(AZMY) do i wanna know?

J’arrive. Il n’avait pas hésité une seconde, attrapant ses clés et sa veste dans la volée. Il avait encore trente minutes de travail au laboratoire mais il s’entendait bien avec l’autre assistant et il avait accepté de le couvrir. Il ne l’avait pas dit à Azraël, il ne voulait pas qu’elle se sente coupable, ce qui lui arrivait assez souvent récemment. Il lui avait dit qu’elle comptait pour lui, qu’il n’allait pas la laisser tomber, et il ne comptait pas le faire. Il était à mi-chemin quand il s’était rappelé qu’elle avait déménagé. Elle avait été assez étrange sur ce sujet, ne lui donnant pas vraiment d’informations mais il n’avait pas cherché à comprendre. Il connaissait l’immeuble où elle était maintenant, le numéro de l’appartement ne lui revenait pas en tête. Vous ne connaissez pas le numéro de l’appartement d’Azraël? Elle vient de déménager, il avait demandé au concierge, une fois arrivé. Azraël, vous dîtes? Ça ne me dit rien. Il avait haussé un sourcil, elle était nouvelle, c’était sûrement pour ça. Strudwick?, il avait demandé, un peu sans réfléchir. J’ai un Alexander Strudwick au troisième étage. Il n’avait pas pu s’empêcher de rire. Je crois que vous faîtes erreur. Ce n’était pas aussi drôle pour lui. Pourtant son nom est sur le chèque. Il l’avait remercié avant de monter dans l’ascenseur, les mains dans les poches. C’était une blague? Elle s’était foutue de sa gueule depuis tout ce temps? C’était impossible. Il la connaissait. Elle ne mentait pas. Il prit quelques secondes avant de sonner, l’air aussi détendu que possible.

J'savais pas trop ce qui m'avait prit mais.. J'avais besoin de le voir. De lui faire comprendre à quel point je tenais à lui. J'savais pas tellement s'il s'en rendait compte en fait. Peut être pas. Alors ouais, j'avais livré un peu par sms même si je n'étais vraiment pas douée avec ça. Mais j'avais tenté. Et plutôt qu'attendre la soirée pour pouvoir le voir, il venait maintenant. Ce qui avait le don de me faire sourire idiotement. L'effet Tommy dirais t'on. Je passais un coup de peigne dans mes cheveux avant de me diriger vers la cuisine. C'était bizarre d'avoir emménagé ici. C'étaiit.. Plus grand. Spacieux. En dehors de mes moyens. Mais j'étais bien ici. C'était un peu comme un nouveau départ en fait. Puis j'en avais besoin. Y avait la sonnerie qui retentissait et mon coeur qui s'emballait presque aussitôt. Peut être qu'un jour je me ferais à cette sensation. Posant la tasse que j'avais sortie au préalable, j'partais en direction de la porte pour ouvrir. Ce serait la première fois qu'il viendrait ici et c'était quand même beaucoup plus glorieux que ce qu'il avait pu voir auparavant. Ouais, totalement. T'es là, j'souriais presque timidement avant de me surélever pour lui voler un baisé. Tu m'as manqué tu sais ? Que je chuchotais après. Ouais, tellement.

Il n’avait pas vraiment eu le temps de réfléchir. Rez-de-chaussé. C’est juste un malentendu. Il y a sûrement une explication rationnelle à tout ça. Une explication qui n’implique pas Alexander. Premier étage. Elle était bizarre dans les sms à lui rappeler à quel point il comptait pour elle. Elle lui cache quelque chose. Il s’est passé un truc entre eux. Deuxième étage. Il s’est rien passé. C’est son frère. Merde, non, c’est le gars dont elle est enceinte. Ça n’a aucun sens. Troisième étage. Peut-être que Tommy était juste une couverture, parce que sortir avec son frère adoptif ça passe pas très bien auprès des autres. Non, Azraël, elle s’en fout des autres. Tin-tin. T’énerves pas sur elle. Et puis elle ouvrait la porte et il l’embrassait doucement en retour. ”Moi aussi”, il chuchotait avec un petit sourire, parce que c’était vrai après tout. Elle l’entraînait à l’intérieur et il prenait une seconde pour se remettre les idées en place. C’était un bel appartement, beaucoup plus grand et luxueux que le précédent. Un bel appartement qui était sous le nom d’Alexander. ”C’est beau”, il lui disait, les mains dans les poches. ”Tu te plais ici?”, il demandait calmement.

