don't talk to me (zachary)

Joan n'avait jamais été une reine du contrôle, au contraire, elle était émotive, elle se laissait porter par ses sentiments sur le moment, sans trop réfléchir. Là par exemple, elle était incapable de savoir ce qu'elle ressentait. De la colère, de l'agacement, puis plus secrètement de la tristesse et de la jalousie. Ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie dans cet état en fait, ça la mettait en panique. Parfois, Zac lui avait fait sentir ça auparavant, mais elle avait sa vie, ses mecs, ses histoires de cœur et de lit à elle, lui c'était le pote dont elle se sentait parfois trop proche. Il y avait tous ces bons moments qu'ils avaient passé ensemble et que Joan voulait conserver, elle ne voulait pas gâcher ça avec ses crises, ce je-ne-sais-quoi qu'elle ne voulait pas expliquer pourtant elle n'arrivait pas non plus à s'en empêcher. Elle ricana en entendant Zachary lui répondre. « Si tu le dis. » dit-elle avec un petit air hautain, soudainement blessée par le ton qu'il employait envers elle. Lindley savait se montrer froide mais elle détestait qu'on agisse avec elle de cette façon. En fait, ce n'était pas la réaction qu'elle attendait, elle voulait … pas qu'il s'en foute, il arrivait à la mettre à bout d'elle et lui s'en foutait voilà. Elle avait une brusque envie de l'insulter mais elle se retint. Froidement, sans sourciller, comme si c'était une décision qu'elle avait mûrement réfléchie, Joan lui demanda de couper les ponts ni plus ni moins. Intérieurement, la jeune femme se raidit lorsque Zachary lui lâcha un petit « Ok » mais extérieurement, elle se raidit, lâcha à son tour froidement. « Très bien. » Il tournait les talons et elle se faisait violence pour passer son chemin à son tour mais elle n'osait même pas bouger. Elle était morte de peur que ça se finisse comme ça. Quoi ? Alors tout ce bordel dans sa tête pour qu'il tourne les talons ? C'est mieux comme ça tenta-t-elle de se persuader, il n'aurait qu'à faire sa vie avec qui il voulait. Mais ses pieds firent le contraire de son esprit et elle se surprit à marcher pour rattraper l'étudiant qu'elle attrapa doucement par le bras. « Attends … » souffla-t-elle en lui faisant face, elle ne bougea plus, c'était de la folie. Elle approcha son visage de celui du jeune homme, prête à l'embrasser mais alors que leurs lèvres se frôlaient elle détourna brusquement son visage, morte de honte préférant alors le serrer dans ses bras.

Elle ne voulait plus moi voir. Comment c'était possible de se sentir aussi mal avec une simple phrase ? J'avais l'impression que tout s'écroulait à l'intérieur de moi, mais j'essayais tant bien que mal de ne rien laisser transparaître. J'aurais dû le comprendre dès le départ, vu qu'elle avait déjà commencé à m'éviter. J'étais peut-être juste assez débile pour foncer tête baissée dans un mur. Son "très bien" me referma encore un peu plus, alors que j'avais l'impression qu'un gouffre nous séparait. Alors je tournais les talons, sur les nerfs.. mais surtout blessé par ce qu'il était en train de se passer. J'étais en train de la perdre là. Est-ce que j'étais prêt à perdre Joan.. ? La colère et la peine que je ressentais guidaient mes pas pour m'éloigner d'elle, mettre le plus de distance possible pour éviter de ressentir tout ça, jusqu'à ce que j'entendisse ses pas précipités derrière moi. Et sa main contre mon bras. Je me retournais, prêt à afficher un visage fermé et distant.. mais c'était cause perdue lorsque je vis le sien. Et puis tout alla très vite, trop vite pour moi. Je vis son visage se rapprocher du mien et immédiatement, mon coeur s'emballa dans ma poitrine, comme alerté d'avoir si peu de distance entre elle et moi. Nos lèvres se frôlèrent l'espace d'une seconde, ou même pas.. et je crus vraiment qu'elle allait m'embrasser. Mon corps entier semblait s'accrocher à ça, à cette envie soudaine de sentir ses lèvres sur miennes. Le temps semblait suspendu juste pour cet instant mais avant que je n'ai pu faire quoi que se soit, elle détourna vivement le visage, se retrouvant dans mes bras. Complètement paumé, je lui rendais son étreinte un peu maladroitement, ayant un mal fou à interpréter son geste. Elle avait voulu m'embrasser ou pas ? Elle avait changé d'avis ? Elle avait pas fait exprès d'être si proche de moi et s'en était rendue compte au dernier moment ? Heeelp. J'étais censé faire quoi maintenant ? Silencieux, je la serrais un peu plus contre moi, profitant de ce contact qui me faisait quand même du bien après les mots qu'on venaient de s'échanger. J'ai pas envie qu'on prenne nos distances... dis-je finalement, laissant tomber le ton froid et distant qui ne reflétait définitivement pas ce que je ressentais.

