AUSTIN ▼ ce n'était pas toi que je voulais voir, alors ignore-moi.

Rien que son début de réaction ne me disait rien qui vaille. Passer sa main dans ses cheveux.. Si c'était pour se recoiffer, ouais, mais là.. Ce n'était pas du tout le cas et je savais pertinemment que j'allais avoir du mal à encaisser ses paroles. La première phrase me frappait de plein fouet. Comme quoi, j'étais restée toujours la même conne, naïve, qui croit que son premier amour pourrait ramer pour elle afin de recommencer une nouvelle histoire. Je t'ai trompé. Comme si je ne m'en rappelais pas. Sur la défensive, je serrais les dents en accusant chaque mot qui sortait de sa bouche. Il utilise toujours la même chose, les paroles pour me faire le détester encore plus. S'il y arrivait là ? Oui.. Et non à la fois. Ce n'était pas les mêmes discours que d'habitude.. Car il prenait une part de responsabilité. On est dingue amoureux l’un de l’autre c’est une évidence. Arrête de me dire ça Austin, quand tu n'es pas capable de garder notre relation bien précieusement. Je n’arrive même plus à te regarder dans les yeux, car j’ai honte. Je n'y pouvais rien.. Ce n'était pas moi qui avais merdé, mais lui alors.. C'était un juste retour des choses tout de même. J'allais répondre, mais il n'avait pas fini. Plus il parlait, plus il m'enfonçait. Qu'il m'ait insulté ne me faisait même pas ciller.. Parce que je l'avais fait aussi. Peut-être avais-je plus le droit que lui, vu ce qu'il s'était passé. J’suis jaloux d’un gars qui te plaît et qui peut me remplacer. Il savait pour Andrew.. Ce n'était pas étonnant, tout va tellement vite à Harvard et ce n'était pas moi qui serait venu vers lui pour lui dire « hey cher ex petit ami, vu que tu m'as brisé encore une fois le cœur, et bien.. je vais tenter de trouver l'amour chez quelqu'un d'autre ! » C'est vrai que ça aurait été génial.. Le connaissant, il serait allé voir l'homme en question pour.. J'en sais rien. Le menacer, se battre ou je-ne-sais-quoi. Avec lui, je m'attendais toujours à tout.

Ait un peu de dignité Madi’ Alors là, c'était un peu trop fort. Ma main rejoignait rapidement sa joue pour lui en mettre. Ça faisait longtemps mais.. Qu'est-ce que ça faisait du bien ! Secouant ma main – parce que oui, ça fait quand même mal – je n'avais pas envie de pleurer. Pour de vrai. « Ta morale sur la dignité, tu peux te la mettre où je pense, Austin » dis-je, très posément. Peut-être un peu trop, mais je n'étais pas énervée au point d'utiliser son nom de famille.. C'était une bonne chose pour lui. « Si tu es jaloux.. et bien, ça me fait une belle jambe. Au moins, maintenant tu comprends ce que je ressentais à chaque fois que tu allais baisé une autre fille alors que je restais comme une conne, à attendre que tu daignes bien vouloir de moi » Autant être honnête, mais je suppose qu'il s'en doutait. « Et encore, je t'épargne le statut de meilleur ami qui crève d'amour alors que l'autre va voir ailleurs » Statut que j'avais tenu de loooongues années. Il était temps que ça s'arrête, je crois. « Tu m'as trompé, tu as honte, c'est bien » fis-je en haussant les épaules. « Pour une fois, tu es en face de moi et.. Tu dis les choses clairement. Ça fait du bien même si c'est évidemment un peu trop tard » Un tout petit sourire feignait sur mes lèvres. « C'est dommage de s'aimer alors que c'est voué à l'échec » Je soupirais doucement. « Même si je trouve quelqu'un d'autre, tu restes mon premier amour et.. toutes mes premières fois » rougissais-je légèrement en y repensant.

