bée, mes pulsations cardiaques accélérant à la même allure que mes lèvres qui s’étirent en un sourire attendri et vraiment très niais. « L’amour de sa vie ? » J’aime cette idée d’être l’amour de sa vie, elle me rend tout bizarre mais j’apprécie pleinement les sensations que cela me fait ressentir. Il ne s’est jamais vraiment ouvert sur ses sentiments depuis que nous sommes tous les deux, il prouve son attachement par les gestes mais il est vraiment très rare de l’entendre prononcer ce genre de mots. Cela ne fait que renforcer les moments où il brise la carapace. Je crois que mes hématomes me font perdre la boule, il faut voir le niveau auquel je me rabaisse lorsque je trouve cette blague sur Thor qui, plot twist, a tort. Mon chéri se moque gentiment et j’en profite pour prendre sa main et la guider avec précaution sur mon front, à côté de mes points de sutures, là où se trouve une grande marque violette, moche et boursoufflée. Un bel hématome, c’est ce qui fait flipper les médecins je crois, étonnant qu’ils ne m’aient pas fait passer un scan parmi tous leurs examens d’ailleurs, nous ne sommes tellement pas à l’abri d’un mauvais saignement. « C’est pas de ma faute, regarde tous ces bobos que j’ai, ça me fait perdre la boule ! » Quoi ? J’ai le droit d’en jouer un petit peu non ? D’autant plus que j’ai réellement mal. « Tu peux appuyer sur la manette pour appeler une infirmière ? » Je ne veux pas l’inquiéter mais j’ai vraiment très mal à la tête, un petit calmant ne serait certainement pas de trop. Sa remarque sur les faux muscles ne peut que me faire réagir et soulever mon t-shirt. « Faux muscles ? FAUX MUSCLES ? Et moi qui pensait que tu connaissais mon corps par cœur !» Je termine, taquin, en hochant les épaules résolu face à cette immense déception. Déception que j’utilise pour le menacer de le priver de câlins puisqu’une fessée ne le dissuaderait pas de faire abstraction d’examens approfondis pour s’assurer qu’il n’a rien de cassé ou rien de grave. Le maudit sait y faire pour m’attendrir mais cette fois-ci je tiendrai le coup, c’est décidé ! « Il faut bien que tu trouves une occasion de les utiliser, histoire que la prochaine fois tu n’aies plus d’options à utiliser pour t’en sortir ! » Qu’il rame un petit peu lorsque ses deux bons seront épuisés. Bon… Je déteste décevoir ma clientèle, aurais-je dû préciser que ces deux câlins seront exemplaires et lui laisseront un souvenir qu’il n’est pas prêt d’oublier ? Il me ferait presque rougir lorsqu’il confirme que tout est beau sur mon corps, même cette horrible liquette d’hôpital qui me donne l’impression d’être à poil, ce qui serait quasiment le cas si je suis de dos, la moitié du cul se baladant, la faute à une absence de boutons sur une bonne partie de l’espèce de robe d’un classique étouffant. Dommage que l’humour ne puisse pas me sauver sur ce coup, cet endroit fait ressurgir mes insécurités, difficile de faire face à certains mauvais souvenirs du passé, au stress qui me fait perdre haleine à la simple évocation d’une nuit ici, seul dans cette chambre hideuse. Ses paroles me rassurent et me font même rire un moment. « Tu seras mon super-héros, chacun son tour ! »
Tu ne mentais pas. Tu n'étais pas du genre à prononcer ces mots afin d'espérer lui faire plaisir, telles des paroles dans le vent pour passer un peu de baume sur les maux d'un jeune blessé, comme si quelques petites déclarations l'éloignerait quelques minutes de penser à son état désastreux. En fait, même si tu ne lui avais toujours pas déclarer ton amour – pression pression quand tu nous tiens – ça ne t'empêchait pas de ressentir de tels sentiments envers lui, et d'avoir l'impression au fond de toi qu'il était vraiment l'amour de ta vie. Tu avais toujours été assez indécis, sur le fait que cet amour de toute une vie existe ou pas en observant les gens autour de toi, entre ceux qui y croyaient, et ceux qui se disaient plus réalistes. Certes, vous étiez jeunes. Certes, les petits-amis ça venait, ça partait, et des couples après dix ans à se supporter se déchiraient quand on croyait