Elle s'était dégonflée, quelques millimètres à peine la séparaient de ce qu'elle avait eu l'intention de faire en le rattrapant. Au lieu de ça, elle le serrait dans ses bras, comme si elle signait une trêve, comme si elle n'avait plus rien à lui reprocher. Cette étreinte, elle ne voulait pas qu'il l'interprète comme un pardon. Joan devrait se sentir soulagée de l'avoir rattrapé au vol, d'avoir évité qu'ils ne se fâchent définitivement, mais c'était toujours le brouillard dans son esprit, elle ne comprenait plus pourquoi elle agissait ainsi, tout au fond d'elle elle le savait mais elle refusait de le voir. La jeune femme se détacha de lui et elle détourna quand même le regard. « J'ai pas envie non plus. » souffla-t-elle. Elle avait besoin de lui, vraiment. Elle avait besoin de savoir qu'il n'était pas loin, qu'elle pouvait l'appeler quand elle voulait, elle voulait pouvoir le voir, passer du temps avec lui et en même temps, elle avait l'impression qu'elle venait de gâcher quelque chose entre eux. L'accord tacite qu'ils avaient passé à son retour, que maintenant ils étaient amis, que ce genre de crises ne devaient pas se reproduire. Pourquoi cette fois-ci elle le vivait plus mal que d'ordinaire ? Lindley regarda Zachary avec un air désolé, elle voulait s'excuser mais elle en était incapable. Il ne devait pas penser qu'elle passait à autre chose et qu'elle oubliait cette histoire. Ils avaient des choses à se reprocher, ils se l'étaient avoués à mi-mot durant leur altercation. Ça allait revenir, constamment, et un jour elle n'allait plus lui courir après et il ne se retournerait plus. « Je … » murmura-t-elle entreprenant des explications. Puis elle s'arrêta et sans plus réfléchir, elle se hissa sur la pointe des pieds pour attraper son visage, elle déposa ses lèvres contre celles de Zac le plus simplement du monde, ne se détachant pas de peur de voir sa réaction.

Je ne savais pas vraiment quoi penser de tout ça. Tout ces mots reflétaient ce que je ressentais d'une certaine manière, et je savais au fond de moi que si je me sentais mal qu'elle ait appris pour Mathilde et moi, ce n'était pas pour rien. Comme le fait de me sentir mal d'avoir couché avec Anastasia quelques jours plus tôt, même si c'était comme ça, même si c'était pas prémédité. Je me sentais fautif quelque part alors que.. mince, c'était pas comme si Joan était ma copine. C'était pas clair entre nous, puisque moi-même je n'arrivais pas à déterminer ce qu'elle était pour moi. Mais je pouvais pas ignorer tous ces signaux qui venaient à moi. Mon coeur qui s'emballait à son contact, cette sensation bizarre que j'avais ressentie quand elle s'était approchée de moi alors que j'avais cru qu'elle allait m'embrasser. Je l'avais espéré même.. c'était très déroutant. Alors finalement je me dévoilais, je lui disais la vérité. L'idée même de couper les ponts avec elle me rendait malade. J'avais pas envie qu'on s'éloigne. Je voulais qu'elle continue à être dans ma vie, même si notre relation était sacrément cheloue et que c'était pour s'embrouiller comme on venait de le faire. Elle finit par se détacher de mon étreinte et je la relâchais, mes bras pendant stupidement le long de mon corps, mal à l'aise. Je me passais la main dans les cheveux, ébouriffant un peu plus sans le vouloir cette tignasse que j'avais sur la tête. J'ai pas envie non plus. Je levais mon regard vers elle, même si ses yeux me fuyaient encore. Puis elle me regarda à son tour, l'air désolé. J'arrivais pas à interpréter ce qu'elle voulait. Elle venait de me le dire mais.. mince, on était pas parti sur la base amis elle et moi ? Je… Quoi ? Elle quoi ? Et puis sans que je m'y attende elle attrapa mon visage et m'embrassa, pour de bon. Oh god. Mon rythme cardiaque s'emballa une nouvelle fois sans que je ne puisse contrôler alors que j'avais comme des papillons dans mon ventre, ce truc bien cliché. Sauf que c'était vraiment ce que je ressentais. Nos lèvres se quittèrent un instant mais bien vite j'y revenais, lui rendant son baiser avec douceur et envie. Mes mains se posèrent sur sa taille, l'approchant un peu plus de moi alors que je ne pensais plus à rien, me foutant pas mal de cette histoire d'amis ou pas. Je pensais juste à elle, à ce baiser qui me faisait tourner la tête.

