philippines ≠ wrong place, wrong moment

J'étais loin d'être de bonne humeur ces derniers jours. Je rentrais de l'hospitalisation d'Antwan, où il m'avait juste envoyé chier mais d'une violence et ouai, déjà que j'étais pas la damoiselle la plus agréable d'ordinaire, là c'était encore pire. Si jamais quelqu'un que je peux pas voir en peinture se met sur mon chemin, soyez certains qu'il prendrait cher. Vraiment très cher. J'avais besoin de laisser exprimer mon ressenti intérieur, de laisser sortir toutes ces émotions que je refoulais depuis des années maintenant et qui n'avaient jamais vu le soleil. Mais non. Je sortais de la voiture de mon chauffeur, la tête haute comme toujours, me dirigeant vers la lowell house. J'espérais au fond de mon coeur qu'il y aurait une bonne ambiance, que des personnes seraient en train de jouer de la musique ou qu'il y aurait des fous rire en fond sonore. Mais nan. Ce fut un échec total. A peine entrée dans la maison que j'entendis un gamin.. wtf. Pis pouf une fillette qui coure devant moi, sans même m'accorder un regard. Mais wtf. J'allais dans la salle commune. C'est une crèche maintenant ici ?

J’avais présentement un horaire plus que chargé. Ça faisait un mois que j’avais décidé de retourner sur les bancs d’école et j’avoue que je ne m’attendais pas à cela. Si seulement je n’avais que les cours à me concentrer aussi, mais non, j’avais un rôle premier qui passait bien avant celui d’être étudiant, celui de papa. Summer me prenait beaucoup de temps et je devais parfois manquer les cours pour elle, les rendez-vous et tout. Je ne pouvais pas toujours fais cela et je n’avais pas les moyens de toujours lui payer une babysitter alors quand je le pouvais, je la trainais avec moi, comme ce soir. J’avais un travail d’équipe à faire avec d’autres étudiants en arts visuels, faisant partie de la même confrérie que moi bien sûr, et on avait décidé de s’y mettre ce soir. Comme j’étais un peu dernière minute en plus, j’avais décidé d’apporter ma petite avec puis ainsi que quelques jouets. De toute façon, elle adorait venir à l’université, l’école des grands comme elle disait. On travaillait depuis environ 30 minutes, Summer jouant autour de nous et tout se passait bien. C’état une aire commune et ça ne semblait déranger personne. Ça me rassurait. Enfin, ce ne fut que jusqu’à ce qu’une blonde entra dans la salle et demande si c’était une crèche ici. Je soupire en me levant. Les gens ne sont pas tous compréhensifs dis donc. « Oui, ça pose problème? » Je cherche Summer du regard qui vient rapidement vers moi en me voyant debout. La jeune femme devant moi semblait des plus sérieuses ce qui me troubla encore plus.

Les enfants, je déteste ça. C'est inutile, ça crie, ça pleure, ça fait des caprices et ça comprend que dalle. C'est une perte de temps et d'énergie. Et dire qu'il fallait que j'ai un héritier à un moment donné. My gad. J'sais pas comment j'allais faire. Enfin si. Toutes les nounous du Canada seront à mon service. Pis basta. Ca avait été mon lot quand j'étais gamine et regardez, je m'en étais plutôt bien sortie. Enfin, selon mon point de vue hein. Mais BREF, tout ça pour dire qu'une gamine de... trois ans ? Quatre ans ? dans les couloirs de la lowell house juste non. Je comprenais même pas pourquoi Harvard avait encouragé la pratique de la copulation entre étudiants en créant une crèche dans le campus. MAIS WTF. On est des étudiants ou des pauvres futurs sdf ? Faut faire un choix dans la vie. Ils ont fait des erreurs, ils les assument et se cassent des endroits communs. Un mec se leva à ma remarque. Plus grand que moi. Zut. Ca doit être son gamin pour qu'elle rapplique de cette lanière. « Oui, ça pose problème? » Heey mais il pose vraiment la question ? Nan mais loooooool, xd, ptdr, mdr et tout le reste. Il comprend rien à la vie. Perspicace Sherlock. dis-je avec ironie. Je ne vois pas en quoi elle aurait le droit d'être ici. On est pas une garderie ici. En gros, casses toi de là. Puis c'est qui d'ailleurs ce mec ?

