(FF) y a un âge où on est tiraillé entre aimer sa fille, ou la détester. (felaia)

Cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais avec mon nouveau copain, et du coup, je me disais que cela serait un bon moment pour lui présenter mes enfants. Certes, nous n’étions peut-être pas encore totalement sérieux, et parfois, je n’étais pas sûre où est-ce que cela mènerait. Mes enfants étaient une partie intégrante de ma vie, et je ne ferais rien sans eux ou sans leur accord. Ma vie amoureuse ne les concernait pas, mais ils avaient le droit de savoir que j’entretenais une relation avec quelqu’un. J’étais entrain de finir de préparer la table et le diner, alors que Hermès m’aidait pour finir les derniers détails. Gaïa, par contre, nulle part dans la cuisine, surement, elle ne voudrait pas se salir les mains. Aedan devrait arriver à un moment où un autre, et je voulais que tout soit impeccable. Finalement, je montais jusque dans la chambre de ma fille pour voir ce qu’il en était. « Gaïa, tu es prête? Nous allons bientôt commencer. »

Ce soir maman a décidé de nous présenter son nouveau mec à Hermès et à moi. Et autant dire que l'idée de passer la soirée avec cet homme, que je n'apprécie déjà pas, ne m'enchante pas du tout. J'aurais préféré passer une soirée tranquille, rien que nous trois, comme d'habitude. Non, à la place ma mère et mon frère jumeau s'activent en bas pour tout préparer avant que l’intrus arrive. Moi je restais dans ma chambre, hors de question que je leur donne un coup de main pour préparer quelque chose dont je n'ai pas envie. Affalée sur mon lit, je feuillette un magasine féminin en ne regardant que les photos. J'entends maman monter les marches et venir jusqu'à ma chambre. Si je suis prête ? Non, pas vraiment, mais je ne compte pas prendre le temps de me préparer. Je me fiche de faire bonne impression ou pas. J'hausse les épaules, sans lever les yeux de ma lecture. C'est bon, c'est pas comme si on recevait le roi d'Angleterre. Je ne vois pas pourquoi t'en fais tout un plat. J'ai déjà rencontré la famille royale d'Angleterre, et ce jour là j'avais fait un effort. Mais pas aujourd'hui, pas pour un inconnu.

Hermès m’aidait dans les préparations pour le diner de ce soir. Gaia n’en faisait que sa tête. Est-ce que c’était trop demander que de faire un effort pour moi? Toute ma vie, j’avais sacrifié pour eux des opportunités, et je l’avais fais sans jamais le regretter. Les jumeaux étaient ma vie entière, je ferais tout pour eux. Aujourd’hui, alors qu’ils étaient plus grand, allant doucement vers l’âge adulte, je devais également penser à moi-même. Ma relation avec Elios était de toute façon plus qu’une simple relation de parents qui ne sont plus ensemble. Cela avait été à prévoir, et les quatorze année que nous co-éduquions nos enfants fonctionnaient plutôt pas mal. J’avais beaucoup plus de règle que chez leur père, mais aussi, avec moi, la vie n’était peut-être pas si intéressante. C’est vrai, je ne vivais pas dans un château, je n’avais pas des contacts avec des dirigeants du monde entier. Cependant, ce n’était pas tout dans la vie. Le bonheur était quelque chose d’important, et moi j’étais heureux avec Aeden. C’est pour cela que ce diner m’était important. Je voyais ma fille couchée sur son lit, encore un pyjama, n’ayant rien fait. « Peut-être parce que c’est important pour moi que vous rencontrez mon copain? » Non, je sais pas, mais faire un effort pour sa mère, c’est peut-être trop demander?

Je n'avais pas envie de bouger. Je voulais rester dans mon lit, continuer de lire mon magasine et surtout rester en pyjama. Je n'avais pas envie de rencontrer le nouveau petit-ami de maman. Je n'avais même pas envie qu'elle en ait un. Et s'il venait s'installer chez nous ? Ce n'était même pas envisageable à mes yeux. À l'école, une amie m'avait raconté que son beau-père, lorsqu'il était venu s'installer chez elle, avait totalement chamboulé les habitude de la maison. Je n'ai pas envie qu'un homme me force à manger des poivrons si je n'en ai pas envie, ou qu'il me force à m'habiller de manière plus décente dans la maison comme à l'extérieur. Je ne veux tout simplement pas que quelqu'un vienne se permettre de me donner des ordres, ou des conseils, alors que je n'ai rien demandé. Mais bon, nous n'en sommes pas encore là, heureusement. Je soupirais à la réponse de ma mère, je fermais mon magasine et je me levais. D'accord, c'est bon, je vais me préparer. Je montrais clairement que la situation m'emmerdait. Je fermais la porte de ma chambre, quasiment au nez de maman. Ouais, j'ai besoin d'intimité pour me préparer, merci. J'enfilais un pantalon blanc et un pull sans manches noir, tenue qui suffira amplement à l'événement. Un peu de mascara, de l'ordre dans ma chevelure blonde et je descendais les escaliers.

