Are you gay ? ■ Tyler&Ethan

Le soleil tapait fort en ce début d’après-midi et j’étais littéralement en train de fondre de sueur dans le transat où je m’étais confortablement installé dans le but de bronzer un petit peu. Ma peau était déjà naturellement légèrement hâlée, mais j’aimais la couleur pain d’épice qu’elle pouvait parfois prendre lorsque je restais longtemps exposé aux rayons du soleil. Seulement, en ce moment précis, la chaleur m’étouffait plus qu’autre chose et je ne pus rapidement plus le supporter. J’eus donc l’idée lumineuse d’aller au parc aquatique dont j’avais beaucoup entendu parler depuis que j’étais arrivé au Summer Camp. Il était donc temps d’aller tester ce fameux parc où je pourrais profiter du soleil et de ses rayons tout en me rafraîchissant dans l’eau des nombreuses piscines à disposition.

Arrivé là-bas, je décidai de tout essayer. La piscine à vagues où l’on pouvait faire un semblant de surf – du moins, si l’on arrivait à tenir sur la planche plus d’une seconde, ce qui n’était malheureusement pas mon cas. Le jacuzzi dans lequel je faillis presque m’endormir tellement je m’y sentais bien. Et pour finir, l’immense toboggan aquatique qui faisait la fierté du parc et qui pouvait donner la chair de poule à n’importe quel fana de sensations fortes dont je faisais indéniablement partie. La descente ne durait que quelques secondes, mais c’était celle qui procurait le plus d’adrénaline de tout le parc. Et lorsque j’atterris dans l’eau de la piscine en bas, ce fut avec un grand splash qui éclaboussa plusieurs personnes nageant prudemment autour. Par contre, moi, je ne fus pas assez prudent et je mis beaucoup trop longtemps à me dégager de la sortie du toboggan. Ce n’est que lorsque j’entendis derrière moi la dernière personne à avoir fait la descente me crier de faire attention que je compris ma stupide erreur.

A peine eus-je le temps de me retourner – plus par automatisme que par réelle curiosité à savoir ce qu’il se passait, puisque je savais exactement ce qui était en train de se passer – que le gars finissant sa descente me percuta de plein fouet. Nous tombâmes tous les deux dans l’eau et la première chose que je fis après être remonté à la surface était de geindre de douleur.

- Excuse-moi, mec, j'ai pas géré, s’excusa le type qui m’était littéralement tombé dessus.

Je relevai la tête vers lui et mon expression changea du tout au tout. Elle passa de la douleur, à l’enchantement, pour finir par mon célèbre air de séducteur que j’avais à chaque fois que je rencontrais un mec à mon goût, ce qu’il était et même plus encore.

- Ah, t’en fais pas, le rassurai-je alors. C’est de ma faute, j’aurais pas dû rester devant la sortie du toboggan. Enfin, si des beaux mecs me tombent dessus à chaque fois, je veux bien recommencer, finis-je avec un petit clin d’œil et un sourire aguicheur.

Le jeune homme en face de moi sembla assez décontenancé par mon petit clin d’œil lubrique que je lui offris, juste après l’avoir charmé avec de belles paroles. Il jeta même des coups d’œil un peu partout, comme pour vérifier s’il n’y avait pas une caméra cachée quelque part. Malheureusement pour lui, il était simplement tombé sur moi, Tyler Liam Davis, très certainement le gay le plus désinhibé de tout Harvard – ou devrais-je plutôt dire « de tout le Summer Camp » en cette période de l’année. Et je pensais sincèrement que ce gars n’avait pas de chance d’être tombé sur moi, car s’il était hétéro ou simplement timide, je n’étais pas du genre à faire dans la finesse et allais très certainement finir par l’embarrasser.

- C'est gentil de ta part, me remercia-t-il du compliment tout à fait mérité. C'est pas souvent que l'on peut entendre ce genre de choses quand on percute quelqu'un, d'ailleurs rien de casser ?

J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche pour lui répondre que non, tout allait bien, qu’il inspecta rapidement mon torse – ce dont j’aurais été parfaitement consentant s’il avait décidé de continuer pour une inspection plus en profondeur – et qu’il enchaîna :

- De toute façon, ça se verra demain, peut-être un bleu ou deux.

Et il finit par me tapoter l’épaule comme si je faisais déjà partie de sa bande d’amis, ce qui serait tout à fait légitime après qu’il soit tombé sur moi de cette façon. D’ailleurs, ce geste fit un petit tilt dans mon esprit et je me demandai s’il serait finalement vraiment contre que je lui fasse du gringue.

- Je crois bien t'avoir déjà vu, c'est fou, continua-t-il avec un sourire amical.

Cette fois, je n’avais plus aucun doute sur mes chances de réussite. La vieille phrase bateau que l’on sortait lorsqu’une personne qu’on venait à peine de rencontrer nous plaisait en était la preuve. Après tout, je me le serais rappelé si l’on s’était déjà vu avant. Je n’oublie jamais un beau mec et il faisait partie de cette catégorie de canons inoubliables.

