(AZMY) do i wanna know?

Pourquoi, pourquoi est-ce que c’est toujours compliqué? Pourquoi est-ce qu’on peut pas juste être heureux pendant un moment? Il n'y arrivait pas; à montrer ses sentiments, à en parler, à les laisser l’envahir. C’était comme si quelque chose en lui les bloquait et lui donnait cet air vide sur le visage, comme s’il s’en foutait pas mal de ce qu’il se passait. Pourtant, il n’était pas vide à l’intérieur. Il était triste, jaloux, en colère, tourmenté, blessé. Elle claquait la porte de sa chambre et il clignait des yeux, encore perdu au milieu de tout ça. Il resté planté devant la porte à entendre le bruit sortant de sa chambre. Il fixait la poignée mais il n’arrivait pas à approcher ses doigts. S’il sortait, il n’était pas sûr de revenir. Et il ne voulait pas sortir parce qu’il revoyait ses yeux remplie de larmes. Il revoyait l’expression sur son visage. Il ne voulait pas la faire souffrir, pas encore. Sauf que lui aussi il souffrait, et elle n’avait pas l’air de s’en rendre compte. Alors il prit quelques secondes à laisser son regard se perdre dans l’appartement, son souffle se faisant de plus en plus vite et il se dirigea vers la chambre avant d’ouvrir la porte. Il attrapait son bras fermement, l’arrêtant alors qu’elle se défoulait sur le meuble, sa jambe était toute rouge. ”Arrête”, il disait presque comme un ordre, cherchant son regard.

Tape. Tape encore. Laisse tout sortir même si ça fait mal. D'toute façon tu perds à chaque fois. Mais putain, ça faisait mal. Ses réactions, son regard, tout. Il me faisait mal. Et peut être bien que je lui faisais mal en retour. Peut être que savoir qu'Alex m'avait embrassé, ça l'déchirait mais.. J'pouvais rien faire contre ça. J'pouvais juste être là, le choisir encore une fois. Le vouloir lui. Le persuader que ça changeait rien. Mais c'était Tom. Il écoutait pas. Pas quand il avait ce regard là. Alors j'me défoulais sur ce que je pouvais. Il était partit de toute façon. Ou pas. Non, la porte s'ouvrait alors que ma rage était toujours présente et il me stoppait d'un coup. Mon bras tenu par sa main. Arrête. Et si j'veux pas ? T'en fais quoi si j'veux pas arrêter ? Mon regard croisait le sien une fois de plus. Tu veux que j'te dise quoi Tommy ? T'attends quoi de moi maintenant ? J'voulais pleurer. Le frapper lui aussi. Mais j'faisais rien. C'était à mon tour d'être vide maintenant. J'inspirais pour calmer les tremblements. Je dégageais mon bras de son emprise tirant d'un coup sec. Putain je te déteste quand tu m'renies comme ça. Tu veux t'en aller ? Vas t'en. C'était froid et sec. J'étais jamais comme ça avec lui. C'était la première fois. J'reculais d'un pas. Puis deux. Butte contre le meuble, regarde le avec colère. Si t'agis comme ça à chaque fois, vas t'en. J'te laisserais pas me bouffer de cette façon.