Peut-être que Gaïa rêvait que moi et son père nous mettions ensemble. Ce n’était pour moi, même plus envisageable. Je ne ressentais plus rien pour Elios. Après tant de déception, je ne me voyais plus avoir une relation comme j’avais pu avoir avec le roi Italien. Je ne pouvais simplement plus lui pardonner. Nous étions deux adultes qui avaient su mettre nos différents de côté pour nous occuper de nos enfants. A cote, j’avais cependant besoin de trouver mon propre bonheur. Bientôt les enfants seraient majeur, partiraient pour l’université, et moi, je serais seule dans cette grande maison. C’était normal que je me mélangeais un peu avec la gente masculine, que je rencontre des nouvelles personnes. Je tenais beaucoup à Aedan, et si cela ne me semblait pas être sur une route quelque peu sérieuse, jamais je n’aurai proposé ce dîner. C’est pour cela que tout ce que je demandais à ma fille était de faire un peu d’effort. Ce n’était pas comme si il allait emménager dans la maison ou devenir leur beau-père tout de suite. Nous n’en étions même pas encore à ce stade. Ma fille acceptait finalement, clairement non-amusée de la situation. Je ne dis rien, retournant rejoindre mon fils en bas. Ma fille arrivait quelques instants plus tard, prête. « Sachez que c’est un simple dîner, y a rien de formel ou quoi. C’est juste pour qu’Aeden apprenne à vous connaître et vice-versa. » Dis-je clairement à mes enfants.

Non, je n'avais pas forcément envie que mes parents se remettent ensemble. D'après ce qu'on m'avait raconté ça n'avait pas marché lorsque j'étais bébé, alors je doute que leur relation fonctionnerait mieux aujourd'hui. Ils ont des vies trop différentes, des points de vues divergents et surtout des manières de nous éduquer, Hermès et moi, qui ne créeraient que des conflits. Mais je n'ai pas non plus envie de les voir en couple avec d'autres personnes. Bon, pour papa c'est déjà fait, mais comme je ne le vois pas souvent, ça ne me dérange pas trop. Et quand je suis en Italie, je me contente d'ignorer celle qui lui sert d'épouse. Mais voilà, maman je vis avec, et je n'ai pas envie qu'un homme vienne s'installer chez nous et vienne chambouler nos vies. Nous sommes très bien comme ça ! Bien que maman insiste sur le fait que ce dîner n’est en nul point formel, je sais que, s'il se passe bien, les choses vont s’accélérer d'ici peu. Je n'ai pas envie d'apprendre à le connaître. dis-je en soupirant, tandis que quelqu'un sonne à la porte au même moment. Sans nul doute ce fameux Aeden. Maman va lui ouvrir tandis que Hermès m'attrape par la main et viens me murmurer à l'oreille Essayes de ne pas gâcher la soirée de maman. Je ne sais pas trop ce qu'il pense de tout ça, on n'en a pas trop parlé lui et moi. J'hausse les épaules, n'ayant pas le temps de répondre parce que notre mère entre dans la salle à manger accompagnée de l'homme, son petit-ami.

Je ne demandais pas à ce que mes enfants acceptent tout de suite Aedan, qu’ils l’accueillent à bras ouvert, ou quelque chose dans le genre. Je ne demandais qu’à ce qu’ils soient courtois et poli envers mon copain. Je ne pense que je leur en demandais trop, mais visiblement pour ma fille, cela devait être la mère à bord, une vraie corvée pour elle. J’étais tellement tolérante envers elle et son comportement, qu’elle pouvait s’avérer heureuse que je n’étais pas plus sévère parfois. Etait-ce que parce qu’on m’avait laissé faire ce que ej voulais quand j’étais jeune? Que ma phase rebelle avait été des plus catastrophiques? Pourtant Gaïa était une jeune fille éduquée qui aimait la danse et ses études plus que tout. Elle n’avait rien de moi, et de mes années de débauches. Elle avait tout simplement un tempérament qui avait le don de m’agacer plus que tout. J’entendais encore l’agacement de ma fille alors que j’allais ouvrir à Aedan, Je l’avais déjà prévenu que cela ne serait pas facile avec mes enfants, surtout Gaïa. Elle était une fille que je peinais de comprendre. Peut-être que lui pourra. Je revenais dans la pièce principale avec mon petit-ami. « Gaïa, Hermès, je vous présente Aedan. » Dis-je en m’adressant à mes enfants. « Enchanté, Aedan! » Dit mon petit ami en tendant la main vers mes enfants pour les saluer.

