(+Vanessa) box full of memories

 


Comment en suis-je arrivé là ? Ce matin j'étais pourtant parti confiant, avec le sourire, les mains chargées d'une boîte qui, j'étais sûr, allait ravir la personne chez qui je me rendais. Il y avait quand même sa brosse à dents, différentes lingeries, un beau plaid que j'avais acheté pour un petit pique-nique que j'avais organisé et que je souhaitais lui offrir, des livres de cours qu'elle n'avait jamais pris la peine de revenir chercher. Ça coûte de l'argent de racheter tout ça, et du temps surtout, et c'était mieux de récupérer ses affaires, et c'était surtout l'occasion de venir la voir et la regarder dans les yeux et lui montrer à quel point je suis désolé qu'on en soit arrivé là. Elle n'avait pas pris la peine de revenir me voir. Et je ne pouvais pas lui en vouloir, j'aurais réagi pareil dans le cas inverse. Je suis beaucoup moins sûr de mon coup là, j'avance, je trépigne d'impatience à la voir et en même temps je redoute son regard ou même l'expression qu'elle tiendra figer sur son visage le temps de notre échange. J'ai entendu dire qu'elle s'était sacrément amusée ces derniers jours, elle faisait la fête, comme elle l'a toujours fait, mais de manière plus sauvage et moins saine, si on pouvait considérer que boire de l'alcool était sain. Fumer je ne dis rien, des études prouvent que c'est pas plus nocif que le chocolat, et puis j'en a vu des gens guérir de cancer en fumant. Je me perds dans mes pensées et c'est pas plus mal, j'évite d'appréhender et ainsi j'évite de perdre le sourire que je tiens actuellement en place, et qui j'espère aidera à briser un peu la glace. M'y voilà, devant chez elle. Un beau duplex qui en a accueilli des fous rires et des soirées films. Allez, je prends le carton d'un bras, mon courage dans l'autre et je toque.

box full of memories
— with Eustache

J'sais pas trop quoi penser de ma vie, à vrai dire, elle se bordélise d'année en année. J'ai un peu perdu le contact avec ma mère depuis quelques mois après avoir appris pour son hospitalisation... j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle ne porte pas plainte contre mon père adoptif. Se faire taper sans rien dire juste car on estime que c'est "normal"... non pas pour moi. Tu perd ton frère tu castagne pas ta femme, et si tu l'fais tu prend conscience que ça pêche dans ton esprit. Soupirant longuement, plongée dans mes pensées et affalée sur mon canapé avec mon labrador de 2 ans qui prenait presque plus de place que moi, j'me remettais d'une soirée trop alcoolisée pour moi. J'tiens pas l'alcool bon sang alors pourquoi je bois ? J'en sais rien, ça m'évite de penser et toute façon vu que je suis morte au bout de deux verres, ça ne me rend pas plus alcoolique que ça. Me massant l'arrête du nez en fermant les yeux, ce fut en entendant toquer que j'ouvre un oeil, puis le second. Peut-être que la personne va s'barrer ? Toc toc. J'prend ça pour un non et me décide à me lever lorsque Arrow mon chien me précède dans un jappement super mega effrayant. « Tais toi, tu ferais même pas peur à une mouche ! » amusée, je le caresse avant de me redresser dans un sourire pour ouvrir la porte et c'est à ce moment que mon regard se porte sur lui. Lui. Mon ex, mon ami... dans l'immédiat j'ai envie de le claquer, j'suis hyper mal et mon air joyeux laisse mon air de zombie prendre le dessus. « Qu'est-ce que tu me veux Eustache ? » c'est froid je sais, c'est plus fort que moi. Mon ventre se noue et mes yeux se posent sur le carton. Je vois. Me décalant de la porte, je lui fais signe d'entrer. J'ai pas compris, je comprend toujours pas, nos moments me manquent et j'ai beau chercher ça me rend folle.