- Tu faisais quoi, d'ailleurs, devant, hein ? me demanda-t-il sans qu’il soit possible que j’en place une.

- Eh bien, je venais de descendre ce toboggan, puis-je enfin répondre, mais je ne m’étais pas rendu compte d’avoir autant traîné à l’arrivée. Tu me permets de t’offrir un verre ? Pour me faire pardonner de cette petite erreur qui nous aura fait plus de peur que de mal, au final, finis-je avec un sourire toujours aussi charmeur.

Je l’invitai donc à prendre un verre pour me faire pardonner de ce petit incident qui était entièrement de ma faute, ce qu’il accepta avec plaisir. Après tout, on ne refusait jamais une telle invitation, même si elle avait été proposée par un homme pervers aux intentions pas très catholiques comme je pouvais l’être. Mais bon, je n’avais aucunement l’intention de le violer rapidement dans un coin avant de m’enfuir en courant pour échapper à la police, il n’avait donc pas à s’inquiéter de ce côté-là. Par contre, j’allais tout de même tenter ma chance avec ce canon, bien que mon gaydar me signale que ce jeune homme, dont je ne connaissais d’ailleurs pas encore le nom, n’était pas du tout de mon bord.

Nous sortîmes ensuite tous les deux du bassin dans le but de rejoindre le bar du parc aquatique qui était à quelques mètres de là où nous nous trouvions. Mais avant, je récupérai ma serviette de bain pour m’essuyer sommairement le corps et les cheveux pour être à peu près présentable lorsque nous serions au bar – bien que l’on soit seulement habillé d’un simple maillot de bain, trempé qui plus est.

- Mais on ne s'est toujours pas présenté, s’écria-t-il soudainement. Je suis Ethan et toi ?

- Tyler, répondis-je alors, en répondant à la main qu’il me tendait poliment. Et maintenant que les présentations sont faites, let's go ! m’exclamai-je, avant de prendre la direction du bar avec Ethan.

Nous nous installâmes à une des nombreuses petites tables qui jonchaient la terrasse du bar, posant nos affaires sur le sol à nos pieds.

- Tu n'étudies pas à Harvard, par hasard ? me demanda alors le dénommé Ethan, tout en me dévisageant d’une manière que je trouvais quelque peu gênante – et je n’étais pas du genre à me sentir gêner aussi facilement –, mais le serveur du bar vint nous interrompre pour prendre nos commandes. Pour moi, ça sera une bière et pour toi ?

- Ca sera deux bières, alors, informai-je le serveur qui repartit vers le comptoir dans le but de préparer nos commandes. Eh bien, oui, j’étudie à Harvard. En même temps, avec le Summer Camp, je parie la grande majorité des jeunes que l’on rencontre ici viennent de Harvard, dis-je avec un petit rire. Tu es en quelle année ? Quelle maison ?

- Tu es de la police ? me demanda-t-il sur le ton de la plaisanterie, alors que je l’avais peut-être un peu trop submergé de questions.

Il faut dire que j’avais toujours été de nature très curieuse. Ajouté à cela que ce type m’intéressait beaucoup, je ne pouvais donc m’empêcher d’en apprendre un peu plus sur lui. Et puis, même si je risquais d’oublier toutes les informations qu’il pourrait me dire le concernant dans quelques jours à peine, cela faisait partie des règles de politesse de poser des questions de ce genre.

- Je plaisante, confirma-t-il ce que je savais déjà, ce qui n’empêcha pas mon esprit pervers de divaguer.

L’image d’Ethan jouant le suspect que je devais interroger m’apparut soudain et je me plus à imaginer utiliser la manière forte pour réussir à obtenir ce dont j’avais besoin. Une manière forte très plaisante qui faisait appel aux menottes et un viol qui n’en était pas tout à fait un puisque la relation était consentie.

- Eh bien, je suis en 6ème année d'architecture, m’informa-t-il, me faisant ainsi sortir de cette rêverie qui l’aurait très certainement fait fuir s’il savait lire dans les pensées. Enfin, j'étais, et je suis chez les Winthrop, mais je compte bien en partir... Et toi, qu'est-ce que tu étudies ? me demanda-t-il tout de suite, ne me laissant encore une fois pas le temps de répondre à sa remarque de quitter les Winthrop. Tu appartiens à une maison ?

- J’étudie les relations internationales et le japonais, répondis-je à mon tour. Et je suis également chez les Winthrop ! Mais pourquoi tu veux partir ? Ca ne te plait pas d’être dans une maison ? D’ailleurs, c’est étrange que je ne t’aie jamais vu. Depuis le temps que j’y suis… remarquai-je plus pour moi-même que pour Ethan.

Il était vrai que je ne connaissais pas personnellement tous les membres de ma maison, mais quand même ! Cela faisait cinq ans que j’y étais et, d’après ce que j’avais cru comprendre, Ethan y était depuis tout autant de temps, voire même un peu plus. Il était donc très étrange que je ne l’aie pas déjà croisé d’un façon ou d’une autre, surtout que je l’aurais remarqué ! Un beau mec comme il l’était ne passait pas inaperçu.