Summer retourne à ses jouets tandis que je m’approche de la blonde. Mais c’est une blague? Personne ne s’est plaint ici alors que je suis là depuis une demi-heure. Personne sauf elle bien sûr. Puis ce n’est pas comme si c’était la première fois que je l’apportais avec moi, ni même qu’un étudiant devait le faire. Qui sait, peut-être qu’il y en avait qui habitait même dans la maison de la confrérie? Bon pour ma part je trouvais cela poussé. Un enfant a besoin d’espace et surtout, ne pas croiser quelqu’un de saoul dans les couloirs, voilà pourquoi j’avais tout de même choisi de me prendre un appartement en ville. Toutefois, je croyais qu’entre étudiants, on devait se soutenir. Et encore plus à l’intérieur de la confrérie il me semble, enfin si cette demoiselle y fait aussi parti. Je fronce les sourcils à son intervention. Mais pour qui se prend-t-elle? « Aucun règlement ne nous l’empêche, alors tu supportes. » Si elle voulait jouer à cela, j’allais malheureusement embarquer. « Et si ça te dérange tant, tu n’as qu’à monter à ta chambre, c’est une salle commune ici. Tu connais le principe? » J’étais un peu énervé de la réaction de cette fille que je n’avais jamais vu de ma vie. Elle ne connaissait pas ma situation et je n’allais certainement pas la laisser tout gérer.

Je crois que je l'énervais. Mais j'étais pas sûre. Aha. Nan je dec. Je mets toujours dans tous les états les personnes qui me voyaient pour la première fois et qui ne correspondaient pas à mes critères. Et ouai, le monde tourne selon mes règles. Je vivais ptete à la lowell house, j'avais ptete appris à être une part de cette famille, mais j'en restais pas moi même et ils avaient des fois vraiment peu d'amour propre ces violets. Ils se laissent aller. Heureusement que tata sammy est là pour tout faire remonter droit heiiin. « Aucun règlement ne nous l’empêche, alors tu supportes. » Ah parce qu'il est allé voir dans le règlement lui ? Nuisance sonore tu connais ? Ah oui, ça, ça ne passerait certainement pas, parce que c'était évident que la gosse elle allait chialer à un moment donné, elle allait réclamer qu'est-ce que j'en sais moi limite un poney si elle est capricieuse. « Et si ça te dérange tant, tu n’as qu’à monter à ta chambre, c’est une salle commune ici. Tu connais le principe? » Je ricanais. T'es qui pour me parler comme ça ? Le concierge qui ramène sur son lieu de travail son erreur de jeunesse ? Allez, vas gagner ta vie comme tu veux. Bisous bisous.

Je n’avais pas l’intention de me prendre la tête pour des raisons aussi stupide mais apparemment, la jeune femme ne semblait pas avoir envie de lâcher. Sérieusement, elle n’avait pas mieux à faire de sa soirée que d’embêter les autres? Pour ma part, j’avais un travail d’équipe à terminer et je n’avais pas l’intention de devoir revenir une autre soirée à cause d’elle. J’étais bien mieux chez moi, ça c’est certain, mais on n’avait pas toujours le choix. Mes yeux roulent vers le ciel quand elle parle de nuisance sonore. La maison de la confrérie des Lowell devait bien être celle qui était la plus bruyante, son argument était tout simplement ridicule. « Mais si les musiciens mettent leur musique à fond, là ça va je suppose? » Je ne comprends pas d’ailleurs comment les gens font pour habiter ici. Il y a constamment soit quelqu’un qui fait jouer de la musique ou en joue carrément, jamais tranquille. Mes bras se croisent sur mon torse tandis que mes sourcils se froncent. Je crois bien qu’elle tente de m’insulter, mais sincèrement, ce n’est pas quelqu’un comme elle qui va me déstabiliser. Je suis très bien dans ce que je fais. « Je suis au même niveau que toi, alors j’ai les mêmes droits. » Qu’à l’écouter, c’était évident qu’elle se croyait supérieure. « C’est ce que je fais ici, donc je vais rester, merci. »

« Mais si les musiciens mettent leur musique à fond, là ça va je suppose? » J'avoue que j'aurai pu sortir mieux comme argument, pour une lowell je faisais un peu pitié ahahah, maiiis on va dire que c'est l'échauffement. Puis même, d'où est-ce que je me justifie des arguments que je mets en avant ? Celui ci était tout à fait présentable d'une certaine façon. Y a une différence entre l'expression artistique.. et ça. Ouai, c'te chose là, ton microble, ou je sais pas trop comment tu l'appelles. Au moins, pour l'moment, elle était silencieuse, thaaaanks god, sinon je péterai encore plus un plomb. « Je suis au même niveau que toi, alors j’ai les mêmes droits. » Ah ouai ? Ah ouai ? T'es là depuis quand pour t'imposer de cette manière ? C'est qu'un bizut lui, je l'avais jamais vu. Alors que ça faisait cinq ans que j'étais dans la lowell. « C’est ce que je fais ici, donc je vais rester, merci. » Oh bah je t'en prie. Oh bah vas y, passes la nuit aussi, t'as l'air bien parti pour le moment. Autant lui faire faire le moins de trajet possible. Sourire hypocrite aux lèvres, je me cassais, montant dans ma chambre, pour aller extérioriser ce que je ressentais. J'me rendais bien compte que si je commençais à relâcher mes nerfs sur un mec comme lui, c'est parce qu'antwan me stressait. Une heure plus tard, je redescendais pour prendre un truc dans la cuisine commune. Ouvrant le frigo, je sortis une brique de lait et entendis alors quelques pas. Oh seigneur. La petite se tenait face à moi. Tu devrais pas être ton père ?