Elle savait qu'ils ne pourraient pas continuer indéfiniment ainsi. Bien sur qu'elle voulait conserver leur amitié, plus que tout même, l'idée de se fâcher avec lui faisait du mal. Mais en un instant Joan avait comme prit conscience que ça ne marcherait pas. Ils ne conservaient pas leur amitié, elle s'étiolait au fur et à mesure de leurs disputes et même si Zac avait pu prendre mal qu'elle parte pendant un an à l'autre bout du monde, au fond ça les avait sauvé. Si elle était restée, ils auraient continuer leurs disputes et à l'heure actuelle ils auraient certainement épuisé leur stock de patience. C'était peut-être une erreur de l'embrasser, mais Lindley avait simplement la sensation qu'ils faisaient du surplace, ils n'avançaient pas, ils s'engueulaient, ils se réconciliaient, pour repousser le moment où ils s'engueuleraient de nouveau. Mais elle avait peur aussi, qu'il la repousse, et même s'il ne la repoussait pas à quoi ça allait mener. Mais la jeune femme prenait le risque. Elle sentit Zachary répondre à son baiser et ses muscles se décontractèrent finalement. C'était comme si elle avait passé une porte, elle était dans un monde parallèle. Elle glissa ses mains contre la nuque du jeune homme, ignorant le temps qu'elle put passer à l'embrasser, mêlant sa langue à celle de l'étudiant. Elle détacha ses lèvres de celles de Zachary, elle se sentait bizarre. Ça n'était pas négatif, au contraire, ça faisait longtemps qu'un baiser avait autant de sens pour elle. Elle ferma les yeux, pour faire le point, elle voulait retrouver ses esprits. Joan se résolut à relever le regard vers lui, soudain un peu mal à l'aise, elle ne s'était jamais autant dévoilée à lui, en tant de temps passer avec lui, elle ne s'était jamais autorisée à faire ça. « Je veux vraiment pas qu'on prenne nos distances. » répéta-t-elle en cherchant dans ses yeux une réponse, quelque chose qui puisse lui dire ce qu'ils faisaient maintenant. « Je veux pas que tu penses que je te demande quelque chose, et je suis désolée tu as pas de comptes à me rendre mais … j'avais besoin de le faire. »

