Lilho ▲ Le temps passe et les souvenirs restent

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Lilia & Nekho

Lost time is never found again

Vendredi 29 janvier L'humour déguisé mais cassant de Lilia m'avait terriblement manqué, peu de gens se méfiaient d'elle en la voyant, petite blonde aux yeux bleus ciel avec un visage doux comme un enfant. Seulement sous cette apparence angélique se cachait un fort caractère capable de se défendre et de s'opposer quand quelque chose le gênait, dans la mesure du possible bien entendu. Célestine m'avait un peu fait penser à elle, sauf que Lilia me semblait plus tendre je devais bien le reconnaitre, à mes yeux elle avait véritablement le coeur sur la main et était prête à donner énormément pour ceux qui comptaient à ses yeux. Sa réponse à mon ironie ne pouvait que me faire sourire, quelque chose de sincère et franc, elle avait raison et c'était justement cela qui provoquait le comique de la situation. On pense toujours que les enfants de personnes importantes surjouent le fait qu'ils doivent choisir qui ils acceptent ou non dans leur cercle privé, mais c'était la triste vérité et nous en avions tout les deux fait les frais à un âge encore innocent. « De mon coté je suis coincé ici, comme ma fiancée est aussi à Harvard je ne peux pas aller bien loin, ça sera à toi de partir » Lui répondis-je sur un ton léger avec un clin d’œil complice. A mon avis si mon père savait que Lilia était ici, dans la même maison et que je l'avais revu, il serait vert de rage mais il ne pourrait pas se risquer à m'éloigner de Célestine et de l'accord passé avec les Weasley, donc c'était un mal pour un bien. Mais pour moi psychologiquement cela serai compliqué de devoir à nouveau m'en aller, du moins dans l'immédiat il me fallait un temps de repos pour récupérer de tout ce qu'il se passait. A moins de retourner au Caire il était hors de question que je reprenne l'avion pour déménager. Je laissais Lilia s'installer écoutant sa réponse qui me refaisait venir en mémoire qu'elle avait effectivement été à Yale avant, elle avait toujours été dans d'excellentes universités. « C'est vrai ... Cela remonte à presque aussi loin que quand on s'est rencontré » C'était étrange vu sous cet angle, se dire qu'elle avait été à Harvard tout ce temps où nous avions été séparé et qu'aujourd'hui j'y faisais mon entrée, signe du destin ? J'étais bien moins nerveux, comme si je reprenais mes marques avec Lilia, réapprenant à lui parler et à me comporter avec elle et effaçant d'un revers de main cette période de silence radio. « En dehors des galas et des meetings, je n'ai pas bougé de là-bas, toujours la même chambre d'étudiant à l'université de Gizeh et le grand palais familial » Non de mon côté rien n'avait changé pendant cette période.

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Le temps passe et les souvenirs restent ×

Leur complicité semblait revenir aisément comme avant. Cette complicité retrouvée, c'était comme une bouffée d'air frais, un réel plaisir. Cela se retrouvait dans leurs regards, dans leurs sourires, dans leur humour échangés et partagés. Comme deux enfants se moquant gentiment de leurs parents, de l'« interdit » qu'ils commettaient, de la punition qu'ils encouraient. Entre eux, cela avait toujours été ainsi, quelque chose de facile, de simple, de naturel, presque une évidence. Peut-être parce qu'ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre, parce qu'ils avaient vécu la même chose par leur éducation ... « Fiancée » , ce mot sonnait comme un retour à une certaine réalité et la fît doucement sourire, un sourire un brin gênée. Elle avait encore bien du mal à s'y faire à cette idée, ce n'est pas que cela était un détail facile à oublier, oh ça non. Mais presque quand même quand on ressasse les souvenirs ainsi. « Oui mais j'étais là avant, ce n'est pas à moi de partir. On est piégés je crois.» lui répondit-elle de ce ton faussement innocent alors qu'ils ironisaient sur le fait de se retrouver dans la même université et que l'un des deux devait partir si on écoutait leurs parents. Malgré cet échange ironique, il y avait une part de vrai : aucun des deux ne pouvait partir, ils étaient donc « condamnés » à rester dans la même université et donc à se voir. Exactement l'inverse du but recherché par leurs pères, si ce n'était pas un comble ça. Et ce coup du destin, ce n'était pas sans ressentir une certaine satisfaction. C'était comme une injustice enfin réparée. Et dire qu'il fallut attendre presque cinq ans pour cela, comme il venait de le rappeler. Ils étaient de tout jeune étudiants, elle à Yale, lui à Gizeh. Elle se souvenait très bien du jour de leur rencontre et des jours passés ensemble en Égypte. A les évoquer, elle en visualisait les paysages. A ce moment précis, c'était comme si tous ces moments étaient hier, si proches. « C'est à mon tour de te faire découvrir les États-Unis » Comme il avait pu lui faire découvrir l'Égypte à l'époque, comme un donnant-donnant. Même si elle n'avait jamais considéré les États-Unis comme « son pays » : fille d'ambassadeur et de par ses origines pluriethniques, elle était plus une citoyenne du monde. « Ça n'a pas été trop dur de tout quitter ? »