Ça lui avait fait un peu peur de la voir comme ça, à taper dans le bois, à laisser la rage prendre possession de son corps. Ça lui avait fait peur de se dire qu’il en était à l’origine. Une fois de plus, il faisait passer les sentiments d’Azraël avant les siens. Pas de temps pour réfléchir, faire le vide dans son esprit, penser à tout ce qu’elle venait de lui dire, pas le temps quand elle était comme ça. Peut-être que c’était un manque de confiance de la part de Tom, à croire qu’Alexander allait la faire tomber dans ses filets. Mais elle aussi elle ne s’attendait pas mieux de sa part. Elle le voyait toujours partir, la laisser tomber, ne plus rien ressentir pour elle même si il lui affirmait le contraire. Ils étaient trop têtus, trop enfermés dans leur silence et ça faisait souffrir tout le monde. Il détestait le ton de sa voix, ça le heurtait en plein ventre. Et puis elle dégageait son bras et il ne bougeait pas. ”T’arrêtes de toujours voir ça en moi, oui?”, il avait presque hurlé, une teinte de néerlandais venant perturber son parfait accent anglais. Il avait été aussi surpris qu’elle, il avait l’habitude d’être calme et il était incapable de se rappeler de la dernière fois où il avait élevé la voix. Putain, Azraël, je veux pas te parler comme ça. ”T’as toujours pas compris que j’ai pas envie de m’en aller? Que si j’agis comme ça c’est parce que ça me terrifie de te perdre? Que ça me rend fou de pouvoir imaginer quelqu’un d’autre avec toi?”, il avait tout de suite continué, la voix rauque toujours aussi élevée. Et si il avait embrassé quelqu’un lui? Elle lui aurait fait un câlin et aurait tout oublié peut-être? Elle était gentille mais elle avait pété un cable en le voyant seulement parler avec quelqu’un d’autre à l’université. ”Tu crois que ça me fait rien de me rendre compte que t’avais annulé notre rendez-vous pour aller acheter un appartement avec lui?” Tu penses à ce que je peux ressentir, moi aussi, Az?

J'te laisserais pas me faire croire que tout est toujours de ma faute. J'en avais marre de culpabiliser pour tout. D'être enceinte mais pas de lui, qu'Alex m'ait embrassé. Non, ça me fatiguais vraiment. S'il était pas capable de me faire confiance au moins un peu, qu'il s'en aille. Parce que j'pouvais pas passer mon temps à taper contre les meubles en espérant que les choses finissent par aller mieux. Et il hurlait soudainement m'faisant sursauter. Pourquoi tout le monde m'hurlait dessus ces derniers temps ? J'avais envie de pleurer encore plus mais j'me mordais la lèvre pour me retenir le laissant reprendre la parole. Et.. Putain si. J'comprenais. J'comprenais totalement parce que je ressentais la même chose pour lui à chaque seconde. Mais c'était pas comme ça qu'on arriverait à vivre une belle histoire. C'était pas en s'bouffant et en coupant toute communication qu'on pourrait avancer. Non. Tu comprends pas Tommy. T'essaie pas de comprendre. C'était dingue. Ça m'rendait folle de rage. Putain mais écoute moi pour une fois. Ecoute moi pour une fois. C'était ce que je voulais. Qu'il m'écoute pour de vrai. J'suis désolée ok ? J'voulais pas te faire de la peine, j'voulais pas que t'imagines des choses. J'croisais les bras sur ma poitrine plantant mon regard dans le sien avec conviction. Fallait qu'il me croit parce que putain, encore une fois je ne lui mentais pas. Oui je suis allé acheter cet appart avec Alexander. Oui, j'ai annulé notre rendez vous pour ça. Mais quand je l'ai choisis, j'arrêtais pas de dire que j'espérais qu'il te plaise parce que.. J'haussais les épaules me décalant pour lui tourner le dos. Parce que j'voulais que t'y viennes avec moi. J'marchais jusqu'au lit m'asseyant finalement dessus. J'tiens à toi aussi. Et j'veux certainement pas te voir avec quelqu'un d'autre et bordel, regarde l'état dans lequel je me met à chaque fois que ça dérape toi et moi. Est ce que t'as l'impression que je vais te laisser ?