J'étais en train d'embrasser Joan et.. je crois que j'allais avoir du mal à assimiler ça quelques minutes plus tard. Mais sur l'instant je ne pensais à rien sinon à elle, à ses lèvres qui bougeaient avec les miennes à l'unisson et qui devenaient de plus en plus entreprenante. C'était étrange comme sensation, cette impression à la fois de transgresser quelque chose et pourtant d'en avoir aucun remords. Ma main se mêlait à ses cheveux alors que je sentais ses doigts glisser sur ma nuque qui frissonnait doucement. J'aurais voulu la garder comme ça longtemps contre moi, sans réfléchir au reste.. Elle finis par s'écarter doucement et je rouvrais mes yeux, plongeant mon regard dans le sien alors que petit à petit je réalisais ce qu'il venait de se passer. On se connaissait depuis longtemps, il y avait toujours eu cette attirance et pourtant, on n'avait encore jamais dérapé comme ça. Elle fermait les yeux et j'admirai la courbe de ses cils en silence, mon coeur accélérant de nouveau la cadence en prenant conscience de tout ça. Elle releva finalement son regard vers moi alors que je ne l'avais pas quittée des yeux, me pinçant légèrement la lèvre en la voyant un peu mal à l'aise. Je voyais bien qu'elle cherchait ses mots, qu'elle attendait aussi peut-être que je lui dise où est-ce qu'on en était maintenant ou même ce qu'il fallait faire.. sauf que j'étais aussi paumé qu'elle. T'inquiète je.. je suis désolé pour toute cette histoire, j'aurais peut-être dû t'en parler mais.. commençai-je un peu maladroitement. Je sais pas comment agir avec toi Joan. Parce que si moi je devais apprendre la même chose.. j'crois que je serai fou avouai-je finalement. Je me doutais qu'elle devait voir d'autres mecs, enfin j'en savais rien.. Mais rien que d'y penser ça me foutait la haine. Alors je préférai pas l'imaginer. J'aimerai qu'on passe plus de temps ensemble.. ? demandai-je en cherchant à voir sa réaction. Je savais pas exactement ce que je voulais là, maintenant, mais je savais que couper les ponts n'était pas une solution pour moi, définitivement. Surtout après le baiser qu'on venait d'échanger.. et qui me donnait juste envie de recommencer.

Oui, Joan cherchait la réponse à ses questions auprès du jeune homme. Elle était incapable de voir clair. En reportant son regard sur Zachary elle prenait aussi conscience du fait qu'elle ne regrettait pas son geste. Ça pouvait bien compliquer les choses, elle avait aussi besoin d'être honnête avec elle-même. Elle aimait cette sensation, elle serait en tord d'affirmer que c'était la première fois qu'elle se sentait comme ça, elle aimait le regret qu'elle avait lorsque leurs lèvres se séparaient, le frisson que lui procurait cette proximité, le léger malaise aussi d'avoir pris ce risque. Lindley avait normalement réponse à tout, sauf cette fois-ci. La situation la troublait, c'était plus simple à admettre que la faute de son état soit Zachary. Elle le connaissait depuis si longtemps, elle avait vraiment pu se tromper sur l'intérêt qu'elle avait à son égard pendant tant de temps ? Elle n'osait même pas parler trop fort de peur de briser l'instant, comme si d'un moment à l'autre ils allaient de nouveau basculer dans une énième altercation concernant les aventures de l'un ou l'autre. Il s'excusait une nouvelle fois vis-à-vis de sa relation avec Mathilde et Joan détourna un peu le regard. Au fond, elle était un peu honteuse d'avoir mis cette histoire sur le tapis et d'un côté, elle ne pouvait être que reconnaissante qu'il se soit passé ça pour qu'elle se décide enfin à passer à l'action. Ça lui avait en quelque sorte rappeler qu'il ne suffirait pas de compter sur leur complicité pour traverser les âges, ils continueraient leurs vies et finiraient par s'éloigner, elle le savait. Maintenant les choses allaient peut-être être différentes. « Je suis désolée d'avoir réagi comme ça, mais j'aime pas penser que tu puisses être avec elle ou une autre trop sérieusement. » Elle regrettait un peu ses mots, elle avait peur de trop s'avancer, de trop en dire et en même temps, elle avait envie de faire preuve d'honnêteté à l'égard de Zac. « Enfin, tu es libre hein, mais j'aimerai ne pas être trop au courant qu'ils se passent des choses comme ça dans ta vie. » Ce n'était vraiment pas une question de pudeur, c'était purement sentimental, elle devait au moins reconnaître ça. La question du jeune homme lui arracha un sourire et elle hocha la tête. « J'aimerai bien aussi. J'aimerai beaucoup. » Lentement presque hésitante, elle glissa sa main dans la sienne, c'était comme s'ils repartaient à zéro.