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Lilia & Nekho

Lost time is never found again

Vendredi 29 janvier J'aurai pu craindre que Lilia ne tente de "fuir" à mon arrivée, que le fait de faire face à la bête noire de son père la pousse à reproduire ce qui avait déjà eu lieu par le passé. Si nous avions été aussi dociles que nous le prétendions, c'est ce qui serait arrivé, chacun aurait fait demi-tour en prétendant de ne pas avoir vu l'autre et aurait oublié cela. Mais manque de chance pour les pères de famille Caldeira et Heruben, leurs enfants avaient grandi et se sentaient enfin aptes à détourner certaines règles à leur avantage pour en profiter et souffler un peu des diktats familiaux. « Tu as raison, on va devoir faire avec, quel dommage » Fausse dramatisation de la situation, il fallait reconnaitre qu'avec Lilia nous étions d'excellents comédiens, n'est-ce pas ? Feinter la déception tandis que de mon coté j'étais comblé de la revoir, surtout sans m'y attendre, je ne parvenais pas à garder mon sérieux tout en disant cela, c'était bien trop contradictoire avec ce que je ressentais réellement. J'imaginais la crise de nerf qu'aurait mon père si il savait que j'étais premièrement, dans la même ville que Lilia, deuxièmement que nous fréquentions Harvard et troisièmement que nous étions tout deux Eliots. Là je crois que mes prières avaient été exaucées, j'avais longtemps espérer la revoir un jour qu'à ce moment j'avais encore du mal à réaliser la chance que j'avais de pouvoir l'avoir en face de moi. « Avec plaisir, c'est la première fois que je viens ici en plus, je n'avais jamais vu les Etats-Unis » J'avais énormément voyagé, mais en Afrique principalement et en Europe, jamais traversé l'océan Atlantique aussi étrange que cela pouvait paraitre. En me replongeant dans les yeux bleus et innocents de Lilia j'avais l'impression de vivre un flash back de notre rencontre, immédiatement elle m'avait plu avec son sourire malicieux et son côté plus ouvert que les filles d'Egypte, mais c'était surtout sa douceur qui m'avait marqué, si bien que je m'en rappelais encore aujourd'hui. « Tu connais ma relation fusionnelle avec mes soeurs ... Mais après tout a été tellement rapide, le 25 décembre j'apprenais la nouvelle, le 8 janvier j'arrivais à Boston et le 12 j'étais fiancé, je réalise à peine maintenant » Même pas le temps de paniquer ou de refuser, juste accepter les ordres sans trop broncher pour monter dans l'avion est le tour était joué.