Habituellement, dans une situation comme ça, il serait parti en courant sans se retourner. Mais c’était Azraël et il ne pouvait pas se résigner à l'abandonner. C’était donc ça leur première dispute? Ça craignait. Il détestait ça, ce qu’ils se faisaient tous les deux. Il voulait que ça s’arrête, et tout de suite. ”Si. Si, j’essaye de comprendre. Tu t’en rends juste pas compte”, il avait répondu, cette fois la voix beaucoup plus calme. Elle était aveugle, elle ne voyait pas ce que Tommy ressentait pour elle, et si ça se trouve ce que Alex pouvait ressentir pour elle. Elle était trop occupée à se dégrader et il avait toujours détesté ça en elle. Et puis il la laissait parler, plongeant ses mains dans ses poches, reprenant son souffle petit à petit. Elle s’asseyait sur le lit et il prenait un temps pour la fixer, l’admirer; ses cheveux qui retombaient sur ses épaules, les rayons de soleil qui rendaient ses yeux verts émeraude, ses lèvres qui l’appelaient. Elle était tellement belle et il était tellement faible. Il s’avança avant de s’asseoir, frottant nerveusement ses mains avant de tourner la tête vers elle. ”Hey”, il lui chuchotait doucement pour qu’il puisse poser son regard sur le sien. Il déposait ses doigts presque timidement sur ses cheveux, les yeux toujours déposés sur les siens, sentant son souffle sur ses joues. ”J’suis désolé. C’est pas à toi que j’en veux.” Et puis il laissait ses mains glisser sur ses joues, son pouce venant frôler sa lèvre inférieure. ”J’compte pas te laisser non plus. Tu le sais ça, non?” Parce que c’était important qu’elle le sache.

Parce que merde, j'allais tellement pas le faire. J'voulais pas le faire. J'avais besoin de lui, de sa peau, de sa voix. Est ce qu'il comprenait au moins ? Est ce qu'il s'rendait compte de l'état dans lequel j'pouvais être quand j'avais la sensation qu'il était en train de m'échapper ? Parce qu'il me rendait malade ouais. Alors comprends que je tombe amoureuse de toi. C'était la bombe à ne peut être pas lancer. Pas maintenant. Mais j'avais eu besoin de lui dire. Parce que c'était ce que je ressentais à ce moment même et j'voulais pas qu'il doute de moi. Mais je perdais pieds dans tout ça. J'voulais pas me déchirer avec lui. Et il venait s'asseoir à mes côtés, j'bougeais pas jusqu'au son de sa voix. Là, j'tournais mon regard vers lui et au fond, j'le suppliais d'arrêter les querelles. Ses doigts sur mes cheveux, mon souffle qui s'accélère. C'était ça l'effet Tommy. J'suis désolée aussi, j'devrais comprendre que ça te blesse. Que je chuchotais doucement. Mais j'avais du mal à garder l'esprit clair quand il m'touchait comme ça. Quand ses doigts venaient doucement effleurer ma lèvre inférieure. J'en frissonnais même. Alors reste avec moi. Arrête de me fuir, de fuir quand un truc ne va pas. J'faisais glisser mes doigts jusqu'à lui approchant mon visage du sien. Mon dieu ce qu'il était beau. Et mes lèvres venaient trouver les siennes, doucement. Puis avec un peu plus d'insistance. Pourquoi t'emménagerais pas ici Tom ?

