Nate ► Wet meeting

Wet meeting

Assise au bord de la piscine, je laisse mes pieds dans l'eau, effectuant même quelque battement de ceux-ci pour battre l'eau et la faire bouger. Cela fait déjà un moment que je suis là... Non pas assise au bord de l'eau, mais dans la piscine. J'ai déjà fait quelque longueur, mais j'ai besoin de reprendre un peu mon souffle, de me poser un peu. Alors je reste assise au bord de l'eau dans ma bulle, jouant un peu avec ma tresse humide pour m'occuper alors que je continuer de regarde la piscine. J'ai envie d'y retourner, mais j'ai encore le souffle un peur court, alors je continue de patienté, ignorant les autres personnes présentent. Après tout, je suis venue toute seule ici dans le but de me dépenser, de ne plus penser à Nate, parce que depuis notre rupture, je ne fais plus que ça, du sport, encore et encore, quand bien entendu, je n'étudie pas pour rattraper mon retard... Mais je me donne à fond dans le sport, voir même trop... Beaucoup de personne me le reproche même... Je devrais faire attention, mais je ne peux juste pas... C'est mon nouveau moyen pour ne plus penser à lui, parce que quand la douleur est là, après l'effort, je ne pense qu'à celle-ci et pas à lui, pas à son corps, ses yeux, sa voix... Il me manque tellement... mais il doit sûrement être occupé avec un mec maintenant, après tout... Il est aussi présent ici... Il doit bien profiter de ses vacances lui... Je soupire alors. Il est temps de retourner dans l'eau parce que je ne suis pas encore à bout j'ai encore de la marge... Alors je me relève pour me diriger vers le plongeoir tout en m'étirant un peu les épaules et la nuque.

Le spring break... difficile d'en profiter après sa rupture avec Robin. Nate avait vraiment du mal. Trop de mal à encaisser ce qui s'était passé, les mots, les pleurs, les accusations, la douleur. Il avait finalement pris part au voyage, ayant longuement hésité à tout plaquer un temps pour retourner chez ses parents... mais finalement non. Non, il était venu, se demandant perpétuellement pourquoi il avait fait cette connerie monstrueuse. Au final il ne prenait vraiment part à rien, il zonait, vagabondait sans faire vraiment la fête, trop assommé par ses problèmes. Aujourd'hui, il était allé un peu à la piscine histoire de se changer les idées, de voir du monde. Essayer d'oublier ses angoisses perpétuelles et presque omniprésentes. Se baigner, observer, s'évader.

Sauf que le destin semblait se jouer de lui. Il marchait au bord de la piscine, tranquillement, cherchant un point de chute tranquille... quand il la vit. Robin. En chair et en os. Il se stoppa net et baissa les yeux, prit par un noeud dans l'estomac. Est-ce qu'il devait aller la voir ou rester là comme un idiot ? Est-ce qu'il devait seulement le faire... ou alors tourner les talons pour trouver un autre endroit où aller, une autre occupation ? Contrairement à Robin, Nate avait noyé son chagrin dans la solitude la plus profonde, il avait tout arrêté. Les sorties, les plans cul, la drogue, l'alcool, tout. Il restait chez lui, à lire des livres scientifiques et jouer à des jeux vidéos. Seul, extrêmement seul. Et finalement, ses pieds décidèrent pour lui. Il s'assit à côté d'elle sur le rebord de la piscine et ne la regarda pas. Il n'osait pas à vrai dire. Il regardait simplement les nageurs dans l'eau en jouant avec ses doigts. Il ne savait pas quoi dire, il ne savait même pas s'il y avait quelque chose à dire. Il se sentait stupide.