A chaque fois qu'il était prêt de moi, je me rendais compte à quel point je me languissais de sa présence. J'aimais être avec lui. J'aimais pouvoir jouer avec les boucles de ses cheveux, redessiner les traits de sa mâchoire à l'aide mes doigts, sentir son odeur et enfouir ma tête dans le creux de son coup et par dessus tout, j'aimais pouvoir l'embrasser. J'aimais sentir ses lèvres sur les miennes, coller mon corps contre le sien. Ouais, j'avais définitivement un truc avec Tommy, un truc que je pouvais pas expliquer mais qui m'poussait à le vouloir toujours plus. Puis j'aimais la douceur dont il faisait preuve quand il m'embrassait en retour. J'me mordais la lèvre avec envie souriant finalement. J'étais heureuse qu'il soit là. J'attrapais sa main l'entraînant à l'intérieur avant de refermer derrière nous. Puis je le lâchais venant récupérer ma tasse alors qu'il prenait la parole. Oui, c'est mieux que l'endroit où j'étais. Tu trouves pas ? Plus lumineux, plus grand, mieux située. Ouais, y avait pas photos pour le coup. Y a des chambres, j'ai plus à dormir sur mon clic clac et.. Et c'était cool. J'aimais vraiment être ici pour le coup. J'regardais à nouveau Tommy avec un petit sourire. Tu l'aimes bien toi ? J'voulais savoir parce que j'avais un truc à lui demander après.

Elle lui avait manqué. Beaucoup, même. Ils s’étaient revus trois ou quatre fois depuis qu’ils s’étaient mis ensemble. Ça lui avait fait du bien de l’embrasser, de la contempler, de la toucher sans se poser de questions. Ils avaient été sur leur petit nuage et tout semblait trop parfait pour être vrai. Maintenant, il en avait la confirmation. Elle avait l’air heureuse, vraiment heureuse, et il ne l’avait jamais vraiment vu comme ça. Il se demandait s'il en était la raison ou s'il s’était planté sur ça aussi. Y a des chambres. Il y en avait une pour Alexander aussi? Ou est-ce qu’il se contentait de squatter celle d’Azraël? Plus le temps passait plus ça le rendait fou. Il lui tournait le dos pendant qu’elle parlait, fixant la vue depuis la fenêtre. ”Ouais”, il lui répondait dans un souffle. C’était parfait pour elle. ”Ça a plu à Alexander aussi?”, il demandait en se retournant pour se retrouver face à elle, quelques pas les séparant. Elle avait la bouche ouverte, prête à parler mais il avait été plus rapide. Il détestait l’expression qui avait pris place sur son visage à présent. ”Ou est-ce que j’étais censé ne rien découvrir?”, il avait continué, la mâchoire serrée, incapable de cacher la tristesse dans ses yeux. Ne me mens pas, Azraël, pas toi.