qu'ils dureraient indéfiniment. Certes, beaucoup de couples après des années de vie commune finissaient par faire des erreurs comme on pouvait le qualifier dans le langage commun, des trahisons qui entachaient l'image si belle et parfaite du duo. Certes, chez certaines personnes, le concept même de garder quelqu'un pour la vie était flou et impossible à tenir sur le long terme. Mais était-ce si mal si tu avais envie d'y croire ? « Et pourquoi pas ? » Tu demandais d'une petite voix, haussant légèrement tes épaules, jamais très à l'aise dans ce genre de situation. Il y avait évidement la possibilité qu'il ne le soit vraiment, qu'il ne finisse par n'être qu'un beau chapitre dans l'histoire de ta vie, et que personne ne puisse vraiment remplir ce rôle d'éternité, mais ça y ressemblait pourtant vachement, et ton cœur tambourinant à chaque fois que tes yeux se posaient sur lui en était la maigre preuve. Graham te sortait ensuite l'une des plus horribles blagues qu'on pouvait faire sur Avengers et Thor ce que tu ne tardais pas à moquer, et il attrapait ta main pour la poser sur son front, ce qui te permettait d'observer avec un peu plus d'attention que précédemment ses marques et ses hématomes qui recouvraient certaines parties de son visage. Ça avait l'air d'être assez désagréable et inconfortable, t'avoir autant de blessures boursouflées. Tes doigts caressaient de leur pulpes l'endroit sur son front qui avait été épargné, et tu riais de ses pauvres excuses. « C'est vrai qu'il t'a sacrément amoché. » Tu reconnaissais dans un petit sourire, ne sachant pas vraiment à qui tu faisais référence dans ton il. Au tremblement de terre, aux chevaux, au destin ? Quelques secondes plus tard, tu fronçais légèrement tes sourcils à sa demande, acquiesçant tout de même d'un petit mouvement de tête avant d'appuyer sur le petit bouton prévu afin d’appeler l'infirmière rapidement. « Tu as mal..? » Tu demandais incertain, ne souhaitant pas que ta présence lui cause plus de problèmes ou le fatigue encore plus. Un éclat de rire s'échappait ensuite de tes lèvres alors qu'il soulevait sa blouse pour te montrer ses muscles, et tu secouais ton visage, venant enfoncer ton index contre ses abdos. « Je le connais preeeesque par cœur. Mais je parlais de l'autre cap'tain, qui a eu tous ses muscles implantés en lui ! » Tu ne te souvenais plus exactement de comment ça s'était passé, mais c'était presque cela non ? Il était si fin et mince, et il ressortait bâti comme un taureau après être passé dans sa capsule bizarre. Magie ! Le Méchant Gramou était toujours aussi calculateur et vicieux, et voilà qu'il t'avouait essayer de te faire perdre tes bons, pour que quand tu en aies réellement besoin plus tard tu n'en ai plus. Mon dieu, ce gars-là, il serait une nouvelle fois parfait pour aller sur l'île de koh-lanta, il aurai les parfaites stratégies face aux personnes ayant secrètement des colliers d’immunité et tout. « Mais je veeeeux m'en sortir ! Toujours. Je n'veux pas gâcher mes jolis bons pour rien. D'ailleurs, pour le prochain Noël, je veux un gros bon câlin illimité ! » Comme ça, t'aurais jamais plus de problèmes avec ses petites menaces, ni la peur de l'utiliser au mauvais moment – mais tu pouvais encore rêver pour l'avoir. Tu casais dans un petit coin de ta tête le fait qu'il faudrait que tu lui prennes quelques habits avant de sortir, et tu lui promettais de rester avec lui cette nuit quoi qu'en dise le personnel de l’hôpital, ne souhaitant pas qu'il se retrouve seul face à ses fantômes du passé. Tu t'asseyais sur le lit, au niveau de son torse histoire d'être proche de lui, riant doucement. « Tout à fait, enfin les rôles s'inversent ! Mais j'veux un blase de super-héros moi aussi ! » Tu voulais un truc cool qui montre à quel point t'étais un super-héros génial, mais la plupart avaient pleins de muscles et ne te ressemblaient pas du tout.
This pain, this dying, this is just normal. This is how life is. In fact, I realize, there never was an earthquake. Life is just this way, broken, and I am crazy for dreaming of something else.