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J'allais me relever, pour reprendre la nage, pour continuer à me défouler, pour l'oublier encore une fois, momentanément... Sauf que je n'avais pas prévu son apparition... Je sursaute un peu en le voyant soudainement assis à côté de moi, comme si je venais de voir un fantôme. Je le fixe alors, surprise de le voir là... Parce que je ne m'y attendais pas... J'avais jusque là toujours fait en sorte de ne plus le croisé, évitant les soirées où ils pourraient se trouver autant que possible, pour les cours c'était plus compliqué... Je l'évitais autant que possible tout en gardant un oeil sur lui... Parce qu'au final, je ne devais plus m'impliqué dans sa vie, j'avais fait ce choix... Je finis donc par détourner la tête, une boule au ventre, mal à l'aise de me retrouver ainsi si proche de lui soudainement. J'aurais dû être un peu plus sur mes gardes et ainsi ça ne serait pas arrivé, mais en même temps, comment aurais-je pu prévoir qu'il débarquerait ici ? "Salut..." Finis-je quand même par lui dire pour entamer la conversation sans même trop savoir ce que je pourrais bien lui dire... C'était difficile... Feindre celle qui n'avait plus de sentiments pour lui, celle qui s'était remise de leur rupture... Jouer encore un putain de rôle devant lui... J'en avais marre que notre relation ne se résume plus qu'à cela, mais en même temps, je ne peux plus lui courir après. Il ne m'aime plus je l'ai bien compris en janvier. "Tu vas bien ?" Le questionnais-je alors... Discussion banal... Pourtant difficile à dire, j'avais peur de la réponse, j'avais peur qu'il me dise oui alors que moi-même je lui répondrais oui pour ne pas lui faire savoir que non, je ne suis pas bien parce qu'il me manque trop. Encore une fois, je n'arrive pas à combler son absence...

Il était encore temps de fuir, de se lever, de partir. Loin, très loin. Toujours. Elle n'avait pas encore notifié sa présence, elle ne lui avait pas encore adressé la parole... alors peut-être qu'il ferait mieux de partir. De laisser le passé au passé. De laisser tout ça derrière lui et d'essayer de continuer à se reconstruire comme il le pouvait, du mieux qu'il pouvait. Rester dans sa solitude, y rester. Couper les ponts progressivement avec tout le monde, oublier sa vie sociale comme il avait déjà commencé à le faire, revenir au Nate d'avant. A celui qui n'avait ni amis, ni amours. Rien. Peut-être que c'était ça, la vraie bonne solution. Après tout, il n'était malheureux que lorsqu'il était avec les autres. Une fois seul... il oubliait tout. Il se concentrait sur ses passions, sur ce qu'il aimait. En sécurité.

Mais le temps de ses pensées, de sa réflexion, et Robin parla déjà. Nate ne la regarda toujours pas. Il ne répondit pas à son salut. Il en était incapable. Il se sentait bête de s'être assis ici et de ne pas avoir la capacité de lâcher un seul mot, un seul son. Il se sentait vraiment stupide. Trop stupide. Il n'avait pas vraiment envie de pleurer même si sa gorge était nouée. Il ne savait pas ce qu'il voulait en réalité. Peut-être avait-elle remarqué à quel point il était absent les derniers temps. A quel point il ne parlait plus à personne, à quel point il s'isolait dans les salles de cours et les amphis. Ou peut-être qu'elle s'en fichait... c'était sûrement plus probable. Elle s'en fichait. Et la question suivante lui arriva aux oreilles. Il resta encore silencieux. A vrai dire...

"J'en sais rien."

Ses pensées si fortes sous son crâne avaient fini par se matérialiser en mots. Il ne savait pas. Et c'était vrai. Il se sentait tellement vide de tout, creux, qu'il n'avait aucune idée de son état. Il ne savait pas s'il allait bien ou pas. Et sa psy n'était plus là pour le dire, car malgré le harcèlement de cette dernière il avait aussi arrêté ses séances. Il était loin d'être guéri. Mais... mais il ne voulait plus y aller. Parce que ça lui rappelait trop de choses, parce que ça le sortait de sa bulle, parce qu'il n'avait pas envie d'être confronté à sa maladie. Ni à ses problèmes.