 


J'avais presque envie de siffler pour paraître le plus normal possible une fois le pas de la porte franchi, mais je me ravisais, c'était pas naturel du tout. Et il y avait fort à parier que je ne foule même pas du pied le sol de son duplex. Une fois que j'eus frappé, je pouvais déjà entendre les jappements d'Arrow. Sacré chien, j'aurais soulevé montagnes et gratte-ciels juste pour lui, et de manière générale pour n'importe quelle autre créature vivante. Un pas s'approche, le rythme est plutôt soutenu, Vanessa ne doit pas s'attendre à ce qu'il s'agisse de moi pour ne pas adopter une allure plus hésitante en se dirigeant vers la porte. Cette dernière cessa de faire barrière et laissa découvrir les beaux cheveux blonds de la demoiselle. C'est dommage, elle était quand même très très jolie.. « Heeey » salua-t-il en lui accordant un sourire des plus radieux. Hélas, il se dissipa assez rapidement et je serrais des dents, embarrassé. Elle me demanda ce que je faisais ici avant de me laisser rentrer. Blonde mais pas conne, elle avait vu mon carton rempli de vêtements et autres babioles qu'elle reconnaissait certainement mieux que moi. J'avance alors quand elle me fit signe d'entrer et je ne suis pas bien fier. L'idée de se laisser abattre n'a néanmoins jamais fait irruption dans mon esprit toujours très rempli. Une fourrure se balade partout et se plante devant moi, je lui aurai bien tendu la main à Arrow mais je sentais qu'il ne souhaitait qu'une chose; goûter à mon sang.  « Il veut me tuer lui aussi on dirait » pouffai-je de rire en recadrant toute mon attention vers Vanessa. Oui, je me croyais drôle, je voulais détendre l'atmosphère. Et l'illumination refit surface. Il fouilla dans le carton, et au dessus des soutifs de la jeune femme trônait un thermos.  « J'ai vu sur Facebook que tu étais sortie, d'habitude je nous préparais ça pour les hangovers trop féroces, je me suis dis que ça pourrait t'aider » énonçai-je en lui montrant l'objet rempli d'une mixture à l'apparence repoussante mais hyper bonne et saine. C'était moi ça, bienveillant même dans les pires situations. Puis je la regardais et les mon débit de paroles atteignit zéro, plus un mot ne sorti de ma bouche. Je sers le carton contre moi, comme pour m'ancrer à quelque chose si jamais elle en venait à se jeter sur moi, ce dont je doutais mais n'ayant jamais pris une fille pour une idiote auparavant je me basais sur les programmes latinos mal traduits qui passent en boucle à la télé à l'heure du repas.  « Tu as bonne mine en tout cas » prononçai-je sans vraiment réfléchir que juste avant je lui conseillais de boire ma potion pour les gueules de bois. Classe Eustache, comme toujours tu te surpasses.

box full of memories
— with Eustache

Je l'ai laissé entrer mais entre nous, je me demande encore ce qui m'a poussée à ouvrir cette porte de malheur, j'étais bien là, dans mon beurrage complet et ma gueule de bois. Observant l'extérieur, je soupire en m'agripant à la porte, je ne craquerais pas, hors de question, j'suis plus forte que ça, comme toujours. Refermant ainsi une fois le beau brun entré, je termine par me tourner vers lui, bras croisés, l'incitant à avancer et ne pas rester dans le hall. Arrow venant lui faire face, je regarde avec attention la scène et à sa phrase mêlée à son rire, mes yeux se portent instantanément sur lui. « Ca fait longtemps que je ne l'ai pas nourri, il t'attendait tu vois.. » amertume quand tu nous tiens, pourtant ça me bouffe, je l'adore, je l'aime... aimais.. c'est compliqué, il faut que je digère c'est encore trop frais. Le voyant s'accrocher au carton, par curiosité je jette un oeil en biais pour voir s'il a ramené mon soutif porte bonheur. Cool, au moins il sait fouiller. C'est alors qu'il reprend la parole, me montrant le thermos et son blabla me passe presque au-dessus de la tête si bien que je dois me faire violence afin de lui répondre avec un tant soit peu de civilité. « C'est beau ça, tu te préoccupe encore de comment je peux me sentir, c'est dommage que ça ne te sois pas venu.. comment dire.. plus tôt ? » fail. Bon on repassera pour le mode pacifiste hein. Je serre les dents et là c'est le drame, le blanc s'installe, néanmoins il fait l'erreur de reprendre la parole pour casser cet instant de pure gêne. Bonne mine après m'avoir suggérée de boire sa mixture de compétition ? Haheum. J'tend les bras vers lui pour prendre mes affaires, il doit avoir autre chose à foutre. Inspiration, expiration. Je lui souris. « Merci d'avoir pris le temps de me les ramener j'ai été un peu débordé ces derniers temps. » avec mon facebook et mon twitter si actif en terme de soirée, il n'avait pas pu passer à côté. J'étais studieuse à une époque, mais ça c'était avant, en ce moment j'avais besoin... d'autre chose.

