(maxence) my bed is cold.

J'esquissais un sourire en écoutant ses propos. Quelques minutes heureusement. C'était déjà assez bizarre qu'il se soucie de moi. Un jour, je trouverais peut-être quelqu'un qui ne me fera pas la morale. Je venais finalement repositionner ma tête sur l'unique oreiller que nous avions, me mettant correctement sur le côté pour lui faire de la place et je fermais les yeux. « Il faut dormir maintenant... » lui chuchotais-je sans le regarder, essayant de me calmer un maximum pour trouver le sommeil plus facilement. Ce n'était pas une chose facile, surtout quand vous avez à côté de vous une personne qui n'est pas forcément prête à dormir. Mais en même temps, je ne comptais pas parler toute la nuit. Ouais, discuter allongée dans le noir, dans un calme pas possible, c'est un truc à se sentir trop à l'aise et du coup à en dire trop. Hors de question que je lui dise quoi que ce soit à mon sujet. « Je suis certaine que tu as encore les yeux ouverts Max... » chuchotais-je sans bouger pour autant, sans même ouvrir les yeux. Je n’entendais pas sa respiration s'apaiser. J'étais certaine qu'il ne cherchait pas à s'endormir.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prend de me soucier autant de ma colocataire. Je n'aime pas m'attacher émotionnellement à quelqu'un. Les personnes à qui je tenais, ils sont morts. Je ne veux pas revivre le même enfer. Je ne veux pas ressentir ce que l'absence d'un être qui vous est cher vous procure dans votre poitrine. Je souhaite cela à personne, même pas à mon ennemi. C'est pour dire. « Dormons. » Même si je n'ai pas envie de m'endormir. Je suis encore pleinement éveillé pour réussir à trouver le sommeil. Néanmoins, si Alaska veut vraiment dormir. Je ne m'y opposerais pas. Je me place correctement sur le lit pour qu'on puisse avoir assez de place tous les deux. Je n'arrive pas à apaiser ma respiration. Je ne suis pas prêt à m'endormir. Je regarde le plafond pour essayer de me calmer. Ça ne semblait pas faire un effet sur moi. « Effectivement. Je n'arrive pas à dormir. » Je ne veux pas pour autant, raconter des choses de mon passé. Je préfère paraître mystérieux que de dire des choses qu'on pourrait utiliser contre moi.

Maxence ne s'opposait pas et tant mieux, ouais ça m'évitait clairement de devoir retourner dans mon lit à moi. S'il n'arrive pas à dormir et qu'il m'emmerde, je ne vais pas rester à le regarder ou à l'écouter. Il vaut mieux que nous dormons, il ne faut pas que l'on parle, il ne faut pas que l'on aille dans les confidences. Je ne veux plus partager ça avec qui que ce soit. Je n'ai pas envie de parler de choses qui m'ont fait du mal et surtout je ne voudrais pas que l'on utilise ces choses pour me faire encore plus de mal par la suite. Je suis peureuse d'une certaine manière... J'ai peur de souffrir au point d'avoir peur de me laisser vivre pleinement ma vie. Ouais, j'avais parfois peur de me laisser aller parce que je ne voulais clairement pas être déçue au bout du chemin. Je me mettais bien et le jeune homme en faisait de même. Sauf qu'au bout de quelques minutes alors que mes yeux étaient fermés, je me rendais compte en me basant sur la respiration de mon colocataire que celui-ci ne dormait absolument pas. « Qu'est-ce qu'il y a ? » lui chuchotais-je alors avant de venir me caler contre lui, entourant sa taille de mon bras. Il a besoin d'une présence plus présente ?

Pour pouvoir profiter de sa présence à mes côtés, je ne pouvais qu'accepter le fait qu'on doive dormir. D'un autre point, ça m'évite d'être à l'aise avec elle et de dire des choses que je pourrais regretter. Je n'ai pas envie qu'on utilise certaines parties de mon passé pour me rendre faible. Je ne suis pas faible. Je suis quelqu'un d'extrêmement solide aujourd'hui. Ce ne fut pas toujours le cas. Les gens ne sont pas censés le savoir. Je peux très bien garder des secrets pour moi. Je n'ai pas envie également de m'attacher à quelqu'un de me confier. Vraisemblablement. Ça serait une perte de temps pour moi. Étant donné que je prendrais directement la fuite. J'aurais trop peur d'être blessé ou de souffrir. J'ai déjà eu mon quota dans ma vie. Pour en rajouter. Même si j'ai les yeux encore grands ouvert puisque je réfléchis à plusieurs trucs à la fois. Alaska le comprendre rapidement. Je ne sais pas comment elle a fait. Mais, elle arrive à me déchiffrer. Pourtant, je ne lui ai pas parlé. C'est ce qui me fait peur un peu. « Rien de bien important. Rendors-toi Laska. » Lui chuchotais-je en la laissant mettre son bras autour de ma taille. Je passe mon bras sous la tête d'Alaska pour qu'elle puisse poser sa tête sur mon torse. Ça nous donnerait une meilleure position dans ce petit lit.

