♒ when it all falls down (sanaa)

Tu as mal. Encore et toujours. Tu ne sais plus comment gérer cette peine. Alors, tu bois pour oublier. Tu sais que cette solution n'est que provisoire. La douleur, elle finit toujours par revenir, lorsque tu décuves. Tu cherches, seulement, à accorder un répit à ton coeur. L'espace d'une soirée. Tu ne sais plus depuis quand tu es dans ce bar. À faire défiler les verres, les uns après les autres. Tu as perdu le compte. Mais une chose est sûr: tu ne ressens plus rien. Tu es assis au bar. Avec tes multiples verres vides, devant toi. Tu demandes au barman un énième verre. Puis, tu détournes ton regard vers la porte d'entrée. Tu vois apparaître un visage familier. Sanaa vient de faire son entrée. Tu as envie de disparaître, mais tu ne peux pas. Franchement, quelles étaient les probabilités pour que tu tombes sur elle, dans un bar quelconque de boston ? Tu es vraiment malchanceux. Quelque part, tu espères que tu passeras inaperçu parce que le bar est plein. Tu n'as pas, forcément, envie de subir ses sermons. Après tout, tu es un adulte alors tu peux foutre ta vie en l'air si tu veux. Tu es assez grand pour faire ce que tu veux et pour gérer ton chagrin de la manière que tu l'entends. Si elle n'est pas contente alors tant pis pour elle.   

Mes pas m'ont encore ramené vers ce bar. Je ne sais pas exactement pourquoi je sors tard le soir. Besoin de briser le train train quotidien? J'entre et l'endroit est déjà bondé, plein d'âmes esseulées qui elles aussi cherche sans doute à s'évader? Certains regards se tournent à mon entrée, d'autres pas. La routine quoi. Puis c'est le mien qui se fixe car malgré le monde, il n'a pas échappé à mon regard. Azarias est dans ce bar. Neuf années, c'est presque toute une vie. Quand je l'ai rencontré je ne pensais pas que de cette façon nous allions nous confier. Ces derniers temps, je l'ai remarqué. Il ne va pas bien. Trop souvent il se laisse submerger, dériver. Et ce soir, il ne va pas m'échapper. Oh oui je sais, ça ne me regarde sûrement pas mais, je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Alors vers lui je me suis dirigée juste au moment où comme par magie la place au bar à coté de lui c'est libérée. Alors je me pose, d'abord sans un mot. Je commande mon verre au barman et sur lui mon regard se pose. Encore de sortie ce soir? Mes paroles je sais, semble un peu inquisitrices. Ce n'est pas réellement volontaire mais, de sa déchéance je n'aime pas être spectatrice.    

Malheureusement, pour toi, tu ne passes pas inaperçu. Tu soupires, légèrement, lorsqu'elle vient s’assoir à tes côtés. Elle ne dit rien, forcément, au départ. Tu regardes ton verre. Parce que tu ne veux pas affronter son regard. Tu as honte, au fond. D'une certaine manière, tu sais que tu es pathétique. Seulement, tu ne peux pas faire autrement. Tu as tellement mal et tu n'as pas l'impression qu'elle peut comprendre ce que tu es en train de vivre. Parce que tu as été rejeté par la femme que tu jurais aimer. Tu ne sais plus quoi faire de ta vie. Parce que tu ne crois plus au bonheur. Tu dis ça comme si je sortais tous les soirs ... Tu emploies un ton empreint d'une once d'agacement. Finalement, tu poses ton regard dans le sien. Tu sais qu'elle veut seulement ton bien. Mais, en ce moment, tu trouves ton seul soulagement dans la boisson. Je ne suis pas d'humeur pour que tu me fasses la morale alors s'il-te-plait, abstiens-toi. Tu la connais que trop bien, après toutes ses années. D'un naturel franc, tu peux t'attendre au pire, venant d'elle. Tu sais, qu'elle n'est pas du genre à mâcher ses mots. Qu'elle dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Tu n'es pas prêt à l'entendre. À entendre la vérité, en particulier, si ça vient d'elle. 

Tous les soirs? Je ne sais pas, je ne le flique pas, pas encore du moins. J'espère pour lui que ce n'est pas le cas, que sa vie ne se résume pas à ça. Je soupire, je sais que je le gonfle déjà. C'est un don chez moi. Je dois bien l'avouer. Pourtant je sais que je ne suis pas la mieux placée pour faire la moral moi et mon petit cœur un peu trop écorché. Si ce n'est pas le cas, ça en a tout l'air. Mes mots tombent lourdement. Ses yeux me dévisagent, il m'a prévenue pourtant que ce n'était pas le bon moment. Mais, y a-t'-il réellement un moment meilleur qu'un autre? Je sais qu'il n'a pas envie d'entendre un sermon. Mais, je ne peux pas juste me taire parce que c'est ce dont il a envie. L'envie et le besoin sont deux choses bien distinctes. Et selon moi, mieux vaut entendre des choses qu'on apprécie pas que de laisser les choses comme ça. Je sais qu'il a le cœur brisé, que d'être abandonné vous rends amère et peux vous changer. Croit-il être le seul à avoir souffert d'un chagrin immense? D'un chagrin d'amour? Tu devrais le savoir, m'abstenir c'est pas pour moi. Tu penses vraiment que noyer ton chagrin va changer quelque chose? Du moins sur le long terme? Je ne pense pas. Au lieu de me regarder avec ce regard assassin, tu pourrais peut-être m'offrir un verre non? Oui j'abuse peut-être mais, son amabilité, il l'a aussi noyée?  