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J'en sais rien... La réponse du jeune homme à côté de moi est tombé... une réponse qui ne me met pas réellement à l'aise... parce que c'est probablement ma faute... Je tourne la tête vers lui. "Ah..." Qu'est-ce que je peux bien répondre d'autre hein ? Que dire ? Que faire même ? Je ne sais pas du tout... je le fixe, attendant dans un sens, comme un espoir, qu'il rajoute quelque chose, qu'il finisse par me dire qu'il va bien... Mais il ne dit rien... Il ne me regarde même pas... J'ai envie de lui dire de me regarder, de poser encore son regard sur moi... Mais pourquoi est-ce qu'il ferait ça alors que je l'ai encore quitté ? Puis de toute façon, il ne m'aimait plus... J'hausse les épaules. Il faut que je me résigne à cela... "Des soucis avec Adrian ?" Lui lançais-je alors à contre-coeur, parce que je ne voulais pas savoir s'il voyait encore ce gars pour qui je pensais qu'il avait des sentiments, ce mec avec qui il avait eu des rapports... Je ne veux pas entendre la réponse... Mais en même temps, je m'inquiète pour lui... A ne plus le voir comme ça... Je soupire. "Oublie ma question. C'est sûrement pas à moi que tu te confieras sur tes histoires de coeur." Finis-je par dire pour prendre la fuite encore. Je laisse alors mon regard glisser sur l'eau, alors que je commence à battre un peu des jambes, ne pensant même pas au fait qu'il pourrait voir la chevillère qu'il m'a offerte et que je porte toujours, pour que le clapotis de l'eau ne nous laisse pas dans un silence gênant. Je ne sais même pas pourquoi il est venu près de moi... Ni même pourquoi est-ce que je lui ai posé cette question-là... Je finis par rire un peu nerveusement, mal à l'aise à cause de cette situation. "Je me demande souvent..." Commençais-je alors, mais je laissa ma phrase en suspens, parce qu'il n'avait pas à savoir que je me questionnais le pourquoi on en était arrivé là, pourquoi on a pas pu simplement rester ensemble... Surtout... Qu'il y a un an à cette période, on était ensemble, on était heureux surtout;...

A quoi bon rajouter quelque chose ? A quoi bon la regarder aussi ? Déjà, il n'osait pas. Et ensuite... ça aurait été lui rappeler tout ce qu'il avait perdu. Tout ça parce qu'il avait osé, parce qu'il avait eu l'audace de faire ses propres expériences, et qu'elle ne l'avait pas cru quand il s'était époumoné à lui crier et lui dire qu'il n'y avait absolument rien entre Adrian et lui. Absolument rien... et il n'y aurait plus jamais rien, avec personne. C'était sa décision, bien qu'un peu radicale... mais utile pour pouvoir redevenir comme avant. Loin de tout, loin des gens. Il avait bien pu s'en passer jusqu'ici, alors ça pouvait continuer non ?

La question de la jeune femme lui tira un regard en coin, avant de finalement lui faire baisser les yeux vers ses genoux. Non. Pas de soucis avec Adrian. Il ne pouvait pas y en avoir puisqu'il n'y avait plus rien avec Adrian. C'était du passé, une expérience comme une autre qui avait finalement mal tourné. Parce que tout ce qu'avait pu essayer Nate jusqu'ici... lui était finalement revenu en pleine tronche à un moment ou à un autre. A croire que le monde pouvait tourner, avancer, progresser, changer... mais que lui n'en avait pas le droit, qu'à la moindre tentative, quelque chose ou quelqu'un venait pour le remettre à sa place... Celle de l'insignifiant jeune homme qu'il avait toujours été et qu'il aurait du continuer d'être.

Nate n'avait plus grand chose à confier à Robin. Donc... sa remarque sonnait un peu creux. Tout comme sa phrase qu'elle ne se donna pas la peine de finir. Le blond resta silencieux, il recommença à jouer avec ses doigts. "Tu te demandes souvent si quoi ?" La curiosité l'avait emportée sur le mutisme du jeune homme au sourire perdu. Ce sourire qui n'avait plus éclairé son visage depuis des semaines. Comme aspiré dans une dimension parallèle, dans un passé qui aurait pu être heureux mais un futur qui n'avait plus de couleur.

