Brioman ► We should believe in our heaven

BRIOMAN

6 février. Certaines choses ne sont plus comme avant, après trois ans à enchainer les passages plus ou moins long à l’hôpital il serait difficile de ne pas arriver à un tel constat… Qui ne ressort pas différent d’un long combat contre le cancer ? Impossible de parler davantage de mes problèmes et de mon mal-être cependant. J’intériorise depuis mon plus jeune âge et je m’en suis toujours sorti de la sorte, pourquoi faire autrement ? Pourquoi emmerder les autres avec mes petits soucis alors que d’autres continuent de lutter contre la maladie ? Pendant que d’autres se battent pour survivre et subissent sans avoir leur mot à dire ? Ma souffrance représente la plus grosse partie de ce que l’on pourrait appeler mon Jardin d’Eden, personne n’y a accès à moins d’assister à un élan de sensibilité de ma part, l’alcool aide parfois à délier ma langue mais ce soir je ne suis ni d’humeur à me livrer ni suffisamment alcoolisé pour être facilement poussé à le faire. Briony me connait par cœur, elle n’insiste donc pas lorsque j’utilise une demi-vérité pour justifier ma fatigue et mon essoufflement. Il me reste beaucoup de choses sur lesquelles travailler, beaucoup de pain sur la planche. Parlons plutôt de sujets joyeux, les fêtes par exemple, ce que cela peut me manquer de faire la fête comme avant, de pouvoir enchainer les verres jusqu’à ce que je roule par terre et danser jusqu’au bout de la nuit. « Je n’hésiterais pas à le faire, quand tu veux où tu veux ! » Je la défie, prêt à prendre quelques risques et à laisser les conseils beaucoup trop préventifs de mes médecins. Il est l’heure de diner et j’opte pour un menu pas aussi important quantitativement qu’en temps normal, quand je viens au McDonalds je mange comme douze après tout. Un maxi best-of et une petite boite de nuggets pour la forme, ce soir je teste mon estomac et sa capacité à digérer comme avant. « Tu es une très mauvaise vendeuse, tu ne m’as pas du tout donné envie de sortir de ma zone de confort ! » C’est de sa faute d’abord si j’ai opté pour un classique. Encore plus lorsqu’elle me dérobe une nugget en invoquant la remise à zéro de nos ardoises respectives, de quoi me faire réagir et prendre un air choqué (#choquerdéçu) et théâtralement indigné. « Comment oses-tu ? Une frite contre une nugget ? Il faudrait au moins dix frites pour justifier un tel prix ! »

Quand tu arrêteras de me donner ce qu'il faut pour être inspiré.

(Invité)