 
Beaucoup aurait délégué ce moment aux amies de la jeune femme. Hey Blondine, j'ai pas le courage d'aller voir ta pote, tu lui ramènes ses affaires pour moi ? Moi, je n'étais pas comme ça. Une tonne d'adjectifs peut me correspondre mais je ne suis pas de ceux qui fuient leurs responsabilités, font l'autruche à enfoncer leur tête dans le sable et à attendre que cela se passe. Si Vanessa souffrait de notre séparation, je me devais de me comporter de manière respectueuse avec elle, une attention aux antipodes de notre séparation, qui l'a rendu ainsi en premier lieu. Au moins, mes essais avaient le mérite de réveiller le sens de l'ironie de la jeune femme et c'était un soulagement en soit, qu'elle puisse encore m'adresser la parole. Et la parole, elle eut du mal à ne plus la laisser filer presque. Animée par un besoin de me faire culpabiliser, elle répondait presque au tac au tac et j'avais envie de rire tellement la situation paraissait grotesque. Vanessa et moi étions amis, oui on est sorti ensemble peu après mais jamais je n'aurais imaginé qu'on en viendrait à ce genre de joute verbale pas très folichonne.  « Tu as raison .. » concédai-je, en la regardant droit dans les yeux. C'était sincère, je ne m'étais pas assez préoccupée d'elle pendant notre relation selon ses standards. De mon point de vue, je l'ai été mais pas comme elle l'aurait voulu, ou peut-être pas comme un copain se doit de l'être avec sa chérie. C'était ça aussi qui m'avait mis la puce à l'oreille, qui m'avait fait prendre conscience que si au bout de trois mois je n'arrivais pas à la chérir sans qu'on me le demande c'était que je n'étais pas pour elle et que j'étais un bien piètre petit ami. Au fond je l'ai soulagé d'un poids, elle ne le voit peut-être pas maintenant, mais ça viendra. Vint le silence, que j'ai décidé de briser en essayant d'apparaître aussi solaire que dans ses souvenirs, et peut-être que ça lui a demandé pas mal de travail en intérieur mais à l'extérieur elle laissait paraître une décontraction retrouvée. Je dis ça, j'emplois de grands mots quand même.  « Ouais, tu me racontes quoi de beau alors ? », j'étais vraiment intéressé quand je lui posais cette question. J'aurais pu continuer à faire un petit monologue sur ma vie mais à ce niveau-là, ça aurait été un peu pris pour de l'impertinence. Venir chez elle, lui remettre ses affaires et parler de moi aurait été une invitation au meurtre.

box full of memories
— with Eustache

Généralement, je suis quelqu'un de caractérielle, il le sait très bien, peu importe ce qui a pu se passer entre nous ces derniers mois, il n'en reste pas moins mon ami qui me connait un minimum. Seulement là tout de suite, je me sens comme une bombe à retardement, j'ai des trucs sur le coeur, j'ai envie de le foutre mal, qu'il culpabilise. Pourtant, mes piques ironiques ne comblent pas ce manque qui m'anime depuis quelques jours maintenant. Au fond, je m'en rend compte que je suis sûrement plus amochée que je ne l'imaginais comme nana. Gardant désormais le carton contre moi, je change de tactique et tente de paraitre plus... amicale. C'est pas gagné je le concède mais j'fais des efforts non ? Me pinçant les lèvres, je le scrute avec attention quelques secondes. Quoi de beau ? Ca me brûle la langue... bon sang j'ai besoin de lui demander, j'ai besoin et presque envie de savoir, seulement je ne suis pas certaine que la réponse me fasse me sentir mieux ou encore qu'elle m'aide à passer au dessus de ma crise de nerf passagère. Une part de moi sait qu'on était pas fait l'un pour l'autre, même si cela semblait être une évidence pour les autres, de manière interne, moi j'voyais que ça merdait grave. Soupirant, je termine par hausser les épaules en détournant mon regard de lui afin de partir dans le salon ou j'pose le carton sur un meuble. « Rien, je t'ai dis, ma mère était à l'hosto à cause d'une belle chute, ça va mieux, elle a la jambe cassée mais pas trop grave.. » j'appréhendais un peu ce qui allait sortir de ma bouche pourtant je m'tourne vers lui en l'invitant à venir s'asseoir sur le canapé d'un signe de main. « Et... toi ? » honnêtement, je m'attend à tout là. J'dois être un peu maso comme fille, tendre le bâton pour me faire battre, oh oui c'est trop cool.