Tous mes souvenirs s'envolaient avec les plus récents. « Je ne sais pas comment me comporter avec toi, Austin » soufflais-je doucement sans décrocher de son regard. C'était fatiguant d'être amoureuse de lui. Parfois j'avais l'impression d'être bipolaire quand je suis avec lui. Le frapper, l'aimer, le détester, l'admirer. Passer d'une émotion à une autre aussi rapidement.. Ce n'était pas simple du tout. « Pour toi, ça à l'air simple de m'ignorer, de penser à quelqu'un d'autre que moi et.. J'essaye de faire pareil, mais tu restes encore et encore dans ma tête » Heureusement, je ne pensais pas à lui quand j'étais avec Andrew sinon.. Je me sentirais coupable. On ne pense pas à son ex quand on est avec un homme qui nous plaît ou sinon.. ça veut dire que l'on arrive pas, que l'on ne veut pas tourner la page. Moi, j'en avais envie même si ce n'était pas en un claquement de doigt que ça allait se faire. « J'aurais aimé que notre relation ne se termine pas si mal. Que tu me largues avant d'aller voir ailleurs et ok, j'aurais compris. Tu aimes ta liberté, tu ne veux pas que l'on reste trop longtemps ensemble, etc. Sauf que là.. Bah je ne te suffisais pas. Tu avais besoin d'autre chose, quelque chose de plus excitant alors que moi, je suis fade et sans intérêt.. Mais bon, les gens nous avaient prévenu » admis-je en soupirant. Nous avions eu le droit à toutes les remarques possibles et imaginables durant notre histoire alors bon. « Alors.. Je suppose qu'on n'a pas le choix, on doit en rester là et.. J'sais pas. Je ne peux pas t'ignorer mais faire comme si de rien n'était n'est pas une option non plus.. » Si lui comptait le faire, grand bien lui fasse mais ce n'était pas mon cas. Évidemment, je ne sauterais pas dans ses bras, loin de là. Mais il gardait un petit place dans mon cœur, bien que cette partie soit largement moins grand qu'avant et qu'elle devait rester enfermée, tout au fond.. Car mes nouvelles amitiés et probable future histoire d'amour seraient prioritaires sur lui, désormais.

Je sentais les larmes monter suite à sa gifle. Ce n’était même pas de la douleur physique, mais plutôt psychique. Autrefois je m’en foutais qu’elle me frappe pour être honnête, mais là, j’en avais ma claque. Je serrais les poings en coutant ses paroles. Je restais silencieux alors qu’elle rejetais toute la faute sur moi et elle avait bien raison de le faire, car c’était moi le fautif dans l’affaire, mais j’avais compris mes erreurs. Maintenant, la vraie question était, qu’est-ce que nous étions à présent, alors qu’elle me dise que je le vivais bien de l’ignorer me faisait rire intérieurement, mais laissons-là croire ce qu’elle voulait, de toute façon ça ne changerait rien à a la donne. « Et bien va falloir t’y faire » Conclus-je. « De toute façon tu as l’air du plutôt bien réussir à m’oublier avec Andrew, alors pourquoi pas ? » Ses petits sourires et ses petits piques ne faisaient plus rien du tout. J’étais vraiment de marbre.

Je ravalais am haine, mes larmes qui je crois, commençais me piquer les yeux. Putain et dire que la dernière fois que j’ai chialé pour une fille remonte à des années, je devrais faire une croix sur le calendrier. La gifle m’avait vraiment secoué. Je prenais un joint pour me détendre, alors que je remettais tous dans mes poches. « J’ai plus rien à dire. Salut » Je passais derrière elle pour tracer ma route. C’était sans doute la dernière conversation que je comptais avoir avec la demoiselle. Jamais je n’aurais réalisé que ça me ferait aussi mal au cœur et tous ses putains de souvenirs qui me revienne en mémoire. Je soupirais, jugeant bon d’aller courir une bonne heure avant d’aller boire un peu de mon côté, tout seul dans ma chambre à la Mather House.

Les larmes menaçaient de couler au bord de ses yeux émeraudes. Avait-il enfin compris à quel point cette situation nous détruit l'un comme l'autre ? À son silence, ses points serrés et son attitude braquée, je savais parfaitement ce qui allait se passer et je sentais que j'allais sortir de mes gonds. Je parlais, essayant de temporiser encore la situation. C'était mon rôle, faire en sorte que ça ne soit pas trop horrible entre nous.. Sauf que là, c'était trop. Ses prochaines paroles me mettaient hors de moi. Putain, il le saoulait à faire toujours ça. « Ok, j'en ai ras-le-cul là. Tu la gardes pour toi ta mauvaise foi, ta fierté et ta jalousie » Je soupirais, de plus en plus agacée de sa façon de faire. Il me demandait de lui parler, je le faisais et en plus, ça ne lui convenait pas ! « Tu as beau être en face de moi, tu fuis de la même façon la conversation » lui dis-je en le voyant sortir un joint. Et voilà qu'il voulait se barrer. J'allais le retenir mais de toute façon, c'était peine perdue. À quoi bon lui courir après ? Je le faisais depuis bien trop d'années. Donc, pour me calmer les nerfs.. J'allais foutre sa chambre en l'air à la MH. Au moins, je pouvais canaliser tout ce que j'avais envie de lui foutre dans la gueule, autant pas des gifles que par des mots. Je n'avais rien cassé, parce que je suis une gentille, mais j'avais tout foutu en bordel ou jeter par la fenêtre. Au moins, ça avait une demi heure de pur plaisir avant que je ne me barre de là. Histoire qu'il se souvienne que moi aussi, je peux mettre le bordel dans sa vie. Ce n'était pas autant que me briser le coeur, mais je savais au moins que ça allait l'emmerder un peu. Qu'il aille se faire foutre.