Maman ne tarde pas à revenir dans la salle à manger avec son petit ami, Aedan. Ça me tue de l'avouer, mais il est plutôt pas mal dans son genre. Du moins, il a apparemment fait un effort vestimentaire ce soir. C'est déjà ça ! Après tout, j'aurais encore plus mal pris le fait qu'il soit venu sans avoir fait le moindre effort. Maman fait les présentations, même si je pense que tout le monde se doute de qui est qui. Et le jeune homme nous tend la main pour nous saluer, Hermès et moi. Mon frère jumeau la lui serre vigoureusement, comme papa lui a appris à le faire. Oui parce ce dernier nous a appris comment saluer les gens pour nos "rencontres officielles", pour ne pas qu'on se ridiculise. Moi je reste immobile, ne me dérangeant absolument pas pour dévisager le nouvel arrivant de manière plutôt grossière. Je n'ai pas envie de lui serre la main, mais Hermès se racle la gorge pour que je bouge. Je le fais donc à contre-coeur, saluant le petit-ami de ma mère sans grande conviction. Bonsoir. Je suis Gaïa. Je ne souris pas, je ne ferai pas l'effort de paraître courtoise. Donc c'est à cause de vous que j'ai du subir tout ce remue ménage ce soir, et que j'ai dû me préparer malgré une journée épuisante. Ce n'est pas une question, juste une constatation.

J’espérais que cette soirée se passe du mieux qu’elle pouvait. Je savais que cela n’allait pas être facile. J’avais deux adolescents en plein âge rebelle. Non, je me corrige. J’avais une fille de seize ans qui prenait un malin plaisir de me contredire et de me faire vivre un enfer. Je ne lui demandais pas la lune ou quoi, juste de faire un effort pour moi ce soir. Hermès en faisait, saluant Aedan comme il le fallait. J’étais heureuse de présenter la personne que je voyais à mes enfants, car ils étaient tous une partie importante dans ma vie. Je n’avais pas une bonne relation avec le père de mes enfants, et Aedan ne serait jamais là pour le remplacer. Il serait juste une autre personne. Enfin, la soirée semblait bien commencer, ou alors je voyais juste ce que je voulais voir. Gaïa commençait directement les affrontements. Je grinçais des dents, la regardant avec un air sérieux. Aedan en rigolait bizarrement. « Ah je vois, c’est toi alors qui ne veut pas de moi? Je suis pas là pour devenir ton père. Pas besoin d’en faire un plat, tu aurais pu descendre en pyjama, cela ne m’aurait pas dérangé. » Il essayait de relâcher la tension pesante qui venait de se créer dans la pièce. « Bon, et si nous allions dans le salon pour prendre l’apéritif? » Manger, c’était bien aussi pour faire la conversation?

À première vue, Aeden n'a pas l'air si horrible que je l'aurais voulu. Plutôt mignon, poli, propre sur lui, on peut dire que maman l'a bien choisi et a bon goût. Mais malgré tout ça je ne peux m'empêcher de le détester. Et j'ai envie qu'il le sache. J'ai envie que le monde entier soit au courant que je déteste cet homme qui fait intrusion dans notre vie. Une chose est sûre, il va vite déchanter. peut-être va t-il même partir en courant, qui sait ? En attendant, alors que certains aurait probablement gardé leurs bouches fermés, il me répond, sûrement afin de tenter d'alléger l'atmosphère. Apparemment maman lui a parlé de moi. Elle a dû le mettre en garde contre mon caractère de merde et le fait que je risquais d'être désagréable. Elle me connait si bien. Oh de toute façon je vous rassure, vous ne pourrez jamais remplacer mon père. Vous n'arrivez pas à sa cheville. D'ailleurs il m'a appris que, par respect, on ne reçoit jamais des invités en pyjama. Mais bon, après chacun son mode de vie, hein. On a la classe ou on ne l'a pas. Je lui lance un sourire des plus faux. Maman nous invite à passer dans le salon afin de prendre l'apéritif. Elle veut changer de sujet, que je me taise. Alors que je m’apprête à suivre maman et son mec dans ladite pièce, Hermès me broie une côte en me donnant un coup de coude. C'est un avertissement qui veut dire "Fais attention Gaïa, tu ne vas rien récolter de bon". Mais je m'en fiche et je lui lance un regard mauvais avant d'aller m'installer dans le canapé.