ZACHARY THOMSPERS ► nicolas simoes

LOWELL.
De ce qu'en raconte ses proches, il paraît qu'il a toujours suffit de lui mettre un crayon ou des tubes de gouache dans la main pour avoir la paix. Quand il était petit, les boites de crayon de couleurs contenant toutes sortes de nuances s'entassaient sur son bureau à l'inverse de ses bouquins et de ses cahiers qu'il préférait laisser reposer dans son sac d'école, sac dont il se débarrassait aussi vite que possible une fois rentré des cours. Il voulait juste dessiner, Zac. Quand il avait treize ans, il s'est lancé dans une fresque très créative sur un des murs immaculés de sa chambre. Sa mère en est passé par toutes les couleurs en voyant ça. Furieusement créatif, Zachary a toujours trouvé dans l'art une façon de s'extérioriser, de dire tout ce qu'il pouvait bien avoir du mal à formuler à voix haute. C'est son défouloir, c'est ce sans quoi il est doué, ce dans quoi il brille, ce qui fait qu'il a sa place à Harvard car il a de l'or au bout de ses doigts. Mais au delà de ça, il est aussi accro au jeu et est actuellement trop occupé à prendre son pied en jouant au poker pour rester focalisé sur son art. Le petit garçon créatif a grandit, mais la passion demeure là et les sensations avec.

STUDENT.
S'il ne serait pas du tout embêté à l'idée de rejoindre la confrérie des artistes, de ceux qui ont un talent que tout le monde ne comprend pas vraiment, il ne trouve pas franchement d'intérêt aux autres confréries qui ont des airs de case, voir de cage pour lui. Il a pas besoin d'appartenir à quelque chose, il se suffit à lui-même. Déjà enfant, c'était un peu en mode sa soeur et lui contre le reste du monde et c'est bien comme ça. Il n'a pas besoin d'aide pour l'intégration, pas besoin de se fondre dans un moule pour coller à des clichés, comme des étiquettes collées dans le dos. Lowell, ou student, il composera très bien avec l'un ou l'autre.

Once upon a time

Zac, il n'a jamais eut besoin de personne, il a toujours aimé penser qu'il se suffit très bien à lui-même. Dans le fond et même s'il aime beaucoup ses parents, il n'y a que sa soeur jumelle dont il est réellement proche. De quelques minutes sa cadette, elle le complète bien et semble être la personne la plus à même de le comprendre. Peut-être car ils ont toujours formés un binôme, un tout sur lequel il faut compter, peut-être car ils sont arrivés en ce monde ensemble et que ça a créé un lien qu'absolument rien ne pourra briser. Sans doute un mélange de tout ça. Il pose pas vraiment de mots là-dessus, c'est trop compliqué à expliquer. C'est peut-être même impossible. Ca se raconte pas, ça se vit. De façon générale, Zac, il a l'impression d'être à la fois foncièrement compliqué et aussi facile qu'un devoir de maternelle. Faut dire qu'il est constant, Zac. Quand il aime, il ne change pas d'avis. Le genre de type pour qui c'est soit noir, soit blanc et ça changera pas. Les personnes changent avec le temps ? Il en est pas sûr. Il ne croit pas qu'on naisse bon ou mauvais, mais à ses yeux on finit fatalement par devenir soit l'un soit l'autre. On se paume, fatalement, car on finit toujours par se paumer sinon ce n'est pas drôle, mais au final la balance penche d'un côté ou de l'autre.

Il est né en Russie et c'est là-bas qu'il a grandit. Sa famille "proche" se limite à ses parents et à sa soeur, Gigi. Ses parents, il n'en est pas particulièrement proche. Ce sont ses parents, la figure d'autorité, les gens qui l'aiment et pour qui il sera toujours un petit bébé, mais ça ne va pas franchement au delà, pas à ses yeux du moins. Il parait pourtant que quand il était petit, il adorait se confondre en câlins, notamment avec sa mère. Mais il a finit par grandir, fatalement. Le petit garçon à la chevelure brune et à l'amour débordant pour les grosses boites de crayons de couleur est devenu un jeune homme au caractère bien affirmé, à l'assurance très marquée et porteur de nombreux secrets dissimulés. Il a toujours eut un goût marqué pour les jeux d'imagination, il faut dire. Le jeu du faire-semblant, il a toujours eut sa préférence et ils s'amusaient bien avec Gigi, vu qu'elle partage avec lui cet amour de la comédie, comme ils partagent bon nombre d'autres choses. Peut-être qu'ils ont juste toujours eut une imagination trop développée pour leur propre bien et un goût trop prononcé pour les histoires montées de toutes pièces. Enfin, toujours est-il que sa faculté à mentir s'est perfectionné avec les années. Des vérités à demi avouées et qui ont contribué à creuser des fossés entre lui et ses proches. Un jour, à l'issu d'une dispute, quand il avait seize ans, sa mère lui a lancer qu'elle ne reconnaissait plus son petit garçon et ça lui a fait l'effet d'une claque en pleine figure. Il a songé qu'il était peut-être allé trop loin et qu'à force de se couvrir le visage avec des masques, ces derniers avaient finis par se fondre en lui, reléguant celui qu'il était vraiment, avec sa spontanéité désarmante de bambin. Il a pensé que peut-être qu'il s'était perdu.