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Pourquoi aurait-elle eu envie de fuir, de le fuir ? Cette possibilité ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Au contraire, elle aurait aimé que ce moment dure longtemps pour ne pas avoir à se séparer à nouveau, comme par le passé. A l'époque, cela n'avait pas été une décision facile à accepter, facile à vivre. Mais, si il y a des années ils n'avaient pas vraiment eu le choix, il en était autrement aujourd'hui ; ce n'était pas parce que leurs pères se « détestaient » qu'ils étaient obligés d'en faire autant eux-aussi. Il était hors de question de commettre deux fois la même erreur. Cela semblait être un avis partagé ; leurs réponses ironiques échangées en attestaient. C'était au contraire un réel plaisir de le retrouver aujourd'hui par pur hasard et de savoir qu'il y aura encore de nouvelles opportunités la rendait tout simplement heureuse, c'était une très bonne nouvelle. Car des occasions de se revoir, il y en aura, c'était certain, elle ne voulait pas croire que cette rencontre serait la première et la dernière. Quand elle disait qu'elle souhaitait lui faire découvrir les États-Unis, c'était sincère, c'était la promesse d'une nouvelle rencontre, des moments qu'elle était déjà impatiente de vivre. Les souvenirs des moments passés ensemble en Égypte étaient tout simplement beaux. Nekho n'était pas comme les autres hommes qu'elle connaissait, il avait quelque chose de différent, c'est tout de suite ce qui l'avait attiré, quelque chose qui poussait à lui faire confiance, à être naturelle. Elle se souvenait très bien aussi de ses sœurs, surtout de Khalilah qui était restée une très bonne amie depuis ces années et malgré la distance. Ça, elle comprenait très bien qu'il lui fallait du temps pour réaliser tout ce qui s'était enchainé avec ses fiançailles. Si il avait été honnête en évoquant ce mariage arrangé, elle se devait d'en faire de même pour un nouveau départ sur de bonnes bases. « Je dois te dire , tout n'est pas exactement comme avant dans ma vie non plus. J'ai un petit garçon » confessa-t-elle presque timidement, guettant sa réaction, se doutant que cela allait être une surprise. Peu de personnes étaient au courant de sa maternité qu'elle n'étalait pas à tout le monde par pudeur. Donc si elle lui en parlait, c'est bien parce qu'il comptait dans sa vie malgré ces années de séparation.

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Lilia & Nekho

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Vendredi 29 janvier Nous n'avions que vingt-cinq et vingt-quatre ans mais ces retrouvailles me donnaient le sentiment que nous étions des vieilles connaissances, comme si toute notre vie nous n'avions pu nous voir et que par le plus grand des hasards, nous nous étions croisés au coin d'une rue tandis que chacun vaquait à ses occupations. D'un autre côté je me sentais à nouveau plus adolescent, à peine majeur et intéressé par le fait de pouvoir diriger une jeune étrangère dans mon pays. J'avais toujours eu beaucoup de fierté à présenter ma terre de naissance à ceux qui ne la connaissait pas, tout le monde avait eu droit à mes histoires sur l'Égypte et pourquoi à mes yeux c'était le paradis. Mais quand j'avais proposé à Lilia de découvrir les paysages avec moi, il y a quatre ans, je l'avais fait avec encore plus de passion pour lui transmettre mon amour pour mon chez-moi, j'avais eu envie de partager cela avec elle. Elle n'était pas comme la plupart des filles de grands dirigeants que je connaissais, elle avait la tête sur les épaules et le coeur sur la main pour ceux qu'ils le méritaient, la gentille fille par définition. Je pense que c'est cela qui a fait qu'immédiatement on a été proche, une philosophie de vie similaire et une insouciance encore sauvage. Je m'étais souvent demandé ce qu'il se serait passé si nous avions eu l'accord parental pour nous fréquenter, si aujourd'hui nous aurions rompu de nous même, si la distance aurait tout gâché ou bien, si un miracle nous aurait permis de continuer. Mais il était trop tard pour revenir en arrière, tout était derrière nous, et j'en avais de nouveau la preuve. « Un petit garçon ? » Petit blocage sur cette révélation, tout se bousculer dans ma tête, Lilia était maman, sûrement en couple, peut-être mariée elle aussi. Je restais un instant le regard dans le vague, imaginant tout cela, mon premier amour avait eu un enfant, et moi j'allais me marier, quelle drôle de situation. « Comment s'appelle t-il ? » Je souriais, j'étais aussi surpris que curieux d'en apprendre plus, il me paraissait évident qu'elle ne m'avait pas "attendu" pendant toutes ces années, il n'y avait aucun espoir que l'on se revoit, je me contentais donc de poser des questions pour comprendre.

