Le Ying et le Yang, deux astres se jouant l'un de l'autre, se faisant tour à tour de d'ombre car mes forces sont ses faiblesses et réciproquement. Ses yeux viennent à la rencontre des miens tapis dans l'ombre et sans les voir au travers du rétroviseur, ses lèvres crachent à nouveau: « Deux mains gauches qui pourraient bien sauver ta misérable peau alors ne les critique pas trop. » C'est à voir car je n'ai nul besoin d'être chaperonné. Mais çà, ce n'est que par pure fierté. Non, je n'aurais plus le sang d'un autre flic sur les mains, je me le suis juré. Alors même si ce gratte papier endimanché fout le pied dans les emmerdes, je suppose qu'il me prendra l'idée suicidaire de venir l'épauler. « Parce que tu as une tête de brigand. Tu es le flic qui a l'apparence la plus malhonnête que je connaisse» Merci du compliment... «, et parce que tu es bon au bluff, on ne sait jamais vraiment pour quel camp tu joues. Mais tu ne le savais pas déjà ? Je t'apprendrai quelque chose pour une fois ? » Parce qu'on doute à présent de mon intégrité? Forte intéressante révélation. Il est vrai que je n'ai pas toujours été des plus réglos aussi bien sur le papier que sur le terrain mais j'ai toujours œuvré pour ce qu'en quoi je crois depuis l'obtention de mes galons.
Après quelques minutes la berline s'arrête dans la cours d'une résidence bien stylée. Il est temps, temps de ranger l'arme, de la dissimuler, temps d'aller faire ce pourquoi nous avons été envoyés, c'est-à-dire emprunter d'autres identités. Alors je revois un à un les différents points de ce plan que me semble de plus en plus foireux: un rendez-vous avec un dealer local pour discuter - aimablement - de notre fournisseur dénommé Rodriguez qui ne s'est jamais pointé et que nous soupçonnons avoir gouté à l'hospitalité de ces derniers.
Alors mon sou fifre s'exécute en sortant du véhicule et vient m'ouvrir la portière, attendant de voir la tête pensante de l'opération prendre ses aises. « Tu vois quand tu veux ». Je réajuste le pan de ma veste soucieux du moindre détail car dans quelques secondes nous serons tous deux confrontés à mon petit quotidien que j'ai il y a un an laissé derrière. A l'entrée deux hommes de main prennent le temps de contrôler nos identités et bien évidemment, les armes sont aussitôt confisquées pour "leur" sécurité. Mais ce n'est pas une silhouette qui nous attend à l'intérieur du bâtiment, ni deux, ni trois. Plongés dans une réunion pour dealers locaux: Boston, Milton, Cambridge, Newton, Dedham, tous les quartiers sont représentés pour se recueillir autour de la dépouille de l'un des leurs. Et à l'instar de Sam Beckett, je ne peux que soupirer un « Oh bravo » lorsque je les vois tous affairés autour d'un cercueil, l'un d'entre eux se levant vers nous dans l'unique but de nous saluer mais n'en restant pas moins méfiant. Alors d'une poigne forte j'entame les hostilités. « Thorpe, son remplaçant. Et Daguet mon bras droit. » puisque tout ceci n'est que pure impro.
- Spoiler:
Dsl de la longueur :doh:
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