Je suis censé être le romantique dans notre couple mais Nemo me surprend agréablement sur ce coup et me laisse dans un état de songe sur ce que représenterait une vie à ses côtés. Je ne suis pas du genre à avoir l’œil rivé sur le futur, je me préfère dans le moment présent à profiter au maximum de ce qui m’est offert pour ne pas avoir le moindre regret quand tout ce termine mais… Mais je ne peux empêcher ce sourire d’étirer mes lèvres lorsque mon esprit divague et dessine le plus parfait des tableaux : une belle maison, trois ou quatre enfants heureux, vagabondant dans notre jardin pour jouer à cache-cache, Malfoy un petit peu plus âgé s’élançant à leur poursuite pour quémander des câlins et mettre en péril leurs superbes cachettes. Nous deux, attendris devant un tel tableau, installé à table, profitant de l’innocence, de la beauté du moment, mariés, unis symboliquement. Pour la première fois de ma vie j’ai réellement l’impression que tout ceci est à ma portée. Il ne nous manque rien, nous avons les éléments en main pour faire fonctionner notre couple, des sentiments nous en avons, ils sont très forts, passionnels, quoi de plus beau que de faire figure d’exception au milieu d’une société où tout ne dure qu’un temps ? « J’aime l’idée ! » Nous n’avons pas besoin d’employer des mots pour mettre l’autre au courant de nos sentiments, j’aurais été bien embêté autrement puisque j’ai un petit ami nettement moins bavard quand on en vient aux sentiments. Un simple regard est suffisant, celui que je lui adresse au moment de goûter à nouveau à ses lèvres. Mes prunelles se perdent dans celles de ce petit bout de perfection que j’ai la chance d’avoir rencontré au moment le plus opportun de ma vie. Je ne peux que le remercier de s’être battu, d’avoir su déceler en moi ce que j’ignorais, de ne pas avoir abandonné lorsque je le lui ai expressément demandé. Que serait ma vie sans lui, qu’auraient été les derniers mois ? Probablement pas grand-chose, il occupe une bonne partie de mes pensées, de mon quotidien, sans lui je me sens rapidement perdu. C’est dingue à quel point on s’attache rapidement, à quel point toute une vie change en l’espace de trois ou quatre mois, toutes tes priorités sont redéfinies et tu arrêtes de vivre seulement pour toi. Ses doigts se baladant avec beaucoup de douceur et de précaution sur mon front recouvert d’hématomes et de vilaines coupures me font frissonner et me revigorent, j’en oublierai presque cette intense douleur à la tête qui m’empêche de réellement briller comme j’ai l’habitude de le faire lorsque je plaisante. Un marteau aurait-il commencé à s’abattre sur ma caboche ? J’en ai l’impression, à deux doigts de ne plus supporter cette douleur qui m’assaille d’un coup d’un seul. Appeler une infirmière me parait être la seule bonne option, ils m’ont demandé de les appeler si la douleur devenait plus forte, le moment est plus que venu de le faire. « Très mal à la tête, j’ai du mal à me concentrer ! » Je serre sa main un petit peu plus fort, pas apeuré mais… Disons… Inquiet. J’ai perdu l’habitude, mon degré de résistance s’est effrité depuis que je sorti de prison l’année dernière. Difficile d’avoir l’air au taquet pour ne pas faire s’inquiéter mon chéri, je suis parfois très mauvais acteur, je tente néanmoins de changer de sujet, il vient d’insulter mes muscles, cet affront ne restera pas impuni. Je remonte ma blouse quitte à finir quasiment nu, je n’ai rien en dessous, pour marquer mon point. « Mouais, c’est ça, essaie de te rattraper ! » Je le taquine en laissant retomber ma blouse, mal de tête et sensation désagréable de froid, moi qui meurs toujours de chaud. Peut-être que cette nuit d’observation ne sera pas de trop. Je frissonne, pas à mon avantage. « Tu n’as pas besoin d’un bon, tu sais très bien quémander mes câlins ! » Comment résister à cette diabolique bouille d’ange ? Le mec serait capable de me faire n’importe quoi les yeux fermés. Il s’assied à mes côtés et j’en profite pour tendrement déposer mon menton contre sa chevelure brune au parfum somptueux. « Tu pourrais être The Clown ! » Ce nom de superhéros lui irait bien, poisson et figure de divertissement à la fois, tout ce qu’il est et bien plus encore.