HS : désolée c'est merdique

 
Si j'étais intelligent, j'aurais pu tourner les talons aussitôt qu'elle me libéra de cette grosse boîte qui m'encombrait les bras et mon appartement. Cela voudrait aussi dire que je suis méchant et je préfère être stupide et gentil, prendre conscience de l'erreur que j'ai pu faire en discutant un peu plus avec elle et me dire que c'était tout aussi criminel que nécessaire de ne pas disparaître pour autant. Laisser Vanessa tranquille était une option mais la sortir ainsi de ma vie ? Hors de question. Et j'eus bien raison car elle se confia à moi, par petits bouts mais c'était déjà une victoire que je chérissais.  « Plus de peur que de mal alors, même si elle aurait préféré se passer de la nourriture pro "j'te nique les papilles gustatives" de l’hôpital » je prenais connaissance de l'information et je tournai le tout à la dérision, une grande spécialité, qui je l'espère, aura l'effet de tempérer le ressentiment que je sens toujours de la part de Vanessa. Tout le monde n'était pas comme moi, à tendre l'autre joue une fois qu'on nous blesse, je devais me le mettre dans le crâne une bonne fois pour toute et arrêter ce forcing. Je devais partir, vite, pour son bien et pour éviter d'aggraver mon cas. La force des choses étant ce qu'elle est, je reste immobile, les bras croisés sur mon abdomen et je souris idiotement à notre discussion.  « Moi ? Pas grand chose, la fac, mon père, Lys, tout est tel que tu l'as connu » répondis-je en omettant tout de même mon déménagement. Pas sûr qu'elle apprécie que je côtoie tout un tas de nouvelles filles.  « T'as parlé avec Zakhar ? » Oui, j'osais demander ce que ses proches pensaient de moi. Non pas soucieux de mon image, qui, honnêtement, m'était égale, mais plutôt par soucis de ne pas la savoir seule. Ils étaient proches et j'espérais qu'il était dans les parages pour prendre soin d'elle.

box full of memories
— with Eustache

J'ai conscience de ne pas toujours être très simple à vivre, mais j'me soigne vous savez, j'prend souvent sur moi car j'reconnais que parfois je pète des plombs sans réelles raisons. Enfin là, je ne pense pas être complètement dénuée de sens, si ? J'finis par me demander. J'y tenais à cette relation moi, je pensais que lui aussi, c'est plus la façon dont ça s'est terminé. Si brutalement, si... anormalement... c'est ce qui me rend autant psycho. Maintenant, et me connaissant, il a prit le risque de me ramener mes affaires malgré tout ça alors j'peux bien faire un effort moi aussi. J'essaye. Vraiment. Je ne sais pas ce que ça donne visuellement parlant mais... mon cerveau fait de son mieux pour ne pas se la jouer Chucky. Assise sur le canapé, carton posé, je l'invite et je sens qu'il se détend un peu aussi, enfin il me semble. Il a beau être si "rayonnant" je sais que ce moment le stresse autant que moi, voir plus. Non. Il n'a pas le droit c'est lui qui a tout terminé sans préavis. « Oué tu l'as dis, elle déteste la bouffe là bas, c'est selon elle "inhumainement infect".. » j'sais très bien qu'elle est pas tombée seule, mon père adoptif avait du être encore bien amoché et dans l'élan d'une dispute... olala. Serrant le poing, cette simple pensée m'énerve, c'est pour ça que je suis partie, elle trouve ça normal pas moi. Et puis pourquoi je pense à ça, j'dois être en pleine préparation de plan criminel face à mon... ex. Ok. Il me répond finalement sur sa vie à lui et je lui voue un regard plus assassin que voulu. « Une vie bien occupée quoi, c'est bien.. » .. tu perds pas de temps. Oui ça je me contente de le penser, je peux être infecte quand je veux et ce n'est pas tant contre lui, encore une fois, je dois digérer. « Zakh ? » pourquoi il me pose la question ? « Brièvement, il sait qu'un truc va pas mais j'ai pas encore approfondie, on doit se voir demain.. » mon meilleur ami est actuellement la personne avec qui j'ai le plus besoin et le plus envie d'être, même si la présence d'Eustache a un côté.. apaisant. « Pourquoi tu m'as quittée ? » les yeux rivés sur mes doigts que je triture nerveusement, ça y'est, c'est sortie. Oups..