Alors comprends que je tombe amoureuse de toi. Il avait cru l’imaginer mais elle l’avait bien dit. Ça résonnait dans sa tête, ça rendait ses muscles tous engourdis. Et pourtant, il n’avait rien dit en retour. Pas parce qu’il ne ressentait pas la même chose, parce que parfois il y avait des choses qu’on ressent tellement fortement qu’on est incapables de les traduire avec des mots. Alors il la regardait, parce qu’il ne suffisait que d’un regard, un regard qui pouvait en dire long. Moi aussi. Et il ne s’en était pas vraiment rendu compte jusqu’à maintenant. Elle chuchotait et il pouvait sentir les battements de son coeur ralentir, ou accélérer, il ne savait plus ce qu’il ressentait quand elle le regardait comme ça. C’était fini, alors? Ils étaient passés au-dessus de tout ça? Il pouvait arrêter avec la peur et la colère? Ça faisait du bien. Tellement de bien. Reste avec moi. Il n’avait pas le temps de répondre. Il n’avait pas envie de répondre. Elle l’embrassait et c’était ça qu’il voulait, quand ses lèvres étaient sur les siennes et que le temps s’arrêtait, que rien autour d’eux n’existait. ”J’veux pas qu’on parte trop vite, Az. C’est pas pour autant que je veux pas passer tout mon temps avec toi.” Et puis regarde comment ça peut dégénérer. J’veux pas prendre le risque, c’était ce qu’il ne lui disait pas mais ce qu’ils savaient tous les deux. Il voulait prendre son temps avec elle, à faire les choses bien, à ne pas la perdre. Ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas confiance en eux ou en leur relation, il savait juste que parfois aller trop vite pouvait faire plus de mal que de bien. Et puis il venait de retrouver Nienke et il n’était pas encore prêt à la quitter. Il avait cru la perdre pendant les prises d’otages et il voulait encore veiller un peu sur elle. Et puis peut-être qu’il avait un peu peur de s’engager aussi, parce que mine de rien c’était quelque chose qu’il n’avait jamais fait avant.

Bien sûr que c'était précipité et que ça pouvait faire peur. Peut être qu'à sa place, j'aurais pris mes jambes à mon cou sous l'impact de la demande. Mais c'était ce que je voulais. Qu'il reste, qu'il passe une éternité ici, avec moi. Pouvoir le voir en me réveillant le matin. M'endormir chaque soir avec ses bras autour de moi. Mais dans tout ça, j'étais consciente. Consciente qu'on parlait de Tommy là et que je risquais de prendre un non meurtrier en plein visage. Ouais.. Ne pas aller trop vite. C'était techniquement le genre de chose j'faisais. Ne pas m'engager, repousser les gens, mettre des barrières. Mais pas avec Tommy. Parce qu'il y avait ce truc que j'ressentais pour lui qu'était beaucoup plus fort que ce que j'avais pu connaître par le passé. J'peux peut être quand même te donner le double des clés ? Et tu viens quand tu veux. Ca engageait moins tout en étant sérieux. Ouais. J'savais pas trop ce qu'il pouvait en penser mais j'avais la conviction que ça pouvait réellement marcher si on arrêtait de s'bouffer comme on venait juste de le faire. Regarde comme t'es dépendante à lui. Tellement. Il avait même de l'influence sur mes humeurs, c'était dingue. Il arrivait à faire changer mon état d'esprit d'une seconde à l'autre sans que j'arrive vraiment à comprendre comment, mais il le faisait. Et j'venais l'embrasser une nouvelle fois, avec plus d'envie, plus d'insistance. Presque comme si je cherchais à maltraiter ses lèvres.

Il avait peut-être vingt-trois ans mais il n’avait jamais eu de relations sérieuses qui impliquait un déménagement, un vrai engagement sur le long terme. Alors quand il voyait l’expression sur son visage et la conviction dans sa voix il savait ce qu’il se passait. Un changement. Un truc qui n’était jamais arrivé avant. Il était vraiment attaché à elle. Pas comme il avait été attaché aux autres. Mais, ça allait trop vite. Beaucoup trop vite à son goût. Ils étaient ensembles depuis moins d’un mois et elle lui proposait déjà les clés de son appartement, alors, oui, ça lui faisait peur. ”Ça m’plairait bien, oui”, il finissait pas répondre avec un sourire, parce que finalement, il n’arrivait pas à dire autre chose que ça. Il ne voulait pas lui faire de la peine et, au fond, c’était un peu ce qu’il ressentait aussi. Et il l’embrassait en retour, intensément puis en douceur, comme quand on a eu peur de perdre quelqu’un et qu’on finit par le retrouver. Le contact de sa peau sur la sienne le faisait frissonner, ça mélangeait tout dans son cerveau et il ne pouvait plus penser à rien, sauf à elle. Elle était là et elle était magnifique.