Ou peut être que je me précipitais un peu trop. Que je devrais garder ça pour plus tard. J'voulais pas le faire fuir à peine arrivé, j'voulais pas le voir claquer la porte et s'en aller. Mh, il était probablement préférable de garder le silence un peu plus longtemps sur mes demandes. Histoire de garder intact la petite bulle de prospérité qu'on s'était créé. C'était moi ou y avait un truc qui le tracassait ? Un truc qui l'obligeait à me tourner le dos alors que le son de sa voic était en train de changer. Come on Tommy, qu'est ce que j'ai encore fait ? Alexander. C'était la réponse. Mais pourquoi cette question ? Je l'avais pas mentionné, j'avais rien dis et.. Il m'avait semblé qu'il ne voulait plus vraiment parler du fait qu'il était le père. Pourquoi le faire revenir sur le tapis maintenant ? J'ouvrais la bouche alors qu'il faisait volte face. Entre contrariété et chagrin qu'on pouvait lire dans ses yeux. Y a rien à cacher. Vraiment pas. Pas au sujet de cet appartement. J'avançais vers lui pas certaine de sa réaction avant de reprendre. Il m'a aidé pour trouver quelque chose, j'ai pas les moyens et ça devenait vraiment compliqué. Fin de l'histoire, y avait rien de mal à ça. Et c'était pas non plus le genre de détail qui impliquait des pseudos coucheries avec Alex, c'était juste un appart. Rien de bien. Regarde le, il a pas confiance en toi. Je le voyais bien, merci. C'est quoi qui t'énerve là Tom ?

”Y’a rien à cacher.” Ah ouais? Alors pourquoi tu m’as rien dis, Az, hein? Il n’y avait aucune trace de culpabilité ou de tristesse dans ses yeux, il savait à quoi ça pouvait ressembler et ce n’était pas ça. Elle ne semblait avoir rien à se reprocher. Elle avait l’air presque…énervée, déçue. Est-ce qu’il avait fait une erreur? Est-ce qu’il avait tout gâché? Il lui avait fait confiance depuis le début, quand elle lui avait dit que c’était un accident et rien de plus, il ne l’avait pas remise en question. Il avait tellement voulu la croire qu’il était tombé bas quelques minutes plus tôt quand le concierge lui avait parlé d’Alex. ”J’sais pas.” T’es jaloux, Tom. T’es jaloux qu’elle soit pas venue vers toi au lieu de lui. Il se braquait, comme d’habitude, refusant de montrer un semblant d’émotions, l’air indifférent qui revenait sur le visage. Ne lui fais pas ça. Elle le fixait et le silence le tuait. ”Il a fait ça par pur altruisme, alors?” Il ne la quittait pas du regard. ”Il attendait rien en retour? Dis moi et je te croirais, Az.” Et j’poserais plus de questions. Il lui avait juste acheté un appartement comme ça, c’est ce qu’elle lui disait. Qu’il ne s’était rien passé après, qu’il n’avait pas désiré un peu de contrôle sur sa vie, qu’il ne la désirait pas du tout. Il était prêt à lui faire confiance, à prendre pour vérité peu importe ce qu’il allait sortir de sa bouche. Il ne voulait plus avoir peur. Pourtant il savait ce qu’il allait se passer s'il découvrait qu’elle lui avait mentis. Il n’allait plus pouvoir faire d’efforts.

Probablement que j'ai besoin des autres pour m'en sortir. Surtout que je me sois tournée vers Alex pour ça. Mais j'avais quoi comme choix moi ? Pas grand chose. Et non, j'pouvais pas lui demander à lui. On était ensemble depuis peu, j'lui demanderais pas d'argent. Même Alex avait du s'battre pour que j'accepte son aide alors que je le connaissais depuis vingt et un an. Mais putain Tommy, c'est toi que j'ai choisi. Ouais, je l'avais choisi lui. Alors on faisait quoi maintenant ? On s'accusait de tout ? On s'lançait des regards assassins attendant que l'un d'entre nous remporte la victoire ? J'voulais pas me battre. Il a tellement pas confiance en toi. Ta gueule, j'avais compris. Je suppose. Altruisme, envie. J'en savais rien. Alex avait toujours été la pour me protéger de tout. Des coups de notre famille d'accueil. De tout ce que je pouvais endurer maintenant. J'posais plus de question, j'savais pas. Puis c'était peut être plus pour le bébé que pour moi, j'sais pas. Il m'a embrassé. J'sais pas pourquoi mais il l'a fait. Pas de mensonge, j'avais promis. Autant lui dire. Puis c'était pas de ma faute hein ? Je l'avais pas demandé. J'avais pas réclamé. J'crois qu'il s'sentait juste pas bien, j'sais même pas en fait. J'étais pas dans sa tête, j'pouvais pas expliquer. Il l'avait juste fait, fin de l'histoire. Et putain regarde moi Tommy, regarde mes yeux et tu verras. Tu verras que je suis pas en train de te mentir, que j'ai pas cherché tout ça. Je lui cachais rien à Tommy, j'disais la vérité. Même quand elle n'était pas belle à entendre.