 

En venant ici je ne m'étais certainement pas imaginé être assis sur son canapé, comme deux bons amis discutant autour d'une tasse de café. Ces amis-là seraient complices, riraient à en perdre haleine, se chamailleraient même si on allait toucher du doigt le cliché, mais nous, il n'en était rien. Alors pourquoi me sentais-je si bien ? La question suscitait une demi-douzaine de réponses toutes plus cohérentes les unes les autres et je remerciais inconsciemment mon père qui m'avait poussé aux affaires et non à la psychologie. J'avais déjà du mal à faire le tri dans mes pensées tordus, voire farfelues, c'était une chance de ne pas essayer de décortiquer le raisonnement des autres. Déjà, je faisais un bel effort avec Vanessa, car elle m'importait, car elle restait là, présente dans mon coeur malgré tout. Je souriais idiotement lorsqu'elle commenta mon activité de ces derniers jours, vraiment, je le voyais le sous-entendu mais je ne voyais pas où était le mal. Mais je ne pouvais rectifier quoi que ce soit, aucune idées reçues puisqu'elle avait justement pris soin de ne pas les énumérer à haute voix. L'atmosphère était détendue et je me surprenais à trouver ce moment agréable, j'aimais être ici durant ces trois mois, avec son chien, sur ce canapé justement à se chamailler, à l'avoir contre moi et à regarder un film. Justement, j'aurais pu avoir n'importe qui contre moi je pense que j'aurais apprécié pareillement ce moment. Et peut-être parce que dame Nature est grande, voilà que Vanessa, sans le vouloir, venait de me fouetter à maintes reprises, vraie punition à la fois pour la pensée que je venais d'avoir ainsi que pour ce qu'elle vivait. Merci, c'était mérité. J'eus le souffle coupé, je balbutiais quelques mots avant de m'arrêter. « Je .. C'est pas vr .. », j'eus du mal à me concentrer, le souffle me manquait, je me sentais partir presque. Une syncope, une syncope pour me sauver s'il vous plait. Je pouvais toujours lui répondre avec précaution, car en vrai, je n'ai toujours pas de réponse à sa question.  « Je ne t'ai pas quitté, j'ai toujours envie de t'avoir dans ma vie, juste pas de cette manière .. Je suis désolé, t'imagines pas .. » Je me mords la lèvre, je ne comprenais en rien ce qu'il m'arrivait. Je savais juste que ce n'était pas elle, ni une autre d'ailleurs, j'étais perdu et j'étais victime d'un profond malaise, mon coeur se soulève, se presse, se tord. Je ne savais pas pourquoi je l'ai quitté, et ça me hantait comme ça la hantait elle.

box full of memories
— with Eustache

Je préférais encore éviter son regard là tout de suite, j'sais pas ce qui m'a poussée à lui poser la question.. tout ce que je sais c'est que ça me brûlais trop les lèvres et c'était évident que ça finirait par sortir. Je n'allais pas restée éternellement mauvaise et à me poser des questions sur cette histoire. C'est dur quand on sent que les choses échappent à notre contrôle et qu'on a aucune réelle réponse afin de mettre ses à prioris de côté. Il bafouille, j'crois que je l'ai mis autant mal à l'aise que je le suis dans l'immédiat. Mon regard se porte inconsciemment sur la télé éteinte dans le fond du salon alors que j'avale difficilement ma salive. Allé répond moi un truc, me laisse pas mortifiée sur place sans réagir, pitié. Je sens mon coeur battre comme un tambour, c'est atroce, je vais exploser de l'intérieur. Jouant avec mes doigts encore plus nerveuse que quelques secondes plus tôt, je finis par soupirer et quand il reprend la parole, mon attention se reporte lentement sur lui. Est-ce que c'est moi qui suis très suceptible ou bien c'est mon nouveau caractère de ces dernières semaines qui vient encore foutre sa merde ? Plissant les yeux, je soupire une nouvelle fois. « Je m'attendais à une réponse un peu plus... éclairante.. » haussant les épaules, je finis même par me demander s'il a la moindre idée du pourquoi du comment, seulement j'ai du mal à y croire, il doit forcément le savoir, l'inverse est impossible, 'fin je suppose non ? « Mais.. t'étais amoureux de moi au moins ou pas du tout et c'était un moyen pour toi de t'occuper la tête ? On est deux dans un couple, je pense pas t'avoir forcé la main.. jamais.. » allé continuons de l'enterrer un peu avec mes questions, je déteste me sentir impuissante comme ça mais si je veux pouvoir redonner une chance à notre amitié, j'ai besoin de me débarrasser de toute mes questions que j'aurais du lui poser plus tôt.