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Elle se souvenait parfaitement des moments passés avec Nekho lors de son séjour en Égypte il y a quatre ans et en gardait de très beaux souvenirs. On ne pouvait pas rêver d'un meilleur guide pour découvrir un pays tel que l'Égypte. Parmi toutes ses qualités, c'est sa générosité et sa simplicité qui l'avait marquées entre autres; à l'inverse des autres fils à papa qu'elle avait connus. Comment ne pas finir par s'attacher ? Pour être sincère, il lui arrivait parfois d'y repenser. Réflexe typique d'un amour de vacances. Car au final, c'est bien de cela qu'il s'agissait en fin de compte. Puisque leurs pères en avaient décidé ainsi. Un acte de « bienveillance » de leur part ? Leurs pères avaient anticipé leur séparation pour eux, car les presque 9 000 km et les 6 H de décalage horaire auraient peut-être eu raison de leur relation. Ou pas. Personne ne pouvait réellement savoir ce qui serait advenu de leur couple, où ils en seraient aujourd'hui. Résultat quatre ans plus tard : il allait se marier et elle avait un enfant. Ils ne s'étaient jamais promis de s'attendre, c'est vrai, chacun avait continué sa vie mais la surprise de ces nouvelles était partagée. Des questions, il devait en avoir et cela ne la dérangeait pas qu'il lui pose, tout comme elle avait pu le faire aussi sur son mariage. C'est ce que son sourire voulait signifier : si il avait des questions, il avait le droit de les lui poser. « Je sais, ça surprend, tu es fiancé et j'ai un enfant» réagit-elle à son tour, rien n'était vraiment comme prévu. Sa grossesse n'était pas prévue, garder cet enfant n'était pas prévu, être une mère célibataire n'était pas prévue dans ses plans, ni dans les plans que son père avait pour elle. Suite à un déni de grossesse, elle a découvert sa grossesse plusieurs mois après que son petit ami et fiancé l'ait quitté pour Charlie, l'ex nouveau fiancé du père de son fils. Le père de son fils qui est parti de Boston il y a quelques mois et elle considère aujourd'hui Charlie comme un membre de sa famille. Histoire un peu compliquée à suivre c'est vrai , on était bien loin des traditions avec tout ça. Ce n'était pas vraiment ni le lieu, ni le moment pour raconter tout ça. « Il s'appelle Liham, il va bientôt avoir deux ans. Je te le présenterais si tu veux » confia-t-elle un peu timidement, mélange d'une certaine pudeur et tendresse à la fois, une vraie maman.

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Lilia & Nekho

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Vendredi 29 janvier Donc tout était officiel maintenant, nous n'étions plus les jeunes personnes d'il y a quatre ans qui apprenaient tout juste la vie, il n'y avait plus cette insouciance et même je parlerais d'innocence. La sentence était tombée, j'allais me marier et donc devenir l'époux de quelqu'un tandis que Lilia était déjà mère, nous venions de passer un stade nous jetant directement dans le tourbillon infernal de ce que l'on appelle "l'âge adulte". Tout nous tombait dessus d'un coup, si j'avais dû surprendre Lilia avec l'annonce de mes fiançailles, elle venait de m'asséner un électrochoc avec celui de sa maternité, aussi bonne soit cette nouvelle, j'avais du mal à visualiser mon premier amour avec un enfant dans ses bras. C'était dingue, nous nous étions quitté il y a quelques années avec des rêves plein la tête et aujourd'hui nous nous retrouvions avec nos destins tout tracés, prêts à continuer nos vies paisiblement. Je restais un peu bête de cette annonce mais je ne voulais pas que Lilia pense que j'étais choqué dans le mauvais sens où je jugeais cette naissance, j'étais juste peu habitué à cela et pas du tout préparer, mais ainsi va la vie, on ne sait jamais ce qui peut nous arriver. « Nous sommes donc devenus si vieux que ça ? » Demandais-je avec un sourire légèrement crispé et timide, d'ordinaire les gens attendant d'avoir trente, trente-cinq ans avant de se marier et de faire des enfants, mais avec Lilia il faut croire que nous n'avions pas le temps. J'étais curieux de savoir l'histoire, qui était le père, si l'enfant était voulu, comment cela se passait aujourd'hui, une véritable âme de détective oui. « C'est un grand bébé déjà » J'affichais un sourire plus franc, acceptant sa proposition en hochant positivement la tête. Après tout Lilia était importante pour moi et connaitre son fils était une bonne chose, à cet âge là les enfants sont adorables puis il s'agit surtout du sien, alors c'était primordial. « Et donc tu vis avec le père ... ? » Il était possible qu'elle ait déjà une vie de famille, si c'était le cas son mari, petit-ami, compagnon ? Quoi qu'il fut, devait être une personne importante pour que son père ait laissé passé cette relation, un américain riche et pouvant apporter une bonne image contrairement à l'égyptien que j'étais, symbole des problèmes politiques et de guerre dans le monde entier.