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J'avais laissé ma phrase en suspend, parce qu'au final, la finir ne m'apporterait rien de bon et montrerait à Nate que je regrettes d'avoir encore rompu avec lui... Je l'aime encore mais je ne peux pas lui dire ni même lui faire comprendre, il faut qu'il m'oublie, même si j'en suis bien incapable... Je soupire alors en l'entendant me formuler une question sur ma phrase arrêtée... Lui répondre rien serait bien trop suspect alors qu'est-ce que je pourrais bien dire ? Je ne trouve pas... Je reste alors silencieuse avant de finalement me glisser dans l'eau sans lui répondre, je me tourne ensuite vers lui et lui tend la main. "Tu viens ?" Lui demandais-je alors pour l'inviter à venir dans la piscine, ce qui au final est un bon moyen de détourner son attention non ? Espérons simplement qu'il mordra à l'appât comme on dit. Je tente d'ailleurs de faire fit de mon malaise face à lui, oublier ma douleur et ce que je ressens pour me comporter comme je le ferais avec n'importe lequel de mes amis ou amant... Non, pas amant sinon, je risquerais de faire des choses déplacés et ça nous posera encore plus de problème qu'on en a déjà... Alors, je garde ma main tendue vers lui, espérant qu'il va la saisir et non pas la repousser, sinon, je ne saurais pas quoi faire, ni même quoi dire... Mais j'avoue que j'ai envie qu'il la touche, qu'il me tienne encore la main rien qu'un instant, qu'il me suive encore un peu, qu'on passe un peu de temps ensemble comme on le faisait il y a un an... Qu'il ne soit question que de lui et moi, pas d'autre personne, pas d'Elia, d'Andrew, d'Adrian, etc...

Pas de réponse. En même temps il fallait s'y attendre, c'était évident qu'elle n'allait pas lui répondre. Il aurait du le savoir, il aurait du s'y attendre. Peut-être qu'avant il aurait explosé, de colère, de tristesse. Il se serait laissé emporter. Mais là, il était juste tellement vide qu'il laissa couler son absence de réponse, son silence comme si jamais rien ne s'était passé. Il avait même arrêté de jouer avec ses doigts. Et puis il faisait suffisamment de crise comme ça quand il était seul chez lui. A cause de ses souvenirs, d'un peu tout qui revenait le hanter.

De sa première fois avec Robin en passant par celle avec Adrian, de sa tentative de suicide à ses tentatives suivantes, toutes soldées par des échecs. Il ressassait, il tournait en rond, il repensait sans cesse. Sa tête n'était plus qu'un immense carrousel dans lequel les images malsaines passaient et repassaient sans s'arrêter. Un supplice. Un supplice auquel il s'était étrangement habitué. La main tendue de Robin attira tout de même ses yeux bleus devenus un peu ternes. Comme si une partie de lui, de son âme s'était envolée.

Elle était retournée dans l'eau sans même qu'il le remarque. Il prit son temps avant de se décider. Il n'était pas vraiment pressé, il ne l'était plus par rien. Le temps lui semblait être un peu une notion devenue abstraite. Et à son goût, il passait un peu trop lentement. Puis, la main de Nate rencontra celle de Robin, il se laissa tombé dans l'eau près d'elle et finit par la regarder de ses billes tristes. Tristes et vides. Et il observa l'eau. Il ne pouvait pas laisser son regard trop longtemps figé sur elle. Parce que c'était douloureux, et le pincement qu'il avait ressenti au coeur l'avait forcé à détourner les yeux.

Pas un mot. Pas un seul ne sortit de sa bouche. Il ne savait plus quoi lui dire, il n'avait pas envie de parler réellement. Parce qu'il savait... il savait à quel point la moindre parole serait mal interprétée, à quel point elle le prenait pour un menteur. A quel point elle pensait à tort qu'il ne l'aimait plus. Alors il n'y avait rien à dire. Il regretterait certainement toute sa vie de l'avoir laissée rentrer dans sa vie. Il regretterait certainement toute sa vie d'être revenu vers elle sans raison aujourd'hui.

