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Bien trop délicatement, l’eyeliner glisse sur ma paupière, mouvement en parfaite adéquation avec le reste de mes pensées, ou de mes dires, puisque depuis quelques secondes, je suis au téléphone avec l’amie – ou ce qui s’en approche le plus, je crois – certains diront qu’elle est plutôt un de mes sbires, ou minions, mais peu importe, ma voix s’élève quand mes lèvres s’articulent face à ce qu’elle me raconte. « J’en ai rien à faire. » Et mon mouvement se décale afin d’aller peindre un trait noir, identique au premier réalisé, de l’autre côté. « Alan sera là ? » Etant donné que c’est le détail qui me fout par avance le bourdon. Les soirées privées de gosses friqués, depuis quelques temps, ont le don de ne plus réellement m’intéresser, les troquant contre des querelles passionnées en compagnie de mon amant attitré. D’ailleurs c’est pour cette même raison, que je lui pose la question, envisageant, l’espace d’une dizaine de minutes le voir se tenir à mes côtés, le temps d’une soirée qu’il détesterait, une de mon monde doré, celui-là même qui le fait vomir à souhait. J’imagine … Alors que je sais cette possibilité improbable, risquer mon mariage et mon entreprise pour ça, ce serait l’acte le plus con au monde, je le crois. Mais comme elle ne répond pas directement, je devine qu’il y a quelque chose qui ne va pas, une des rares à connaitre la presque vérité, au sujet de mon mariage, surtout celle au sujet de mes sentiments pas vraiment enclins à se lier au fils Suttler. Elle sait, oui, mais ignore tout de même le côté forcé de l’union. Elle est en fait, à l’égal de tous les autres, aussi bêtes. Persuadée que l’amour vient avec le temps, qu’Alan on ne peut que l’aimer, qu’il est idéal. Et que moi, je suis un peu trop vénale. « Il sera là. » Cette fois je ne pose plus de question, non, j’affirme, je le sais. « Annalynne … » Qu’elle commence, et presque j’en perds le contrôle et rate le maquillage de ma paupière, alors je soupire en lâchant un « Ok. » avant de raccrocher. Vérifiant de tout mon aplomb mon apparence, les paillettes qui parsèment ma robe, et vais chercher les dernières Louboutins qui ont rejoint ma collection. Une œillade lancée sur l’écran de mon téléphone, j’en profite pour constater l’heure, et envoyer un texto à Clay, lui précisant que je ne vais surement pas rentrer tard, si ça lui dit de me voir. Et emprunte le chemin de la sortie, pour m’engouffrer dans la voiture où mon chauffeur m’attendait. Le trajet est relativement calme, et plus vite qu’il ne faut pour le penser, je me retrouve à l’intérieur de la boite de nuit, un verre à la main, essayant par tous les moyens d’éviter celui qui va forcément arriver. Et dans la course qui m’éloigne de l’entrée du club, je bouscule quelqu’un se tenant sur mon chemin. « Excuse … » Ma phrase avorter, je le regarde avant de lever les yeux au ciel. « Non, ne m’excuse pas. » Cole, ou plutôt un des meilleurs amis de celui avec qui je dois lier ma vie.
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