Vous ne saviez pas que je pouvais sonder les gens très rapidement ? J'étais une personne assez observatrice, ce qui pouvait parfois m’amener à porter des conclusions. Par exemple, quand mon ex-petit ami m'avait confirmé qu'il n'était pas le père de l'enfant de sa demi-sœur et qu'il m'avait dit qu'il n'avait pas vu la feuille le disant de ses propres yeux, j'avais tout de suite compris que j'allais devoir le quitter quelques semaines plus tard. Je suis loin d'être idiote, même si parfois mon côté naïf peut faire penser le contraire. Maxence ne dormait pas. Comment je le savais ? Cela faisait déjà plusieurs semaines que nous dormions ensemble. Je connaissais ses habitudes, ses rituelles. Je savais ce qu'il utilisait comme gel douche par exemple. Je ne sais pas, ça fait partie de moi, j'aimais analyser les gens autant que j'aimais comprendre la vie. Alors là, même les yeux fermés, j'étais capable de dire s'il avait trouvé le sommeil. « Comment veux-tu que je m'endorme ? C'est limite si je t'entends penser... Puis ta respiration... Tu es nerveux ça se voit et ça s'entend au bruit de locomotive que tu fais. » Une experte je vous dis. « D'habitude, tu t'allonges et il n'y a plus personne quelques minutes après. Ta respiration est silencieuse et tu ne bouges absolument plus. » Un vrai bébé. « Qu'est-ce qui ne va pas ? » me risquais-je à lui demander. Peut-être qu'il avait des problèmes dont il avait peur de parler.

Jamais, ô grand jamais. Je n'aurais pensé qu'elle puisse m'analyser. Au contraire, je croyais qu'elle s'en foutait un peu de moi. À par les moments où on dort ensemble. Je ne suis pas un homme qu'on apprécie, ni même qu'on a envie d'apprendre à connaître. J'ai toujours vécu comme un loup solitaire. Ça ne me gêne pas tant que ça de ne pas être entouré. J'ai pris tellement l'habitude que ça devient naturel. Cependant, même si on ne parle pas ce soir elle arrive à voir si je dors ou non. Quand j'entends ses faits, elle n'a pas tort. Généralement, je m'allonge et je m'endors directement. Il y a plus personne à la seconde même où je suis allongé. Or, ce soir c'est différent. Je suis allongé mais, pensif. « Depuis quand tu m'analyses ? » Lui quémandai-je. « J'ai l'impression que tu me connais mieux que je ne puisse me connaître. » Ma respiration reste identique que tout à l'heure. J'ai les yeux encore ouvert alors, qu'Alaska essaye de me sortir les vers du nez. « Je ne veux pas en parler, ce n'est pas contre toi. Y a certaine chose de ma vie que je n'ai pas spécialement envie de raconter. » Ce n'est pas contre elle. Je réagis de la même manière avec mes amis. J'ai toujours été ainsi.

Je me sentais prise au piège avec sa question. C'était idiot en réalité puisque j'étais fichue ainsi, j'analysais tout le monde sans le vouloir. Je me redressais alors, ouvrant finalement les yeux, j'étais redressée, me tenant sur mon coude, le surplombant. « Je ne sais pas... Depuis que tu as mis les pieds dans ma chambre je suppose. Je ne te connais pas mieux que toi-même, c'est idiot. C'est juste que les choses que tu fais par habitude et auxquels tu ne portes aucune importance et bien je les retiens. Tu sais mon cerveau est comme une sorte de scanner et je peux reconnaître quand ça va ou quand ça ne va pas de par l'habitude. » Discours ennuyeux, ça allait peut-être l'aider à dormir tien. Je sais comment mes amis proches vont réagir si je dis telle ou telle chose. Je savais comment les agacer, comment les blesser. C'est comme ça, c'est tout. C'était plutôt pratique, par exemple, je pouvais me rappeler de détails insignifiants. À côté de ça, j'étais maladroite et totalement dans la lune comme fille. On ne pouvait pas être bon partout. Je me remettais finalement contre lui, appréciant la position qui était plus confortable, même si je pariais qu'il allait avoir des fourmis dans le bras durant la nuit. J'essayais de savoir ce qui n'allait pas, mais rien à faire. C'était un peu égoïste de faire ma curieuse de cette manière, surtout que je savais très bien qu'il n'allait rien avoir comme information en retour. « Si tu ne veux pas les raconter, alors fais en sorte que l'on n'est pas besoin de te poser de questions... » En gros, ne montre pas que ça ne va pas si tu ne veux pas que je te demande pourquoi ça ne va pas. Capiche ?