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Du chemin, ça, ils en avaient faits depuis quatre ans. Mais, chacun de leurs côtés malheureusement car leurs routes s'étaient séparées indépendamment de leurs volontés. Qui sait où ils en seraient aujourd'hui si ils avaient fait ce chemin ensemble ? Il était impossible de ne pas se poser cette question même si la réponse était bien sûr introuvable. A se rencontrer comme ça par hasard, oui, cela ressemblait à deux vieux amis devenus adultes qui font le bilan de leurs vies après des années de séparation. En tout cas, vieille avant l'âge, c'est un peu ainsi qu'elle se sentait. « C'est à croire que oui, on est devenus vieux, ils sont loin les deux jeunes innocents qui parcouraient l'Égypte » répondit-elle sur un ton nostalgique et mélancolique assumé dans sa voix. Car à en parler ainsi, elle en arrivait à regretter ces années là, regrettant de ne pouvoir remonter le passé et revenir en arrière. Pourtant, ce n'est pas comme si elle se retrouvait mère sans avoir profiter de sa jeunesse. Elle avait vécu, elle avait profité de la vie, elle avait aimé. D'ailleurs, Nekho vient à poser des questions justement sur le père. Cela ne la dérangeait pas d'en parler avec lui. C'était normal qu'il ait des questions et c'était normal qu'elle y réponde. Mais, si il croyait que le père de son fils était le gendre idéal pour son père, il se trompait. C'était même tout l'inverse. Son père n'avait jamais accepté sa relation avec Emrys, en partie à cause de l'origine sociale différente du jeune homme. Dans tout les cas, cela était bien la preuve qu'il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas pour son père. Nekho n'était pas une exception. « Pas du tout. Nous sommes séparés depuis longtemps maintenant. Il ne vit plus ici d'ailleurs » affirma-t-elle d'un ton franc mais ne perdant pas son sourire. Elle avait eu le temps de se faire à cette idée maintenant, voilà pourquoi ce n'était pas un problème pour elle d'en parler. Ce n'était peut-être pas ni le lieu, ni le montant d'entrer dans les détails, dans les raisons du pourquoi cela était compliqué. Même si quatre ans les avaient séparés, Nekho lui inspirait la confiance, une confiance aveugle même. Comme si elle le connaissait depuis toujours en fait.