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Un frisson me parcours quand il glisse sa main dans la mienne, quand il la saisit. Je referme mes doigts sur la sienne et ne peut réprimer un léger sourire. Je le laisse donc me rejoindre, retenant mon souffle quand nos regards se croisent... Mais cela ne dure qu'un instant, que trop peu de temps même... Je lâche alors sa main, comprenant enfin, ce que notre rupture impliquait... Même si je le savais avant, le réaliser comme ça... C'est juste désagréable pour ne pas dire horrible. Je reste silencieuse aussi, alors qu'il ne dit pas un mot, qu'il ne m'adresse plus la parole tout simplement... Je ferme alors les yeux un instant, parce que de toute façon il ne le verra pas, il ne verra pas que ça me blesse qu'il ne daigne même plus me regarder comme avant, et même simplement me parler... Dans un sens... J'ai l'impression d'avoir fait un bon dans le temps, quand il parlait à peine à notre rencontre que c'était plus moi qui faisait la conversation que lui, que je me montrais envahissante... Pourquoi est-ce que je ne peux plus être cette fille ? Cette fille qui lui plaisait... Pourquoi je suis devenue ainsi ? Ce n'est pas la faute de la mort d'Elia... C'est moi qui ai fait mes choix, qui nous ai conduit ici... Je détourne la tête également avant de finalement l'éclabousser un peu. "Allez souris un peu, on est là pour s'amuser." Lui dis-je en cherchant à avoir une voix enthousiasme malgré tout ce que je ressens à cet instant qui ne va pas dans ce sens.

Il y avait sûrement quelque chose qui s'était complètement brisé, en lui comme en elle. Chez lui, ce devait être un petit peu son coeur, totalement même. Un espèce de bouillie, des miettes, voilà ce qu'il en restait. Mais c'était aussi un peu sa tête. Eclatée, pulvérisée, dans ses bribes de conscience et de santé mentale qu'il lui restait par endroit. C'était aussi un peu ses tripes. Diluées, inexistantes, plus de moteur. Plus d'envie de se battre. Du vide, le vrai vide. C'est tout ce qu'elle avait laissé après avoir toqué à sa porte ce jour-là pour lui dire que c'était une nouvelle fois fini.

Une erreur, bourré. Un gage stupide qui n'avait jamais abouti à rien, une rumeur qui arrive aux oreilles de Robin est tout est terminé. L'injustice. L'injustice avait achevé de le rendre creux à l'intérieur, de le casser un peu plus, de le fêler jusqu'à le rendre tellement bancal qu'aujourd'hui ses pommettes ne remontait plus jamais sur son visage pour former un sourire comme elle le lui demandait alors. Alors... qu'il venait de se prendre un peu d'eau dans la figure, le faisant grimacer puis relever les yeux vers elle. Il n'était pas capable d'être comme ça avec elle, il ne le pouvait plus. Avec qui que ce soit d'ailleurs.

L'humanité avait fini de le tuer. Nate se considérait presque comme mort psychologiquement, cérébralement depuis quelques temps déjà. Il fixa un peu Robin, avant de retrouver la surface de l'eau de ses billes bleues. "Toi peut-être. Moi j'avoue que je sais pas trop pourquoi je suis là. Je sais pas non plus vraiment pourquoi je suis venu te voir. C'était stupide." Et il lui tourna simplement le dos, s'appuyant sur le rebord de ses maigres forces pour pouvoir sortir de l'étendue chlorée. Il en avait fait des conneries dans sa vie, mais celle-là, paumé comme il était c'était peut-être celle de trop. Il resta un peu de bout sur le bord de la piscine à regarder le sol. Et finalement ses pieds se mirent en route. Il avançait d'une démarche un peu étrange, un peu robotique.

Il allait errer ailleurs, avec l'infime espoir de trouver un but quelconque. Se fondre dans la foule, se noyer dans le bruit, en suffoquer pour ne plus avoir le sentiment d'exister tout simplement oublier. Peut-être allait-elle lui courir après, il en doutait un peu, même si un coin de sa tête où régnait un reste d'optimisme se laissait aller à y croire un peu.