Elle était sincère. Il pouvait le voir dans ses yeux, dans son visage, dans son corps. Elle le désirait, elle lui avait répété assez de fois pour qu’il puisse ne pas en douter. Peut-être qu'elle voulait se convaincre elle aussi. Pourtant, ça ne changeait pas le fait qu’il voyait Alex partout. Dans le sol, dans les murs, même dans les oreillers sur le canapé et le fait qu’il soit son ami rendait les choses encore plus difficiles. Elle avait fait appel à lui. Tommy, c’était pas l’argent qui lui manquait, il aurait pu l’aider, il aurait pu être là pour elle, il voulait être là pour elle. Il m’a embrassé. Il ne s’attendait pas à ça. Peut-être qu’elle aurait dû lui mentir. Il lui avait dit que sa dernière relation sérieuse s’était mal fini, elle savait qu’il avait du mal à s’attacher et à faire pleinement confiance. Et elle le regardait comme si ce n’était pas vraiment grave, comme s’il était con d’en faire tout un plat. Peut-être qu’elle avait raison. Mais on n’embrassait pas les gens comme ça, pas après leur avoir acheté un appartement. C’était pas un acte désintéressé. Il ressentait quelque chose pour elle et elle s’en rendait sûrement pas compte. Il soufflait, croisant ses bras derrière son crâne. Il avait du mal à réfléchir. Il était en colère. Mais pas contre elle. ”J’tai dis que j’allais te croire”, il finissait par dire, d’un ton sec. Il y avait trop de trucs dans son esprit. Il la contournait pour aller vers la porte et il sentait ses pas derrière les siens. ”J’ai besoin d’un moment”, il lui disait avec un geste de la main qui voulait dire qu’il ne voulait pas qu’elle le suive. Bravo, Tommy. Laisse la derrière toi et évite les discussions. On change pas les bonnes habitudes.

Et là, elle était pas belle. Mais j'savais que le garder pour moi, ça n'aurait qu'empiré les choses. Les mensonges, ça finit toujours par ressortir et ça en devient pire que ce que ça aurait du être. Alors non, je lui mentais pas. Au moins il savait, au moins je lui cachais pas. Et bien sûr que j'avais peur. C'était Tommy, je tenais à lui, j'appréhendais sa réaction. C'était compliqué avec lui parce qu'on ne savait jamais comment ça allait s'passer. D'un instant à l'autre on pouvait faire de nouveau face au masque vide d'émotion. J'aimais pas ça, j'aimais pas quand il faisait ça. C'était comme s'il me rejetait hors de son monde et j'avais pas les bonnes armes pour lutter. Putain Tom', tu sais que j'veux pas te perdre, tu joues à quoi ? Me regarde pas comme ça, me regarde pas comme si tu étais vide. Comme si j'étais rien Est ce que j'étais rien ? Peut être. Il était froid, en colère. Il me regardait avec cet air qui me glaçait le dos. Alors voilà, on y était. Exactement ce que j'avais dis à Alex. Il va m'quitter quand il saura, et peut être que ça prendra un peu de temps mais il finira par le faire. J'me mordais la lèvre avec force, quitte à avoir mal, ça m'évitait de perdre pied. ”J’ai besoin d’un moment” Non, non. J'le regardais, le regard emplit de larme. Lui vers la porte, moi planté au milieu du salon. Prends ton temps. que je répondais machinalement. Vas y, fuis. Me rappelle pas. Fais le mort pendant des semaines, comme si j'existais pas. Laisse moi me détruire pour toi encore une fois. J'attendais même pas qu'il sorte, j'tournais les talons me dirigeant vers la chambre. Claque la porte, tape dans le meuble. Tant que ça défoule.