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Lilia & Nekho

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Vendredi 29 janvier Avec Lilia nous faisions partis de ces gens qui doivent vite grandir pour comprendre le monde et un jour le diriger, les temps de repos étaient rares mais ce n'était pas une chose nouvelle, depuis notre naissance notre existence tournait comme cela. Il faut payer le prix d'être une fille ou un fils "de", et pour nous cela signifiait laisser sa vie privée et son bonheur de côté pour accepter les ordres et les choix des plus puissants en espérant prendre leur place un jour. Je ne serai pas un père comme le mien sur le principe du mariage imposé dont j'étais victime, je ne souhaitais pas recréer le schéma que j'avais dû suivre pour arriver là. Pour le moment je ne voyais pas du tout à la tête d'une famille contrairement à Lilia, j'avais beaucoup trop à faire en tant que futur héritier et prochainement marié également, les enfants étaient encore un sujet dans la pile "en attente". Mais même si j'étais fier de mon éducation et des valeurs que j'avais reçu, je ne serai jamais aussi directif que mon père et je soutiendrais mes enfants dans tout leurs choix pour leur montrer qu'ils ne seront jamais seuls. « Il t'a laissé toute seule avec Liham ? » Je posais sûrement beaucoup de questions, mais la vie de Lilia m'intéressait, je voulais savoir ce qu'elle était devenue pendant toutes ces années et comment elle était aujourd'hui je n'avais cessé d'y penser depuis notre "rupture" non consentie alors je profitais pour en apprendre un maximum. Il était évident qu'après être partie elle avait recommencé à vivre normalement, je ne pouvais pas lui en vouloir puisque c'était dans l'ordre des choses mais malgré tout j'avais un petit pincement au coeur, repensant à la première fois où je l'avais vu. Aussi différents que nous l'étions par rapport à nos cultures, cela ne nous avait pas un seul instant dérangé, je gardais des souvenirs mémorables de son passage en Égypte et c'était bien la première fois qu'une fille attirait autant mon attention. « Tu imagines si on savait tout claquant on s'est rencontré, que quatre ans après nos vies auraient été si bouleversées » Ajoutais-je avec le sourire, conscient que pour ma part je n'y aurai jamais cru et que j'aurai tout simplement refuser d'y croire, mon père me vendre pour un mariage ? Non, impossible, mais vrai pourtant.

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Le temps passe et les souvenirs restent ×

Vu de l'extérieur, oui, son histoire devait paraître comme l'histoire d'une mère et son enfant abandonnés par son compagnon, elle se retrouvant à élever seule son enfant. Dans le fond, elle n'avait rien à voir avec ces femmes courageuses, son histoire n'était pas aussi triste que ça. Personne ne les avait abandonnés. En tout cas, elle détestait qu'on puisse avoir cette image d'elle. Si elle se retrouvait aujourd'hui à élever seule son fils, c'était plus que voulu que subi, les responsabilités dans cette situation étant partagées. Elle ne voulait pas renvoyer une image négative du père de son fils, car à la base, dans toute cette histoire, elle avait beaucoup à se reprocher elle-aussi. Oui, il l'avait en effet quitté pour quelqu'un d'autre mais quand elle apprit pour sa grossesse alors qu'ils étaient séparés depuis plusieurs mois, elle ne lui avait rien dit non plus et préféra garder ce secret pour elle pour gérer cela toute seule. Comme toujours. Elle n'était pas si parfaite que ça ? Ce n'est pas ce dont elle était le plus fière, elle s'en voulait encore d'ailleurs. Aujourd'hui, quelques mois après avoir appris qu'il était père, il accepta un job loin d'Harvard. Ils formaient aujourd'hui une famille un peu atypique ; une famille avec des parents séparés, vivant à distance, comme de nombreuses familles. Voilà pourquoi elle tenait à défendre le père de son fils quand Nekho lui demanda si il l'avait laissé toute seule avec son fils. « Non, pas tout à fait, c'est compliqué » répondit-elle avec un petit sourire un peu gêné, révélateur d'une certaine pudeur à entrer dans les détails. Peut-être ne voulait elle pas casser l'image d'il y a quatre ans, de peur de le décevoir ... A se souvenir des moments passés ensemble il y a quatre ans, elle avait l'impression de ne plus être cette personne, ou du moins que cette personne était bien enfouie quelque part en elle, bien loin. Retrouver Nekho par hasard faisait remonter les souvenirs, les questions, les regrets, les « et si » ... « Quand on s'est rencontrés, c'est pas du tout ce que j'imaginais » avoua-t-elle, croisant le bleu de ses yeux sans pour autant les quitter. Souvent, elle avait pensé à lui, se demandant ce qu'il était devenu puis se ramenait à la raison en se convaincant qu'il l'avait oubliée. Non jamais, elle n'aurait cru qu'ils se retrouveraient lui fiancé, elle mère. Ce n'est pas ainsi qu'elle voyait les choses il y a quatre ans. « J'y ai souvent pensé, je me suis souvent demandée ce qu'on serait devenus si on était restés ensemble » confia-t-elle pour poursuivre sur le ton des confidences. Car après tout, il y avait prescription maintenant.

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