J'écoute ses mots d'une oreille attentive, sans défaut, décortique la moindre information. Crises de jalousie, je connais, je pratique, j'exploite. Bien qu'il me connaisse depuis de nombreuses années, il est bien visible qu'il n'a jamais partagé une quelconque intimité réelle à mes côtés pour croire ne serait-ce qu'un dixième de seconde que les hommes sont ainsi, dépourvus de toutes jalousies excessives. Je me contente de sourciller, étonné de le voir révolté au point d'en aimer la chair masculine. Je dois bien admettre que je donne beaucoup d'importance à ce revirement de situation, je n'ai jamais imaginé plus que de l'amitié avec Ronan auparavant, le sachant hétéro c'était impossible. Le voilà maintenant tout à fait disposé pour ça, bien qu'il demeure difficile de laisser mes habitudes à son égard derrière moi. Peut-être que la solitude me fait perdre la raison, tant je suis en manque d'affection plus qu'amicale ces derniers temps ou peut-être alors que je l'ai toujours aimé sans vraiment me l'avouer. Je me coupe en pleine réflexion, obnubilé par sa voix bien que peu portante. «
Ma mère... Je... euh. Tout s'embrouille, s’emmêle, je perd mes mots, je perd ma voix.
Elle a eu un... accident, elle est morte. Je... je suis désolé, je dois y aller. » Une larme se laisse glisser le long de ma peau, j'embrasse Ronan sur le front tout en caressant sa joue. «
Si tu n'aimes pas tes cicatrices, alors je les aimerai pour toi. » Je pars sans ne plus rien dire, laissant le bel homme seul sur son lit d'hôpital, ou du moins sur quelque chose qui s'en approche.