Mon intention n'était pas de la mettre mal à l'aise. Ni même qu'elle se sent prise au piège. Je me pose simplement la question du pourquoi elle m'analyse. C'est idiot, j'en suis conscient. Puisque je suis bien le premier à analyser les faits et gestes d'Alaska quand elle vient passer la nuit dans notre chambre. « Certes, c'est idiot seulement c'est mon ressenti. Les petits détails comme la respiration et tout le reste, je m'en préoccupe pas la moitié du temps. C'est probablement pour cette raison que tu arrives à me déchiffrer parfois. » Je n'aime pas cette sensation. De savoir qu'une femme peut réussir à me déchiffrer aussi facilement. Je sens que je vais devoir prendre mes distances avec Laska. Et, ça ne me plaît pas. Même si on est de simples colocataires, je n'apprécie pas les soirs où je suis censé dormir seul dans notre chambre. Après, est-ce réciproque ? Je ne crois pas. Sur le moment, je me referme comme une huître. Je ne relève rien de bien croustillant sur mon passé, mon présent. D'ailleurs ça semblait attristé un peu Alaska. Je ne veux pas lui avouer des choses si je n'ai pas d'aveux en retour. Faut que ça fonctionne dans les deux sens. Puis j'avoue que je n'aurais peut-être pas dû commencer à réfléchir de la sorte. J'aurai dû m'endormir aussi vite qu'Alaska avait commencé à trouver son sommeil. Ça aurait évité une petite discussion comme celle-ci qui en mène à rien. « Désolée si je t'ai embêté pendant le début de ton sommeil. » Je prends facilement la mouche. Je prends mal les propos qu'Alaska peut me dire. Très bien la prochaine fois je serais comme une huître. Je ne montrerais aucun signe de sentiment ni quoique ce soit. Je resterais froid et distant quand elle viendra dormir dans notre chambre à la MH. Je viens à apaiser ma respiration après quelques minutes à lutter contre mon énervement. Je finis par fermer les yeux et me laisser emporter par le sommeil.

Je suis comme ça, il ne fallait pas chercher plus loin. J'analysais les gens sans le vouloir, c'était un peu inexplicable. Du moins, j'essayais de le faire comprendre à mon colocataire. Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre pour le coup, alors j'eus simplement un petit mouvement d'épaules en le regardant avant de retrouver ma position allongée. J'avais ma tête sur son torse, j'entendais les battements de son cœur alors pour du coup, ce n'était pas le moment de se mettre à stresser parce qu'il ne pourrait pas me mentir. J'essayais de le faire parler un peu, de savoir pourquoi il n'arrivait pas à trouver le sommeil, mais faut croire que je faisais ma chieuse et que j'allais trop loin étant donné que Maxence se referma aussitôt. Alors là, c'était moi qui ne trouvais plus le sommeil. J'allais commencer à culpabiliser sur ce que je venais de dire. C'était complètement égoïste de ma part de lui dire qu'il ne devait pas se montrer triste s'il ne voulait pas que l'on sache pourquoi il l'était. Je dépendais clairement de mes amis quand je n'allais pas bien. Surtout de Wade en réalité. Alors quand il se referma juste sous mon nez parce qu'il venait de prendre la chose de travers, je me disais que finalement, ça avait peut-être été une mauvaise idée de venir ici, le rejoindre pour dormir. Je crois qu'il n'était pas vraiment bon pour nous de nous éloigner du cadre de la Mather House quand nous nous fréquentons. Nous devions garder nos repères. Du coup, je m'excitais toute seule dans son duvet, réussissant enfin à l'ouvrir pour m'en extirper. « C'était apparemment une très mauvaise idée » m'exclamais-je alors en me levant, attrapant mes affaires au sol et de partir à toute vitesse en direction de ma chambre à moi.