Tu ne sors pas tous les soirs. Enfin, pour être franc, tu sors plusieurs fois par semaine. Tu sais que tu devrais être plus présent pour ta fille. Parce que tu es le seul parent qu'elle détient, dorénavant. Tu as seulement du mal à tout concilier, dernièrement. À tout supporter. Tu poses, sur Sanaa, un regard crispé. Ses mots écorchent ta fierté, d'une façon ou d'une autre. Tu préfères ne pas rétorquer alors que tu reportes ton attention sur ton verre plein. Mais, elle est tenace, bien malgré toi. Tu roules des yeux alors que tu es clairement exaspéré d'entendre toujours la même rengaine. Oui, ça me rend plus heureux. Enfin, avant que tu débarques, j'étais vachement plus heureux. Laisses-tu tomber sur un ton moqueur. Je te paierai tous les verres que tu veux si tu te décoinces un peu et que tu profites simplement de la soirée avec moi. Tu n'avais pas envie de te prendre la tête avec elle, pour si peu. Toi, tu voulais juste profiter de la soirée. Tu bois d'une traite ton verre avant de faire signe au barman que tu voulais une autre tournée. Sinon, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne me suivais pas, j'espère ?

Ses mots tombent et je me demande s'il est sérieux? Plus heureux avant que je ne débarque. Mais, il n'y a que lui qui croit ce genre de boniments. A voir la tête que t'avais au bar tout seul à boire, permet moi de douter de ton bonheur feinté. J'aurai pu être vexée, peut-être même que dans le fond je le suis mais, jamais je ne me laisse perturber ou marcher sur les pieds. Il peut bien se comporter comme les dernier des ours mal léché, il en faut bien plus pour me décourager. Me décoincer, mon dieu, parfois Aazarias ferait mieux de peser ses mots. Un sourire mi-figue, mi raisin vient sur le rire l'emporter. L'idée de le mettre mal à l'aise vient doucement me chatouiller. Tu devrais faire gaffe et ne pas me défier de me décoincer. Je me permet alors de prendre le verre qu'il a devant lui, de le vider sans déconvenue avant de taper le verre sur la bar. Faisant signe au barman, je commande deux vodka sans glace. Il les pose devant nous et du regard je défie Azarias. Ai-je l'air d'un détective en jupon? Si on vérifiait tes dire et qu'on voyait jusqu'au quel seuil du Nirvana, l'alcool peut te conduire? Il l'a dit, ces verres le rendent heureux, il veut profiter. T'es peut-être pas le seul qui ai besoin de noyer quelque chose ce soir. dis-je un peu au hasard.  

C'est juste que je ne suis pas très expressif, facialement. Mais, à l'intérieur de moi, j'étais vachement heureux. Tu racontes un peu n'importe quoi, mais tu tentes d'être convaincant. Seulement, elle avait raison, tu n'étais pas forcément heureux, avant son arrivée. Tu étais juste tranquille. Sans quelqu'un pour rabâcher à tes oreilles que tu bois trop. Tu crois qu'il serait préférable, pour elle et pour toi, si elle laissait tomber les sermons. Après tout, elle perd carrément son temps à croire que ses mots ont une incidence sur ta conscience. Tu provoques un peu Sanaa, parce que tu as envie de la voir profiter de la soirée. Mais, tu finiras peut-être par regretter tes mots. Tu regrettes, en fait, presque immédiatement. Elle vient sérieusement de voler ton verre ? Ok, je retire mes mots, je crois que je préférais quand tu étais coincée et que tu ne volais pas mes verres.  Tu rigoles, forcément. Pas vraiment. Alors, tu baisses déjà les bras ? Était-elle arrivée à l'évidence que tu es une cause perdue ou cherchait-elle seulement à démontrer que l'alcool ne rendait pas heureux ? Tu ne sais pas. Sourire moqueur au bout des lèvres, tu prends le verre qu'elle vient de commander avant de le lever en sa direction et de le boire cul sec, de toute façon. Un problème ? Tu poses, par la suite, un regard perplexe sur Sanaa. Elle est bien, l'une des seules personnes, que tu connaisses par coeur. Inversement, elle sait tout sur toi. Tu sais que depuis quelques temps, tu es moins présent pour elle. Parce que t'es con et que tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez. Tu espères que tu n'as rien manqué dans la vie de la jolie blonde. Que sa vie est mieux que la tienne, en ce moment.  

