SLOAGE • “What you have to decide... is how you want your life to be.”

Jour 10 - Journée libre, fin de soirée - Hôtel.

Freiné dans un élan de sensualité et d'excitation, Sloan était blasé. Il ne savait plus quoi faire, quoi dire. Le jeune homme s'était allongé pour se calmer ou du moins essayer. La drogue lui donnait des pulsions qu'il avait du mal à refouler. Perdu entre l'envie irrésistible de profiter de Sage et le besoin de s'arrêter maintenant pour ne pas la froisser, il ne savait pas quoi penser. Surtout que la brunette semblait aussi mal à l'aise que lui. Étrange, elle s'était montrée très réticente et là on pouvait sentir une pointe d'amertume dans ses paroles. Sloan venait de lui dire qu'il en avait envie depuis un moment déjà et elle, elle aussi. Le jeune homme fronça les sourcils en l'entendant dire ça. Sage en avait envie aussi, alors pourquoi ne pas en profiter ? Il ne comprenait pas. C'est en l'entendant continuer qu'il comprit. Sage voulait être sure avant de sauter le pas, elle ne voulait pas souffrir, elle ne voulait pas s'attacher dans le vent. Sloan fit un petit sourire face à sa remarque. C'est vrai que l'Eliot avait de multiples facettes, il passait pour le riche fils à beau-papa mais était en réalité un petit délinquant qui n'a jamais trouvé sa place. Une bipolarité qu'il a du mal à assumer mais dans le fond, il n'est pas méchant. Sloan n'est pas du genre a faire souffrir les filles, bien sûr que non. Ses ex ne pourront pas dire le contraire. C'était plutôt elles qui lui en ont fait baver. Sage s'était allongée sur le dos, elle regardait le plafond comme une âme en peine. Elle s'excusa même de sa réaction. Le jeune homme afficha un petit sourire en l'entendant s'excuser. « Tu n'as pas à t'excuser beauté. » dit-il en la regardant. Après tout, Sloan était un peu comme ça aussi, il essayait de ne pas trop s'attacher aux gens et pourtant, il s'était déjà attaché à Sage. Il n'avait pas répondu à son petit commentaire, il cherchait quoi lui répondre. Sage venait de lui avouer qu'elle ressentait des choses pour lui, c'était plutôt inattendu. Allongé sur la côté, le beau brun ne la lâchait pas du regard. Il avait posé sa tête dans sa main. De son autre main libre, Sloan lui caressa le visage. Délicatement il passa sa main sur sa joue, exactement comme il l'avait fait tout à l'heure. La brunette ferma les yeux. D'un geste inattendu, Sloan se rapprocha de Sage et passa son bras sous sa tête. Il vint se coller contre elle et l'enlaça. Le jeune homme prit une grande inspiration. Il avait besoin de contact, il avait besoin d'attention. Après tout, cela a toujours été ça son plus grand problème, le manque d'attention. Son comportement n'a toujours été qu'une succession d'appels au secours. « J'ai pas vraiment l'intention de te faire souffrir. » dit-il avant de poser sa tête contre la sienne. Ce moment était particulièrement tendre, c'était inattendu surtout les connaissant. Ils restèrent ainsi quelques secondes. Sloan ne mit pas longtemps avant de sentir l'envie remonter, il se recula donc rapidement. D'un geste plutôt brusque, il se leva et manqua de perdre l'équilibre. « Oh dur ! » dit-il en levant légèrement les bras pour essayer de trouver un quelconque équilibre. Il n'y avait pas que son équilibre qui était dur. Hum. Il s'avança avec difficulté jusqu'à la chaise où il était tout à l'heure. Il prit sa veste et sortit son portable. Il checka par pure réflexe avant de le ranger. Sloan se tourna vers Sage. « Tu veux que je te laisse avec tes pensées ? » demanda-t-il calmement. Sloan n'avait pas vraiment envie de partir mais il ne voulait pas non plus imposer sa présence.

T'avais l'impression d'être une vulgaire allumeuse. Tu l'invites à rester, du moins tu lui dis pas d'sortir de ta chambre aussi vite qu'il est rentré, tu lui propose un verre, un baiser puis tu stoppes tout. Une gamine. Tu t'sentait mal à l'aise, t'avait surtout honte de ce que t'était, t'aimerais être comme toutes les meufs, t'aimerais bien que ton cerveau arrête de te faire subir des misères. De tourner à 6000 tours par minute quand il s'agit de sentiments, d'hommes. Pourquoi, toi t'avait ce blocage, pourquoi t'arrivais pas à passer du bon temps comme tout l'monde. Tu t'mettais ces putains d'barrières, tout l'temps. Alors, ouais, tu t'excuses. Tu t'excuses de lui avoir fait croire qu'il pouvait aller plus loin, tu t'excuses d'avoir titillé vos envies, vos désirs pour y mettre fin de façon aussi précoce et ridicule. « Tu n'as pas à t'excuser beauté. » Tu souris à peine, tu pouvais sentir de légères vibrations dans sa voix qui t'montre sa déception. Tu fermes les yeux. Tu sentais son regard se poser sur toi, un regard tenace. Il répondait pas à tes avoeux, t'en prends compte. Il en est sûrement loin d'être au même stade que toi. Il est juste là au final, grâce à un peu d'alcool dans l'sang, grâce à ses hormones en feu. Pas pour toi. Tu te dit que tu dois faire partie d'une longue liste d'admiratrice. Une parmi tant d'autres. Des meilleures, des plus belles, des plus drôles. Tu sens sa main caresser ta joue, tu frissonnes. Tu revois la scène de tout à l'heure, tout te revient en tête, tout et même ton envie de lui. Il passe son bras sous ta tête pour venir t'enlacer, tu te blottis contre ses bras. Humant son odeur, tes yeux restent fermés, tu profites de ce moment de tendresse. T'en avais jamais eu. C'était la première fois, tu découvrais l'effet positif que ça faisait. Tu te dis que c'est ces bras-là que tu voudrais à chacune de tes longues nuits. Cette odeur-là avec laquelle tu veux te réveiller chaque matin. Mais tu sais aussi que tous tes espoirs ne mèneront à rien. C'est juste impossible. Il dit ne pas avoir l'intention d'te faire souffrir. Tu relèves légèrement la tête pour croiser son regard. Tu veux y croire. Croire en ce qu'il dit. - Tout ce qui s'approche trop près de moi se brise. C'est écrit. T'es née avec ça. Ta brisé ta famille, tu t'es brisé toi-même. Petit coeur déchu. Ta peur de t'attacher aux gens est alimentée par la peur de les perdre. Sa tête se pose contre la tienne. Quelques secondes avant qu'il ne recule violemment. Il a même failli tomber de la rapidité de son geste. Tu te redresses à ton cours. Un air incompréhensif sur le visage. Il recule, il part s'asseoir à sa même place de tout à l'heure. Tu comprenais pas ce qui lui prenait. T'étais blasée, écœurée de toi tout comme lui sûrement vu son comportement soudain. Il passe un coup d'oeil rapide sur son portable avant de lever les yeux vers toi. Tu hoches la tête en guise de réponse. Tu voulais pas le retenir contre son gré. - C'est mieux, j'pense.. Tu te lèves pour le raccompagner à la porte avant de la refermer aussitôt. Tu t'adosses sur celle-ci à peine fermer. T'allais encore une fois pas dormir de la nuit.