Il se perd beaucoup, Zac, il nage en eaux troubles et il ne saurait dire quand ça a commencé exactement. Faut croire qu'il a toujours été compliqué comme garçon. Dans le fond, ça a toujours été un gentil bonhomme, assez agité et franc du collier, mais pas mauvais, le genre de types qui peut faire un super ami, aussi fidèle qu'un golden retriever, le genre qui vous lâchera pour rien au monde. Mais au delà de ça, il est dur à cerner, il l'a toujours été. Il souffle le chaud et puis le froid et il le fait tellement qu'au final lui même ne sait plus. Il largue les autres et lui avec et sa soeur a toujours été sa boussole. Comme si elle demeurait le miroir le plus correct, le plus à même de lui refléter une image de lui correcte. Sa soeur, c'est son roc, ça l'a toujours été. Elle est peut-être encore plus tarée, encore détraquée par la vie, que lui, mais elle est là et avec elle, tout semble moins effrayant, il l'a toujours vécu comme ça. Elle est la petite soeur et lui le grand frère, mais des fois il se dit que c'est le contraire et que s'il est toujours là pour la défendre et se battre pour elle, elle le porte aussi à sa manière. Il la trouve incroyablement forte, Zac et s'il ne le dit pas, il n'en pense clairement pas moins pour autant. Il est plutôt fier le bougre faut dire et il a un peu de mal à admettre qu'il se sent pas capable d'avancer sans sa Gigi mais pour ce qui est de ses proches, il ne trompe vraiment personne.

S'il a réussi à garder une notion certaine de ce qui est bien et de ce qui est mal ainsi qu'une valeur de l'argent qui parvient à le maintenir à la flot et à ne pas trop verser dans les actions folles susceptibles de faire de son quotidien un véritable enfer, il n'en a pas moins une réalité comme gommée, Zac. Parfois, il se fait l'effet de vivre dans le brouillard, comme si le monde avait perdu ses couleurs, comme si à un moment x ou y, il avait été projeté dans un film en noir et blanc. Un monde amputé de couleurs. Et pourtant dieu sait qu'il adore ça la couleur et qu'il a de l'or au bout de ses dix doigts, mais son amour du dessin a été comme terrassé, mis K.O. par autre chose. "L'autre chose", c'est le jeu, celui qui vous pompe, qui vous rend accro et qui vous gâche la vie. Celui qu'on pratique dans les casinos, casinos qui sont devenus sa seconde maison à Zac. La plus belle année de sa vie, même s'il est bien loin de s'être fait que des copains durant celle-ci, il l'a passé à Las Vegas avec sa jumelle. La ville du jeu et de l'excès, la ville de la liberté après avoir échappé au radar papa / maman.

Ils sont tombés amoureux du jeu ensemble, avec Gigi. Ils font tout ensemble. Ils se tirent vers le haut puis vers le bas, mais ils le font à deux et comme ça ils sont jamais vraiment tout seuls. Il l'aime tellement, y a vraiment pas de mots pour ça. C'est son bébé, tu la brises, il te brise. Il a jamais eut peur de se battre, jamais eut peur de mettre les pieds dans le plat si on le cherche ou qu'on la cherche elle. Il fonce et il peut-être aussi gentil que méchant. Tout en paradoxe. C'est un monde à lui tout seul, Zac, un monde pour laquelle seule sa soeur à un laisser-passer. Il est pas fermé pourtant, mais c'est comme s'il était plus vraiment là depuis quelques temps. Il a toujours été un peu dans sa bulle, tant à cause du jeu maintenant qu'avant de découvrir ce dernier, à l'époque où la plus dévorante de ses passions était la peinture et le dessin, mais il était approchable. Et il en a l'air. Il a l'air d'un type hyper ouvert car il parle fort et bien, Zac. Il a pas sa langue dans sa poche et quand on le voit, on ressent direct qu'on a affaire à un gars qui sait ce qu'il vaut et qui n'a pas peur de montrer ce qu'il est. Car il se fiche du regard des autres, il a des oeillères. On l'aime, ou on l'aime pas. Il s'en fou. Il peut pas plaire à tout le monde, juste aux personnes qui comptent.

Il est arrivé à Harvard un peu contre son gré. Il a jamais été franchement scolaire comme garçon faut dire. Il se maintenait au dessus de la moyenne pour que ses parents lui fichent la paix, mais il partait un peu à l'école à reculons. Son seul moment de bonheur entre les quatre murs d'une classe, ça a toujours été les cours d'art plastique. Là, il était le premier, celui qui sort du lot. Le dessin, ça a toujours été son truc, son bonheur, son petit monde à lui. Avec ses crayons en guise d'outil, il semble plus apte à s'ouvrir aux autres, ses oeuvres sont criantes et contiennent des bouts de lui, bouts distillés dans son art sans même qu'il en ait franchement conscience. En quelque sorte, c'est sa façon de s'extérioriser. Le regarder dessiner, c'est comme regarder quelqu'un respirer dans le sens où c'est criant de naturel, comme s'il était plus lui quand il a un crayon ou un pinceau dans les mains, comme si ça faisait juste sens.

Il a avancé dans sa vie grâce au dessin, car c'est son domaine, le truc dans lequel il brille plus fort que les autres, le truc qui lui donne de la valeur aux yeux des gens et c'est ça qui l'a fait entré à Harvard, cette université qu'il voulait pas rejoindre à la base. Rien de personnel, il n'avait juste pas envie et estime qu'il n'a pas besoin de ça pour percer dans la vie. Ses parents ont fait pression, ne supportant visiblement pas de savoir leurs jumeaux à Las Vegas en train de faire dieu seul sait quoi. Et ils ont cédés. Maintenant, ce campus c'est leur terrain de jeu, en quelque sorte. Zac s'est fait à tout ça et il cartonne en cours, même si ces derniers temps il pèche un peu, encore et toujours à cause du jeu. Ca lui pompe son énergie et son envie de dessiner, comme s'il n'avait peut-être plus le temps pour ça.

(Invité)