Je soupire longuement en le regardant pourtant ces mots-là ont le dont te me décrocher un sourire facétieux, allons donc? Lui inexpressif? Il ne croit pas si bien dire, il a toujours cet air mal commode, voir un peu mystérieux, c'est vrai que je ne le vois pas souvent sourire. J'adore quand on peut lire sur ton visage à quel point t'es content de me revoir. Allez oui, je lui concède, au tout début avant qu'elle ne se casse au moins il arrivait à me sourire. A être un peu plus proche. Alors je le prends à la dérision en vidant son verre qu'il comptait bien s'enfiler à mon entrée. Oh c'est bon! Je viens de te le remplacer ton maudit verre. Tu veux te saouler la tronche non? C'est pas avec ce truc hideux que tu vas y arriver. La Vodka c'est bien plus traitre. le narguais-je. Il va le comprendre au bout de deux ou trois d'affilée. Mais, je suis verte, je suis pas bonne, il vient de le vider sans même m'attendre. Ouais c'est pas comme ça qu'on boit la vodka t'était censé m'attendre. Je bois alors cul sec et une fois de plus tape mon verre sur le bar. Cela nous vaut bien quelques regards. Je lui fais genre les gros yeux bien que je ne sois pas honnêtement sérieuse ou peut-être que si et je recommande deux verres. Quand il a demandé s'il y avait un problème, j'étais consciente qu'il ne me demandait pas réellement si le fait qu'il ai vidé son verre le premier me gênait. J'ai fais la plus grosse connerie de ma vie. dis-je tout bonnement en repensant à ce que j'avais fais il y a quelque jours. Mais, j'aimais pas parler de moi ces derniers temps, mes confidences s'amenuisaient grandement.  

Tu sais bien qu'au fond, ta simple présence, est capable d'illuminer mon univers. Assures-tu sur le ton de l'exagération. Tu la nargues, forcément. Mais, d'un autre côté, ce n'est pas totalement faux. Tu apprécies la jeune femme. Elle est une bouffée d'air frais pour toi. Tu ne l'avoueras probablement jamais. Parce que ce n'est pas ton genre. Tu espères, au fond, qu'elle sait que malgré ton attitude de m*rde, tu tiens à elle. Merci du conseil, madame l'experte, mais j'ai peut-être envie de me soûler lentement. Rétorques-tu au tac au tac. Tu as surtout envie de t'enivrer. Rapidement ou lentement, quelle importance ? Tu considères que l'important c'est d'atteindre ton but. Moqueur, tu souris à ses mots, alors qu'elle n'est visiblement pas contente que tu ais bu ton verre sans l'attendre. Je suis désolé, je ne savais pas. Laisses-tu tomber sur le ton de l'innocence. Tu restes étonné lorsqu'elle boit son verre cul sec et finit par commander une autre tournée. Du coup, elle est sérieuse ? Tu ne sais pas trop quoi penser, mais il vaut mieux profiter de la situation, n'est-ce-pas ? Puis, tu reportes ton attention sur la demoiselle. Tu arques un sourcil interrogatif, à ses mots. Qu'est-ce que tu as fait ? Demandes-tu sur un ton neutre, curieux de connaître l'ampleur de cette fameuse erreur.
 

Je ne sais jamais s'il est sérieux ou s'il fait exprès de me narguer mais, c'est un peu ce que j'aime chez lui. Cette façon de se comporter en gros ours mal léché. C'est Azarias dans toute son essence. Je renifle d'un air de dédain tout en souriant. Le jour où j'illuminerai réellement ta vie, je serais la plus heureuse des femmes. lui répondis-je un brin mystérieuse. Qui sait peut-être qu'un jour, il le pensera vraiment ça. Il me réponds de manière peu docile mais, que dire, j'y suis habituée et donc pas prête de me laisser aussi facilement démonter. Ouais on dit que plus c'est long c'est bon. Fallait que je la place celle-là après tout je ne suis pas le genre de nana à parler comme un livre. La majorité de mes meilleurs amis sont des mecs, ça laisse certaines traces. Recommandant deux verres, voilà que je passe aux aveux enfin que j'évoque ma situation. Alors ça c'est une première. J'ai au moins le mérite d'avoir détourné son attention de son verre. De toute façon c'est Azarias et je sais que je peux lui confier n'importe quoi, il ne me jugera pas. J'ai couché avec mon prof de droit. Et il vient de casser avec sa nana à cause de ça. Ouais en même temps je voyais pas trop pourquoi Samuel s'était senti obligé d'aller le dire à sa fiancée. Aux premiers abords, je pourrais croire qu'il avait chercher un prétexte pour "casser".