« Chacun son moyen de communication. » Bon j’avoue que les cries, que ce soit de joie ou de peine, d’un enfant pouvait être assez dérangeant, mais Summer savait qu’elle devait rester calme lorsqu’elle était ici. Voilà pourquoi j’avais essayé de lui amener des jouets, même si bon, un enfant reste un enfant, on ne change pas cela. « Depuis le début du trimestre. » On était tous étudiants ici, on payait tous pareils et selon moi, on n’avait tous les mêmes droits donc. La demoiselle ne semblait du même envie, tant pis. Je voyais bien son ton totalement sarcastique ensuite, mais je décidai de le prendre à la lettre, heureux qu’elle lâche enfin l’affaire. « Je n’y avais pas pensé, c’est gentil d’avoir proposé! » Jamais je ne resterais dormir avec elle ici, mais si ça pouvait l’énerver plus. Elle finit par quitter et sûrement monter à sa chambre à mon plus grand bonheur. Je retournai auprès de mon équipe, bossant encore longtemps sur notre projet. Summer était toujours autant, s’occupant seule. Je la regardais de temps en temps pour m’assurer que tout allait bien. Enfin, sans que je m’en rendre compte, elle se dirige vers la cuisine. « Oui mais j’avais faim. » Elle te sourit, n’ayant aucunement suivit la conversation plus tôt.

Allez, vas y que je me retrouve avec le microbe maintenant. C'était vraiment pas le bon moment, mais alors vraiment pas. Mais je pouvais pas l'envoyer paître. J'avais beau ne pas aimer les gosses, j'étais pas un monstre, je savais qu'il y avait des retombées psychologiques importantes suite à nos comportements à nous, d'adultes. Ca serait bête qu'elles soient traumatisées des blondes aux yeux blonds m'voyez. « Oui mais j’avais faim. » Elle pourrait être presque cute. Si elle avait quelques années de plus. Je soupirais. Je me servais mon verre de lait. T'as demandé à ton papa avant ? Chanceuse, t'avais encore ton père. Dans le fond, j'étais jalouse de la ptiote. Parce qu'elle, elle avait son père qui la protégeait contre les méchants. Moi ? Mort. J'suis pas triste, c'est la vie, mais j'ai pas eu d'attachement masculin quoi, pas de modèle paternel c'est bien triste. J'viens bien te trouver un truc. Par contre, tu l'dis pas, c'est notre secret, sinon je vais être punie. Il va me pendre sur la place publique l'autre là, c't fou. Je cherchais des gâteaux et je trouvais des sortes de pépitos. J'lui en tendis hein, m'en prenant un également. J'le trempais dans mon lait. C'est quoi ton prénom ? Je fais ma pause dans mes révisions comme je peux. Je la portais pour la mettre sur une chaise contre la table, me mettant face à elles. Deux mafieuses.

La petite secoua la tête. Lorsqu’elle était arrivé et que je lui avais dis de rester calme, elle avait aussi compris qu’elle ne devait pas me déranger, en réalité je parlais bien plus des autres, mais bon, les enfants ça comprend ce que ça. « Mais non, il est occupé. » Cela lui semblait tellement logique. Elle suivait ce que tu faisais du regard, un peu envieuse. Elle était  sociale avec les gens, aucunement gênée mais restait tout de même polie. Elle sourit immédiatement à ta proposition. Elle ferait probablement n’importe quoi pour avoir quelque chose à manger. « Oui oui! Je dis rien, promis. » Elle fit mine de coller ses lèvres, comme si cela allait l’empêcher de dire quoi que ce soit. Elle prit directement le biscuit après t’avoir remercié bien sûr et te laissa la guider jusqu’à une chaise où elle commença à le manger, souriant toujours. « Summer et toi? » Elle faisait balancer ses petits jambes dans le vide sans quitter la blonde du regard.

Je jette un coup d’œil autour de nous et cette fois-ci, je ne vois pas Summer. « Merde, je reviens… » Je me lève alors et commence à la chercher. Elle ne droit surtout pas causer problème svp. Et si elle était sortie à l’extérieur? Merde j’aurais peut-être pas du la laisser aussi libre.