- Sinon mon cher, tu t'amuses bien au Summer camp ? Une copine ?

Je pris une longue gorgée de ma bière fraîche, tout en secouant la tête de droite à gauche. J’avais bien entendu remarqué son usage automatique du féminin pour savoir si j’avais quelqu’un dans ma vie, une preuve de plus me confortant dans l’idée qu’il était hétérosexuel. Car ces derniers avaient la très fâcheuse habitude de penser que tous les mecs non-maniérés qu’ils croisaient étaient forcément de leur bord. Mais ce n’était pas tout le temps le cas, et j’en étais la preuve vivante.

- Nope ! Je suis libre comme l’air ! Ce qui fait que je m’amuse d’autant plus à ce camp, ajoutai-je avec un clin d’œil complice. Et toi ? Tu as sort avec quelqu’un ?

Au moins, je serais tout de suite fixé quant à mes chances de l’avoir dans mon lit.

Ethan sembla totalement impressionné, voire même plutôt étonné, en m’entendant lui résumer les études que je faisais à Harvard depuis maintenant cinq ans, et cela m’aurait très certainement un peu vexé si j’étais le genre de mec à prendre la mouche facilement, ce qui n’était pas du tout le cas – d’ailleurs, je crois que rien ne pouvait m’atteindre vraiment, en fait, ce qui était un peu inhumain lorsqu’on y repensait… Mais bon, ce n’était pas parce que j’avais un physique de rêve qui en faisait craquer plus d’un (et, malheureusement pour elles, plus d’une aussi) – oui, la modestie ne faisait toujours pas partie de mes qualités, et pourtant, je n’en manquais pas ! – que j’avais forcément ce qu’on appelait communément un QI d’huître. Il existait des canons de beauté – comme moi – aux capacités intellectuelles plus développés que cet acteur de films d’action belge qui devait certainement fumer la moquette et/ou les rideaux de sa chambre tous les matins. Comme il pouvait aussi y avoir des personnes au physique un peu douteux, totalement cons – ils n’étaient pas tous scientifiques comme pourrait nous le faire croire cette série que j’adorais tout de même, The Big Bang Theory.

- Non, ce n'est pas étrange que tu ne m'aies jamais vu, me rassura-t-il sur mes capacités d’observation que je commençais sérieusement à mettre en doute. D'abord, ça fait à peine un an que je suis ici et je suis très discret, m’expliqua-t-il. Je ne connais aucun type, mais maintenant, oui, toi... Pourquoi je veux partir ? Je ne sais pas, je crois que j'ai assez grandi et que j'ai besoin d'énormément d'indépendance, de place, pour pouvoir inviter qui je veux, mais aussi pour pouvoir faire des trucs pas très catholiques à tout moment, si tu vois ce que je veux dire.

Et il n’avait pas besoin de m’expliquer plus en détails ce qu’il voulait dire pour que je comprendre parfaitement le sous-entendu. Et bien que je puisse comprendre son envie et besoin d’indépendance – il était toujours plus agréable d’avoir son propre chez-soi –, j’avais un peu plus de mal à le cerner en ce qui concernait les invitations spéciales. Après tout, personne chez les Winthrop ne s’était jamais plaint des allées et venues des filles ou garçons qui passaient exceptionnellement la nuit dans nos chambres. Je ne m’étais jamais privé d’inviter certaines de mes conquêtes dans mon lit et jamais qui que ce soit ne m’en avait fait la remarque – et encore heureux, sinon je lui aurais gentiment dit d’aller se faire foutre (et pourquoi pas par moi, justement). Enfin, peut-être que cela posait plus de problème à Ethan.

- Moi... J'ai plusieurs copines en même temps... répondit-il et je levai un sourcil, intrigué par sa réponse.

Non pas que cela me choquait – après tout, il faisait ce qu’il veut –, mais l’information principale que j’en retirais était qu’il était définitivement hétérosexuel, ce qui me déçut tout de même un peu, je devais bien l’admettre.

- Non, je plaisante, précisa-t-il, provoquant un léger rire de ma part. Oui, je sors avec quelqu'un. Solweig Baker, elle est beaucoup plus jeune que moi, tu serais étonné si tu ne la connais pas déjà... C'est bizarre qu'un si bel homme que toi soit encore seul, continua-t-il ensuite, relançant soudain mon intérêt pour sa personne. Je me jetterais sur toi si j'étais libre, tu dois être très sélectif.

Il n’était finalement pas si hétéro que ça, finalement ! Un bisexuel, très certainement, ce qui relançait le jeu de la séduction. Pas que j’aurais arrêté en apprenant son hétérosexualité, mais au moins là, j’avais une chance d’aboutir à quelque chose.

- Serais-tu en train de me draguer ? demandai-je alors avec un sourire tout aussi ravageur que celui qu’il était en train de m’adresser. Attention, ta copine risque de ne pas être très contente si elle venait à l'apprendre.